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Falsification et conspiration

Article paru dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 3

Faire le silence sur les activités du M.N.A. est devenu chose courante ; tant sur le plan politique que sur le plan militaire, l’information générale se tait comme une carpe. Quand ce sont les maquis M.N.A. qui sont en mouvement dans le Sud algérien, où ils contrôlent un immense territoire, la presse déclare « les fellagas font telle ou telle chose », ou encore elle dira « des terroristes musulmans viennent d’attaquer tel ou tel poste ». Mais jamais, ou du moins très rarement, on voit écrit noir sur blanc dans un journal quelconque le nom du M.N.A. à propos d’un fait militaire ou même politique.

Sur le plan politique, le silence est souvent unanime. D’une façon générale, on attribue tout au F.L.N. C’est ainsi qu’il y a quelques mois un groupe de militants M.N.A., appartenant également à l’U.S.T.A. a été arrêté par les gendarmes d’Haumont (Nord). Ils furent torturés et soumis à la question pendant quelques jours. Présentés devant le Juge d’Instruction le 21 avril 1961, ils ont refusé de répondre à l’interrogatoire sans être assisté de leur avocat et d’un médecin pour constater les tortures endurées par eux. Les médecins commis par le juge ont, en effet, confirmé les dires des détenus martyrisés. Néanmoins, malgré ces constatations flagrantes, le groupe de six détenus M.N.A. a été écroué à la prison d’Avesnes-sur-Helpe (Nord) où il est resté plus de deux mois, tandis qu’une plainte était déposée par eux contre leurs tortionnaires.

Ces derniers ont été traduits devant la justice le 4 juillet 1961. Le huis-clos a été prononcé tant les procédés employés par les gendarmes pour martyriser les détenus M.N.A. étaient odieux et ahurissants. Aussi, ils ont été condamnés à 1.000 N.F. d’amende. De plus la plupart d’entre eux ont été mutés. Quant aux détenus M.N.A. ils ont été mis en liberté provisoire.

Eh bien, ce procès et ses aspects qui nous rappellent les temps de la question, peu de journaux l’ont relaté. En dehors du « Monde » et du « Canard enchaîné », la presse a glissé sur ces atrocités. Outre le silence caractérisé de ce procès, il y a également un autre silence sur l’appartenance de ces détenus qui sont : AMARA Tayeb, BEN BRAHIM Mohamed, BEN BRAHIM Ahmed, DEHANE Mohamed, MOULAY Saïd et DERRADJ Ahmed qui appartiennent au M.N.A. et à l’U.S.T.A. (UNION DES SYNDICATS DES TRAVAILLEURS ALGERIENS).

A ce sujet, la presse parlée comme la presse écrite ont carrément déclaré que ces détenus étaient F.L.N. D’autres journaux ont observé le silence sur l’appartenance de ces militants en se contentant de dire que les détenus en question étaient des « Algériens musulmans ».

« Le Monde » des 29 et 30 décembre 1961, dont on lira ci-dessous quelques extraits sur le martyre de nos compatriotes, a, avec plus d’hypocrisie et de rouerie bourgeoise, déclaré que la région d’Hautmont était moitié F.L.N., moitié M.N.A., au lieu de dire simplement que les militants torturés étaient des membres du M.N.A. et de l’U.S.T.A.

Que peut-on penser de tout cela ? Sinon que la presse est capricieuse et qu’elle ne sourit qu’aux beaux partis et aux grands mariages, mais jamais aux prolos qui se marient le samedi et qui reprennent le turbin le lundi matin.

En plus de la conspiration du silence, nous assistons à la falsification de la vérité.

« Le Monde » du 29 décembre 1962 :

« …Se trouvant à bout de fatigue et de patience et dans le dessein d’obtenir des déclarations précises et concordantes, les gendarmes avaient soumis spontanément les Algériens à un traitement électrique,

« Ce traitement » consista en l’utilisation du courant lumière du secteur (110 volts, 5 ampères) à partir d’une prise de courant murale ».

« Pour établir le contact, les gendarmes agissant tantôt ensemble, tantôt par équipe de deux, s’étaient servis d’un fil souple à deux conducteurs, dont l’un était attaché à la jambe ou à la cheville et l’autre employé pour pratiquer des attouchements sur les autres parties du corps ».

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