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Robert Louzon : Carnet du massacre

Extrait des Notes d’économie et de politique de Robert Louzon parues dans La Révolution prolétarienne, 25e année, n° 407, nouvelle série n° 106, juin 1956, p. 12-14

Ce que propose l’armée de libération

A l’occasion de la fête de l’Aïd-Seghir, l’armée de libération d’Algérie a libéré le premier prisonnier qui est tombé entre ses mains après la fin du Ramadan. A ce soldat, Roger Valle, du 1er régiment d’infanterie coloniale, fut remise une lettre adressée au commandement français, dont voici les principaux passages :

Nous remettons à ce prisonnier libéré ce message, par lequel nous vous demandons, à vous, soldats, de respecter les enseignements moraux qu’apprennent les soldats dans le monde entier …

Pourquoi vous voyons-nous lancer vos bombes et diriger les balles de vos mitrailleuses sur des femmes, des enfants et des vieillards ? Pourquoi vos soldats brûlent-ils les gourbis de ces malheureux en proie à une misère contre laquelle l’Algérie s’est révoltée et contre laquelle nous poursuivrons notre lutte jusqu’à la victoire ? Pourquoi abattez-vous nos hommes qui tombent prisonniers entre vos mains et pour quelles raisons mutilez-vous un grand nombre d’entre eux ? Que d’innocents vous avez massacrés, tandis que vous trompez l’opinion publique en France et en Algérie, en affirmant que vous tuez des « rebelles ».

… Sachez Messieurs que jusqu’à ce jour, nous n’avons commis aucun acte de sauvagerie comparable à ceux que vous avez perpétrés. Les quelques-uns qui ont été accomplis par nos hommes n’ont été que des représailles face aux crimes de vos armées, de vos milices et de votre police. Nous constatons cependant que vous persévérez toujours dans l’accomplissement de vos forfaits. Votre unique supériorité dans ce domaine est que tout cela s’effectue dans l’ombre, loin des yeux de la presse et de la radio : c’est ainsi que l’opinion mondiale ignore tout de vos crimes et de vos atrocités.

… Epargnez les enfants, les femmes, les vieillards, les civils désarmés et les pacifiques gourbis : nous aussi nous nous comporterons envers vous en véritables combattants qui épargneront les prisonniers, les femmes, les enfants et les civils sans armes.

Le « socialiste » Guy Mollet n’acceptera évidemment point cette proposition. Elle est cependant entièrement conforme à ce que, du côté français, Albert Camus avait proposé, il y a quelques mois et qui lui avait valu, tout récemment, l’« adhésion personnelle chaleureuse », du même Guy Mollet.

Palestro

Le 22 mai, les journaux publiaient sous des titres sensationnels le « récit » de la manière dont étaient morts les soldats du 9e régiment d’infanterie coloniale tombés dans une embuscade près de Palestro.

Tous ces articles étaient à peu près identiques, la source d’information de toute la presse française étant la même et unique pour tous : le bureau militaire « psychologique », alias « de bourrage de cranes », d’Alger. Nous donnons ci-dessous le texte de l’article paru dans le grand quotidien régional d’où j’habite, Nice-Matin :

Sous-titre sur 3 colonnes : Faits prisonniers après un combat d’une heure à un contre dix, dix-sept rappelés du 9e R.I.C. sont morts horriblement torturés.

Et voici le récit :

Au cours du nettoyage de ce secteur montagneux, une de nos unités a découvert un hors-la-loi blesse à mort et abandonné par ses compagnons. Interrogé, l’homme put livrer quelques détails sur l’embuscade, ce qui permit de reconstituer la marche à la mort des rappelés.

La bataille dura plus d’une heure et nos marsouins qui dépendaient du 9e R.I.C. et dont quinze venaient déjà d’être blessés avant d’avoir pu faire un geste, furent alors débordés et écrasés sous le nombre sans avoir pu alerter le P.C. par radio.

PRISONNIERS ET SUPPLICIES

Prisonniers, les coloniaux et leur lieutenant furent conduits sans ménagements au douar Amal et là, livrés à une population déchaînée.

