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PRS : L’opportunisme de droite

Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, n° 7, février 1977, p. 16-18.

 

 

Dans le numéro précédent de notre journal, nous avions dénoncé le PRS (Parti de la Révolution Socialiste) comme un parti nationaliste petit-bourgeois. Nous avions montré que le PRS n’avait pas rompu quant au fond avec la politique du FLN ; le même populisme, le même langage socialisant, et aussi, et c’est le principal, le même nationalisme…

Il est donc important de montrer la véritable nature d’organisations, qui font, bon gré mal gré, le jeu des exploiteurs.

A ce titre, un événement politique, entre autres, a permis au PRS de dévoiler son vrai visage : l’appel de Abbas, Benkhedda, Lahouel et Kheir Eddine.

I) L’appel de Abbas et compagnie est survenu quelques temps avant la publication de l’avant-projet de Charte. Il réclamait l’élection libre d’une assemblée constituante, la liberté d’expression, d’organisation, etc…

On lira dans El Jarida n° 16, à propos de cet appel : « le PRS… apporte son soutien à l’initiative de F. Abbas, Benkhedda, Lahouel et Kheir Eddine… », et dans le même article un peu plus loin : « A ce stade, il faut faire taire les divergences. Car la situation de notre pays est critique. »

Dans l’article dont nous publions ces extraits, et qui est entièrement consacré à la prise de position du PRS relative à cet appel, il n’est pas dit un mot de ce qui précisément différencie le PRS des signataires de l’appel. Précisons en passant que dans cet appel, on demande : « d’œuvrer pour un Maghreb arabe, islamique et fraternel ». Le PRS soutient donc sans équivoque les signataires de cet appel.

Examinons de plus près les conditions de ce soutien. Tout d’abord, qui sont Abbas, Benkhedda, Lahouel et Kheir Eddine ? Certains les qualifient « d’hommes du passé ». Etre du passé ne constitue pas à priori une tare ; tout dépend de quel passé on a. Les 4 signataires de l’appel ont tous été des dignitaires du FLN, Abbas et Benkhedda ont été présidents du gouvernement provisoire, les deux autres, de hauts cadres du même parti . Ils ont tous les quatre été mis sur la touche après le coup d’Etat de juin 65. Et comme autre caractéristique commune, ils ont le « privilège » de représenter la bourgeoisie privée, donc la fraction rivale de celle de Boumediène. On a donc à faire à de notoires notables bourgeois.

Quant à l’appel en lui-même, il s’inscrit dans le cadre de la contradiction qui existe entre la bourgeoisie privée et la bourgeoisie d’Etat, les bourgeois du secteur privé revendiquant une répartition plus équitable du pouvoir.

Ainsi posé, le problème est plus clair, et on pourrait même le résumer en peu de mots : faut-il s’allier à Abbas contre Boumediène ? Lesquels, s’ils sont rivaux, n’en sont pas moins complices, tous les deux appartenant à la même classe. Pour le PRS , le problème est simple, « à ce stade, il faut taire les divergences »… Et surtout, on est en droit de supposer, qu’entre le PRS et Abbas, les divergences ne doivent pas être bien grandes.

Pour notre part, nous pensons que des révolutionnaires n’ont strictement rien à faire avec des politiciens bourgeois, quelle que soit la fraction qu’ils représentent. Nous en sommes séparés par un gouffre infranchissable.

II) Indépendamment de cela, il est évident que nous soutenons le fait de revendiquer la liberté d’organisation, de presse, etc… en Algérie. Il est nécessaire que les masses algériennes luttent pour les libertés démocratiques. Nous pensons en plus que la « lutte pour les libertés démocratiques » constitue un tremplin vers le pouvoir des travailleurs, en tant que mot d’ordre provisoire.

Par ailleurs, nous n’ignorons pas qu’une organisation révolutionnaire peut et doit faire dans certains cas des compromis, ou contracter des alliances.

Il est évident qu’une attitude ultra-gauche, qui consisterait à rejeter comme contre-révolutionnaire tous ceux qui n’ont pas nos bases politiques, dénoterait un manque certain de maturité politique. Le chemin qui mène à la révolution n’est pas une ligne droite, néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il faille se mettre à la remorque de quelconques politiciens bourgeois, et faire fi de son programme politique à tout moment.

Dans le cas présent, quoique le problème ne se pose pas encore, il est possible que nous ayons à participer à une initiative commune avec des groupes révolutionnaires dans la lutte pour les libertés démocratiques en Algérie. Ceci ne signifie pas qu’il faille taire nos divergences, au contraire, ni qu’il faille mettre notre programme dans notre poche.

Ceci étant, il faut quand même dire que la démocratie bourgeoise est un « luxe » que ne peuvent se permettre tous les Etats. Les plus arriérés n’en ont pas les moyens.

Et qu’en plus, les possibilités qu’auront les masses de décider et de s’exprimer ne seront effectives que quand les travailleurs auront pris le pouvoir, c’est-à-dire, sous leur dictature.

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