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Malika Lies : La vermine fasciste a frappé à Alger

Article de Malika Lies paru dans Et-Thaoura, journal révolutionnaire marxiste d’Algérie, n° 4, avril 1983, p. 14


Nous considérons utile, avant de rentrer dans le vif du sujet, de préciser que pour nous les événements de la CUTA [1] ne peuvent être considérés comme un « tournant marquant » dans la situation du mouvement étudiant algérien. D’une part, de par leur prévisibilité, conséquence logique de l’absence d’auto-organisation des étudiants sur des bases démocratiques. D’autre part, l’offensive menée par un avant-gardisme aveugle ne pouvait qu’aboutir à une opération suicide résultat d’un déséquilibre, flagrant, du rapport des forces en faveur des fascistes.

Que s’est-il réellement passé à Ben-Aknoun ?

MARDI 2 NOVEMBRE 82 : (20h30 – foyer de la CUTA)

Des étudiants qui revendiquaient par voie d’affiche l’élection démocratique du comité de cité, monopolisé jusqu’alors et cela depuis trois ans par les FM [2] à la CUTA, ont été agressé par ces derniers, renforcés par un commando armé extérieur à la cité, bilan : 2 morts (dont un a succombé à ses blessures le jeudi 4) et plusieurs blessés.

RÉACTIONS A T.O ET A ALGER :

Mercredi 3 : L’information parvenue à la fac d’Alger, des étudiants se sont mis à organiser le débrayage des cours. La journée fut déclarée journée d’information et de sensibilisation, à la suite de laquelle un arrêt de cours fut décrété pour samedi 6 et dimanche 7 (décision élargie à la communauté universitaire de T.O).

Jeudi 4 : Le jour de l’enterrement : regroupant 6 à 7000 personnes. Spontanément une marche silencieuse eut lieu sur un parcours de 3 kms (du village d’origine de la victime à Michelet) [4].

Samedi et dimanche :

samedi : fac centrale Alger, un affichage relatant les événements fut défendu par les étudiants (impossibilité d’afficher depuis 1981). Pas d’intervention des flics.

dimanche :
_ affichage arraché par les flics.
_ occupation par les étudiants (ILE, ISE) [5] d’un amphi.
_ l’AG s’est tenue.

A T. O : Ces deux journées d’arrêt total des cours ont débouché outre les AG à une manifestation regroupant la population et les universitaires. Ces événements n’ont fait que renforcer les mesures de contrôle prises par le pouvoir (réinstauration du contrôle des cartes dans les cités universitaires en plus des facs). Le pouvoir bourgeois s’est dépêché de grignoter les maigres libertés qui restaient, au nom de leur « sécurité ».

Devons-nous attendre qu’un critère d’ordre politique soit un préalable à l’accès de l’université (définition arbitraire des perturbateurs présents et à venir) ?…

Parallèlement il est à rappeler que si le pouvoir bourgeois s’impose par ses « forces de l’ordre », cela est dû à la « faiblesse politique » du mouvement étudiant. Nous entendons par là que :

_ c’est au mouvement à assumer son propre combat anti-fasciste. Il ne s’agit donc pas de se reposer sur l’état (vu la convergence d’intérêts FM/bourgeoisie) en sollicitant un suivi de l’enquête judiciaire, par exemple, proposition soutenue par le très gauchiste GCR [6] qui est en train de subir les contrecoups de sa propre stratégie : c’est lui qui se rapproche du PAGS et non l’inverse !!! (la position du PAGS a de tout temps été : « demandons au pouvoir de châtier les FM »).

_ la lutte anti-FM n’est pas l’unique tâche du mouvement étudiant. C’est une de ses tâches. Tactiquement, les étudiants n’auraient pas dû se donner comme objectif, la reprise du comité de cité, dans les conditions actuelles.

Dans ce contexte nous caractérisons l’intervention du GCR de gauchiste, dans la mesure où sa conception du travail politique vis-à-vis du mouvement étudiant se réduit à une simple agitation.

Plus grave, une fois le processus déclenché, le GCR joue la carte de la modération. Non seulement il ne mène aucun débat clarificateur sur la question FM (il est vrai que pour lui le courant FM ne peut être caractérisé de fasciste), de plus il fait obstacle à toute démarche constructive allant dans le sens de la préparation d’une réelle riposte aux FM. De toute façon l’histoire tranchera : ayant été remis en cause en 1980 par le mouvement de masse, ils n’ont d’autre alternative que de se rectifier en assumant leurs erreurs ou de rester « un éternel groupe marginalisé ».

Nous entamons cette polémique parce que nous considérons que le GCR a une part de responsabilité dans ce qui s’est passé. Qu’on s’entende bien : une responsabilité politique (et non morale). De mémoire d’étudiant, on ne provoque par les FM à moins de se préparer à la « lutte armée ». Toute intervention politique et qui se veut celle des révolutionnaires doit axer sur l’organisation d’abord du mouvement de masse à l’université.

MALIKA LIES

_ FLICS HORS DES FACS !
_ A LA VIOLENCE DES FM OPPOSONS LA VIOLENCE DE MASSE !
_ NON AU FLICAGE DES CITES UNIVERSITAIRES !


[1] CUTA : Cité universitaire de garçons – Ben-Aknoun
[2] F.M. : « Frères musulmans »
[3] T.O. : Tizi-Ouzou
[4] Aïn El Hammam – wilaya
[5] ILE : Institut de langues étrangères
ISE : Institut des sciences économiques
[6] GCR : Groupe communiste révolutionnaire

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