C’est le défaut des discussions générales. Il est vrai que c’est aussi leur intérêt. Mais me voilà conduit à reprendre une fois encore la plume pour répliquer à l’article du 27 avril, d’André Philip.
Cette fois, je ne suis pas seulement accusé de faire de la métaphysique. Car il paraît que je suis un métaphysicien. Je ne m’en serais jamais douté…
J’ai lu, avec toute l’attention qu’ils méritaient, les articles que notre ami Marcel Déat a consacrés à l’ouvrage d’Otto Bauer sur les rapports entre le socialisme et la religion.
Dirai-je que la thèse d’Otto Bauer n’est pas la mienne ? C’est superflu, sans doute, et ceux qui ont lu les articles que j’ai consacrés, il y a quinze mois déjà, à cette question qui devient de plus en plus « actuelle », en seront convaincus.
Je ne suis pas surpris d’avoir provoqué l’indignation de deux camarades « chrétiens » par mon article sur Socialisme et Religion. J’ai l’habitude de ces réactions. Quand on se permet, maintenant, dans un journal socialiste ou socialisant, de médire du christianisme, il se trouve toujours quelques pasteurs ou quelques élèves-pasteurs pour s’indigner. L’avouerai-je : Ce n’est pas à eux que je m’adressais. Nos deux camarades pensent pouvoir croire en Dieu, pratiquer une religion, et se prétendre socialistes. C’est leur droit. Mais ce n’est pas la question. Et ce ne sont pas les deux douzaines de socialistes chrétiens que peut compter notre Parti qui ont à la résoudre.
La campagne contre l’ambassade bolchevik a inspiré à Léon Blum un article (Populaire du 18 octobre) dont certains passages me semblent devoir être réfutés. Son talent, sa double fonction de leader parlementaire et de directeur du quotidien socialiste, font de Léon Blum, aux yeux de la masse qui ne connaît pas très bien le fonctionnement de nos organismes de parti, l’oracle du socialisme. Ce qu’il dit, ce qu’il écrit, même si ce n’est parfois — et c’est le cas — que la manifestation d’une opinion toute personnelle, est interprétée par beaucoup comme la pensée de l’ensemble du Parti. D’où la nécessité, pour les socialistes qui pensent autrement, et lorsqu’il s’agit de points importants de notre tactique, de ne pas laisser sans la discuter l’opinion de Léon Blum.