Entretien de Chawki Salhi avec Erdal Tan paru dans Inprecor, n° 305, du 23 mars au 5 avril 1990, p. 17-20.
Des élections municipales auront lieu en juin prochain en Algérie ; l’équipe du président Chadli Bendjedid entend ainsi enrayer le mécontentement social sans mettre en danger son pouvoir, ni les réformes libérales en cours. Le Parti socialiste des travailleurs (PST), récemment légalisé, joue un rôle important dans le mouvement démocratique algérien, en se battant aussi bien contre les plans d’austérité gouvernementaux que contre les intégristes islamiques. Son porte-parole, Chawki Salhi, fait le point sur la situation dans son pays.
INPRECOR : Où en est l’Algérie, après l’Intifada d’octobre 1988 ? Quelles ont été les conséquences des émeutes dans l’évolution de la situation ?
Chawki SALHI : L’Algérie est toujours marquée par une situation économique catastrophique. Le régime a essayé d’écraser le mouvement de masse pour pouvoir mener une politique de rentabilisation du secteur d’Etat et de l’ensemble de l’économie, en l’ouvrant aux investissements capitalistes.
Les événements d’octobre 1988 (1) ont compliqué ce projet. La révolte des jeunes a contraint le régime à changer de programme. Mais Chadli a su habilement utiliser la pression populaire contre les institutions du régime ; il a proposé une ouverture politique et créé les conditions pour la mise en application d’un programme plus rapide d’ouverture à l’impérialisme, de libéralisation économique à l’intérieur.
Au début, le processus d’ouverture politique envisageait uniquement l’organisation de tendances au sein du Front de libération nationale (FLN), le parti unique. Mais le multipartisme s’est imposé, notamment en raison de la résistance des bureaucrates du pouvoir à toute ouverture du FLN, mais aussi à cause du rejet général des institutions du parti unique dans la société algérienne et des aspirations démocratiques assez radicales des masses populaires. Dans ce contexte, les noyaux d’opposition ne pouvaient accepter la démarche d’intégration au parti unique sans se discréditer.
L’Algérie est marquée par une politisation croissante, sans qu’il y ait une cristallisation politique du mouvement ouvrier qui soit à la hauteur des luttes sociales. Les luttes sont nombreuses mais dispersées et localisées et elles avancent un faible niveau de revendications.
Enfin, il faut savoir que le régime affirme de plus en plus ses intentions libérales, sans parvenir à les concrétiser. Le secteur d’Etat n’ a pas encore été vendu, les réformes avancent, mais les sociétés financières commencent à peine à s’installer.
Tu as parlé de la crise économique et des projets de libéralisation économique du pouvoir. Quels sont les éléments significatifs de celle crise ?
Il y a d’abord le fardeau de la dette extérieure qui absorbe 70 % des devises des exportations. L’Algérie est toujours un pays totalement dépendant ; les produits alimentaires de base, les pièces de rechange indispensables pour produire viennent de l’extérieur. Cela crée un cycle infernal d’endettement permanent et renouvelé pour payer le service de la dette.
Depuis le début des années 80, nous subissons les retombées de la tentative désastreuse d’industrialisation menée par le régime Boumédienne dans les années 70, avec pour conséquence, aujourd’hui, un chômage massif des jeunes. Ce sont ces jeunes qui se sont révoltés en octobre 1988.
Le secteur nationalisé, trop lourd et mal géré, est en déficit permanent et structurel. La logique actuelle du régime tend à fermer les entreprises non rentables, mettant au chômage des salariés, victimes de l’incompétence de la bureaucratie bourgeoise et du régime actuel.
A terme, le régime veut aussi certainement brader les moyens de production au profit d’investisseurs étrangers ou algériens, qui les remettraient en route à partir d’une logique de rentabilité, au prix d’une politique anti-sociale.
Mais les chutes de salaires et le grignotage permanent des acquis sociaux (enseignement, santé, etc.) deviendra intolérable et provoquera des réactions. Cependant le régime envisage des mesures encore plus draconiennes pour attirer les investisseurs impérialistes.
