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« La lutte contre la guerre d’Algérie, la lutte anti-fasciste… »

Textes parus dans Informations Correspondance Ouvrières, n° 8, mai 1962, p. 17-18

d’un camarade de l’imprimerie :

… « Je ne crois pas un coup d’état fasciste, pas plus à une prise de pouvoir en France par les gens de l’OAS. Pourtant il me semble utile et urgent de militer dans une organisation ayant conscience qu’il faut avant toute chose sauvegarder le reste (s’il en reste) de libertés démocratiques. Il faut que le régime personnel (regonflé par le oui absurde, mais prévisible des « coco ») prenne fin. Car c’est lui qui a rendu possible la montée fasciste. Il faut faire de toute urgence quelque chose de constructif dans le sens de sauvegarder et de promouvoir la véritable démocratie des Travailleurs. Il faut pour que renaisse un idéal dans la classe ouvrière faire prendre conscience aux masses et non pas les diriger comme l’ont fait jusqu’à présent les syndicats. Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen : sortir du syndicat, s’il y a lieu, et lutter avec et à côté de la masse.

Dans les comités antifascistes ouvriers, il existe des hommes qui demandent à prendre conscience, et qui demandent à être éduqués dans le sens démocratique, mais qui ne sont pas tous de bons moutons dociles et bêlants quand ils le font. Malheureusement ce n’est pas le délégué CGT qui est capable de voir clair lui qui a crié « De Gaulle au poteau » et qui a répondu selon les ordres de ses supérieurs un gros oui massif au même Charlot. Ces délégués sort justes bon à transmettre ordres et consignes du parti  » Restons vigilants ».

Avec 50 travailleurs ouvriers et 50 travailleurs intellectuels environ, de l’Imprimerie Cino Del Duca j’ai décidé, avec l’approbation de tous, d’adhérer au Front d’Action et de Coordination des universitaires et Intellectuels pour un rassemblement antifasciste (la FAC).

Ceci, car nous sortes persuadés qu’il ne peut y avoir de lutte de salaires, de revendications ouvrières dans un climat tel que celui dans lequel nous sommes de plus en plus ; la muselière nous est mise, et les syndicats acceptent. A quand la suppression pure et simple du droit de grève ? Après Decazeville, les forges d’Hennehaut, etc… Cela est la politique gouvernementale, on reparle du fameux « intéressement des travailleurs à l’entreprise », et les syndicats au Comité d’Entreprise répondront encore un gros « oui ». Conscients de cela, nous avons décidé de ne plus rester spectateurs et de nous attaquer aux responsables de cet état de choses.

A la FAC nous avons trouvé et rencontré bien nombre de travailleurs et une puissante organisation structurée sur le plan national, nous sommes en relation constante avec les autres boîtes et nous connaissons les responsables de celles-ci.

Notre premier but, est de nous opposer à l’indifférence des masses, et de dénoncer publiquement les organismes aidant la montée fasciste en France. »


La lettre de ce camarade pose en termes concrets le problème de l’action qui se pose à beaucoup de jeunes camarades. La lutte contre la guerre d’Algérie, la lutte anti-fasciste, a fourni et fournit l’occasion d’un engagement qu’il n’est guère possible de trouver sur le plan des entreprises, là où les conditions présentes du capitalisme (phase d’essor et plein emploi) et l’intégration des syndicats, donnent un caractère nouveau et souvent ingrat, à tous ceux qui essaient d’affirmer des positions de classe.

Ce sont ces positions de lutte de classe qu’il faut continuer à affirmer envers et contre tous, car ce sont elles seules qui différenciait des dirigeants de toutes sortes et qui permettent de voir où passent les nouvelles mystifications que l’on tente de donner en peinture aux travailleurs sous le couvert des cadres traditionnels : démocratie contre dictature, gauche contre droite, socialisme contre capitalisme, progressisme contre réaction.

Dans les comités antifascistes qui s’adressent aux « masses » (qu’est-ce que les masses ?) on peut se retrouver avec son directeur, avec son patron même. Et sous le couvert de cette union « sacrée », où il faut oublier sa propre lutte, les uns et les autres poursuivent leur lutte de classe : l’élimination de ceux qui veulent maintenir un sens révolutionnaire : l’exemple des camarades de Voix Ouvrières est bien clair à cet égard.

Quant aux luttes qu’il est possible de mener même sous une dictature malgré des syndicats dominant totalement la vie des travailleurs, les camarades espagnols nous montrent ce qu’il en est. En France, nous n’en sonnes pas là, non pas parce qu’il existe de puissantes organisations face à la menace fasciste, mais parce que, quoiqu’on en dise, il existe dans la situation présentes un rapport de force en faveur des travailleurs. La grève de la SNCF (celle de Pâques) inquiète certainement beaucoup plus le pouvoir, et les syndicats, que tous les mouvements anti-fascistes réunis : et pourtant le trait essentiel de cette grève est de ne pas avoir été « organisée. »


lettre d’un camarade Postier :

… « j’ai bien reçu ICO. La réponse au camarade du P.S.U. est bonne mais je pense que tu aurais dû insister sur le fait que 1936 est une victoire essentiellement syndicale, c’est-à-dire que les syndicats ont obtenu pour la première fois une reconnaissance officielle et que c’est la seule chose qui est restée, avec rien pour la classe ouvrière. Il aurait fallu également insister sur le fait que le Front Populaire n’était qu’une coalition reflétant une coalition impérialiste plus grande, et avait tous les caractères du fascisme. Il faut également insister sur le fait que les communistes ont besoin d’une cristallisation de l’extrême droite et qu’ils voient l’OAS d’un bon œil ; il ne faut pas perdre de vue qu’ils n’ont pas été étrangers au début, aux succès du poujadisme. »


SOLIDARITE concrète aux Algériens des grandes villes

Parmi les appels à la solidarité, nous donnons celui du Front d’action et de coordination antifasciste : versements en espèces Ccp 3517-96 Melle Teyssier
correspondance : Spire – 167 Bd St Germain, Paris

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