Article paru dans La Nation socialiste, n° 55, mai 1962, p. 2
Messali Hadj nous communique la lettre qu’il vient d’adresser à Jean-François Devay, directeur du journal Minute, au sujet des prétendus contacts entre l’O.A.S. et le M.N.A. Nos lecteurs liront également, en page 5 et en page 8, des mises au point sur le même thème.
A M. Jean-François Devay,
Monsieur le Directeur,
Dans le journal Minute n° 1 du 6 avril 1962, page 3, n° colonnes 1, 2 et 3, vous avez publié un article intitulé : « Le Pacte que Salan a signé à Francfort » qui comprend, entre autres, le passage suivant :
« C’est à Francfort que se sont secrètement rencontrés, il y a six semaines, les émissaires du M.N.A. et ceux du colonel Gardes, représentant l’O.A.S. Les discussions ont duré plusieurs jours.
« Messali Hadj, toujours en résidence surveillée à Chantilly, a été tenu au courant des négociations. il a réservé sa position personnelle, mais il a laissé toute liberté à ses adjoints ».
Pour ceux qui connaissent les positions et les traditions du M.N.A. et aussi ma vie tout entière consacrée à la libération du peuple algérien de toutes les forces de l’oppression et en premier lieu du colonialisme, des assertions aussi contraires à la vérité n’auraient pas besoin d’être démenties. Mais dans la situation où nous nous trouvons et dans la confusion que de tous côtés l’on s’efforce d’entretenir autour du problème algérien et en particulier autour du M.N.A., j’estime nécessaire de vous faire parvenir le démenti le plus formel et le plus catégorique. Ni le M.N.A. ni moi-même n’avons jamais signé de pacte avec l’O.A.S., ni n’avons jamais eu de contacts ni directs, ni indirects, ni à Francfort, ni dans tout autre lieu avec les représentants de cette organisation dont les buts et les méthodes sont à l’opposé de nos conceptions et dont l’action en Algérie et en France est du plus pur style fasciste ou raciste.
L’indépendance de l’Algérie pour laquelle nous luttons depuis quarante ans, notre attachement à la démocratie, le caractère plébéien de notre parti n’ont absolument rien de commun avec l’Algérie française de l’O.A.S. et ses mœurs totalitaires.
A plusieurs reprises déjà, nous avons été amenés à protester contre de telles informations mensongères qui constituent non seulement les atteintes les plus graves a l’honneur du M.N.A. et au mien, mais qui ont pour but d’entretenir la division et les luttes fratricides entre Algériens au moment où notre pays aborde le période constructive de son avenir.
Le M.N.A. est toujours resté attaché à son programme politique et il n’a pas hésité un seul instant en juin-juillet 1961 à chasser de ses rangs un certain nombre d’individus qui, sous le nom du Front Algérien d’Action Démocratique (F.A.A.D.), se sont laissé soudoyer par les officines colonialistes en vue de créer une troisième force. Ces aventuriers pris dans le piège qui leur a été tendu, ont essayé, main vainement, d’utiliser le sigle M.N.A. aussi bien pour le F.A.A.D. en décrépitude que pour d’autres aventures.
C’est pourquoi nous vous demandons d’insérer le présent démenti aux lieu et place, et avec les mêmes caractères que votre article, objet de ce rectificatif, et ce conformément aux dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, mes salutations.
MESSALI HADJ