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« Les manifestations des 8 et 13 février sont au centre des discussions »

Textes parus dans Informations Correspondance Ouvrières, n° 5, février 1962, p. 1-6


LES EVENEMENTS

Les manifestations des 8 et 13 février sont au centre des discussions. Elles peuvent paraître dépassées par les évènements. Mais en fait, elles débordent largement leur cadre particulier et permettent de saisir leur sens par rapport au mouvement ouvrier.

QUE SIGNIFIENT les « GRANDIOSES OBSEQUES » du 13 FEVRIER ?

Voici les positions exprimées par les camarades d’entreprise :

Un métallo O.S.-Renault :  » J’y suis allé, mais presque à regret. Cette marche funèbre n’apporte rien. Ça m’a vraiment fait mal au ventre de me retrouver derrière les Thorez et les Mendès-France. Et tous ceux qui étaient là les retrouvera-t-on demain pour une lutte ouvrière ? Comme m’a dit un ouvrier : « tu vois, ils pensent si la cantine sera ouverte ou fermée ». En fin de compte, c’est un encadrement encore plus grand des travailleurs. Il n’y a qu’à voir la déclaration au dernier Comité Central du P.C. sur la « nécessité de renforcer le survire d’ordre du parti ».

Ce même camarade avait développé son opinion dans Tribune Ouvrière Renault-janvier 62, à propos de la manifestation du 19 décembre :

« … les manifestations des mois de décembre et de janvier ont pour but de rassembler le plus de monde possible pour demander au gouvernement de prendre des mesures contre l’O.A.S., mais à la fin du compte, le véritable but est le soutien du gouvernement « contre le fascisme » . Aujourd’hui, le P.C. prétend que c’est le fascisme, et que celle-ci veut instaurer ce régime en France. Or le PC a toujours pactisé avec le fascisme QUAND CELA SERVAIT SES INTERETS : en 1930 en Allemagne, en 1939 par le pacte Molotov-Ribbentrop pour le partage de la Pologne, en 1954 par la lutte contre la C.E.D. avec Soustelle. Mais le plus grotesque est le façon qu’a le P.C. de baptiser n’importe quoi de fasciste. Des ouvriers sont en désaccord avec lui ? C’est des fascistes. Tito n’accepte pas la dictature de Staline ? C’est un fasciste. Le 28 MAI 1958, aux cris du « Fascisme ne passera pas » nous avons marché de la Nation à la République : il s’agissait alors de la prise du pouvoir par De Gaulle. Et aujourd’hui pour défendre ce même gouvernement gaulliste, on crie de plus belle : « Le fascisme ne passera pas ». Si la plupart des travailleurs se désintéressent actuellement de la lutte « anti-fasciste » c’est parce qu’ils n’y comprennent plus rien : c’est parce que l’anti-fascisme est une fumisterie.

« … Après tout cela, l’O.A.S. peut assassiner, plastiquer en toute liberté, car ils se savent impunis ; ils sont partie intégrante de ce qu’on appelle « le beau monde » et de l’armée française. Les gens de l’O.A.S.sont connus du pouvoir gaulliste. Ils collaborent ensemble au maintien en Algérie de la « civilisation française ». Non l’O.A.S. n’est pas le fascisme car la bourgeoisie française n’a pas besoin de fascisme actuellement, elle est capable de nous exploiter sans fascisme. »

un employé, comptable en usine : « un vieux délégué ouvrier CGT (oppositionnel du PC) de ma boîte n’y est pas allé, n’a pas débrayé et m’a dit : « quand on voit au dos du tract appelant aux obsèques « en accord avec la Préfecture de Police » on comprend tout de suite le sens de la manifestation ». Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe.

le camarade de Bordeaux (Dassault) : « A Bordeaux, il y a eu un rassemblement important à le Bourse du Travail, qui répondait à une réaction assez spontanée contre la violence de la police. Mais l’exploitation tapageuse du P.C. a donné lieu à une véritable mise en scène (catafalques, portraits, discours des seules organisations communistes).

