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Devenirs messalistes (1925-2013). Sociologie historique d’une aristocratie révolutionnaire

Résumé de ma thèse paru dans la revue Présence d’Albert Camus, n°6, 2014, pp. 93-94

Consacrée aux dirigeants messalistes, ma thèse propose une sociologie de l’engagement révolutionnaire et, plus singulièrement, des trajectoires révolutionnaires en « situation coloniale » – en référence aux travaux de Georges Balandier – et des trajectoires coloniales en « situation révolutionnaire » – pour reprendre l’expression de Charles Tilly. Son objectif a été de comprendre comment des Algériens colonisés deviennent révolutionnaires, comment ils font la révolution et comment ils cherchent à lui rester fidèles à l’indépendance de l’Algérie.

En prenant pour objet les dirigeants du courant de Messali Hadj – en particulier la quarantaine de membres du Conseil national révolutionnaire (CNR) à l’été 1954 –, on a tenté de dépasser les bornes chronologiques traditionnellement associée à la « guerre d’Algérie » – à savoir le 1er novembre 1954 au 19 mars 1962 voire au 5 juillet de cette même année – pour étudier la formation d’une aristocratie révolutionnaire attachée à la forme partisane (de l’Étoile nord-africaine au Mouvement national algérien en passant par le Parti du peuple algérien ou le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) et à son chef historique. Sans réduire les devenirs messalistes au destin de leur leader emblématique, pionnier du nationalisme depuis l’entre-deux-guerres, on a souligné le caractère situationnel du charisme messalien.

Cette recherche invite à prendre en considération tout le travail des protagonistes intéressés par la trajectoire de la révolution algérienne (anticolonialistes dont les individualités regroupées autour du Comité pour la libération de Messali Hadj et des victimes de la répression ; forces de répression à commencer par l’armée et la police françaises ; organisations concurrentes comme le Front de libération nationale pour la séquence 1954-1962) et à prêter attention aux effets de structure dans l’analyse. À cet effet, des archives institutionnelles (Centre des archives d’outre-mer, Préfecture de police de Paris, Service historique de la défense, etc.) et privées (notamment celles de Messali Hadj dont j’ai réalisé un inventaire grâce à la confiance de Djanina Messali-Benkelfat) ont été consultées, ainsi que la presse militante et des revues publiées sur plusieurs décennies (L’Humanité, Le Monde libertaire, La Révolution prolétarienne, La Vérité, etc.). Des entretiens ont été réalisés avec des militants ou dirigeants indépendantistes (de sensibilités différentes comme Sid-Ali Abdelhamid ou Mustapha Ben Mohammed) ou leurs descendants, en Algérie comme en France.

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