Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 90, mai 1968.
(Extrait de P.O. ns 18 et 19 mai et juin 1960)
Qu’est-ce qu’un conseil ouvrier ? C’est d’abord un organisme, un comité, formé de délégués élus par TOUS les travailleurs d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises, sans aucune distinction politique et syndicale, pour exprimer leurs revendications et pour les représenter. Pour qu’un conseil ouvrier puisse fonctionner, il faut que tous les ouvriers participent aux assemblées, luttent en permanence pour imposer leurs objectifs. Une telle activité des travailleurs ne peut exister que dans des périodes d’extrême tension sociale, quand le confit entre dirigeants de l’économie et de l’Etat et travailleurs devient si aigu qu’il ne peut être réglé que par la force, quand ce conflit lui-même ne concerne pas seulement l’usine, mais embrasse toute la société, quand la question qui se pose est : qui doit commander dans le pays, les exploiteurs ou les exploités ? En dehors d’une telle période révolutionnaire, le conseil ouvrier n’arrive pas à se maintenir : il disparaît ou il se transforme peu à peu en un organe inoffensif, de type syndical.
En fait, chaque fois que la classe ouvrière a formé des conseils, ces organismes sont rapidement devenus face au pouvoir de l’Etat et de la classe dirigeante, l’expression d’un deuxième pouvoir : le pouvoir des masses ouvrières, autour duquel se sont rassemblées toutes les autres couches sociales opprimées ou appauvries (employés, artisans, paysans).
Dans une période où la question du pouvoir dans la société est ainsi posée, le conseil ouvrier surgit comme la réponse à un besoin objectif des masses : celui d’avoir un organisme qui, prenant appui sur l’entreprise, soit capable de rassembler TOUTE LA POPULATION TRAVAILLEUSE en surmontant les divisions politiques, syndicale, catégorielles, régionales, de créer ainsi partout les conditions d’une action unie.
En octobre 1956, en Hongrie, au cours de l’insurrection contre le régime stalinien, les ouvriers ont constitué des conseils qui ont pratiquement exercé le pouvoir dans beaucoup de villes, organisant la production, le ravitaillement, la lutte armée. Sur le plan de l’entreprise, leur but était la gestion ouvrière, la détermination des normes de travail par les travailleurs eux-mêmes, la diminution des écarts de salaires.
C’est en 1905, en Russie, que sont apparus les premiers « soviets » constitués par des délégués élus à raison d’un délégué par 500 travailleurs ; ils ont dirigé les grèves de cette époque qui ont failli renverser le régime tsariste. En 1917, les « soviets » sont réapparus. Formés, au cours de la révolution, par des délégués élus par les ouvriers, par arrondissements dans les grandes villes, directement dans les petites localités. Ils ont rapidement pris non seulement les pouvoirs des municipalités, mais tous les pouvoirs de l’Etat. En même temps se constituaient dans les usines des « comités de fabrique » qui disputaient la direction de l’usine au patron. Le mot d’ordre des bolchéviks était à l’époque : « Tout le pouvoir aux soviets ». Et, en effet, les « soviets » (qui englobaient aussi les soldats et, dans les campagnes, les paysans pauvres) ont renversé en Octobre la République bourgeoise de Kerensky et exercé pendant quelque temps le pouvoir, tout en organisant la guerre révolutionnaire contre les troupes « blanches » des capitalistes et des grands propriétaires.
Un an plus tard, la révolution éclatait en Allemagne. Des conseils d’ouvriers et de soldats se constituaient dans les villes. Dans les usines, des comités d’usine étalent élus. Quel était le rôle de ces conseils d’ouvriers et de soldats et de ces comités d’usine ? Voici ce qu’en pensait le Parti communiste allemand lors de son congrès constitutif (30 décembre 1918-1er janvier 1919) :
« Suppression de tous les parlements et de toutes les municipalités. Leurs fonctions seront assumées par les Conseils d’ouvriers et de soldats, et par les comités et organes qui en relèvent.
