Lettre d’Albert Camus et René Char parue dans Combat, 14 mars 1949

Nous lisons dans Combat que deux tirailleurs algériens ont été condamnés à mort par le tribunal militaire d’Alger pour désertion à l’ennemi. Leur section tout entière se serait livrée à l’ennemi, il y a neuf ans, dans la Meuse, en pleine débâcle.
Nous vous demandons de bien vouloir rapprocher cette implacable sentence (compte tenu du climat de 1940) de celle qui a frappé avec beaucoup de modération des généraux accusés d’avoir offert leurs services à l’ennemi, étant prisonniers de l’armée allemande.
Nous vous demandons, par surcroît, de bien vouloir porter à la connaissance de l’opinion publique qu’il est extrêmement rare qu’un sujet algérien jouisse des droits du citoyen français, bien qu’il soit astreint, comme vous venez de le voir, aux mêmes devoirs.
Ces rapprochements permettent d’apprécier, nous l’espérons du moins, la singulière leçon de morale que nos tribunaux viennent de donner au peuple français et au peuple algérien.
René CHAR
Albert CAMUS.

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