Article de Dominique Persky alias Dominique Desanti paru dans Démocratie nouvelle, 7e année, n° 7, juillet 1953, p. 419-422
A Valenciennes près de mille travailleurs algériens ont participé à la manifestation du 1er mai. La police et quatre compagnies dites républicaines de sécurité cernaient la place Verte d’Anzin, s’échelonnaient jusqu’au viaduc qui domine un vaste paysage de rails, de hauts fourneaux et de terrils.
Huit jours auparavant, le commissaire divisionnaire Fabre avait sollicité et obtenu de ses supérieurs hiérarchiques l’ordre de se précipiter sur le drapeau vert et blanc, emblème de la nation algérienne, considère comme séditieux. Les « forces de l’ordre » ont déclenché une véritable bataille à coups de crosses, de matraques, de grenades lacrymogènes. Les manifestants, pour se défendre, avaient leurs poings, leurs pancartes, quelques cailloux ramassés sur la route.
Trois semaines après, soixante-sept Algériens, arrêtés au cours de cette bataille, étaient traduits devant le tribunal de Valenciennes. Quatre d’entre eux, hospitalisés et intransportables, n’ont pu comparaître. Le procès a duré trois jours, du 19 au 21 mai.
LA salle du tribunal est faite de deux salons réunis : le plafond à caissons en témoigne et monsieur le président Vandevoir, pour indiquer le ton qu’il souhaite donner aux débats, nous le fait remarquer dès la première heure. Aussi a-t-on remplacé le buste de Marianne (ce plâtre si fâcheusement banal) par un portrait d’échevin inconnu, tiré du musée. Beaucoup d’allure. Monsieur le président Vandevoir, ses cheveux blancs rincés au bleu, lotionnés au « soir de Paris », frisés au fer, doit se trouver une secrète ressemblance avec les grands aînés de l’ancien régime dont il tente de se donner l’aspect, dont il cherche à retrouver l’onction.
Mais, décidément, 1789 a bien marqué un tournant. Le grand patronat de la sidérurgie, des filatures, des produits chimiques a su infléchir la charité chrétienne jusqu’au paternalisme.
Le président Vandevoir, son porte-parole, a suivi. Ses interrogatoires d’identité ressemblent à des conversations de dame patronnesse en tournée dans les courées de taudis.
En face de lui le procureur, sorti tout droit de « messieurs les ronds de cuir », fait les réponses.
Sur les bancs de bois, entre les policiers en uniformes militaires et civils qui gardent les rares auditeurs admis par trois filtrages successifs, les gendarmes placés en bordure de travées et le tribunal, soixante-trois visages bruns. Une sorte de mépris serein masque la colère des regards. Soixante-trois Algériens sur les soixante-sept saisis pendant la bataille soigneusement provoquée, ou même arrêtés le 30 avril dans des cafés.
Je les regarde. Cette raideur, ces tâches sur les vestes et les blouses, c’est leur sang. Depuis trois semaines, ils marinent en prison, avec sur eux leur propre sang figé. Tandis qu’ils défilent à la barre pour s’entendre accuser un à un de « rébellion et violences à agents », je vois les plaies sur l’arrière des crânes … étranges agresseurs frappés dans le dos par leurs victimes ….
Celui-ci, je l’ai vu entrer. Le visage dévoré de fièvre, parcouru de petits tressaillements de douleur, semble celui d’un jeune prophète inspiré. Il porte en écharpe son bras cassé en cinq endroits, brisé au coude, plâtré et dont sans doute (j’écris deux mois après) ce métallo ne pourra plus se servir.
En voici un autre. Voilà Dechoucha devant ses juges. Quarante-deux ans ; on dirait qu’un demi-siècle a usé ses traits. L’œil unique rayonne. L’autre orbite ne recèle plus qu’un morceau de chair à peine cicatrisée : un mousqueton ou la banquette du panier à salade a crevé prunelle et pupille ; les gardiens de l’ordre ont « balancé » dans le car l’homme, évanoui sous les coups, tête la première.