_ Elections aux Conseils d’ouvriers dans toute l’Allemagne, avec la participation de toute la population ouvrière… sur la base de l’entreprise. De même, élections aux conseils de soldats… Droit pour les ouvriers et les soldats de révoquer en tout temps leurs délégués.
_ Election par les délégués aux conseils d’ouvriers et de soldats de toute I’Allemagne d’un Conseil central des Conseils, qui aura à nommer en son sein une Délégation Exécutive, comme instance suprême du pouvoir à la fols législatif et administratif.
_ Réunion du Conseil central des Conseils, au moins tous les trois mols pour commencer, avec chaque fois complète réélection des membres, de façon à maintenir un contrôle permanent sur l’activité de la Délégation Exécutive et un contact vivant entre les masses des conseils locaux… et le plus haut organe de leur pouvoir. Droit pour les conseils locaux d’ouvriers et de soldats de révoquer et de remplacer à tout moment leurs représentants au Conseil central… Droit pour la Délégation Exécutive de nommer et de révoquer les commissaires du peuple et toute l’administration centrale, sous le contrôle du Conseil central. »
Et sur les comités d’usine : « Election dans chaque usine d’un comité d’usine qui aura à régler les affaires intérieures en accord avec les conseils ouvriers, à fixer les conditions de travail, à contrôler la production et finalement à se substituer complètement à la direction de l’entreprise. «
« Les seules organisations qui puissent introduire le socialisme sont donc les comités d’usine qui, en accord avec les conseils ouvriers locaux, sauront prendre en mains l’ordre intérieur des entreprises, régler les conditions de travail, contrôler la production et enfin assumer toute la direction de l’usine » [1].
La révolution allemande fut écrasée, grâce à la social-démocratie d’alors. Les conseils ouvriers disparurent ou se transformèrent peu à peu en organismes de type syndical.
La révolution russe fut détournée de ses buts par la bureaucratie du parti et de l’Etat reconstitué : les comités de fabrique disparurent, les soviets ne furent plus que des vulgaires municipalités.
Les conseils ouvriers de la révolution hongroise de 1919, ceux que les travailleurs Italiens avalent formés en 1920-21 disparurent aussl sous les coups de la répression capitaliste.
Mais, quelque vingt ans plus tard, en 1936, les travailleurs espagnols prenaient effectivement en mains les usines, luttaient pour transformer la société. Sous des formes différentes, des comités d’usine et des comités de milices se substituaient aux patrons et à l’ancien Etat et exerçaient localement le pouvoir pendant des mois.
En 1956, naissaient et luttaient les conseils ouvriers hongrois.
Les conseils ouvriers ne se sont pas toujours et partout constitués de la même manière. Ils ont pris souvent une double forme : le comité d’usine s’occupant essentiellement du fonctionnement de l’entreprise et le « soviet » ou conseil exerçant le pouvoir dans un cadre plus large : celui de l’arrondissement, de la ville, du pays. Ils n’ont pas toujours et partout su s’affirmer ouvertement comme le seul pouvoir capable de diriger la société et ils ne sont pas parvenus à empêcher la reconstitution de l’Etat et de l’exploitation. Mais, toujours et partout, Ils ont exprimé le même mouvement : organisation et direction de la production et de la société par des organismes élus sur la base des entreprises.
En constituant des conseils ouvriers, les travailleurs ont tenté à plusieurs reprises de s’emparer de la gestion de l’entreprise et de la production ; ils ont été amenés, en même temps, à attaquer et à détruire les anciens organes du pouvoir bourgeois ou bureaucratique – l’Etat, les municipalités – et à les remplacer par l’organisation locale et centrale des conseils.
Le pouvoir des Conseils
Ainsi, sous leurs deux formes : comités ou conseils d’usine prenant la direction des entreprises, et conseils constitués sur une base locale, régionale, nationale, dirigeant les affaires de la localité, de la région, du pays, les conseils ouvrlers visaient à gérer la société tout entière.