Et le massacre commença. Les malheureux, qui étaient ligotés, furent atrocement et longuement suppliciés avant d’être achevés.

Les montagnards et leurs femmes, remplis d’une haine démentielle, se jetèrent sur nos malheureux compatriotes. Ils leur crevèrent les yeux et après les avoir cruellement poignardés, leur brûlèrent la plante des pieds, imprimant au fer rouge sur la chair grésillante les initiales A.L.N. (armée libération nationale). Puis, encore plus sauvagement, au milieu des imprécations et des hurlements, ils les éventrèrent et après les avoir vidés de leurs entrailles, remplirent leurs corps de cailloux.

Malheureusement pour les auteurs de cette rocambolesque histoire, il y avait un survivant, qui fut retrouvé, quelques jours plus tard, blessé, Pierre Dumas, et celui-ci fit aux journalistes réunis à son chevet à l’hôpital d’Alger, les déclarations suivantes (texte de Nice-Matin du 27 mai) :

Lorsque vendredi dernier, au matin, la patrouille commandée par le lieutenant Arthur quitta Beni-Amrane, il était 6 h. 30 ; les hommes marchaient à dix mètres l’un de l’autre. Ils parvinrent, par un petit sentier, jusqu’à un col, domine face aux soldats par un amas de rochers.

Le lieutenant Arthur allait en tête. Soudain, une fusillade éclata. Elle dura un
quart d’heure à vingt minutes. Puis, les rebelles surgirent et s’assurèrent des cinq hommes qui étaient encore en vie, le sergent Charrier, le caporal Aurousseau, les soldats Caron et Millet, et enfin Pierre Dumas.

Deux étaient indemnes : Millet et Dumas ; le sergent Charrier était blessé à la poitrine, le caporal-chef Aurousseau avait reçu des chevrotines dans les jambes et Caron avait la main qui pendait.

Après s’être emparés des armes et de divers objets, les rebelles, qui étaient au nombre de 30 à 35, emmenèrent quatre de leurs prisonniers, laissant sur place Caron, qui était trop grièvement blessé.

Les rebelles firent un premier arrêt à 300 mètres du lieu de l’embuscade. Ils prirent aux prisonniers tout ce qu’ils avaient : portefeuille, montre et objets divers. Ils leur laissèrent leurs souliers.

Puis la marche reprit vers le douar, situé à 1 km. 500 plus loin. C’est là qu’Aurousseau et Charrier furent laissés, les rebelles déclarant qu’ils y seraient soignés.

Ils repartirent, emmenant les deux prisonniers valides. La marche dura deux heures à deux heures et demie, puis ce fut la halte sur la pente d’un djebel, sous un bouquet d’arbres. Les rebelles mangèrent et donnèrent également à manger à Millet et Dumas ; vers 18 h. 30, ils reprirent leur route.

Ils atteignirent ainsi la grotte où, mercredi, après l’assaut des parachutistes de la Légion, Dumas devait être retrouvé blessé, et Millet mort.

De vendredi à mercredi, les deux prisonniers ne quittèrent pas la grotte.

Dumas précise que les rebelles ne l’ont jamais brutalisé et qu’ils l’ont toujours nourri.

Il a confirme que, peu après leur capture, les rebelles leur avaient fait écrire, à Millet et à lui-même, des lettres adressées à leurs familles, dans lesquelles ils devaient annoncer qu’ils étaient prisonniers.

Pendant les marches dans les montagnes, ils furent parfois malmenés par des fellagha, reçurent des cailloux que leur lancèrent des enfants, mais ne jurent pas brutalisés.

On voit que les deux récits diffèrent du tout au tout. Les journaux n’ont pourtant point démenti leur première version, de sorte que les lecteurs inattentifs, soit les neuf dixièmes des lecteurs, ne se seront point aperçus que les deux articles publiés à cinq jours d’intervalle, se rapportaient à la même affaire, et la scandaleuse invention du bureau psychologique aura donc pu conserver tout son effet : les Arabes sont des sauvages.