– Rébellion et violences à agent, bafouille le président un peu gêné.
L’interprète, pénètre de son importance, traduit les réponses de Dechoucha.
Trois enfants. Venu en France, voici vingt mois, parce qu’il n’en pouvait plus de voir les siens s’étioler de misère. Un an après, dans l’usine où il servait, un camion l’a blessé au bassin. Huit mois d’incapacité de travail ; à nouveau la misère. Une paillasse pourrie sous un toit troué, dans une baraque surpeuplée qui ne rappelle rien au monde, sinon les antres de Buchenwald … ou les bidonvilles, le soleil en moins. Oui, il a rejoint ses compatriotes le 1er mai. Pour manifester. Pour manifester sa volonté de vivre en homme.
A la sortie, voûté, maigre sous son imperméable, il nous sourit, plissant l’œil unique. Il me prend la main dans les deux siennes, me fait traduire :
« Il y aura d’autres 1er mai ».
Toujours soucieux de s’instruire, le président Vandevoir complète ses fiches sociologiques, fait répondre les 63 prévenus à son questionnaire uniforme :
– Vous avez encore votre père ? Votre mère ? Vous savez lire ?
Il scribouille, avec une application de collectionneur.
Sur ces 63 Algériens, tous ouvriers (dans le bâtiment, les produits chimiques, la brasserie, la métallurgie, le fond de la mine), quatre seulement savent lire. Le président insiste, la voix sucrée :
– Vous parlez français ? Non ? Vraiment pas, pas même un peu ?
Cette constatation, qu’il trouve « affligeante » ne détourne pas le magistrat aux cheveux bleus-blancs des périodes bien balancées sur la mission civilisatrice de la France.
APRES les accusés d’agression, voici les « victimes ». Le commissaire divisionnaire Fabre tient du pion sadique (par sa barbe et ses lunettes nées du Ier acte de Topaze) et du légionnaire baroudeur … qu’il fut. Il s’explique avec complaisance ; il est écouté avec complaisance. Le président Vandevoir oublie son air d’homme du monde égaré dans un mauvais lieu. Son assesseur ne pose plus pour l’album de famille, un doigt sur la tempe.
Le commissaire Fabre : Mes Renseignements Généraux me signalaient un certain échauffement chez les Algériens … J’ai demandé trois compagnies de C.R.S …. on m’en a donné quatre … Etant donné que l’Algérie se compose de trois départements français, je ne pouvais pas tolérer la présence de ce « drapeau vert communiste ». (Le drapeau de l’indépendance algérienne sera successivement appelé : communiste, révolutionnaire et même néo-destour !) … La veille, nous avons trouvé des gens qui vraisemblablement auraient pu se rendre à la manifestation du lendemain (textuel) … Aussitôt passé l’élément cégétiste métropolitain, j’ai donné l’ordre de s’emparer du drapeau séditieux … »
Les termes de guerre civile fusent. Les commandants des C.R.S. avouent tout ce qu’on veut, surtout un petit officier en pot à tabac qui lance insolent :
– La grenade lacrymogène est l’arme normale du C.R.S. »
Et encore :
– Les grenades ? Eh bien, on les jette … dans le tas !
Les dépositions manquent de clarté, mais recoupements et gaffes abondent.
La Place Verte d’Anzin, désignée au dernier moment par la police comme point de rassemblement du défilé, avait été soigneusement étudiée, le guet-apens, préparé. Les témoins à décharge, de braves gens de chez nous, diront qu’ils ont entendu le commissaire Fabre commander : « Le drapeau ! Au drapeau ! » … Or le drapeau (une photo prise par une agence gouvernementale en témoigne), le drapeau algérien était roulé. Le commissaire Fabre a donc lâché ses C.R.S. et ses gardes sur les Algériens parce que la bagarre devait naître. C’est ce qui s’appelle une spontanéité préparée.