un camarade de Jeumont (technicien) : « il ne faut pas chercher dans les manifestations « une pureté révolutionnaire ». On constatera toujours cette ambiguïté. Si nous participons, ce n’est pas pour marcher derrière quelqu’un, mais pour nous-mêmes en tant que travailleurs.

lettre d’un camarade postier :

« Je pense que sur la situation, les communistes ont eu leurs morts, les socialistes leur manifestation : il faut bien prendre position pour un éventuel changement de gouvernement ; de son côté, le gouvernement et les futurs gouvernants ne sont pas mécontents de voir une telle foule participer à une telle mystification. Jusque là les travailleurs se trouvaient éparpillés dans la nature, ils réagissaient ou pouvaient réagir de façon anarchique, là grâce à ce mouvement, syndicats ou partis vont récupérer des éléments, les encadrer et, dans quelques mois, lorsque cela sera nécessaire, il sera plus facile de manier, de manœuvrer cette foule.

« Dans les PTT, nous avons fait grève de 24h le 13 février à l’appel des trois organisations syndicales. Dans le bureau, sur le plan général, il y a eu environ 20% de cadres qui ont débrayé et 80% pour les trieurs et préposés. Dans le service où je suis, sur une trentaine, douze sont restés ; il y a quatre auxiliaires de 18 ans qui sont là depuis le 16 décembre, et naturellement ils ont peur, à mon avis, ils ne peuvent compter (dans les chiffres administratifs, évidement ils comptent toujours pour diminuer le pourcentage des grévistes). Les autres, il y en a quatre qui sont nettement « Algérie Française », ils ne le disent pas, ils ne font pas de propagande, mais nous le savons par leurs réactions ; ce qui est curieux c’est que tous les quatre sont cotisants à la grande centrale CGT (il est vrai que le délégué de ce service CGT est un ancien para). Donc pour les quatre Algérie Française : l’un a cinquante ans, il revient d’Alger depuis deux ans, il a été postier là-bas 25 ans et cela compte sur sa mentalité ; un autre a 35 ans, c’est un ancien enfant de troupe, qui a fait l’Indochine ; le troisième a 39 ans, il a quitté l’armée en 1959, il a fait l’Allemagne en 1945, et tout le reste ensuite ; le quatrième a 25 ans, il n’a jamais caché ses opinions d’extrême droite, et c’est le plus sympathique. (Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que pour le boulot ( injustice, rendement, chronométrage, etc…) les camarades, même ces huit qui n’ont pas fait grève, débrayent immédiatement, avec les autres, ce qui rend fous nos supérieurs). Il est clair que ce noyau a permis aux autres de rester, c’était une occasion unique. Je ne veux pas en tant que « chef » les influencer, le camarade de la CFTC les aurait certainement entraînés mais il a depuis huit jours une angine ; ce qui est curieux c’est que les gars de la CGT n’ont rien essayé, ils sont partis sans explication, sans discussion avec les autres (ils étaient évidemment mal placés puisque quatre de leurs moutons restaient au travail, il semble bien qu’ils ne voulaient pas insister, il n’y a pas de représentant CGT-FO dans mon coin. Ceux qui sont partis n’ont pas fait grève pour les victimes, mais simplement en disant :  » il y a longtemps qu’ils nous emmerdent (gouvernement et administration) c’est une excellente occasion de leur montrer ». Un autre fait ridicule, la CGT a fait une collecte pour la couronne, limitée à 50 anciens francs par tête de pipe !!!

Réflexions sur la situation française actuelle :
(d’un camarade employé dans un service d’études et de documentation).

« Commençons par la manifestation du 8 février qui a fait 8 morts. Je n’y suis pas allé, car je ne lui voyais aucune utilité. Envoyer des militants disputer le pavé à la police ne me paraissait pas le bon moyen pour hâter la fin de la guerre d’Algérie, et pour décourager le terrorisme O.A.S. D’autant qua je sentais, pour avoir participé à la précédente manifestation, qu’un certain nombre de manifestants n’avaient pas digéré le « tabassage » de l’autre fois, et qu’il y aurait de la revanche dans l’air, c’est-à-dire de nombreuses chances pour que ça tourne mal. D’autre part, le mot d’ordre était parti du P.C. et l’on voyait bien que les intentions de ce parti, après une attitude si longtemps molle et équivoque, étaient essentiellement opportunistes : voler au secours de la paix, et en même temps donner satisfaction aux jeunes du parti qui voulaient faire quelque chose. Je pensais aussi que ce genre de manifestation, en mettant un peu plus de confusion dans la situation, ferait plutôt le jeu de l’O.A.S.