Cette volonté de privatisation s’adresse-t-elle essentiellement aux investisseurs étrangers ou y a-t-il une couche de la bourgeoisie ou de la bureaucratie qui aurait accumulé assez de capital pour s’approprier le secteur nationalisé ?
Le secteur privé algérien est important et il accumulé des capitaux. Mais il investit peu dans la production, en raison des institutions politiques en place. En général, les milliards détournés s’évadent en Suisse, ou vers des secteurs spéculatifs en Algérie, surtout dans les services.
Les capitalistes algériens envisagent certainement de récupérer des parties de l’industrie nationalisée, mais ils seront très prudents avant d’engager leurs propres capitaux, tout en profitant du financement des banques de l’Etat.
Et surtout, aucun de ces investisseurs n’a l’envergure nécessaire pour mettre en route les secteurs stratégiques (comme les aciéries), ou les entreprises complexes créées dans les années 70. Le gouvernement mise en fait sur le capital impérialiste. Mais l’appareil du pouvoir montre une certaine inertie face à ces desseins. L’Assemblée nationale, par exemple, a refusé un projet de société mixte contrôlée par des partenaires étrangers. Ce sursaut nationaliste complique, pour le moment, l’entrée du capital étranger.
Comment réagit l’opposition face aux projets de libéralisation économique ?
La plupart des partis (encouragés par le pouvoir) qui ont émergé après octobre 1988, prônent un programme libéral, à l’exception du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS, le parti stalinien) qui a une position mitigée et du Parti socialiste des travailleurs (PST) qui s’oppose à ce consensus national contraire aux intérêts des travailleurs et des masses populaires.
Comment s’organise le mouvement de masse, plus d’un an après les émeutes ?
Le mouvement étudiant, né de la grève générale de 1987, qui avait mobilisé 150 000 jeunes dans une vingtaine de centres universitaires, reste le plus structuré. Il a donné naissance au Syndicat national des étudiants algériens autonome et démocratique (SNEAD). Des luttes étudiantes importantes ont eu lieu, en décembre et janvier derniers, notamment contre le projet d’autonomie des universités. Cette réforme induisait, de fait, une logique de rentabilité à l’université, et menaçait le droit à l’éducation des jeunes issus des couches populaires. Mais ce syndicat stagne, en partie à cause de l’émergence de deux organisations étudiantes intégristes qui ont une implantation réelle.
Il existe aussi un mouvement des femmes qui s’est constitué en réaction aux attaques virulentes des intégristes (voir l’interview de Samira Fellah, p. 20).
Des mouvements de lutte se sont créés dans des villages et dans des quartiers autour de l’attribution des terrains, des problèmes de logement ou d’eau courante. Dans des villes comme Oran, la population s’est organisée dans des comités issus du mouvement démocratique contre la répression de 1988.
Mais ces comités n’ont eu qu’une existence ponctuelle, sauf dans le cas particulier de la Kabylie où le degré d’organisation est important : le mouvement berbère a été l’ossature d’autres formes d’expression sociales ; il a été le seul à échapper aux sirènes de l’attentisme qui soufflent en Algérie. Depuis 1980 (date de l’éruption du mouvement de masse berbère et de la répression qui l’a suivi), le régime a été plus tolérant. Des centaines d’associations de villages existent. Une structure pluraliste a été organisée à la suite du séminaire de juillet 1989 qui a débouché sur une marche sur Alger, le 25 janvier dernier pour demander l’ouverture d’un institut de langue berbère et la reconnaissance de l’amazigh, la langue berbère, comme langue officielle en Algérie, sur un pied d’égalité avec l’arabe.
En ce qui concerne le mouvement syndical, les choses ne sont pas aussi claires. La classe ouvrière se structure plus lentement. Les luttes sociales se multiplient mais l’appareil syndical de l’Etat, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), bouche le paysage. Il n’a pas encore pu être contourné par un autre courant syndical qui détruise la logique bureaucratique de l’intérieur ou qui propose une alternative crédible de l’extérieur.
A quoi est due cette situation dans le mouvement ouvrier ?
Je crois que les forces du mouvement ouvrier organisé – les révolutionnaires ou les staliniens – sont très limitées et le contexte actuel n’a pas été marqué par une radicalisation politique permettant un changement qualitatif. Il y a une montée considérable des luttes sociales et une politisation progressive des travailleurs, mais le contexte de chômage provoque certaines hésitations chez les salariés.
