Article de Maurice Joyeux paru dans Le Monde libertaire, n° 11, octobre 1955, p. 4
Ecrit au lendemain de la guerre d’Espagne, cet ouvrage vient seulement d’être traduit. Sa qualité, la précision de l’information qu’il nous apporte sur les événements encore mal connus de 1937, nous fait regretter de ne pas l’avoir eu plus tôt entre les mains.
Le livre se divise en deux parties d’égale importance. L’écrivain, engage des les premiers jours de la résistance à la rébellion militaire, dans les milices du P.O.U.M. reconstitue dans la première partie de son ouvrage l’atmosphère des tranchés. Le pittoresque des premiers jours, l’enthousiasme a fait lentement place à la résignation puis à la lassitude sur le front d’Aragon, les milices, privées du matériel indispensable à une action d’envergure, piétinent les passions politiques s’exaspèrent, les hommes s’affrontent.
Dans la seconde partie de l’ouvrage, on assiste à l’éclatement des colères accumulées pendant de longs mois. Dans Barcelone, foyer révolutionnaire de l’Espagne en armes, les staliniens appuyés par le gouvernement républicain à la dévotion de l’ambassadeur des Soviets grand dispensateur du matériel de guerre, essaient de désarmer les milices. La C.N.T. résiste les armes à la main. Ses représentants au sein du gouvernement s’interposent, l’affaire se tasse. Le P.O.U.M. organisation moins puissante sera la victime de ces soubresauts. Ses militants sont emprisonnés, son secrétaire général assassiné. Un procès inique s’ouvre à Barcelone.
George Orwell avec simplicité et précision, nous conte cette période d’une manière convaincante et on n’est pas trop fier de l’attitude de certains ministres représentant la C.N.T. au sein du gouvernement de la République.
« La Catalogne libre » est un livre à méditer. Il nous enseigne ce que nous devons éviter de recommencer.