Article paru dans Quatrième Internationale, 11e année, Volume 11, n° 5-7, juillet 1953, p. 1-6
Le bilan global des événements des derniers mois, disons depuis la mort de Staline, démontre l’impossibilité de sortir de l’impasse de la « guerre froide » et d’arriver à un compromis général et durable entre les pays impérialistes et ceux dudit bloc soviétique. En ce sens, la paix à laquelle aspirent avec raison les millions des travailleurs, n’est pas certainement pour demain.
Les raisons en sont multiples.
Tout d’abord la paix véritable n’est pas exactement synonyme d’un accord entre États. Même si un tel accord intervenait, respectant par exemple le statu quo sur la base de la division actuelle du monde ou à la suite d’une nouvelle division en zones d’influence consécutive à des concessions mutuelles, la paix ne serait pas pour autant revenue dans ce monde.
Car la lutte fondamentale n’est pas entre tels et tels États, mais entre les classes, entre les opprimés (ouvriers et peuples coloniaux) et le capitalisme et l’impérialisme ; aussi entre les masses travailleuses de l’U.R.S.S. et des autres pays, anticapitalistes et le régime bureaucratique et policier qui y règne encore.
Ni Washington ni Moscou ne peuvent décider de la paix durable dans ce monde. Seule sa reconstruction sur des bases véritablement socialistes démocratiques l’assurera.
Mais, examinons de toute manière les chances d’un certain compromis quelque peu général et durable dans l’immédiat entre les pays capitalistes et anticapitalistes.
Les successeurs de Staline, certainement en grande partie pour des raisons d’ordre intérieur (et que nous examinons par ailleurs) ont amplifié avec succès leur « offensive de paix ». Et en général, jusqu’à ce jour, malgré les handicaps que les événements, comme ceux de l’Allemagne orientale, leur infligent parfois, ils ont su garder constamment l’initiative.
Le but de la diplomatie soviétique est clair arriver dans le meilleur cas avec l’ensemble des pays capitalistes, les États-Unis y compris. à un compromis sur la base essentielle de la division actuelle du monde : ou dans le pire des cas, isoler les États-Unis d’au moins une partie de leurs alliés capitalistes en neutralisant le plus grand nombre possible de ceux-ci.
Les moyens pour atteindre ce but sont fournis par l’exploitation habile des antagonismes interimpérialistes que la pression des masses, les difficultés économiques et l’attitude de l’impérialisme américain ne cessent d’aggraver. Quelles sont les chances et les limites de cette exploitation ?
Il est incontestable qu’entre la bourgeoisie américaine et la bourgeoisie occidentale européenne, la manière de sortir de l’impasse de la « guerre froide » est envisagée sous une optique différente, quant aux positions économiques, sociales et géographiques même, différentes de l’une et l’autre.
La bourgeoisie américaine a confiance dans sa force économique, sa stabilité sociale, relative et éphémère certes, mais incomparablement plus grande que celle de la bourgeoisie européenne occidentale, sa situation géographique qui la met à l’abri d’une occupation rapide par les forces terrestres du bloc soviétique. Elle peut se permettre dans ces conditions d’avoir des théoriciens de la guerre offensive comme James Burnham, des stratèges aussi agressifs que Mac-Arthur et van Fleet, des politiciens aussi rigides et ultimatistes que Foster Dulles et la majorité du Congrès actuel. Le climat psychologique, idéologique et politique actuel des États-Unis, qui contraste d’une manière si frappante et unique avec celui du reste du monde capitaliste n’en est pas moins explicable et parfaitement adéquat aux caractéristiques, aux tendances et aux intérêts actuels spécifiques de l’impérialisme américain.
La position de la bourgeoisie occidentale européenne est par contre tout autre. Elle est dans sa majorité défaitiste et sans perspectives. Elle fait une politique au jour le jour, s’efforçant d’exploiter toute chance particulière, éphémère, pour survivre, sans oser regarder l’avenir en face. Elle prend son bien là où elle le trouve, les dollars américains aussi longtemps que Washington lui en accorde, les roubles et les dollars chinois, par toute sorte de trafic, légal ou « noir ». Elle s’installe dans le statu quo avec complaisance et mollesse, blasée et décadente jusqu’à la moelle. Certes, des noyaux importants, lucides et guerriers, existent toujours dans son sein, nullement décidés à abdiquer ou à pourrir sans combats et nouveaux efforts. Ces milieux, en général, se trouvent dans la meilleure communion de sentiments, d’idées et de buts avec la bourgeoisie américaine.
Aux États-Unis une partie croissante de la bourgeoisie ose affronter consciemment non seulement le présent très immédiat, mais l’avenir. Elle raisonne fondamentalement ainsi : laisser les États anticapitalistes se consolider signifiera à coup sûr, après une série d’années (dix à vingt selon les uns ou les autres) la défaite. Il faudrait, par conséquent, agir plutôt avant. C’est la pensée essentielle de Burnham, telle qu’il la développe dans son récent livre « Libération contre endiguement », et c’est encore la pensée de van Fleet, exprimée noir sur blanc, dans un article récent publié dans « Life ».
