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PCF : Après les manifestations algériennes de la région parisienne

Déclaration du Bureau politique du PCF parue dans les Cahiers du communisme, 37e année, n° 11, novembre 1961, p. 1852-1853

LES manifestations de dizaines de milliers d’Algériens qui se sont produites hier à Paris et dans la région parisienne constituent un évènement politique d’une importance exceptionnelles.

Ces manifestations ont donné lieu à de sanglants événements. Les forces de police, dont les informations officielles reconnaissent que pas un des membres n’a été atteint par balle, ont tiré sur des groupes d’Algériens, faisant des morts et de nombreux blessés.

En manifestant pacifiquement, avec leurs femmes et leurs enfants, les Algériens entendaient protester contre les discriminations, le régime inadmissibles qui leur sont imposés et qui ne cessent de s’aggraver.

Les travailleurs algériens sont en butte, de la part de la police et des harkis, à des brimades de toutes sortes, à des perquisitions de jour et de nuit, à des brutalités. Nombreuses sont, au cours des dernières semaines, les disparitions d’Algériens.

En outre, le gouvernement a décidé la fermeture des établissements fréquentés par ces travailleurs à 19 heures, et le couvre-feu une heure plus tard. Il procède à des rafles dans les quartiers et les localités qu’habitent les travailleurs algériens et les transporte en nombre en Algérie où ils sont livrés à la police et aux activistes ultras.

Hier, les forces de répression ont agi dans la capitale avec une brutalité sans précédent. Tous les témoins ont pu s’en rendre compte.

Le pouvoir gaulliste semble tout faire pour que s’élargisse encore le fossé creusé entre Français et Algériens par sept années de guerre. Il tend, en favorisant la discrimination et la haine raciales, à rendre la situation des Algériens travaillant en France aussi difficile et dramatique que celle de leurs compatriotes d’Alger et d’Oran.

Les travailleurs, les démocrates français doivent prendre conscience de la gravité de la situation après les événements du 17 octobre.

Créant un climat d’insécurité et tendant à dresser la population
française contre les travailleurs algériens, de tels actes font le jeu
des factieux, des fauteurs de guerre civile, des tueurs de l’O.A.S.,
encouragés dans leurs entreprises par les complaisances du pouvoir.

La répression contre les Algériens vivant en France compromet toujours davantage les relations futures entre la France et l’Algérie.

Fidèle à ses principes d’internationalisme prolétarien et conscient de défendre l’intérêt national, le Bureau politique du Parti communiste français dénonce la politique colonialiste du pouvoir gaulliste, illustrée une fois de plus par les sanglants événements d’hier.

Il demande la libération immédiate de tous les emprisonnés et internés du 17 octobre, l’arrêt des expulsions en Algérie et la levée des mesures discriminatoires prises à l’encontre des Algériens.

Le Bureau politique appelle la classe ouvrière, l’ensemble des républicains à réagir vigoureusement contre la propagande et les mesures de discrimination raciale visant les Algériens.

Chaque travailleur, chaque démocrate français doit se sentir personnellement menacé par les mesures de caractère fasciste prises à l’égard des travailleurs algériens, ces mesures pouvant demain être étendues à eux.

Le Bureau politique demande que les initiatives soient multipliées en vue d’organiser dans l’unité la lutte de masse dans les usines et les localités, afin que se réalise concrètement la solidarité indispensable des travailleurs français et algériens.

Les manifestations algériennes du 17 octobre font ressortir l’urgence d’en finir avec la guerre d’Algérie. Le Bureau politique insiste sur la nécessité de développer l’action unie pour imposer une véritable négociation avec le G.P.R.A., sur la base de l’application du principe de l’autodétermination, dans le respect de l’unité du peuple algérien et de l’intégrité territoriale de l’Algérie.

Paris, le 18 octobre 1961.

Le Bureau politique du Parti communiste français.

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