Rivet

Ce même bureau « psychologique » a fait annoncer que, le 11 mai, des « blockhaus » fortifiés avaient été détruits aux abords de Rivet, en bordure de la grande plaine de la Mitidja, à moins de 25 kilomètres d’Alger.

Or, voici, d’après France-Observateur du 31 mai, en quoi consista réellement l’opération :

Le mercredi 9 mai, on découvre à 500 mètres de l’agglomération de Rivet, dans un fossé au bord de la route, les corps criblés de balles de deux jeunes musulmans. L’autorisation d’inhumer ces corps est refusée sous le prétexte que les deux hommes sont membres d’une organisation nationaliste et qu’ils ont très probablement participe au sabotage de poteaux télégraphiques.

… On déclare cependant du côté musulman que les deux jeunes gens ont été, en réalité, tués au cours d’une querelle personnelle, par un boulanger européen du nom de Juan, qui jouit d’une assez mauvaise réputation dans la région. Juan, affirme-t-on dans ces milieux, a camouflé derrière un mobile patriotique l’exécution d’une simple vengeance.

Quoi qu’il en soit, lorsque le lendemain (c’est-à-dire le jeudi 10 mai), la camionnette de la boulangerie Juan quitte Rivet vers la fin de l’après-midi pour effectuer une livraison de pain au sanatorium proche, un tireur embusque l’attend sur la route. Le conducteur qui est l’un des fils de M. Juan (il avait remplacé son père au dernier moment) est abattu.

Le boulanger apprend la nouvelle peu avant 19 heures. Ivre de douleur et de rage, il s’arme aussitôt d’une mitraillette et, suivi de plusieurs membres de sa famille également armés, il ouvre le feu sur la foule musulmane qui prend le frais le long des trottoirs, en attendant la fin officielle du jeûne (c’est le dernier jour de la période du Ramadan). Quelques voisins européens se joignent à la famille Juan et bientôt des dizaines de tués et de blesses jonchent le sol.

Affolés, les musulmans de Rivet se barricadent chez eux. Beaucoup profitent de la nuit pour fuir à travers champs et gagner les mechtas voisines. D’autres s’enfuient jusqu’aux environs d’Alger.

Le lendemain matin (vendredi 11 mai), ceux des habitants musulmans qui étaient restés à Rivet sortent des maisons et demandent l’autorisation de prendre leurs morts. Mais ceux-ci ont été enlevés au cours de la nuit et les éléments de la milice qui occupent maintenant les rues de la petite ville arrêtent tous ceux qui viennent demander des nouvelles de leurs parents disparus. Pratiquement, tous les musulmans du sexe masculin demeurés à Rivet sont soumis à un contrôle d’identité. Une partie d’entre eux – les hommes les plus jeunes – sont diriges sur le stade où des exécutions sommaires se déroulent. Les autres sont embarqués à bord de camions à destination inconnue.

… A ce moment, l’armée intervient. Certains Européens et des miliciens indiquent aux officiers que de nombreux habitants – sans doute les plus « coupables » – se sont refugiés dans les mechtas voisines. L’assimilation est aussitôt faite entre ces malheureux et les fellagha qui avaient attaqué la ferme Douieb. Et comme on ne note aucun signe de vie à l’intérieur des hameaux (toute la population apeurée s’est enfermée à l’intérieur des gourbis), on en vient rapidement à penser que des embuscades ont été préparées. On décide donc de commencer par bombarder les mechtas afin d’éviter des pertes inutiles. La légende des blockhaus est née.

Des gourbis sont incendiés sous le feu des canons et des mortiers et de nombreuses personnes périssent carbonisées.

… Selon des estimations qu’il a été naturellement impossible de vérifier, le nombre des victimes musulmanes s’élèverait pour les journées du 10 et 11 mai, à un chiffre compris entre 500 et 550 tués.

Le correspondant de Demain, que nous avions cité le mois dernier, posait l’ « équation » : un blessé = 14 morts ; à Rivet, ce fut mieux : un tué = 500 tués.

LES A-COTES DU MASSACRE

« Après pacification, des élections libres seraient impossibles ».

