Motion parue dans Alger Républicain, 28e année, Nouvelle Série, n° 466, 17 janvier 1964, p. 1-2 ; texte reproduit dans Le Peuple et La République

« LE dimanche 5 janvier, à la maison du Peuple, à Alger, s’est tenue une réunion publique au cours de laquelle, sous prétexte de défendre « les valeurs de l’Islam », des orateurs ont tenu un langage qui confine au fanatisme le plus rétrograde, qui s’inspire des sources les plus médiévales de la réaction féodalo-bourgeoise.
« Des membres de l’association qui a provoqué ce meeting se prévalant insidieusement des valeurs les plus respectables de l’Islam, brandissant des dogmes à dessein dénaturés, se sont démasqués comme les tenants de la forme la plus chauvine et la plus arriérée de la réaction qui n’est pas à un cheval de bataille près.
« Si par malheur de pareilles idées venaient à être mises en pratique, l’Algérie perdrait le bénéfice de ses combats pour le progrès, les acquis de la révolution et retournerait au moyen-âge sous le contrôle d’une nouvelle forme d’Inquisition.
« Derrière le beau prétexte : « Défendre les valeurs de l’Islam », nous découvrons une entreprise sciemment menée pour porter atteinte au processus de socialisation irréversiblement engagé et défendu par toutes les forces progressistes de la nation.
« Rêvant d’un Etat théocratique mis au service de certains intérêts de castes et da classe, les promoteurs de cette réunion ne visent en définitive qu’à stopper net la marche de l’Algérie nouvelle et à bloquer la dynamique révolutionnaire qui l’anime.
« Nous réclamant de l’Ijtihad (effort créateur) contre le taqlid, (argument d’autorité) qui mène toute société à sa décadence,
« Fidèles aux traditions de tolérance de l’Islam,
« Fidèles au programme de Tripoli qui condamne « la conception qui consiste à utiliser l’Islam à des fins démagogiques pour éviter de poser les vrais problèmes ». Et qui ajoute « c’est rendre un mauvais service à cette civilisation (musulmane) que de croire que sa renaissance est subordonnée à de simples formules subjectives dans le comportement général et la pratique religieuse.
« Nous condamnons cette campagne d’obscurantisme et cette forme perfide d’opposition à la marche de notre peuple vers le progrès ».
Cette motion a été signée par les personnalités suivantes :
Abderrahmane Bouchama : architecte ; Zohra Djazouli ; étudiante ; Ahmed Sefta : écrivain ; Hassani Noureddine : assistant à la Faculté ; Bachir Hadj Ali : écrivain ; Mohamed Ourabah : responsable au centre d’éducation populaire, Kouba ; Mourad Bourboune : écrivain, président de la Commission culturelle du F.L.N. ; Boualem Makouf ; Zina Melouk ; Belkacem Benyahia : directeur de l’organe central du F.L.N. ; Sadek Hadjerès : médecin ; Mohamed Boudia : administrateur général du T.N.A. ; Abdelhamid Benzine : journaliste ; Mustapha Kateb : directeur général des théâtres nationaux ; Mohamed Abdelli : professeur ; Hocine Oussedik : médecin ; Ali Bachakdji : directeur d’école ; Kaddour M’Hamsadji : écrivain ; Djelloul Naceur : interne des hôpitaux ; Youcef Khatib (colonel Hassan) : député ; Mohamed Teguia : officier de l’A.L.N., député ; Damardji : assistant à la faculté des Sciences ; Touri : maître assistant à la faculté des Sciences ; Mahmoud Latrèche : journaliste.
(Le titre est de la rédaction d’Alger républicain).

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