Mais cette idée travaille en réalité des milieux beaucoup plus larges de la bourgeoisie américaine. Elle n’est pas seulement celle qui anime tout le clan des « Asiatiques » qui ont mené la guerre de Corée pour atteindre en réalité la Chine (avant qu’elle ne se consolide), qui sabotent actuellement avec leur frère d’armes et de pensée Syngman Rhee, l’armistice en Corée, qui agissent réellement pour étendre la guerre dès maintenant en Asie, et toute l’école des militaires Mac-Arthuriens. Elle est aussi celle qui forme l’arrière-fond de la politique officielle américaine suivie par Eisenhower et Dulles.
Dans son discours « historique » du 17 avril, répondant aux gestes et aux initiatives du Kremlin, le président des États-Unis a pour la première fois clairement exposé les conditions américaines d’un véritable compromis avec Moscou. Ses termes, noyés dans un flot de rhétorique illuminée par la vision « d’un âge d’or de liberté et de paix », s’ils venaient à être acceptés, étaient en réalité ceux d’ une capitulation inconditionnelle de l’U.R.S.S. Le président demandait la « libération » des « démocraties populaires » européennes par leur réintroduction dans le circuit capitaliste et la reddition de la Révolution coloniale. Dulles, lui succédant peu après, a fait très clairement comprendre que le compromis sur la base de la division actuelle du monde était effectivement inacceptable pour l’impérialisme américain.
La réponse de Moscou, dans la « Pravda », n’est pas moins significative. Sur un ton soigné mais non moins catégorique, le Kremlin ferme la porte à toute idée d’intervention possible de sa part, aussi bien dans le « glacis » que dans la Révolution coloniale. Les gouvernements des pays du « glacis », explique-t-elle, sont « démocratiques », issus des aspirations anticapitalistes des masses. Quant à la Révolution coloniale, elle est due aux « lois objectives » du développement historique. Moscou ne veut et ne peut — en cela elle dit tout à fait la vérité — y intervenir. Elle maintient l’offre du statu quo. Elle spécule ce faisant sur l’écho favorable que cette offre trouvera dans la bourgeoisie européenne occidentale. Tout d’abord dans la bourgeoisie anglaise.
Celle-ci, par la bouche de Churchill, a manifesté ces derniers temps des incartades importantes du « leadership » américain. Elle s’est exprimée pour une rencontre avec les successeurs de Staline et pour une reprise du commerce Est-Ouest. Les raisons n’en sont pas difficiles à comprendre. Les tories s’attendaient à une meilleure compréhension de la situation délicate de l’Angleterre et du Commonwealth de la part de la nouvelle administration républicaine. Ils voulaient du commerce et pas d’aide, ainsi qu’un accroissement des investissements des capitaux américains dans les colonies. Ils voulaient que les barrières douanières cloisonnant si strictement le marché américain s’ouvrent à leurs marchandises. D’autre part, ils ont peur d’une guerre dans l’immédiat en Asie ou en Europe, ou d’une guerre générale qui effacerait de toute manière les restes de leur empire colonial, et peut-être la métropole elle-même. Ils seraient plutôt pour la continuation de la « guerre froide » dans l’esprit de « l’endiguement », à condition que les États-Unis favorisent l’accroissement l’endiguement commerce, des exportations et le développement de leurs colonies.
Devant le refus pratique de Washington de contribuer à tout cela, Londres a commence à flirter, moitié sérieusement, moitié par chantage, avec l’idée d’une reprise sans entrave du commerce Est-Ouest, et de pourparlers avec Moscou et Pékin. Il n’y a pas de doute que le maintien du statu quo et une reprise du commerce Est-Ouest pourraient bénéficier avant tout à Londres. Dans une moindre mesure aussi à Bonn et à Tokyo.
Mais il faut aussi voir clair dans ce domaine, et dissiper les illusions.
Le commerce mondial s’est élevé en 1951 à 160 milliards de dollars ; le total des échanges envisagés à Moscou ne représente que 3 à 4 milliards.
Prenons plus spécialement le cas de l’Angleterre. La moyenne de ses importations provenant de l’U.R.S.S. dans la période de 1935-1938 était de 2,2 % seulement. Celles provenant de cinq pays actuellement dans l’orbite soviétique — Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie — de 2,5 % seulement dans la période 1935-1939. Ces pourcentages sont tombés encore plus bas après la deuxième guerre mondiale.