En effet, à cette tentative d’organisation de la société par les conseils ouvriers ont participé également des organismes représentant les autres couches de la population travailleuse, en premier lieu les paysans. Cette participation – dont la révolution espagnole de 1936 constitue le meilleur exemple – s’explique par !e fait que les intérêts de la majorité des paysans (ouvriers agricoles, métayers, fermiers, petits propriétaires) sont radicalement opposés à ceux des sociétés commerciales et des grands propriétaires, qui les exploitent sous des formes multiples. Il est certain qu’une nouvelle révolution ouvrière, disposant de l’appui d’une large fraction de la paysannerie, serait ainsi à même de résoudre les problèmes que poserait la coopération de l’agriculture avec l’industrie.
L’organisation de la société reposerait alors inévitablement sur la population travailleuse, car non seulement, celle-cl serait représentée dans son ensemble, mais encore, par le canal des conseils et des communautés agricoles, exercerait effectivement la gestion de toutes les actlvités productives et sociales.
L’expérience du mouvement ouvrier, en particulier celle des conseils ouvriers hongrois de 1956, permet d’en établir les principales articulations :
1) Conseils ouvriers élus sur la base d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises.
2) Conseils ouvriers locaux et régionaux formés par les délégués des conseils des entreprises, ou groupes d’entreprises, de la localité ou de la région.
3) Assemblée Centrale des conseils ouvriers formée par des délégués élus par les organismes de base (enterprises, groupes d’entreprises, etc.).
4) Gouvernement de conseils élu par l’Assemblée Centrale des conseils.
A chaque échelon, les délégués sont élus et révocables en permanence. A chaque échelon, ces organismes ne seront pas seulement représentatifs mais auront des fonctions de gestion et d’organisation.
« Démocratie » bourgeoise et démocratie socialiste
Un tel système n’a rien à voir avec la « démocratie » bourgeoise : il en est la négation.
La « démocratie » bourgeoise signifie voter tous les quatre ou cinq ans pour des programmes qui ne concernent que des questions secondaires – jamais le travail des gens, l’exploitation, la vie réelle des travailleurs. Elle signifie voter pour des individus ou des partis qu’il est Impossible de contrôler ensuite. Dans une société où tous les moyens d’Information : presse, radio, télévision, cinéma, sont dans les mains de la classe dominante, où la pression bourgeoise se fait sentir à tous les niveaux – à l’école, au bureau, à l’atelier, à la campagne – dans un régime où l’argent règle toute l’activité humaine, les consultations électorales ne sont que le moyen de faire accepter aux travailleurs des solutions contraires à leurs intérêts. Dans la démocratie des conseils – la démocratie socialiste – non seulement la pression bourgeoise sera éliminée avec la bourgeoisie elle-même, mais les moyens d’information seront dans les mains des organismes ouvriers. Dans la démocratie socialiste, ce n’est pas tous les quatre ou cinq ans que les travailleurs seront appelés à se prononcer, ils pourront se prononcer en permanence ; ils ne se prononceront pas sur des questions secondaires, mais sur les questions essentielles, c’est-à-dire aussi bien sur leur travail, leur niveau de vie, que sur le logement, l’éducation ou les questions générales concernant la vie de tout le pays. Dans la démocratie socialiste, !es représentants des travailleurs seront contrôlés en permanence et pourront être révoqués à tout moment par ceux qui les ont désignés.
Un tel système suppose, bien entendu. l’Information au service de la population, non l’endoctrinement systématique ou le mensonge quotidien à longueur d’ondes et de colonnes. La population travailleuse pourra ainsi se prononcer, non sur des « slogans » mais sur la base de données, à la fols simples, suffisantes et fidèles, exprimant l’essentiel des problèmes qui se posent. ELLE POURRA SE PRONONCER EN CONNAISSANCE DE CAUSE.
La diffusion d’Informations sous cette forme sera faite à tous les niveaux – aussi bien par le conseil d’une entreprise que par le Gouvernement des conseils – qui disposeront pour cet échange continuel entre les plus hauts organes du pouvoir ouvrier et l’immense réseau des conseils d’entreprise, de tous les moyens de communication que la technique moderne offre à l’homme : radio, télévision, cinéma, etc.
Les Conseils dans l’entreprise
Mais comment des conseils élus et révocables, des organismes « si simples », pourront-ils se substituer à l’appareil technique d’une usine, à l’appareil complexe de l’Etat moderne ? Telle est la principale objection de ceux qui, tout en approuvant l’idée du pouvoir des conseils, contestent la possibilité de son application pratique.
