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Mise au point de notre camarade André Breton

Mise au point d’André Breton parue dans Le Libertaire, n° 307, 21 mars 1952, p. 3

Paris le 16 mars 1952.

Cher Camarade,

Divers journaux (Combat, Paris-Presse, etc…) ont reproduit la semaine dernière le texte d’un télégramme adressé au Pape et ainsi formulé :

« Sollicitons suprême intervention auprès Chef État espagnol pour empêcher exécution des syndicalistes de Barcelone condamnés à mort. »

Je vous prie de me laisser dire à nos amis du Libertaire que, bien qu’on l’ait fait figurer au bas de ce télégramme, je n’ai jamais donné ma signature à un tel libellé et que j’en désapprouve formellement l’initiative, qui part des bureaux de Franc-Tireur.

Du fait qu’il s’agissait de sauver cinq syndicalistes espagnols, je me serais abstenu de protester publiquement si, comme on me l’assura le lendemain par téléphone, on avait cru pouvoir user, sans leur accord, des noms de tous ceux qui, au meeting de Wagram, avaient pris la défense des condamnés.

Parmi ceux-ci, les noms de Georges Altman, de Jean-Paul Sartre et d’Ignacio Silone ayant été omis, alors qu’on faisait précéder les autres de celui d’un curé qui ne s était pas manifesté jusqu’alors (et n’avait, semble-t-il, pas trouvé d’autre appui auprès de son supérieur hiérarchique !) j’estime qu’on a abusé du mien.

Il va sans dire que je n’aurais jamais songé ni consenti à adresser une supplique au Pape, personnage auquel je dénie, pour ma part, toute autorité spirituelle et que, de ma vie, je n’ai jamais vu user des pouvoirs qu’il détient pour accomplir le moindre acte de justice ou de « charité ».

L’exécution, vendredi dernier, de nos cinq camarades de Barcelone montre une fois de plus, que le recours en question était totalement dérisoire et souligne, pour ceux qui en douteraient encore, la collusion criminelle du Vatican et de Franco.

Fraternellement.

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