D’autre part, l’U.R.S.S. n’a jamais été un important marché pour l’Angleterre. En 1935-1938, 3 % seulement des exportations britanniques étaient à destination de l’U.R.S.S. En 1948-1952, 1,8 % seulement. Celles en direction des satellites 2,1 % avant la guerre, 1,34 % seulement en 1949.
Et cependant l’Angleterre est le plus grand pays exportateur de l’Europe occidentale en direction du bloc soviétique.
En ce qui concerne le marché chinois, les possibilités sont encore moindres. Certes la Chine a besoin de grandes quantités d’équipement. Mais avec quoi les payer, où les trouver, étant donné qu’elles se composent de marchandises universellement demandées et, last but not least, quelle garantie les pays capitalistes fournisseurs auront-ils de pouvoir continuer ce commerce avec la Chine s’ils décidaient de laisser tomber d’autres clients plus sûrs ?
Pour toutes ces raisons, les difficultés réelles de la bourgeoisie occidentale européenne ne pourront effectivement être résolues par le commerce Est-Ouest. (L’utilité pratique et propagandiste de celui-ci n’en est pas pour autant minime.)
D’autre part, la situation propre des États-Unis est peu encourageante à ce propos. Au fur et à, mesure que les dépenses et la production d’armements atteignent un plafond, ce stimulant de toute l’économie américaine perd progressivement sa vigueur. Il n’y a pas encore à proprement parler crise véritable aux États-Unis mais essoufflement, stagnation, nouveau démarrage chaque fois plus difficile, vite accompagne d’un nouvel essoufflement et de stagnation. La véritable crise rôde, elle couve sous la surface et les apparences trompeuses. A nouveau, cette année, l’alarme fut chaude. Les bruits d’armistice en Corée ont pesé lourd sur les affaires et le marché. Le chiffre d’affaires des grands magasins a baissé assez sensiblement dans le courant d’avril. Les commandes aussi dans une série de grandes entreprises. En avril, un ralentissement de la demande en machines-outils a été enregistré. L’industrie du pétrole a accru à tel point ses possibilités de production qu’elle dispose maintenant d’un surplus de capacité d’un million de barils par jour. Malgré le développement du crédit à la consommation (le total des prêts atteignait 26,2 milliards de dollars en avril, soit une hausse de 501 millions de dollars en un an) le marché des appareils ménagers et des automobiles paraît maintenant saturé. Enfin, les stocks de céréales s’accumulent et atteindraient 5 milliards environ à la fin de l’année.
C’est dans ces conditions qu’au même moment où une partie des dirigeants américains, y compris le président, préconisent en paroles l’abaissement des barrières douanières, le gouvernement, sous la pression du congrès, décidait un contingentement sévère des importations de produits laitiers, de graines oléagineuses et d’huile. Car ce n’est naturellement pas devant une perspective de récession que les barrières douanières cèderont.
Que reste-t-il alors à la bourgeoisie occidentale européenne ? N’y a-t-il pas là une manière d’augmenter sa lassitude, son désespoir même, et de pousser en définitive des couches encore plus importantes à la politique au jour le jour, et ceci par tous les moyens du bord ?
Car si un monde dominé par l’impérialisme américain n’offre, par sa structure même, aucune perspective viable au reste des bourgeoisies, en quoi une guerre même victorieuse contre le bloc soviétique changerait-elle fondamentalement la situation de celles-ci ?
Il y a là évidemment un point de vue qui ne peut être efficacement combattu que par une référence aux intérêts généraux de la classe bourgeoise prise dans son ensemble. Le défaitisme de la bourgeoisie européenne exprime la résignation devant l’avenir de cette partie de la bourgeoisie mondiale qui risque d’être de toute manière écrasée par l’aggravation de la crise générale du capitalisme, dominée par l’impérialisme américain et la formidable montée révolutionnaire des masses.
On comprend ainsi mieux l’accueil tiède, sinon hostile qui a été fait en Europe à l’évangile de Burnham sur « la libération », pourtant si proche des « idéaux », de la psychologie, de la mentalité et de la politique même des cercles les plus conscients de la bourgeoisie américaine. Que ce soit Raymond Aron (1), penseur politique de tendance gaulliste, ou André Fontaine, de l’équipe du « Monde » (2), tous deux refusent la thèse de la guerre inévitable, de la croisade antisoviétique, mais en même temps, ils refusent d’affronter avec la même logique lucide que le théoricien de l’impérialisme américain, la réalité présente et ses perspectives. Ils préfèrent s’adonner au hasard historique qui peut aussi bien mener dans dix ou vingt ans à ceci ou cela, qui peut par exemple développer le « titisme » et la désagrégation intérieure « du bloc soviétique » (Aron), la guerre entre les successeurs de Mao Tsé Tung et de Malenkov », ou encore « émousser le fanatisme révolutionnaire comme jadis se sont émoussés les prosélytismes les plus impressionnants (du christianisme, de l’Islam, du protestantisme, de la Révolution française) ». (A. Fontaine.)