« En fait, les choses ont tourné encore plus mal que je ne le craignais, puisqu’il y a eu 8 morts dans un mouvement de panique et de sadisme policier épouvantable. Mais en même temps, ces 8 morts sont venus changer les données de la situation, et bouleverser les calculs savants et mesquins de ces manieurs d’hommes que sont les appareils du gouvernement, de l’O.A.S., des partis.

« Car ces 8 morts, en même temps qu’ils faisaient naître une vague d’indignation (dont les conversations dans les ateliers, les bureaux et devant les kiosques laissaient bien, le lendemain, présager l’ampleur), ont fait sentir à beaucoup que le moment était venu pour faire quelque chose. Bien plus, ils ont donné l’occasion de faire quelque chose. Et voilà, me semble-t-il, pourquoi il y avait tant de monde à ces obsèques et pourquoi j’y suis allé moi-même avec quelques employés de mon bureau qui n’avaient jamais participé à aucune manifestation de rue.

« Si nous n’avions été que quelques milliers alignés derrière les catafalques, derrière les bonzes de la gauche, ceints de leurs écharpes tricolores, derrière la D.S. de Maurice Thorez, notre présence n’aurait pas eu plus de sens que celle de quelques milliers de manifestants à Charonne le 8 février. Mais voilà, nous étions à peu près un demi-million. Et ça, c’est quelque chose qu’on ne voit pas tous les jours, et qui ne peut pas ne pas avoir un sens.

« Ce sens, bien sûr, n’est pas très clair, et c’est pourquoi les « spécialistes » s’interrogent tant depuis le 13 février.

« Interrogeons-nous à notre tour. Et voyons d’abord ce que cette manifestation n’était pas.

« Elle n’était pars une approbation pour le Parti Communiste. Certes plusieurs des victimes étaient membres du Parti, et Maurice Thorez était là. Mais les idées des participants, autant que j’ai pu m’en rendre compte en parlant autour de moi, étaient ailleurs. Pour beaucoup d’entre nous, Thorez est mort depuis longtemps et l’on se soucie fort peu de son fantôme.

« La manifestation ne marquait pas non plus, un renouveau d’engouement pour les partis de la gauche non communiste : la grande masse des participants les ignore, ou presque, et n’est pas près de se laisser embrigader dans l’un ou l’autre d’entre eux.

« La manifestation n’était pas une manifestation à caractère révolutionnaire. Ln masse des participants n’était animée d’aucune volonté de transformer radicalement la société, n’avait aucun objectif révolutionnaire. Et comment en serait-il autrement ? L’ambiance générale n’a jamais été aussi peu révolutionnaire : la situation économique est relativement satisfaisante, le chômage est très faible, la plupart des adultes commencent à vivre, après la grande épreuve des années 1939-45. Ils se débattent avec des problèmes personnels : comment organiser leur cadre matériel, leur vie de couple, leurs relations avec leurs enfants, leurs loisirs ; comment gagner l’argent qui conditionne tout le reste ? La plupart ne connaissent du socialisme que les caricatures qu’en ont données le national-socialisme d’Hitler, ou le national-communisme de Staline. Les quelques rares qui ont cru au socialisme sont pris par l’ambiance générale et doutent. Oui, mais il y a les jeunes. C’est vrai. Certains sont prêts à tout casser et n’hésitent pas à tout casser. Et après ? C’est de la révolte pure et simple, c’est-à-dire un ingrédient indispensable à la révolution, l’élément moteur par excellence de la révolution, mais qui, s’il ne s’intègre pas à un mouvement remuant le tréfonds de la société, ne peut déboucher sur rien.

