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M.L.A. : Tous avec Pierre Morain contre le colonialisme et le fascisme

Communiqué du Mouvement de Lutte Anticolonialiste paru dans Le Libertaire, n° 443, 8 septembre 1955, p. 1 et 2

Paris, le 30 août 1955.

Arrêté le 23 juin, Pierre Morain a commencé son troisième mois de prison. Nous avons appris que le représentant du gouvernement avait fait appel devant la cour de Douai du jugement qui le condamne à 5 mois de prison, parce qu’il a jugé que la peine infligée par le tribunal de Lille était trop faible ! Morain a été avisé d’autre part qu’il doit être transféré à Paris pour y être jugé en vertu de l’article 80.

L’arrivée du mois de septembre et la reprise générale de l’action sur tous les plans de la lutte révolutionnaire doit permettre de donner un nouvel essor et une nouvelle ampleur à la campagne de solidarité en faveur de ce camarade.

Campagne de solidarité ? Pourquoi ? Ce Pierre Morain est communiste libertaire, qu’il se débrouille avec son parti, disent certains. Cette opinion sordide doit être cependant largement répandue chez certains dirigeants de grands partis ouvriers, puisque les journaux de ces partis, non seulement n’ont pas manifesté leur solidarité à Pierre Morain, mais n’ont même pas jugé bon de signaler sa condamnation, laissant ce soin aux journaux bourgeois !

Pourquoi le Mouvement de Lutte Anticolonialiste demande-t-il donc : « Solidarité à Pierre Morain, militant ouvrier emprisonné pour son action militante ? »

Ce n’est pas parce que P. Morain est militant d’une organisation particulière. En effet, Pierre Morain, militant révolutionnaire, a accepté depuis longtemps l’éventualité de tomber sous le coup de la répression bourgeoise. Pierre Morain, emprisonné, ne se plaint pas de son sort : au contraire, il est fier d’avoir été frappé par l’appareil capitaliste car c’est pour lui la preuve irréfutable qu’il a mené le vrai combat révolutionnaire, la vraie lutte de classe, celle qui fait trembler les Borgeaud et autres colons potentats.

Le M.L.A. demande « Solidarité pour P. Morain », comme il demande sans se lasser : « Libération de tous les emprisonnés politiques, celle des Malgaches, des Nord-Africains, des 10.000 soldats condamnés d’Indochine, des jeunes du contingent condamnés en Algérie, etc. »

De plus, P. Morain est le premier militant français condamné pour sa lutte anticolonialiste dans la Métropole. La condamnation de P. Morain apparaît donc comme un symbole : le symbole de l’unité dans la lutte et dans la répression entre travailleurs des peuples coloniaux (en particulier algériens) en lutte pour leur liberté et travailleurs français.

Exiger la libération de Pierre Morain c’est donc affirmer la volonté des travailleurs français de voir cesser les menées colonialistes, affirmer leur solidarité vis-à-vis des travailleurs Nord-Africains, solidarité qui doit être de plus en plus active et effective vis-à-vis des travailleurs algériens qui subissent en France la même (et souvent plus féroce) exploitation que nous, travailleurs français !

Exiger la libération de Pierre Morain, c’est enfin dire non ! aux menées fascistes des gouvernements réactionnaires qui poignardent la liberté de la presse (après la dernière saisie du Libertaire, l’Humanité a été à son tour saisie le mercredi 24 août, ainsi que la Vérité) et rétablissent l’arbitraire des condamnations politiques (après la condamnation de Morain, quatre militants de l’U.J.R.F. de Waziers (Nord) ont été arrêtés durant plusieurs jours par la police pour avoir fait des inscriptions sur les murs !

Tous les travailleurs anticolonialistes, antifascistes doivent donc, sans distinction de partis ou de syndicats, participer à la constitution de comités de libération de Pierre Morain et de tous les emprisonnés politiques, qu’ils soient du M.T.L.D, dissous, du PCF, de l’UJRF, de la FCL ou de tout autre parti anticolonialiste

Les expériences du fascisme en Italie et en Allemagne ont montré que seule l’unité ouvrière peut barrer la route à la dictature, comme ce fut le cas en 34-36 en France.

Au contraire, le sectarisme qui consiste à se réjouir lorsqu’un militant d’un autre parti que le sien tombe sous le coup de la répression, est une arme terrible aux mains des fascistes : ne les laissons pas l’utiliser, et tous ensemble, frappons les premiers pour prévenir le crime nazi !

Une protestation de plus en plus large pour la libération de Morain sera le premier pas vers les victoires ouvrières anticolonialistes et antifascistes de demain.

LE M.L.A.


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