Sous le sous-titre ci-dessus, André Philip écrit dans l’hebdomadaire Demain du 3 mai :

Ce serait, je crois, une erreur que de considérer la répression militaire, même camouflée sous le nom de pacification, comme un moyen de procéder ensuite à de libres élections. Il semble bien, en effet, que de telles élections seraient irréalisables.

Si à la suite de durs combats, toute insurrection est réprimée, les Européens triompheront, mais il est complètement utopique de s’imaginer alors que les colons dont les parents ou les enfants auront été égorgés toléreront la libre candidature de ceux qui se déclareraient solidaires de tels égorgements. De même, des troupes victorieuses ne pourront absolument pas garantir la liberté d’expression et de pensée de candidats qui s’affirmeraient les leaders de ceux qui viendront d’être vaincus.

Une partie importante de l’opinion autochtone ne pourrait en réalité parvenir à s’exprimer ; les élus seraient, comme par le passé, des administratifs, et il est à craindre que l’opposition, incapable de s’exprimer publiquement, n’ait recours à nouveau à la menace des assassinats.

En fait, il est peu probable que des élections libres soient possibles, après une victoire réelle d’une des deux communautés. Elles ne sont concevables qu’au moment où subsiste encore un équilibre de forces, où un accord précis aura des chances d’être respecté, parce qu’en cas de violation, l’ensemble du combat pourrait encore reprendre.

C’est l’évidence même !

Mais qu’en pense Guy Mollet, collègue d’André Philip au parti socialiste, dont toute la politique, au moins telle qu’il la proclame, consiste à faire des élections « libres » après pacification ?

Un homme

Un homme ! Un homme parmi les parlementaires ! La chose est assez rare pour mériter d’être notée.

Un abîme, évidemment ! nous sépare de Mendès-France, celui qui sépare les révolutionnaires des non-révolutionnaires. Le geste de l’ancien ministre d’Etat du cabinet Guy Mollet n’en est pas moins un de ceux qui méritent un coup de chapeau.

Sacrifier sa situation gouvernementale et peut-être son avenir politique au respect de ses convictions, témoigne d’une grandeur peu commune chez les bourgeois.

La démission de Mendès rappelle celle d’un autre grand libéral, l’Anglais John Bright, le disciple de Cobden, qui, fidèle à ses convictions anticolonialistes, démissionna du gouvernement Gladstone lorsque celui-ci fit bombarder Alexandrie en 1882, et débarquer les troupes qui devaient commencer cette occupation britannique de l’Egypte qui s’achève aujourd’hui si honteusement.

La carrière ministérielle de Bright finit ce jour-là, mais maintenant il a sa statue, ce qui est très rare en Angleterre pour un homme d’Etat. Souhaitons à M. Mendès-France, sinon de ne plus être ministre, au moins d’avoir, lui aussi, un jour, sa statue.

Des catholiques à la pointe du combat

Claude Gérard, femme courageuse, maquisarde du Limousin, qui, s’étant trouvée à Madagascar lors du massacre des 80.000 Malgaches, s’est jurée de tout faire pour que de telles horreurs ne se renouvellent pas et s’est, en conséquence, consacrée à une œuvre de propagande et de vérité, l’agence Afrique-Information, a été arrêtée, le mois dernier, sur l’ordre ou avec la complicité de Lacoste-Noske et de Mollet le Pleutre, pour avoir osé être allée chez les insurgés d’Algérie et avoir publié, notamment dans Demain, hebdomadaire socialiste, le récit de ce qu’elle avait vu.

C’est dans l’ordre !

On sait, en effet, depuis l’arrestation de Barrat pour le même motif que Claude Gerard, et l’ordre d’expulsion du journaliste de Newsweek suspecté d’avoir le même dessein, que le premier des crimes pour les ministres de la IVe république, qu’ils s’appellent Faure ou Mollet, est de chercher à connaître la vérité, et de la dire. Il faut que rien ne puisse être rapporte sur l’insurrection algérienne, en dehors de ce que distribue le gouvernement à la presse et à la radio par le canal de son bureau « psychologique ».