« Et c’est bien ce que la situation actuelle a de déroutant. La guerre d’Algérie et le double terrorisme FLN-OAS ont crée un climat de violence qui est particulièrement propre à « émouvoir » la jeunesse mais qui me paraît insuffisant pour créer une vague de fond sociale analogue à celle qu’a connue Paris à l’époque de la Commune, Moscou-Léningrad en 1917, Berlin-Est en 1953, Budapest en 1956. Bien sûr on ne sait pas ce qu’il peut advenir si le situation continue à se détériorer, si la tension continue à monter. Pour le moment, il faut bien constater que le « climat » est très différent de celui qui a précédé les explosions que je viens d’évoquer.

« Ceci étant, la manifestation avait quand même un caractère positif.

« Elle était un désaveu des méthodes policières, de l’arbitraire gouvernemental, du terrorisme O.A.S., des querelles de partis.

« Elle était l’affirmative, vague mais profonde, de l’attachement du peuple français à un certain respect de l’homme et de ce qu’on appelle les principes fondamentaux.

« Elle était une sorte d’avertissement, qui semble avoir été assez bien entendu de divers côtés, à savoir que l’on ne peut pas éternellement et impunément, jouer avec les hommes comme avec des objets.

« Cela n’est peut-être pas considérable, quand on songe à ce que pourrait erre une société sans classe, et sans exploitation. Mais dans la période historique concrète que nous vivons, c’est déjà beaucoup, car c’est une sorte de coup d’arrêt à un néo-franquisme dont nous aurions eu autant de mal à nous remettre que nos camarades espagnols ont du mal à se remettre du franquisme lui-même.

Replacer les événements dans leur contexte
(d’un camarade employé d’assurances)

L’exploitation politique de la fin de la guerre d’Algérie est évidente. Il n’est pas nécessaire de rappeler l’attitude des partis et notamment du PC au cours des sept années de guerre pour découvrir tout l’artifice des manifestations de dernière heure pour « imposer la paix  » alors qu’elle est pratiquement faite.

Le PC ne voulait certainement pas les violences du 8 février. Quelle que soit l’origine de cette violence (réseaux O.A.S. de police, réponse des jeunes qui en ont assez de se faire matraquer), le PC tient des martyrs qu’il exploite politiquement et qui lui redonnent, vis-à-vis des jeunes notamment, une façade « révolutionnaire ». Les autres partis se sentent à leur tour « menacés politiquement », à la fois par de Gaulle (et sa paix) et par le PC (et ses martyrs) ; d’où l’attitude – purement électorale – de la SFIO, des radicaux, des syndicats.

La leçon, elle ne concerne pas les partis : ils sont ce que chacun peut savoir déjà d’eux. Elle concerne les opportunistes de la « révolution  » et de la lutte « pour l’indépendance de l’Algérie », tous ceux qui cherchaient constamment dans la situation la base agitation, d’un dépassement des organisations dans les manifestations de masse : Comme s’il suffisait « d’amorcer la violence » pour déclencher une réaction en chaîne à l’échelle du pays tout entier.

C’est finalement au PC, parti le mieux structuré politiquement, que profite toute cette agitation purement politique qui n’a aucune correspondance sociale profonde.

Pourtant, il existe une agitation sociale, mais elle est bien trop localisée, bien trop diffuse pour sous-tendre un mouvement révolutionnaire ; elle est suffisante pourtant pour placer les partis et notamment le PC dans une situation délicate dans leurs rapports avec le pouvoir.

Dans les huit années de la guerre d’Algérie, il y a eu des poussées sociales, contre les conséquences de la guerre (mouvement des rappelés, des étudiants), pour des revendications de salaires (cheminots en 60, fonctionnaires en avril 61, cheminots et EDF en décembre 61) ; la grève de Decazeville, grève sur le tas de deux mois est significative d’un climat social.