Il se pose de fait un problème de débouché politique national (comme international) qui provoque un certain scepticisme.
Des coordinations syndicales ont vu le jour ici et là, entre octobre 1988 et juin 1989, notamment en Kabylie, à Alger, Oran, etc. Dans l’ensemble, elles ont été quelque peu relayées par les initiatives de la gauche bureaucratique (liée au pouvoir), pour la rénovation de l’UGTA. Ces initiatives sont vouées à l’échec, puisqu’elles ne se rattachent pas aux luttes sociales.
Cette manœuvre bureaucratique, sur fond de revendications d’élections syndicales libres et de conférences ouvertes à l’opposition syndicale, a gelé les forces des élites syndicales et des militants avancés, même si elle ne pèse pas véritablement sur la conscience des travailleurs.
Certaines luttes en cours se sont coordonnées. Il existe, par exemple, une structuration intéressante du mouvement enseignant, et des noyaux locaux ont émergé dans des secteurs de l’industrie. Mais il n’y a aucune alternative nationale, aucun pôle alternatif qui apparaisse. La libéralisation économique peut vite modifier les choses et provoquer des réactions violentes.
Il y a eu un mouvement démocratique de masse important contre la répression, au lendemain d’octobre 1988. Aujourd’hui, il connait un reflux qui se traduit notamment par l’affaiblissement du travail de quartier qui s’était structuré à l’automne 1988.
Ces faiblesses sont mises à profit par les intégristes qui, eux, continuent d’avoir une activité régulière dans les mosquées ; ils sont devenus un pôle d’opposition radical au régime, sur le plan social et celui des libertés.
Quelles sont les forces réelles du mouvement intégriste ? Quel programme avance-t-il ?
Le courant intégriste est devenu une composante majeure du panorama politique algérien. En octobre 1988, l’intégrisme islamique était un petit groupe, comme le PST ou les staliniens. Mais le 7 octobre 1988, en pleine mobilisation, les intégristes ont appelé à une manifestation après la prière du vendredi, qui a eu un écho important et leur a donné une légitimité précieuse. Ensuite, le mouvement laïque des étudiants et des intellectuels a pris en charge l’organisation du mouvement démocratique, reléguant les intégristes au second rôle.
Mais, justement, l’échec de ce mouvement démocratique dans la confrontation avec le pouvoir a laissé le champ libre aux intégristes qui, eux, n’ont jamais connu d’interdits.
Le pouvoir a-t-il tenté une manœuvre délibérée en s’appuyant sur les intégristes pour bloquer le mouvement démocratique ?
Il y a eu une alliance tactique du régime avec des courants traditionalistes qui ne s’opposaient pas aux réformes de privatisation. Par la suite, le pouvoir a découvert que les intégristes sont une menace réelle : ils ont récupéré la jeunesse en révolte, notamment les jeunes déclassés ; leur audience menace le pouvoir de Chadli.
Comment expliquer cette influence des intégristes sur les jeunes ?
Les intégristes ont des activités sociales d’aide aux chômeurs, par exemple. Lors du tremblement de terre de 1989, les mosquées ont récolté des secours et le Front islamique du salut (FIS), le Parti des intégristes, s’en est attribué la paternité, en organisant des campagnes de recrutement dans les zones sinistrées. Mais l’activité des intégristes est surtout centrée sur leur campagne politique contre les femmes, plus que sur le terrain social.
L’intégrisme se greffe sur le désarroi de la société. A la source du phénomène intégriste, il y a l’échec du capitalisme, enregistré par la conscience collective, mais aussi la catastrophe des pays de l’Est, avant même les événements spectaculaires de Berlin et de Prague. Tout cela a provoqué, pendant un certain temps, un recul vers le mysticisme, vers des pratiques pieuses et une certaine religiosité, bien au-delà des secteurs organisés dans l’intégrisme. Au contraire, le mouvement intégriste a été relativement isolé par la riposte démocratique du mouvement de masse, qui lui a infligé un recul.