Nous apprenons mieux, devant le commissaire Fabre blanc de fureur, devant le président jaune d’embarras. Nous apprenons qu’en dehors de toute instance judiciaire (ah, le président et son petit ton de suffisance :
« Ici, nous sommes en France ; ici nous rendons la justice sans subir aucune pression ; ce qui se passe hors de cette enceinte ne saurait nous atteindre »),
les photos des Algériens arrêtés ont été montrés aux C.R.S., avec leur signalement … afin qu’ils puissent mieux reconnaître, dans la salle, ceux qu’il faut designer comme leurs « agresseurs ». Qui designer, puisqu’il est strictement impossible de reconnaître, trois semaines après, des têtes entrevues le temps de les matraquer, quelques secondes, dans une bagarre, au milieu des gaz lacrymogènes, des sifflets, de la ruée ? Qui reconnaître ? Ceux, parbleu, dont le dossier porte « militant du M.T.L.D. » ou, pour employer le langage des fiches : « élément d’agitation » ou « meneur ».
LA deuxième journée nous a montré que le patronat jouait le grand jeu. Imaginez, dans cette rue sinueuse et mal pavée de Valenciennes où le tribunal se détache à peine des autres maisons, des C.R.S. en armes, ramenés après l’arrivée du président afin que celui-ci puisse garder bonne conscience et parler de la séparation de l’exécutif et du judiciaire, avec à peine une restriction mentale. Ils barrent la rue ; ils tiennent le public à distance, ils écartent résolument tous les Algériens qui tentent de s’approcher. Trois autres filtrages avant de parvenir aux grilles du palais.
L’interrogatoire sur le fond peut se résumer en deux répliques :
Le président : Vous êtes accusé de violence et rébellion.
Le prévenu : Moi ? Mais c’est moi qui ai reçu les coups : je suis resté plusieurs jours sans voir clair.
Le président : Il ne s’agit pas de ca. Depuis votre arrivée en France, vous n’avez pas à vous plaindre, vous avez toujours été bien traité ?… Oui … (Ici, un joli mouvement de son menton parchemine vers le banc de la défense et celui de la presse, un mouvement de bonne conscience) … Et où habitez-vous ?
Le prévenu : Dans un wagon désaffecté à la gare de petite-vitesse.
Le président doit être ennuyé. Ces Algériens mineurs de fond, métallos, terrassiers, entrent mal dans sa démonstration habituelle, dans la description nécessaire au colonialiste pour sauver la face devant le colonisé, nécessaire au patron pour appeler les policiers contre ses grévistes : la démonstration que les ouvriers en général et les ouvriers algériens en particulier sont des paresseux et des incapables. Le président Vandevoir et son procureur ont trouvé autre chose :
« Le pays où fleurit l’oranger n’est pas celui où fleurit la franchise ; impossible d’obtenir un aveu de gens de chez vous ».
Ils s’en gargarisent, ils brandissent cet axiome contre les dénégations des accusés :
« Non, je n’ai pas frappé, c’est moi qui ai été frappé ».
MAINTENANT va commencer la scène la plus atroce que l’on puisse vivre dans une enceinte de tribunal.
Elle fut encore précédée de toutes sortes d’essais de fraudes : des inspecteurs ont circulé constamment entre la salle et la chambre des témoins, pour souffler : « le prévenu Untel est assis au 3e rang, au bout » ou : « il faut reconnaître le 3e du 3e rang ». La défense s’est battue et a emporté la victoire : les prévenus ont été changés de place ; les cartes truquées du commissaire Fabre ont été brouillées.
Puis, un à un, les C.R.S. et autres gendarmes sont entrés. Ils sont passés entre les rangées, faisant se lever les 63 Algériens, banc par banc. Les visages bruns, sans un frémissement, sans un regard, font face. L’homme en uniforme, l’homme rose et bien nourri les scrute et soudain tend le bras :
– Celui-là, je le reconnais.
