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Encouragement à l’antisémitisme en U.R.S.S. et dans les démocraties populaires

Article signé V. et paru dans La Vérité des travailleurs, n° 8 (Anc. série n° 306), mars 1953, p. 3

Le procès contre Slansky et ses amis en Tchécoslovaquie a été le signal d’une campagne antisémite à peine camouflée dans les autres « démocraties populaires » et en U.R.S.S. même. Evidemment, les Juifs ne sont pas attaqués en tant que race, peuple ou groupe collectif comme le faisaient les nazis. On s’en prend seulement aux sionistes, aux « éléments cosmopolites ». Mais personne ne pourra nier qu’en organisant des procès publics ou des campagnes de dénonciation dans lesquels toutes les personnes touchées sont juives ; qu’en s’acharnant à mentionner chaque fois l’origine juive des accusés ; qu’en prenant encore la précaution de mentionner les noms d’origine et les noms de parents à résonnance juive des personnes visées, on renforce ainsi systématiquement et on utilise à dessein les sentiments antisémites existant encore dans de larges couches paysannes et petites-bourgeoises de ces pays.

Ce n’est pas la première fois que Staline cherche à exploiter des tendances antisémites afin de consolider le pouvoir de la bureaucratie. Il en fut ainsi une première fois dans la période de la lutte contre l’Opposition de Gauche (1923-27). Il en fut ainsi une deuxième fois pendant la période sanglante d’épuration, « l’ère de Jechov » comme on dit en U.R.S.S. (1934-1938). Il en fut ainsi une troisième fois pendant la période de reconquête de la Pologne orientale et des pays baltes en alliance avec Hitler (1940).

On a beaucoup spéculé sur les raisons précises pour lesquelles Staline a cherché une fois encore en ce moment précis des boucs émissaires dans la population juive. Certains ont voulu y voir un moyen d’accroître l’influence soviétique parmi les pays arabes (qui cependant n’oublieront pas que c’est avec des armes d’origine tchécoslovaques que les sionistes ont pu établir l’Etat d’Israël, pour la constitution duquel l’U.R.S.S. et ses satellites votèrent à l’O.N.U.). D’autres ont voulu croire que, dans le cadre des mesures de préparation à la guerre, la bureaucratie soviétique doit considérer la minorité juive comme un élément « peu sûr » dans l’éventualité d’une guerre avec les U.S.A., la plupart des familles juives ayant des relations aux Etats-Unis. D’autres encore ont voulu rappeler que, dans les pays d’Europe orientale, tous les gouvernements rendaient traditionnellement les « Juifs » responsables de difficultés de ravitaillement comme celles que ces pays connaissent actuellement. Finalement, on a cherché la raison de l’attitude stalinienne simplement dans un rapprochement récent entre le gouvernement d’Israël et l’impérialisme américain (bien que l’Etat d’Israël ait été dépendant des dollars américains dès le premier jour de son existence).

Quoi qu’il en soit, les résultats objectifs de la campagne antisémite stalinienne ont été du plus haut profit pour les fauteurs de guerre impérialistes. Foster Dulles a tout de suite cherché à enfiler la robe de l’humaniste vertueux, choqué par les excès de la dictature en U.R.S.S., visant à détourner ainsi l’attention des crimes perpétrés par l’impérialisme en Corée et dans tous les pays coloniaux. La presse bourgeoise dans le monde entier a déclenché une violente campagne de dénonciation et de lamentation, ne soufflant plus un mot des milliers de prisonniers de guerre coréens, des syndicalistes marocains, des militants nationalistes au Kenya, égorgés par les bourreaux impérialistes au même moment où se versent ces larmes d’hypocrite. Un D. Rousset au même moment affirme qu’il n’a pas trouvé de camps de concentration en Espagne, en Grèce et en Tunisie !

Une fois de plus, les crimes de Staline offrent une plate-forme à la réaction impérialiste pour lancer ses campagnes anti-soviétiques, ses préparatifs de guerre psychologiques et politiques. Les travailleurs conscients ne permettront pas aux impérialistes de détruire l’U.R.S.S., sous prétexte de vouloir balayer le régime policier stalinien. Régler les comptes du stalinisme, c’est une tâche que le prolétariat international se réserve a lui-même, dans le cadre de sa mission générale de détruire le capitalisme et toutes les horreurs que sa décadence apporte à l’humanité.

V.

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