Mais les organisations ont bloqué tous les mouvements revendicatifs : chacun peut voir qu’aujourd’hui tous les mouvements sociaux sont effacés derrière la « lutte contre l’OAS ». Ce courant (assez fort, mais dont nous ne prétendons nullement qu’il soit puissant), renforcé par le courant général d’hostilité à la guerre, a été transformé en un mouvement politique diffus canalisé vers les manifestations contre la guerre transformées à leur tour en manifestations contre l’OAS. C’est cette poussée des travailleurs, dispersée et divisée, mais aussi s’exprimant à la base des partis et des syndicats, qui a finalement forcé ceux-ci à organiser des manifestations de rue (manifestations politiques et non sociales comme la grève par exemple).

Le 27 Octobre 60, la CGT et le PC pouvaient refuser de s’associer à une manifestation et la dénoncer comme « provocation fasciste ».

En décembre 61 et Janvier 62, ils sont contraints de s’associer ou d’organiser de telles manifestations. Il faut considérer les difficultés qui peuvent en résulter pour le P.C. Car si ces manifestations prennent trop d’ampleur ou débordent les organisations, elles risquent de faire apparaître la contradiction fondamentale du P.C. : la soumission totale de son attitude sur le plan français intérieur, aux impératifs de la politique extérieure russe.

En ce sens, les manifestations du 19 décembre, ou du 8 février, risquaient peut-être de déborder « l’encadrement »(certains de nous en ont été témoins). Celle du 13 février, par son ampleur même peut amener à l’avenir une situation nouvelle : pour les travailleurs, la conscience d’une force agissante ; pour les partis qui exploitent cette « révolte », l’obligation de se montrer sous leur visage réel, car ils ne peuvent satisfaire les espoirs mis en eux. L’étroitesse de la marge de manœuvre du P.C. apparaît clairement dans le rapport Ansart au Comité Central du P.C. du 10/2/62 (Humanité du 12/2). Passons sur la politique du parti qui n’attaque que Papon et Frey et ne parle que « d’obliger le gouvernement à… » ou « imposer à… » c’est-à-dire en fin de compte confiance à De Gaulle.

Dans la lutte contre l’O.A.S. la logique même voudrait des groupes de protection qui se transformeraient éventuellement en groupes d’action puisque la carence du pouvoir est dénoncée constamment ; et l’efficacité de la lutte voudrait une organisation de ces groupes. Mais il s’agit avant tout et surtout d’une « grande activité politique des comités dans les masses »… « cette lutte est totalement étrangère à toute idée d’agissement de petits groupes »…

Autrement dit, il ne faut pas former de groupes d’action capables de se substituer au pouvoir, mais agir politiquement, par les voies légales.

A voir comment le rapport proscrit toute action commune des comités anti-fascistes, comment il dénonce toute fédération de ces comités, on comprend la hantise qui lui fait écrire propos des assises des comités de lycées et d’étudiants… » la prétention de régenter la lutte anti-fasciste et de la dévoyer vers des ornières aventuristes d’une ligue composée de quelques personnalités sans mandat… Les universitaires, les chercheurs, les étudiants, et lycéens n’ont nul besoin d’un état-major préfabriqué »…

On comprend d’autant mieux que des camarades des Voix Ouvrière ont été attaqués à la SAVIEM à St Ouen, par un commando du PC, alors qu’ils distribuaient un tract affirmait que « la lutte contre l’O.A.S. ne peut se mener qu’indépendamment de tout recours à l’appareil d’Etat bourgeois ».

Pour le PC, la légalité, la lutte politique légale seule compte : il ne faut de comités que politiques, il ne faut de directives que venant les partis. Tout ce qui risque d’avoir une autonomie propre, de sortir des jeux politiques traditionnels est à combattre, par la violence au besoin, ou à salir avec l’épithète de provocateurs ou de fascistes.

Le gouvernement garde à droite, le P.C. garde à gauche. Le statu-quo en France correspond au statu-quo mondial. Chacun espère que la fin de la guerre d’Algérie démobilisera les dangers, de l’O.A.S. pour le régime « républicain » d’une poussée sociale autonome pour partis et syndicats. En réalité la fin de la guerre lèvera beaucoup d’équivoques, et fera apparaître plus clairement les rapports réels du pouvoir et des « organisations ouvrières ».

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