Un tressaillement de mépris passe sur le visage brun ; les autres attendent.
C’est ainsi que dans les camps, pendant les interminables appels du petit matin, le bras désinvolte et capricieux d’un S.S. envoyait un déporté ou un autre, au hasard, dans les commandos de la nuit et du brouillard.
Le greffier, un radical-socialiste , a connu les camps ; je le regarde ; il ne me voit pas. Mais je sens chez cet homme, qui ne partage sans doute aucune de mes convictions, la même honte, la même détresse : aux yeux des Algériens, ces policiers sont des Français … et nous aussi, nous qui souffrons de leur souffrance parce qu’il faut s’être retranché de la communauté humaine pour assister à l’injustice sans vouloir se dresser et se battre.
Le président endure ce « mal nécessaire » avec une résignation toute chrétienne, le petit procureur courtelinesque suit le tout avec un regard fureteur de belette.
Voilà, c’est fini. Nous sortons avec les tempes qui battent. Dehors, nous retrouvons ceux qui ont témoigné pour les prévenus, c’est-à-dire les manifestants français du 1er mai. Ils entourent les prévenus, leur serrent la main. Les Algériens leur sourient … Non, ils ne confondent pas le peuple de France et les C.R.S. Elise Lefevre, la fille du député Albert Musmeaux, a encore les jambes brûlées par le liquide corrosif. Elle dit, indignée :
« Et ils essayent, ce président et ce procureur, de diviser les Français et les Algériens. Mais, en passant devant le commissaire Fabre, je l’ai entendu ordonner : « Laissez passer les Français, attaquez les Nord-Africains. Le drapeau ! ». J’ai bien été prise dans la bagarre, moi qui ne suis pas Algérienne … »
Victor Diverchy, secrétaire de l’Union des syndicats de Valenciennes, confirme :
« Le drapeau était roulé quand les C.R.S. ont attaqué. Comme je l’ai dit au tribunal, quand nous, tête de colonne, sommes arrivés au viaduc et avons vu la police prête à charger, nous sommes retournés vers nos camarades algériens et leur avons conseillé de rouler le drapeau, ce qu’ils ont fait. Car cette belle manifestation d’union entre travailleurs français et algériens, nous voulions la voir se dérouler dans le calme. »
Deux maires de communes ouvrières, Gilles Florent et Edmond Cher, ont relaté comment s’est passée la manifestation, et aussi Louis Bataille, et Augustine Bronier et Angèle Guillet au bon visage de femme du Nord. Elle avait dit, Angèle Guillet :
« Ces C.R.S., monsieur le président, ce ne sont pas des hommes : les Algériens ne donnaient plus signe de vie qu’ils tapaient encore. J’étais à côté ; j’ai vu. J’ai entendu le commissaire Fabre crier « Drapeau ! ».
Le procureur de la République a essayé de désarçonner Angèle Guillet en faisant de l’esprit :
« Le tribunal devrait conseiller à cette dame d’éviter les bagarres ».
Le bon visage d’Angèle regarde le président Vandevoir bien en face :
« C’est que, voyez-vous, monsieur le président, nous autres, les travailleurs, nous aimons à y aller à notre fête du travail, avec notre brin de muguet à la boutonnière. Nous ne pouvions vraiment pas savoir que la police allait déclencher une bagarre » …
Le président est resté coi.
LE dernier jour a commencé par le réquisitoire. Je devrais dire par une plaidoirie pour les C.R.S. Le petit procureur chafouin n’a pas reculé devant la besogne imposée ; il a fait l’éloge de ceux qui « tapaient encore sur des corps inanimés ».
