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Hier, Alger et la Kabylie, aujourd’hui, l’Oranie et demain ?

Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, n° 53, juin 1982, p. 6

زيارة رئيس الجمهورية لولاية وهران (photo publiée dans El Djeich, n° 219, juin 1982, p. 4)

Trois jours après que les brigades mobiles du Darak-El-Watani ont occupé l’université de Tizi-Ouzou pour une semaine, pour réprimer toute manifestation le 20 avril dernier, les lycéens d’Oran se sont mis en grève à la suite d’une rumeur selon laquelle seuls 5 % des lycéens seraient effectivement reçus au Bac.

Le lendemain, ils sont descendus dans la rue et, suivis par des jeunes sans
travail (ceux de 14 à 19 ans, qui ont déjà quitté l’école mais qui sont trop jeunes pour trouver du travail, vu l’ampleur du chômage), ils ont attaqué la banque d’Oran, mis à sac l’hôtel Timgad (ex-café Riche, appartenant à Chadli (?)) et ont brûlé les Hondas qu’ils trouvaient sur leur passage (les Hondas font partie d’une fournée spéciale qui, vu leurs prix exorbitants, ont été vendues aux bourgeois algériens et aux officiels ; elles symbolisent un luxe insolent).

Les bagarres avec la police et les S. M. ont duré plus de trois jours. Bilan : plusieurs blessés et des centaines d’arrestations. Réactions : à Tizi, lycéens et étudiants ont organisé un meeting de soutien à l’émeute oranaise. Le mouvement s’est étendu à Sidi Bel Abbès, Mascara, Arzew, Mostaganem, Maghnia, Ighil-Izane. A Alger, des jeunes qui appelaient à la grève par tracts ont été arrêtés. A Oran, les arrestations ont été très nombreuses, ainsi que les tabassages dans les commissariats.

La presse de la bourgeoisie qui avait voulu étouffer les événements du printemps de 1980 en les cantonnant à un aspect régionaliste et séparatiste pour diviser les travailleurs algériens et isoler le mouvement kabyle, en sont pour leurs frais aujourd’hui. Les émeutes de la misère et de la colère font tache d’huile, et quelles que soient les manœuvres du gouvernement algérien, l’Oranie, l’Algérois ont pris le relais. Car les problèmes que rencontrent les travailleurs dans toutes ces régions sont fondamentalement les mêmes : hausses des prix, chômage, crise du logement, transports, corruption, oppression des femmes, des jeunes et des minorités, et répression féroce !

Quand on voit la violence des émeutes et des mouvements qui ont surgi ces dernières années, on comprend que ces révoltes sporadiques ne pourront que se multiplier ces prochaines années. Il manque plus que jamais aujourd’hui une force capable de coordonner ces mouvements, de leur donner une unité politique. Organisons-nous, si nous voulons aller plus loin et combattre la répression qui s’abat sur nous à chaque fois !

2 réponses sur « Hier, Alger et la Kabylie, aujourd’hui, l’Oranie et demain ? »

Cette année là en Tunisie les étudiants étaient souvent en grève et manifestaient. La répression avait pris un nouveau tournant puisque depuis 2 ans les BOP, équivalents au CRS se permettaient de balancer les étudiants par les fenêtres de leurs foyers universitaires. Beaucoup sont rentrés chez eux et ont arrêté leurs études. Les plus chanceux sont partis à l’étranger.
La caricature est excellente. Barra signifiant dehors.

Le parallèle est intéressant, d’autant que les groupes révolutionnaires algériens étaient souvent attentifs aux luttes sociales de Tunisie. Pour eux, l’internationalisme avait une véritable signification. Quant à la caricature, je l’apprécie également, cela montre à la fois la créativité et le sens de l’humour (qui manquent parfois aux marxistes de nos jours).

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