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F. Abdou El Hadi : Un acte de solidarité

Article de F. Adbou El Hadi paru dans Le Libertaire, n° 480, 25 mai 1956


ALGER était dans la léthargie complète durant ce mois de ramadhan. Les années précédentes, les rues étaient animées le soir ; les music-hall et les cinémas regorgeaient de monde, les cafés accueillaient de nombreux veilleurs. Cette année, rien de tout cela, aucune préparation spectaculaire ni ornement dans les rues quasi désertes, les lieux de loisirs habituels ont fermé leurs portes. On n’entend plus comme à l’accoutumée le son des derboukas, les chants religieux des jeunes filles, les battements des mains et les yous-youx des femmes, on ne voit plus les enfants courir joyeusement en chantant.

Ainsi donc le ramadhan a vécu, voilà l’Aid-Esseghir, jour de la rupture du carême. Les rues n’ont pas changé de physionomie, elles ont gardé leur visage habituel malgré ce jour de fête.

Rien. Pas même le henné, le bain maure, le pèlerinage au cimetière d’El-Kettar, les gâteaux, les achats de vêtements qui sont une tradition chez les musulmans.

Par contre les médersas, les cercles d’études, les mosquées, las écoles coraniques regorgent de monde, où l’on remarque des discussions graves ou animées.

Comme on le dit si bien, cette année c’est un ramadhan pas comme les autres.

En effet, conscient de la lutte que mènent les moudjahidines dans les djebels, conscient du drame que traverse notre pays, conscient de ses fils qui meurent chaque jour sous les balles des colonialistes, le peuple algérien qui lutte pour son indépendance nationale a voulu faire de ces journées non seulement un devoir religieux, mais un acte de solidarité.

Nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir de fête dans la joie et l’allégresse que dans la paix, dans une Algérie où le peuple soit vraiment maître de sa destinée.

F. ABDOU EL HADI
(Correspondant du « Lib » Alger.)

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