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Misère de notre impuissance

Article paru dans Tribune ouvrière, n° 78, octobre 1961, p. 1

Nous sommes des millions exploités dans ce pays comme dans les autres pays d’ailleurs.

Millions qui créons les richesses et qui faisons marcher tout.

Millions écœurés de notre sort.

Millions dominés par une poignée de gouvernants, servis par leur police, leurs larbins, leur force qui nous rend lâches.

Alors la folie des grandeurs de ceux qui nous gouvernent n’a plus de limites.

Et nous devons assister, sourds et muets, aux crimes qui se commettent en notre nom.

Jamais nous ne serons libres si nous laissons nos maîtres opprimer d’autres peuples.

Mais si nous sommes si faibles c’est parce que nous ne pouvons pas faire d’action de masse car si nous tentons quelque chose alors de dirigeants géniaux nous offrent et nous imposent un autre esclavage celui d’obéir à ces chefs qui obéissent eux-mêmes aux forces que nous ne contrôlerons jamais mais qui se servent de nous.

Il ne nous reste plus que notre solidarité. Sachons la réaliser concrètement dans les atelier pour aider les travailleurs algériens et leurs familles qui tous les jours sont arrêtés, torturés et assassinés.

Si nous ne pouvons faire plus, que notre action soit concrète et réelle. Accompagnons nos camarades de travail à leur domicile pour les soustraire aux arrestations. Intervenons dans les rues contre les arrestations. Rendons-nous dans les commissariats pour exiger que l’on rend leur papier et leur argent à ceux qui ont été arrêtés et volés.

Nous ne sauverons notre propre dignité qu’en défendant celle des autres.

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