Le procureur : « Le chef du parquet tient à dire ici publiquement l’estime dans laquelle il tient la police municipale, la gendarmerie et les C.R.S … »
Même le président Vandevoir s’agite, désagréablement surpris de cette exaltation trop crue du « mal nécessaire » … En grand seigneur, il aime que le linge sale soit lavé à la buanderie sans qu’on en parle au salon. Enfin …
Les plaidoiries forcent son attention.
M. Renée Stibbe fait passer un tel frisson d’émotion que tous ceux, dans cette salle, dont le cœur n’est pas complètement mangé par l’uniforme ou la robe, respirent plus lourdement. Elle démontre la préméditation, elle démonte l’accusation. Elle termine par :
« Mutilés ici le 1er mai, ces hommes rentreront dans leurs villes et dans leurs douars. Il appartient à vous, messieurs, de faire que pour les millions de leurs compatriotes qui verront leurs visages tuméfies, ces blessures ne portent pas témoignage contre le peuple français. »
Apres Renée Stibbe, Me Henri Douzon est allé jusqu’au fond du problème. Il a retracé la vie des travailleurs en Algérie, le chômage, la misère, et aussi l’exemplaire dignité de ces existences. Il a raconté comment des centaines de milliers d’Algériens vivent en France, se privant de tout, acceptant les travaux les plus insalubres et les plus durs pour éviter la mort à leurs familles, à leurs proches. Il a donné les chiffres de leurs salaires et il a compté ce qui leur restait, à eux.
Me Douzon : « Et vous voudriez que ces hommes ne viennent pas dire à chaque 1er mai : Nous voulons d’autres conditions de vie ? Nous sommes ici, messieurs, parce que ces hommes ont le droit de se former en cortège et de mettre en tête le drapeau qui symbolise pour eux la liberté. Ceux qui savaient qu’en touchant à ce drapeau, c’est à leur dignité d’hommes qu’ils touchaient, sont les coupables. Un homme le savait, et il a pourtant donné l’ordre d’arracher ce drapeau. »
Au premier rang, le commissaire Fabre tourne légèrement sa barbe et ses lunettes.
Les plaidoiries sont terminées. Alors se produit l’incident le plus bizarre que j’aie jamais vu : le président Vandevoir répond aux avocats. Remplissant jusqu’au bout son rôle d’exécuteur des hautes œuvres du grand patronat, il se met à lire les tarifs horaires des établissements Usinor et des Charbonnages (en négligeant le fait que les travailleurs algériens ne sont jamais classés dans la catégorie à laquelle correspond véritablement leur travail … ) pour démontrer sans doute qu’après tout « ces hommes-là » n’avaient pas à se plaindre de la France.
APRES une très longue suspension d’audience, le verdict tombe :
Seize manifestants restent en prison, avec des peines variant de 25 à 40 jours. 47 autres, soit condamnés à moins de 21 jours, soit bénéficiaires de sursis, sont sortis le soir même. Les dix acquittements visent ceux-là seulement qui effectivement n’avaient pu se trouver à la manifestation ou avaient été arrêtés la veille.
Dechoucha, borgne à jamais, a été condamné à 8 jours de prison avec sursis.
Longtemps après, les prévenus intransportables pendant le procès et jugés à part ont également été condamnés (avec sursis) : et pourtant ils ne reverront plus la lumière du jour.
C’est donc le principe même de la manifestation qui tombe sous le coup des lois maniées par le président Vandevoir et ses assesseurs. C’est donc que les Algériens, sur territoire français, n’ont pas le droit de crier « Nous voulons du pain » aux côtés des travailleurs français.
Le tribunal de Valenciennes a servi de creuset d’expérience pour appliquer, en France, le « tarif colonial », un « tarif » qui, en Algérie, d’avril 1948 à décembre 1952, c’est-à-dire en quatre ans et demi, s’est élevé pour les démocrates à 945 années de prison, 570 années d’interdiction de séjour, 1.210 années de privation des droits civiques, 20 millions de francs d’amende.
Par Dominique DESANTI.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.