Or, c’est cette objection elle-même qui est fausse, car la fonction des conseils ouvriers n’est pas de remplacer des appareils techniques ou des administrations complexes.
Tout d’abord, sur le plan de l’entreprise, en régime capitaliste, il est déjà possible de faire la différence entre organismes techniques et organismes de direction. Ces derniers ont pour tâche principale d’exploiter au maximum la force de travail des ouvriers, d’organiser l’usine dans ce but ; ils ont aussi pour tâche de fixer les objectifs de production de l’entreprise suivant la demande d’un « marché », non les besoins réels des gens, et en vue de réaliser un profit, non de satisfaire ces besoins.
Dans l’entreprise capitaliste, les organismes techniques sont soumis aux organismes de direction, même si, le plus souvent, les uns et les autres se trouvent mêlés. La technique elle-même est orientée en vue de faire produire plus et plus vite à chaque ouvrier, non de diminuer son effort, et en vue d’obtenir des produits plus faciles à vendre, non des meilleurs produits.
La première tâche de la révolution dans l’entreprise sera de procéder à une énorme simplification dans ce domaine (comme d’ailleurs dans tous les domaines de la vie productive et sociale). La direction proprement dite – les responsables de l’exploitation des ouvriers en somme – sera purement. et simplement supprimée. Mais une partie des services aujourd’hui appelés « de direction » sera également supprimée dans la mesure où ces services ne s’occupent que de publicité, de marché. etc., l’autre partie étant transformée en simples services d’approvisionnement et de livraison. LA DIRECTION DE L’ENTREPRISE SERA ASSUMEE PAR UN CONSEIL OUVRIER ELU ET REVOCABLE.
La tâche de ce conseil, sur la base des discussions et des décisions prises dans les assemblées d’atelier, de département, de bureau, etc., consistera à organiser l’exécution des objectifs de production et à déterminer les conditions du travail : horaires, méthodes, vie du travailleur dans l’entreprise en général. Le conseil ne remplacera pas les organes techniques, il les modifiera simplement pour que leurs fonctions restent strictement techniques. Les solutions proposées par les techniciens seront examinées quant à leurs conséquences : 1) sur les objectifs de production de l’entreprise; 2) sur le travail des producteurs. Une coopération étroite entre techniciens et ouvriers s’instaurera dans l’organisation pratique des fabrications.
Le plan de production général
Les décisions des conseils d’usine ou d’entreprise seront prises dans le cadre d’une orientation générale de la production définie, elle, pour l’ensemble du pays, par l’Assemblée Centrale des conseils ouvriers. Celle-cl, en effet. disposera de toutes les Informations économiques et techniques qui, sous une forme simplifiée mais substantielle, lui seront fournies par les organismes spécialisés chargés d’élaborer et de proposer le Plan de production général.
L’orientation générale de la production définie par l’Assemblée Centrale des ouvriers – sous forme d’un Plan de production général – sera soumise aux assemblées d’entreprises dans tout le pays. Pour que la discussion de ce Plan puisse se faire EN CONNAISSANCE DE CAUSE, il faudra condenser en quelques points l’essentiel de son contenu.
Il s’agira donc de décider : a) du temps de travail que la population veut consacrer à la production ; b) de la partie de la production existante qu’elle veut consacrer respectivement à la consommation individuelle, à la consommation publique (hôpitaux, écoles, habitat, services, etc.), à l’Investissement.
Le plan soumis aux travailleurs devra donc spécifier :
1) La durée de travail qu’il implique.
2) Le niveau de la consommation pendant la première période.
3 Les ressources consacrées à l’investissement et à la consommation publique.
4) Le rythme d’augmentation de la consommation pendant les périodes à venir.
5) Les tâches de production incombant à chaque entreprise.
