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Voix des femmes algériennes

Déclaration parue dans Tribune algérienne, n° 15, mai 1978, p. 44-46

« Favoriser les conditions propres à l’émancipation de la femme » (photo publiée dans El Djeich, n° 182, juillet 1978, p. 47)

Pourquoi avons-nous décidé de nous regrouper dans une organisation de femmes ?

Parce que nous vivons dans une oppression spécifique due à notre rôle traditionnel dans le cadre de la famille, et que nous voulons lutter contre cela, d’où la nécessité d’un mouvement spécifique autonome, où les femmes, travaillant à l’usine, au bureau, à la maison puissent s’organiser entre elles, se conscientiser, et avancer elles-mêmes leurs revendications. En effet, nous pensons que la libération de la femme se ne fera pas par décret le jour de la Révolution (les exemples dans l’histoire sont nombreux) mais ne sera pas possible que, si dès aujourd’hui, les femmes s’organisent entre elles et éprouvent leurs forces contre ce qui les opprime.

Ce regroupement des femmes, nous proposons de l’appeler : Saout el mar’a el djazairia (la voix des femmes algériennes).

Cela a été possible de par les bases suivantes :

– Nous sommes toutes femmes, algériennes et immigrées, conscientes de l’oppression que les femmes subissent autant en France qu’en Algérie.

– Nous voulons lutter pour que l’on reconnaisse à la femme algérienne, sa participation à la vie politique et économique en Algérie.

– Nous sommes prêtes a travailler avec d’autres groupes femmes dans la mesure où ces groupes font un réel travail de masse.

– Nous sommes partie prenante de toutes les luttes que mènent actuellement toutes les femmes du monde dans un contexte de luttes des classes exploitées, ou de luttes de libération (par exemple, actuellement la lutte des femmes palestiniennes).

– Nous voulons lutter aux côtés des classes sociales exploitées dans le but de l’obtention de leurs droits démocratiques, politiques, économiques en liaison avec les organisations que se donnent les travailleurs.

Par quels moyens faire un travail de masse réel en France ?

Par le travail de quartier, en essayant de s’investir dans une Association de locataires pour faire reconnaître leurs droits.

– une association de parents d’élèves pour soulever les problèmes scolaires qui sont posés à l’enfant et se battre pour une vie scolaire adaptée à l’enfant (avec spécificité de culture).

– d’autres regroupements de quartier, tels planning, maison de jeunes, voire par le biais de contacts individuels.

Par le biais du travail, en s’investissant dans :

un syndicat pour obtenir la prise en charge par le syndicat des problèmes spécifiques des femmes et des immigrés.

une P.M.I. ou un centre à fortes concentration d’immigrées.

Pour cela, il est nécessaire d’essayer de trouver un emploi ou de s’intégrer dans toute organisation touchant des femmes immigrées.

Pour le travail culturel, en s’investissant dans :

– une association faisant un réel travail pour l’épanouissement de la femme,

– des centres d’alphabétisation pour donner à la femme les moyens pour s’exprimer et non à l’alphabétisation paternaliste. Il faut essayer d’intervenir au niveau des alphabétiseurs de femmes immigrées s’il y a une demande exprimée.

– des manifestations culturelles ou animations diverses : exemples Festival des Travailleurs Immigrés, animation théâtrales, etc.

Ces manifestations peuvent être à la fois l’occasion qui doit permettre
aux femmes de s’exprimer et à l’opinion d’être sensibilisée sur le problème des femmes.

Nous insistons actuellement sur les points suivants :

– campagne d’explications sur les mesures et les crimes racistes (en France particulièrement).

– campagne d’explications sur las F.A.S. (fonds d’aide sociale) dont les fonds proviennent des prélèvements de cotisations d’allocations familiales dues aux travailleurs immigrées ; et ne sont ni contrôlés ni exploités par eux-mêmes.

Comment faire le lien avec les femmes en Algérie ?

Ce lien est capital pour nous et il nous semble important de :

– sensibiliser les femmes algériennes vivant en France sur les conditions de vie des femmes algériennes vivant au pays,

– d’informer sur les luttes que mènent les femmes en Algérie,

– soutenir les luttes que mènent ces femmes.

Parallèlement, nous souhaitons fournir un travail de réflexion :

– sur tous les facteurs d’oppression et d’exploitation de la femme dans
notre société musulmane.

– sur le code de la famille, les droits de la femme

– sur le rôle de la participation de la femme dans les différents luttes
du pays et dans le monde

– sur la formation professionnelle, politique et économique des femmes et les moyens de la mener.

– sur la participation de la femme pendant la guerre de libération en Algérie et dans toute l’histoire antérieure de l’Algérie.

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