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Fertal : La 5e colonne et le fascisme à l’œuvre en Algérie et en France contre les musulmans

Article de Fertal paru dans La Vie ouvrière, vingt-sixième année, n° 39 (Nouvelle série), 31 mai 1945, p. 2-3

Il a fallu les regrettables événements d’Algérie dont chacun mesure la gravité pour qu’enfin le gouvernement et l’opinion publique s’émeuvent de la situation intenable dans laquelle est plongée la population musulmane.

Il est pénible de constater qu’il a fallu ces troubles pour qu’enfin le gouvernement se penche sur la solution du problème du ravitaillement des populations d’Algérie. Pourquoi ne les a-t-on pas ravitaillées avant les troubles ? Pourtant, en quelques heures, on a su trouver les moyens et l’action pour apaiser la disette. On ne l’a pas fait plus tôt parce que les agents de la 5e colonne, qui pullulent dans l’administration algérienne et même à Paris, où les services des affaires musulmanes sont envahis par les officiers de la haute école hitlérienne d’Alger, veillent et faussent tous les rapports sur la misère des indigènes, ces hommes se frottent les mains de voir les Arabes, leurs ennemis, se faire massacrer par la mitraille, la bombe et l’obus.

A Paris même la surveillance des Nord-Africains est renforcée. Combien de fois avons-nous demandé la suppression de la commission mixte de la rue Lecomte, ce qui va à l’encontre de l’ordonnance du 7 mars 1944, que le gouvernement provisoire fait sienne et maintient.

Nous avons élevé notre voix contre tous les services d’exception instaurés par la réaction en pleine capitale pour les Français musulmans (chômage, placement, identité, assurances sociales, services de santé, allocations familiales, etc.). Pour ces dernières, les comptes sont bloqués depuis le 1er janvier 1943.

Nous comprenons bien maintenant pourquoi on nous demande des délais de plusieurs mois pour procéder au règlement de comptes par un tas de services, de paperasseries et d’enquêtes sans aucune nécessité. Là encore ce sont les entraves de la 5e colonne et des agents des colons qui mettent des bâtons dans les roues. Non contents d’affamer l’Algérie, ils sabotent à Paris le paiement des allocations familiales aux enfants qui meurent de faim en Afrique du Nord.

Retour immédiat au droit commun et suppression de toutes les institutions spéciales créées pour brimer et isoler les Nord-Africains du peuple français. Voilà la voie du climat moral fraternel entre Français et musulmans.

Le secrétaire de la commission nord-africaine du Syndicat des Métaux de la région parisienne :

FERTAL.