Le discours intégriste est extrêmement dangereux. Il remet en cause la dictature de Chadli et demande la parole pour le peuple ; mais ensuite les imams se dressent en gardiens de l’intérêt du peuple, et, « puisque le peuple est ignorant », c’est un conseil islamique devrait diriger à sa place. Au niveau social, l’intégrisme dénonce le régime occidentalisé, corrompu, mais de façon modérée, car il n’a pas d’alternative à proposer.
Quels sont les autres courants politiques, aujourd’hui, en Algérie ?
Il existe un parti social-démocrate qui est plutôt timidement libéral-bourgeois, marqué par ses liens avec le FLN. Un certain nombre de petits partis qui se veulent plus ou moins libéraux réclament peu ou prou une ouverture libérale. Beaucoup de ces partis n’ont ni histoire, ni base sociale ; ils sont certainement des inventions des services de la présidence pour rendre crédible l’ouverture démocratique.
Les partis qui se réclament du mouvement berbère sont beaucoup plus conséquents dans leurs revendications démocratiques ; nous les retrouvons sur beaucoup de terrains, sur la laïcité, les libertés, les droits des femmes, etc. Mais les partis berbères sont pour une économie de marché, sans dirigisme.
Le dynamisme politique de Chadli se passe du FLN ; il veut devenir le président de tous les partis, de tous les Algériens. Il veut jouer un rôle bonapartiste, de sauveur de la nation, comme lorsqu’il a réussi à enrayer les manifestations en 1988 par des promesses.
Mais le problème du devenir de la bureaucratie du FLN se pose ; la résistance aux ouvertures de Chadli s’est manifestée même au Comité central, sans pour autant contester les réformes économiques.
Des élections municipales sont prévues pour le mois de juin, dans un cadre d’inégalité où tous les partis n’ont pas les mêmes moyens, et selon une constitution décidée par le seul FLN. Il aurait été plus juste, plus démocratique, de faire une consultation qui oppose des programmes, mais le pouvoir ne veut rien risquer. Les intégristes auront les moyens d’être présents au niveau national. Le PST, lui, se bat pour une assemblée constituante.
Dans quelle mesure la situation dans les pays de l’Est a-t-elle pesée sur le PAGS ?
Les staliniens du PAGS sont sortis affaiblis de la clandestinité. Après différents tournants tactiques, ils ont soutenu tous les régimes, tous les gouvernements qui se sont succédés en Algérie. En octobre 1988, beaucoup d’entre eux ont été jetés en prison, torturés, victimes de la répression. Leur bataille permanente pour la constitution d’un « front des patriotes », allant jusqu’aux intégristes et aux militaires « dévoués » de la nation, a diminué beaucoup leur impact. La crise dans les pays de l’Est a accru le désarroi d’un parti faible. Par exemple, dans une conférence de presse, la direction du PAGS annonçait qu’elle avait envoyé un message de soutien au SED est-allemand pour son courage dans les réformes, quelques jours avant le remplacement de Krenz !
Pendant la clandestinité, le PAGS était relativement décentralisé pour éponger la répression. Mais sa légalisation a révélé des contradictions : dans la pratique, les différents secteurs du PAGS n’agissent pas de façon homogène (cela va des gauchistes faisant un syndicat parallèle, à des droitiers liés à des secteurs de la bureaucratie). A diverses reprises, des fédérations ont fait pression sur la direction historique du PAGS pour lui imposer des tournants.
Quelles sont les positions du PST ?
Le PST a été légalisé en octobre 1989. Il apparaît, dans la situation actuelle, comme une force qui pèse dans le débat politique en Algérie, et ce, pour plusieurs raisons : à cause de son poids dans le mouvement de masse démocratique, dans les différents mouvements sociaux où il est parfois hégémonique, malgré des effectifs relativement réduits, mais aussi à cause de ses initiatives politiques et de ses prises de position. Par exemple, le PST s’est opposé à la douce fraternisation de tous les partis, en démasquant la perspective d’une union nationale anti-populaire.
