Article paru dans La Vérité des travailleurs, n° 125, avril 1962, p. 16
Ce vendredi soir Salle des Horticulteurs, c’était la première réunion officielle du Front de Solidarité à la Révolution algérienne.
Nous n’étions pas très nombreux, l’intention n’ayant d’ailleurs pas été de faire un grand meeting. Parmi ces 350 à 400 camarades, étudiants pour un assez grand nombre, il y en avait du P.S.U., des U.E.C., de la « Voie Communiste », de notre Parti, et il y avait aussi des gars et filles de J.R., des réseaux, des camarades algériens libérés il y a peu.
La tribune reflétait cette salle. Lanzmann présidait excusant Sartre. Gérard Spitzer rappelait les caractères de cette révolution algérienne. Paul Drevet examinait les accords d’Evian. Lucien Jubelin, à grands traits, présentait les objectifs du F.S.R.A. Nicole Orhant, Pierre Hespel montraient par leur présence aux côtés du président quels étaient les objectifs des organisateurs.
Il ne s’agissait pas d’emboucher la trompette des triomphes, dont chacun veut se saisir, se reconnaissant dans la politique gaulliste. Il s’agit de faire connaître non pas seulement le passé de cette révolution mais sa réalité quotidienne et aussi d’aider correctement les militants algériens. C’est pourquoi notre parti a incité des camarades à participer, dès ses débuts, à cette nouvelle organisation.
La passivité des directions ouvrières traditionnelles a contraint le G.P.R.A. à accepter un compromis, qui, certes, ne réussira pas à entraver la marche de la révolution. Mais peut-on croire que c’est de gaieté de cœur que la présence, dans les quatre années à venir, de troupes françaises, fut admise par les négociateurs algériens. Notre rôle est de faire revenir le plus tôt possible ces troupes, afin que nul ne tente de se mettre avec elles au travers des nouvelles poussées de la révolution algérienne.
Cette défense politique doit aussi apparaitre dans une activité pratique de solidarité. Depuis trop longtemps et trop souvent des partis et des syndicats ont couvert leur inaction de déclarations ronflantes et solennelles. Le test de valeur des organisations est devenu à juste titre, pour un certain nombre de jeunes, l’activité pratique.
Certes, nul ne doit se faire d’illusions, le Front de Solidarité à la Révolution Algérienne laissera indifférent, au moins dans les premiers temps, la grande masse des militants. Et notre Front, s’il peut, s’il doit réunir des centaines de militants, ne peut compter sur aucun appui des grandes organisations. Les actes essentiels de la rénovation révolutionnaire du mouvement ouvrier auront sans doute pour lieux les organisations traditionnelles, le P.C.F., la C.G.T., il n’empêche que rassembler quelques centaines de militants pour la défense de la solidarité avec la révolution coloniale a une nécessité d’exemple.
C’est pourquoi nous vous appelons à rejoindre le F.S.R.A., à organiser des groupes locaux, à entreprendre le travail d’explication, d’action.
Par exemple aujourd’hui il faut :
— organiser l’accueil des Algériens libérés ;
— entreprendre la campagne pour la libération des militants emprisonnés pour leur aide à la Révolution algérienne ;
— aider au fonctionnement, si possible légal, des organisations algériennes, du FLN, de l’AGTA, de l’UGEMA.
Le courrier du FSRA doit être adressé à M. AUPETIT, 82, rue de La Tombe-Issoire, Paris-14e.