Résolution du treizième congrès du Parti ouvrier français tenu à Romilly-sur-Seine et parue dans La Petite République, 12 septembre 1895

Sur la question coloniale, le citoyen Paul Lafargue, au nom du conseil national, fait un rapport très complet et très documenté, dans lequel il montre tous les dangers et tous les inconvénients de la politique coloniale.
Après une intéressante discussion à laquelle prennent part plusieurs délégués, le congrès adopte à l’unanimité la résolution suivante :
Considérant que la politique coloniale est une des pires formes de l’exploitation capitaliste, qu’elle tend exclusivement à élargir le champ des profits de la classe possédante en épuisant de sang et d’argent le prolétariat producteur ;
Considérant que ces expéditions entreprises sous prétexte de civilisation et d’honneur national aboutissent à la corruption et à la destruction des populations primitives et déchaînent sur la nation colonisatrice elle-même toutes sortes de fléaux (absinthisme rapporté d’Algérie, généraux de coups d’Etat et de massacres civils, étiolement et dégénérescence de la race, etc.) ;
Considérant que, dans Madagascar annexé après le Tonkin et le Congo, la petite France capitaliste n’a vu et cherché que l’écoulement fructueux des produits, de leur travail volés aux travailleurs de France et une nouvelle source de tripotages financiers ;
Considérant que la seule façon réellement humaine d’assurer des débouchés à la production mécanique moderne est de supprimer la barrière des classes et de permettre aux producteurs, maîtres sous la forme sociale des moyens de production, de consommer eux-mêmes les richesses sorties de leur activité manuelle et intellectuelle ;
Le treizième Congrès national du Parti ouvrier français s’élève de toutes ses forces contre les flibusteries coloniales pour lesquelles aucun socialiste conscient ne votera jamais ni un homme, ni un sou.

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