Le PST a joué un rôle important dans la mobilisation contre le danger intégriste. Aujourd’hui, nous sommes une organisation modeste, de plusieurs centaines de militants organisés, mais dont les porte-parole ont enfin accès aux médias. Nous avons des centaines de sympathisants structurés et des milliers de demandes d’adhésion qui n’ont pas encore été capitalisées. Le PST est implanté dans vingt villes d’Algérie, surtout à Alger et en Kabylie. Il a organisé des meetings avec plus de mille personnes. C’est une force, un capital précieux qu’il faudra faire fructifier car, malheureusement, le mouvement ouvrier ne dispose d’aucun parti de masse. Cela donne aux militants du PST une responsabilité très importante.
Le PST rencontre un écho car il est le seul à défendre le programme des travailleurs et des masses populaires. Il est le seul à demander un impôts sur les riches, à initier la campagne pour le non-paiement de la dette, à dénoncer la vente du secteur d’Etat à des sociétés multinationales et l’ouverture du marché algérien au marché mondial. Ces thèmes sont très populaires en Algérie et, pourtant, ils ont disparu de tous les programmes politiques.
Le PST s’adresse à d’autres petits groupes révolutionnaires (2) pour que son congrès constitutif, qui aura lieu cette année, soit l’occasion d’un rassemblement plus large de tous ceux qui se réclament de la révolution socialiste. Nous pensons que le régime Chadli est incapable de résoudre la crise de l’Algérie. La seule solution est la révolution socialiste et nous proposons aujourd’hui un programme transitoire démocratique qui passe par la constitution d’un front ouvrier et populaire large, pour imposer un gouvernement des travailleurs, seule issue à la crise. Cet axe stratégique ne nous empêche pas de faire des alliances ponctuelles, des fronts très larges, démocratiques, y compris avec des forces libérales, sur des revendications démocratiques.
L’axe de notre programme électoral sera l’alliance avec toutes les forces qui se réclament du combat des masses populaires.
Le PST est issu du Groupe communiste révolutionnaire (GCR), qui était groupe sympathisant de la IVe Internationale ; quels sont les rapports du PST avec la IVe Internationale ?
Le GCR a donné naissance au PST qui, lui, n’est pas membre de la IVe Internationale et n’entretient pas de rapports organiques avec elle, malgré un accord politique déclaré publiquement en Algérie. La loi interdit aux partis d’avoir des liens d’affiliation internationale. Le PST a choisi de se battre pour changer cette loi. Notre combat avec les travailleurs, avec les masses populaires, crée une convergence politique naturelle avec les forces de la IVe Internationale ou d’ autres courants du mouvement ouvrier international sur des tâches concrètes de solidarité. Le pouvoir, lui, converge au niveau international avec les forces de l’impérialisme !
7 mars 1990
Propos recueillis par Erdal Tan
1) Le 5 octobre 1988, des émeutes éclatèrent à Alger et dans le reste du pays, pour protester contre la hausse des produits de première nécessité. Le gouvernement décréta l’état de siège pour la première fois dans l’histoire du pays depuis l’Indépendance ; la répression fit plus de 500 morts. Chadli ramena le calme en promenant des réformes démocratiques.
2) Les autres groupes de l’extrême gauche algérienne sont l’Organisation révolutionnaire des travailleurs (ORT, scission du groupe qui est à l’origine du PST), l’Organisation socialiste des travailleurs (OST, du courant international lambertiste) et le Mouvement communiste algérien (MCA).
Hamid Rechidi
Hamid Rechidi, militant trotskyste algérien, est mort à Alger, le 3 mars, à l’âge de 35 ans et après deux mois d’hospitalisation à Paris où il vivait en exil. Hamid avait été l’un des premiers constructeurs du Groupe communiste révolutionnaire (dont est issu le PST) dans la clandestinité. Il avait été arrêté et torturé en 1980 pour son rôle éminent dans le mouvement pour les droits culturels berbères et ne dut sa libération qu’à la mobilisation des étudiants d’Alger et de Kabylie en sa faveur, relayée par une campagne internationale.
En butte au harcèlement policier, Hamid s’exila, contraint, à Paris en 1982. De tous les combats démocratiques, aussi bien par rapport à l’Algérie que pour les libertés dans les pays arabes ou contre le racisme en France, Hamid fut à la tête des mobilisations solidaires de l’Intifada algérienne d’octobre 1988, en France.