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Algérie : Grève générale / Solidarité avec les femmes algériennes

Articles parus dans Inprecor, n° 327, du 29 mars au 11 avril 1991, p. 28


Grève générale

C’est à l’appel du principal syndicat algérien, lié au pouvoir, l’Union générale des travailleurs algérien (UGTA), qu’a eu lieu la grève générale des 13 et 14 mars 1991, provoquée par une hausse importante des prix. Ce mouvement a été largement suivi dans l’ensemble du pays et a mis en difficulté le syndicat islamiste, qui n’appelait pas à la grève. Dans certaines entreprises où celui-ci avait réussi — devant les faiblesses de l’UGTA, mal organisée à la base — à gagner du terrain, beaucoup de travailleurs ont quand même cessé le travail, et comme chez les cheminots, certains dirigeants favorables à la grève ont été mis à la porte du syndicat islamiste. Le succès de cette grève, qui a largement dépassé la base de l’UGTA — de nombreuses initiatives, organisation d’assemblées générales, vote du mouvement, ont été prises en charge à la base —, a redonné une certaine confiance aux travailleurs et a marqué un recul du Front islamique du salut (FIS), à quelques mois des élections générales.


Solidarité avec les femmes algériennes

Un appel en solidarité avec les femmes algériennes a été adopté par le XIIIe congrès de la IVe internationale :

L’intifada du 5 octobre 1988 a permis aux travailleurs, aux jeunes, aux femmes et aux masses populaires de s’exprimer, de s’organiser, mais la montée de l’intégrisme menace ces libertés si chèrement payées.

Préoccupé par l’ouverture au marché mondial, le pouvoir algérien, qui multipliait les entraves aux mouvements démocratiques, a été d’une complaisance sans égal à l’égard des agressions intégristes contre les meetings non-islamistes, d’un laxisme sans limites face aux violences contre les femmes : il a accepté sans réagir les milices islamistes assiégeant les cités universitaires des étudiantes.

Le Front islamique du salut menace les maigres acquis des femmes algériennes et bénéficie d’un très large consensus dans la société algérienne patriarcale. En effet, dans ce pays, le Code de la famille, qui date de 1984, impose à la femme un tuteur pour se marier, l’obéissance au mari et à sa famille, la quasi-impossibilité de divorcer, l’abandon des enfants en cas de remariage, etc.

Les intégristes s’attaquent au droit au travail des femmes qui n’occupent pourtant que 4 % des emplois. Ils s’attaquent à la mixité dans les écoles, séparent les employés des deux sexes dans les mairies islamistes. En réalité, ce sont le droit d’étudier et le droit de circuler avec ou sans hidjab (voile) qui sont menacés.

Les femmes ont réagi avec courage : elles ont construit leurs associations, elles ont manifesté contre les agressions, contre les menaces sur l’emploi et le droit aux études. Elles ont dénoncé la loi électorale qui permet aux ennemis des femmes de voter, par procuration, à leur place.

Elles ont été traitées d’agents du « parti de la France », « d’éperviers du colonialisme », mais elles étaient 4 000, le 8 mars 1989 et 20 000, le 8 mars 1990. Elles construisent, dans leur coordination unitaire, un grand mouvement unifié avec les moudjahidates, combattantes de la guerre de libération nationale.

Alors que les défenseurs du projet le plus rétrograde possèdent, aujourd’hui, les moyens les plus sophistiqués pour leur propagande, les femmes, elles, n’ont pas de moyens propres pour imprimer le moindre appel.

Les femmes algériennes sont en danger ! Elles n’ont plus que quelques mois pour mieux s’organiser face aux danger de voir les intégristes remporter les prochaines élections législatives.

Les femmes algériennes ont besoin de notre solidarité matérielle et politique !

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