Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, n° 13, septembre 1977, p. 13
En Algérie, le mois du Ramadhan est l’occasion pour le pouvoir, de tout faire pour promouvoir la religion. Mais ce mois de carême semble lui poser un petit problème.
En effet, El Moudjahid du 28.8.77 nous apprend, dans un article intitulé « Ramadhan et … production », que : « Sous prétexte de jeûne, beaucoup de travailleurs n’accomplissent pas convenablement leurs tâches… », et le voilà qui questionne : « Pourquoi donc cette paresse, qui entraîne fatalement une diminution de la production nationale ? »
C’est vrai que pendant le mois de jeûne, la production baisse, et cela pour des raisons évidentes. Ce n’est pas agréable de trimer en temps normal, mais quand on est en plus obligé de travailler le ventre creux, et tiraillé par la soif, on ne se tue pas à la tâche. Et ceci d’autant plus qu’en Algérie, comme dans d’autres pays de dictature, la répression oblige les travailleurs qui veulent manifester leur mécontentement, à en faire le moins possible au boulot. C’est une forme spontanée, quoique passive, de résistance au régime.
Là où il semble y avoir une contradiction, c’est que pendant le mois de Ramadhan, la bourgeoisie semble bon gré mal gré tolérer cet état de fait. Pourquoi ? Sans doute parce que les avantages qu’elle tire de l’influence de la religion d’une façon générale, valent bien plus qu’un mois où elle ferait un peu moins de profits. En réalité, les mosquées sont des tribunes pour le pouvoir. Il y dispose d’une armée d’immams fonctionnarisés, qui prêchent la religion de Dieu et de Boumediène. Ces prêtres font de véritables meetings de soutien au régime. Tous les thèmes de la propagande officielle sont repris : réforme agraire, gestion socialiste des entreprises, etc…
Il est par conséquent primordial que les travailleurs voient que les immams sont des hommes de la bourgeoisie, que la religion sert les intérêts des exploiteurs. Ce n’est pas un hasard, s’ils tiennent tant à nous bourrer le crâne de croyances obscurantistes On veut nous faire croire qu’il y aura un paradis et qu’après notre mort, si nous avons été bien sages, nous pourrons y aller, mais en attendant, ils nous exploitent et vivent sur notre dos.
Ayons foi en nous-mêmes ; donnons-nous les moyens d’en finir avec la tyrannie, la dictature, la misère ; organisons-nous et luttons.