Editorial paru dans Liberté, 5e année, n° 204, 8 mai 1947

Le 8 mai 1945, le monstre nazi ployait le genou devant l’Armée Rouge triomphante au prix de sacrifices surhumains.
A travers le monde, un cri d’espoir s’échappe de toutes les poitrines.
Mais ceux qui avaient misé sur Berlin, ravitaillé Rommel, aidé les commissions d’armistice à piller l’Algérie, sont déçus. La victoire sur le fascisme les effraie ; ils craignent qu’elle ne marque la fin de leurs odieux privilèges.
Aussi, se sentent-ils pressés de déclencher le complot préparé dès le jour, précisément, où ils comprirent que Hitler était perdu.
Ce complot avait été dénoncé à l’avance par « Liberté » qui disait en substance, dès février 1945 :
« Les cent seigneurs de la colonisation sabotent la production et le ravitaillement dans les campagnes, multiplient provocations et brimades racistes pour susciter des troubles et noyer dans le sang les aspirations à la liberté des Algériens ».
La haute administration, complice des cent seigneurs, se garde bien de tenir compte de nos avertissements.
Et c’est la nuit du 8 mai 1945 se prolongeant pendant des semaines ; des milliers d’innocents sont assassinés, des douars rasés ; la chasse à l’arabe commence, ordonnée par de Gaulle et dirigée par les Lestrade-Carbonnel et les Achiary.
Le complot fasciste, tel un cataclysme, plonge notre pays dans le deuil ; mais il échoue en partie, grâce à la vigoureuse riposte de notre parti.
Nous ne devons pas oublier cela ; non pas pour pleurer, mais pour éviter à l’Algérie la réédition de l’expérience sanglante de Constantine.
Des signes avant-coureurs l’annoncent : campagnes infâmes de la presse raciste, fausses nouvelles, distribution d’armes, arrestations arbitraires de démocrates, renforcement de l’appareil répressif, etc …
Il nous faut déjouer les calculs de ceux qui font appel à la provocation et à l’intervention étrangère, au moment où le statut de l’Algérie va venir en discussion …
Pour cela, un moyen : le meilleur, le plus sûr, le plus efficace : UNION et VIGILANCE.
Commémorons donc dans le calme l’anniversaire de la victoire de la démocratie sur le fascisme, ennemi des peuples.
« LIBERTE »
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