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Ratons à part entière de Dunkerque à Tamanrasset

Article paru dans La Voix du travailleur algérien, n° 18, septembre 1961, p. 3

Au Trianon, dancing de Montigny, une bagarre éclate ce 23 juillet 1961, un militant du FLN fait feu. Deux hommes, dont un para, sont tués sur le coup. Un appelé décède dans la nuit. Photo RL (source : Le Républicain lorrain)

La Révolution algérienne existe depuis sept ans. Malgré la tragédie qui se déroule dans notre pays, les rapports amicaux entre le peuple français et l’émigration algérienne continuent.

Pour des raisons politiques, le gouvernement a fait venir en France la 11e D.I.L , celle-ci s’est installée à Metz et à Nancy. Ces braves paras, défenseurs de la légalité républicaine, pacificateurs à tout cran, ne purent oublier les méthodes employées de l’autre côté de la Méditerranée. Aussi, l’Algérien fut à l’honneur, les injures et les vexations, mêlées aux « bousculades » s’abattirent sur nos compatriotes.

Devant de tels méfaits, la population de Metz et de Nancy essaya de s’interposer, mais en vain. Les Algériens évitèrent les provocations, restèrent dans leur « médina », alors nos « pacificateurs » allèrent les provoquer chez eux, rentrant dans les cafés algériens et brutalisèrent les consommateurs.

La population de Metz et de Nancy, ainsi que la colonie algérienne de ces deux villes, élevèrent une protestation énergique pour que cesse cette chasse à l’homme. Ne pouvant supporter plus longtemps cette situation, les Algériens décidèrent de se défendre et ce fut la fusillade de Metz.

Mais les paras, habitués à vivre en pays conquis et à manger de l’arabe, ne l’entendirent pas de cette oreille. Aussi ont-ils foncé sur les Algériens comme ils le faisaient il y a quelque temps en Algérie.

Aussi, au buffet de la gare, tout le monde fut mis au mur ; on extraya, sous le regard de quelques voyageurs horrifiés, quelques Algériens qui se retrouvèrent à l’hôpital. Un soldat américain protégea un de nos compatriotes. Des paras en jetèrent un autre dans la Moselle. Un travailleur italien paya de sa vie son teint méditerranéen ; ils l’avaient pris pour un Algérien.

Comme d’habitude, le service d’ordre arriva quand la tuerie prit fin. Il n’eut qu’à envoyer les morts à la morgue, les blessée à l’hôpital et les troupiers entrèrent dans leurs casernes comme s’ils venaient d’accomplir une mission commandée.

Après ces incidents sanglants, 300 Algériens furent arrêtés et malmenés dans les locaux de la police à Metz. Des zones rouges furent établies et depuis les Algériens ne peuvent plus circuler librement dans la ville.

Voici maintenant que cette situation fait tache d’huile. Le 17 août dernier, des Algériens qui consommaient dans un bar de Douai furent également l’objet d’une ratonnade. Un soldat, accompagné de civils, femmes et hommes, s’attaqua aux quatre Algériens à coups de chaises ; le patron voulant intervenir se trouva au nombre des blessés. Les agresseurs prirent la fuite. Les blessés furent soignés à l’hôpital et purent rejoindre leur domicile à l’exception d’un de nos compatriotes âgé de 63 ans, blessé au cuir chevelu, qui a été gardé en observation.

Devant une telle situation, l’U.S.T.A., au nom de l’émigration algérienne en France, proteste contre ce racisme pour que des cas semblables ne se renouvellent plus.

Elle demande à tous les Algériens de garder leur sang-froid devant de tels actes et d’opposer à ces derniers une résistance organisée et élargie à la population de leurs quartiers.

C’est là la seule manière de résister aux émules du fascisme et de préserver les rapports amicaux entre les travailleurs algériens et le peuple français.

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