Pauvre pensée qui veut se tromper elle-même, pauvres pratiques d’autruche ! Elle sonne le glas d’une bourgeoisie déjà démoralisée, qui attend les « Barbares », et capitule d’avance.
En réalité, du côté de l’impérialisme américain tout sera fait pour que le cours fondamental vers la guerre se maintienne, ainsi que la production des armements, stimulant essentiel de son économie.
Par rapport à ses alliés défaillants de l’Europe occidentale, il emploiera tous les moyens pour les maintenir dans son orbite en état de mobilisation et de préparation accrue à la guerre. Ceci, à la fois par des concessions et des menaces comme celle de leur couper complètement toute aide et de passer à la stratégie périphérique et à l’action unilatéralement menée.
Il n’est pas tout à fait clair à l’heure actuelle jusqu’où iront alors les réactions britanniques. Il y avait en elles une grande partie de chantage qui disparaîtra en cas de concessions économiques américaines. L’Angleterre est dans une situation délicate, son économie stagne, son commerce extérieur fléchit toujours. Une récession américaine majeure risque d’ébranler jusqu’au tréfonds tout le Commonwealth. La Grande-Bretagne peut se permettre des incartades, non la rupture avec les États-Unis. Elle prendra cent fois la route des Bermudes afin de se mettre d’accord avec Washington, plutôt que de se livrer à une politique réellement indépendante et d’assumer un « leadership » mondial absolument disproportionné à son véritable poids actuel.
Les cas de la France, de l’Italie, de l’Allemagne et du Japon sont encore plus graves. Tous ces pays peuvent se permettre de s’agiter, sans cependant échapper au champ de gravitation de l’impérialisme américain. Jamais une telle initiative ne pourra venir dans toute l’étape présente d’un gouvernement bourgeois de ces pays. Seule une énorme pression des masses, à la suite de mouvements qui auront, en réalité, la force de faire échapper le pouvoir direct aux mains de la bourgeoisie, pourrait par exemple dégager tel ou tel pays européen de l’emprise américaine.
Mais ceci serait déjà une première phase de la Révolution. L’évolution de la situation en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre même, peut faire apparaître à la surface des potentialités énormes qui agissent dès maintenant en ce sens.
Par contre, les difficultés provenant des pays capitalistes européens peuvent entraver jusqu’à un certain point les plans de guerre et agir sur les délais.
La diplomatie soviétique a le droit de les utiliser, afin d’affaiblir davantage le camp ennemi. Mais à condition qu’elle ne sème pas, à travers ses propres explications à l’adresse des masses et celles des Partis communistes, des illusions sur la réelle situation internationale et ses perspectives, sur les motifs réels des impérialistes, et surtout si elle ne détermine les tâches des masses par rapport à ses buts diplomatiques, au lieu des impératifs d’une lutte efficace contre le capitalisme et l’impérialisme dans chaque pays et mondialement.
Peut-on lui faire confiance qu’il en sera ainsi ? Nullement. La bureaucratie soviétique sur laquelle s’exerce actuellement l’énorme pression des masses soviétiques et de celles des pays du « glacis » européen est en train de leur faire de larges concessions et est préoccupée avant tout par cette situation intérieure. Elle cherche à l’apaiser, à la normaliser « à froid ». De ce fait, elle est disposée, pour gagner du temps, pour éviter la guerre dans l’immédiat, pour amoindrir la pression conjointe de l’impérialisme sur elle, à multiplier les concessions, certes formelles, et à pousser partout les Partis communistes dans la voie de certains accommodements avec la partie de la bourgeoisie favorable pour une raison ou une autre à la « détente internationale ». Ses revirements sur le plan intérieur et extérieur, loin de mieux armer les Partis communistes, les désorientent davantage et portent leur confusion à l’apogée. Mais d’autre part, sur ces partis s’exerce une pression des masses, dans certains pays comme la France et l’Italie, plus grande que dans le récent passé. Ils ne peuvent pas aller carrément à contre-courant et négliger cette pression.
D’où leur cours bureaucratique centriste actuel.
Il a là la possibilité d’une action plus décidée entraînant de larges masses et, en même temps, de grands dangers d’avortement et de trahison en définitive des importants mouvements révolutionnaires qui sont en gestation.
Les marxistes révolutionnaires ont partout pour tâche de mieux faire connaître le véritable programme qui correspond aux aspirations et aux besoins actuels des masses en mouvement dans tous les pays, contre toutes les forces réactionnaires et conservatrices, et de se mêler davantage aux masses, catalysant leur énergie, guidant leur action.
La solution à la « guerre froide », la perspective ouverte par elle ? C’est la Révolution socialiste mondiale, et rien d’autre.
(1) Preuves, mai 1953.
(2) Le Monde, 2-7-1953.