Mais, ce sur quoi je voudrais ici attirer l’attention, c’est sur ce fait que Claude Gérard est catholique.

Elle est catholique comme Barrat, comme Bourdet, comme Marrou, tous trois également poursuivis, elle est catholique comme ces trois prêtres qui ont été expulsés de Souk-Ahras parce qu’ils étaient soupçonnés de délivrer des médicaments à tous ceux qui en avaient besoin, même si ils étaient présumés « fellagha », elle est catholique comme la « Mission de France » qui vient de prendre la défense des trois prêtres en affirmant le droit pour ses membres de « protester sans faiblir contre les crimes, les incendies, les meurtres d’innocents venant d’un côté », mais également celui de « protester avec la même force contre les répressions collectives, les tortures, les destructions de villages venant de l’autre côté ».

Ainsi, tandis que la gauche traditionnelle, la gauche libre-penseuse, socialistes et franc-maçons, font la guerre ou l’approuvent, ou, tout au plus, formulent quelques réserves du bout des lèvres, c’est principalement à des catholiques, à des croyants que, en fait, revient l’honneur de mener aujourd’hui le plus rude combat contre le colonialisme (4).

Or, c’est là une situation toute nouvelle.

Que le catholicisme soit, à l’heure actuelle, en pleine expansion, qu’il connaisse des succès presque aussi spectaculaires que ceux de son émule, l’Eglise de Moscou, c’est là un fait indéniable, mais ce qui est plus important encore que ses progrès quantitatifs, et ce qui les explique dans une large mesure, ce sont, si l’on peut dire, ses progrès « qualitatifs » : ses progrès intellectuels et moraux. Intellectuellement, le catholicisme a abandonné, devant la science, les positions intenables qu’il avait jusqu’à hier si obstinément défendues contre elle : non seulement il ne condamne plus Galilée, mais il admet même, aujourd’hui, officiellement, par la voix du pape, le darwinisme. Moralement, il s’inspire désormais beaucoup plus de la tolérance de Voltaire que des bûchers de Torquemada, et ce sont beaucoup plus les Droits de l’Homme que le Syllabus qu’il invoque.

La prise de position catégorique de ses éléments les plus avancés en faveur du droit des Algériens à disposer d’eux-mêmes, n’est que le point extrême de cette évolution. Une évolution qui constitue pour le catholicisme une véritable renaissance.

Depuis la Renaissance, la nôtre, celle du XVIe siècle, ce sont les libres-penseurs, les anticléricaux, les athées, qui portèrent le flambeau du progrès humain. L’ « humanisme », c’est-à-dire la recherche de la libération de l’homme de toutes les entraves, de toutes les dominations et de toutes les exploitations, fut leur œuvre, leur œuvre exclusive, et chaque conquête dans ce sens a été remportée par eux de haute lutte, et précisément, contre l’Eglise.

Or voilà que c’est maintenant l’Eglise, ou tout au moins son avant-garde, qui reprend le flambeau de l’humanisme des mains sclérosées des « briseurs d’images » que leur victoire a engraissés et assagis et qui laissent à l’ « infâme » le soin de mener les combats qui devraient être les leurs.

Ainsi se crée une situation équivoque, on peut presque dire « contre-nature » – dont on retrouverait assez facilement l’équivalent à la fin du monde antique – qui ne fait pas bien augurer de l’avenir.

R. LOUZON.


(4) Il va sans dire que je n’ignore pas qu’il y a également des non-catholiques qui mènent le combat anticolonialiste. Sans tenir compte des agents de l’impérialisme russe qui soutiennent les Algériens, comme ils ont soutenu les républicains espagnols, c’est-à-dire à la manière dont la corde soutient le pendu, il y a de petits groupes révolutionnaires (le Libertaire, la Vérité), et le groupe israélite qui entoure Mendès-France, qui sont très actifs. Cependant, pour des raisons diverses, leur action n’a pas l’ampleur ou l’ardeur ou le retentissement de celle des catholiques, si bien que ce sont ces derniers qui se trouvent, en fait, à la « pointe du combat ».

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