Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, n° 13, septembre 1977, p. 12
Malgré les perturbations climatiques exceptionnelles pour la saison, on a eu un été chaud en Algérie. Ce n’est pas du soleil qu’il s’agit, mais d’une série de grèves importantes, qui ont montré comment les travailleurs apprécient le prétendu socialisme de Boumediène.
Parmi les effets de la politique du pouvoir, on peut citer la hausse des prix, (voir TIL n° 9), les pénuries, le manque de logements, l’absence de structures sanitaires, et pour finir, la dictature. Il n’est pas utile de détailler ; les travailleurs ont là suffisamment de raisons d’en avoir assez. Et c’est par la lutte, qu’ils ont riposté à la politique d’austérité que leur impose le régime.
Au cours des deux derniers mois, ce sont d’abord les dockers qui se sont mis en grève (voir TIL n° 12) ; les cheminots ont suivi, puis les éboueurs de la ville d’Alger, puis les travailleurs de la RSTA (encore une fois), et pour finir les ouvriers boulangers qui ont refusé de travailler les deux premiers jours du Ramadhan. la revendication principale et commune à toutes ces luttes est la hausse des salaires.
Nous ne savons pas si toutes ces grèves ont abouti, mais nous pouvons dire par contre qu’elles ont un grand impact sur la population. Les gens dans les quartiers en parlent ouvertement et expriment leur sympathie aux grévistes. Le plus remarquable, c’est que malgré la répression que subissent les grévistes, le mythe de l’invincibilité du régime n’est plus aussi répandu. Evidemment, ce changement de l’état d’esprit des masses ne s’est pas produit en deux mois ; il est le fruit de bien des luttes qui ont eu lieu auparavant.
Incontestablement, ce regain de combativité de la classe ouvrière algérienne est un pas important sur le chemin si difficile de son émancipation de la dictature de Boumediène. Et même si nos luttes ne sont pas couronnées d’un succès immédiat, elles restent la seule solution à nos problèmes.