Chaque plan sera accompagné de plusieurs « variantes » offrant un choix aux travailleurs. Par exemple : si l’on diminue la durée de travail de tant, le niveau de la consommation ne pourra, à son tour, augmenter que de tant ; si les ressources consacrées à l’investissement atteignent tel chiffre, la consommation individuelle augmentera de tel pourcentage pendant telle période, mais son pourcentage d’augmentation sera plus grand pendant la période suivante, etc.
La gestion de l’économie
Le travail d’élaboration du plan et de ses « variantes », confié à des organismes spécialisés, strictement techniques, sera énormément simplifié par l’emploi des méthodes modernes de calcul économique et des machines électroniques.
Les mêmes méthodes modernes de calcul, les mêmes outillages perfectionnés seront utilisés dans la gestion des différents secteurs de l’économie. En effet, une gestion ouvrière de la production, non plus au niveau d’une entreprise particulière, mais au niveau de secteurs industriels et de l’ensemble de l’économie, n’est possible que si les tâches de direction ont subi une simplification telle que les producteurs et leurs conseils peuvent, là aussi, décider EN CONNAISSANCE DE CAUSE. C’est ainsi que le développement technique au lieu de rendre les problèmes plus complexes servira à les clarifier, à en dégager les points essentiels sur lesquels le choix ne peut être fait que par des hommes, mais le reste sera fait par des machines.
Dans le cadre du Plan de production général adopté, la coopération entre les entreprises sera effectuée horizontalement, par des comités de branches d’industrie formés de délégués désignés par les conseils des différentes entreprises, et verticalement par des comités de production représentant les étapes successives de la production (par exemple : sidérurgie – industrie des machines-outils – industrie mécanique).
Mais les décisions fondamentales, les décisions politiques dans le vrai sens du mot, seront toujours du ressort des cellules de base de la société : les conseils ouvriers d’entreprise, les communautés paysannes.
Les conseils et la gestion de l’ « Etat »
En ce qui concerne l’ensemble des fonctions aujourd’hui assumées par les municipalités, elles seront du ressort des administrations locales et régionales, sous le contrôle des conseils ouvriers locaux et régionaux.
Il en sera de même pour un grand nombre de fonctions aujourd’hui exercées par l’appareil de l’Etat, fonctions que les administrations intéressées continueront d’exercer sous le contrôle de l’Assemblée Centrale des conseils et du gouvernement.
Il faut constater, en effet, que l’Etat a cessé depuis longtemps d’être exclusivement un appareil de répression et de direction politique. Même dans les pays d’Occident où tout n’est pas étatisé – comme c’est le cas en U.R.S.S. et dans les pays de l’Est – l’Etat exerce une foule d’activités d’ordre économique et social. En France, des nombreuses administrations produisent des objets ou fournissent des services : les hôpitaux, les H.L.M., les chemins de fer, les transports en commun, les postes, les charbonnages, l’E.D.F., les entreprises nationalisées comme Renault, les chantiers navals, les manufactures de l’Etat, etc., sont des véritables entreprises. Elles seront donc reconnues pour ce qu’elles sont et, tout comme les autres, elles seront gérées par des conseils élus. Intégrées dans les grands ensembles d’Industries et de services qui fonctionneront dans le cadre du Plan de production général, le rôle de ces ces « administrations » sera limité à l’exécution des tâches qui leur sont propres.
Mais une grande partie de l’administration actuelle sera purement et simplement supprimée. Cela concerne aussi bien la défense nationale que la police, la magistrature et mille autres organismes dont le rôle véritable aujourd’hui est simplement d’exercer un contrôle et une surveillance de la population par la classe capitaliste.
Dans une première phase, la défense du nouveau régime socialiste sera assumée par les milices ouvrières armées qui se seront constituées au cours de la lutte elle-même. Les tâches de « police » seront confiées à ces milices et à des détachements formés par des travailleurs, dont les effectifs, fournis par les entreprises, seront entièrement renouvelés périodiquement. La justice sera administrée par des « tribunaux populaires » élus par les travailleurs sur une base locale et périodiquement renouvelés.
[1] Extraits du Programme adopté par le Congrès constitutif du Parti Communiste Allemand, reproduit dans la brochure « La Commune de Berlin », éditions « Spartacus », oct.-nov. 1949, Paris.