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Le M.N.A. et les accords d’Evian

Article paru dans La Nation socialiste, n° 54, avril 1962, p. 5

Au moment où à Evian les négociations approchaient de leur fin heureuse, la presse et la radio faisaient de larges commentaires sur l’activité du M.N.A. en Algérie.

Par exemple, « Paris-Presse », dans son numéro du 16 mars 1962, sous la signature de son correspondant particulier Robert Buchard, nous apprend que « les bandes du M.N.A. » étaient entrées en action, que l’on dénombrait déjà « des razzias sur une dizaine de fermes avec 1.000 moutons égorgés, 500 bêtes enlevées et que 120 supplétifs avaient déserté et rejoint le M.N.A. »

« Que ces combats ont lieu contre le F.L.N., et que les responsables du maintien de l’ordre semblaient craindre une éventuelle et provisoire alliance de fait entre M.N.A. et O.A.S. »

Ce que nous relevons dans ce journal, c’est en gros ce que la presse et la radio ont donné ces jours derniers, en ne ménageant pas les commentaires les plus hostiles au M.N.A.

Il est bien évident que cette orchestration sur l’activité intense du M.N.A., alors que depuis sept années cette même presse s’est évertuée à nier l’existence politique et militaire du M.N.A. est plus que suspecte.

Le but poursuivi apparaît nettement lorsque les services d’information dont nous parlons, veulent faire croire à une collusion entre M.N.A. et O.A.S. Il s’agit de toute évidence de tenter de justifier l’éviction du M.N.A. des récents pourparlers d’une part et une éventuelle répression contre ce mouvement d’autre part.

D’ailleurs, le 21 mars dernier, la direction du M.N.A. publiait un communiqué mettant les choses au point. Concernant la calomnie sur la prétendue collusion avec l’O.A.S., nous lisons dans ce communiqué :

« C’est une accusation mensongère qui a pour but de discréditer le M.N.A. et de provoquer la répression contre ses militants. Le M.N.A. dénonce ces manœuvres et proteste de la façon la plus énergique contre les auteurs de toutes ces ignominies.

Depuis l’Etoile Nord-Africaine jusqu’à ce jour, le M.N.A a été fidèle à la démocratie et il le demeure, quelles que soient les circonstances et quels que soient les régimes. »

Sur le fond du problème soulignons que le M.N.A. est trop attaché à la paix pour entreprendre quoi que ce soit qui puisse en retarder l’avènement. Bien qu’ayant été écarté des négociations dès l’annonce du cessez-le-feu, il a précisé qu’il ne pouvait évidemment pas faire siens des accords au sujet desquels il n’avait pas été consulté, mais que sa politique demeurait inchangée, qu’il la poursuivrait sans surenchère et sans abandon. Des rapports avec la France, le M.N.A. a rappelé qu’il avait été le premier à préconiser la coopération entre le peuple français et le peuple algérien dans le respect de la souveraineté de chacun.

Pour faire triompher son point de vue, le M.N.A. n’a plus que la ressource de s’en tenir aux principes de l’autodétermination, devant en définitive, décider de l’Algérie de demain. Mais ce qui semble s’annoncer par la campagne de calomnies dont nous parlons, c’est l’interdiction pour le M.N.A. de participer en tant que parti à la campagne pour l’autodétermination.

Il est hors de doute que le gouvernement a mauvaise conscience à l’égard de l’organisation nationaliste que dirige Messali Hadj. C’est pourquoi nous sommes impatients de connaître ce qui a été décidé à Evian sur le sort des nationalistes qui indépendamment du F.L.N. ont combattu pour l’indépendance de leur pays comme ce fut le cas pour le M.N.A.


UN COMMUNIQUE DU M.N.A. :

Le Bureau Politique du M.N.A. s’est réuni, le 28 mars 1962, pour faire le point de la situation après la désignation des membres de l’Exécutif algérien.

LE M.N.A. CONSTATE :

– que la composition de l’Exécutif algérien ne comprend exclusivement, au point de vue algérien, que des membres du F.L.N. ou pro-F.L.N. ;

– qu’il a été systématiquement écarté de cet organisme ;

– que cette élimination fait suite à son écartement des négociations d’Evian ;

– que, enfin, cette manière de procéder est anti-démocratique et tourne le dos à toutes les déclarations faites par le Gouvernement français aux termes desquelles toutes les tendances algériennes seraient représentées aussi bien aux négociations qu’à l’Exécutif algérien.

LE M.N.A. DECLARE :

– que c’est là une violation directe de l’autodétermination qui devait servir de règlement général à la solution du problème algérien.

Le M.N.A. DENONCE :

– avec la plus grande énergie ces mesures discriminantes qui, déjà, annoncent l’instauration du parti unique en Algérie.

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