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Exigeons la libération immédiate de tous les emprisonnés en Algérie !

Tract reproduit dans El-Oumami, n° 16, juin-août 1981, p. 17-18


Le 19 mai, plusieurs dizaines de nationalistes se réclamant du Baâth se sont attaqués à des militants du Collectif Culturel qui organisaient ce jour-là un meeting à la Fac centrale d’Alger. Malgré plusieurs blessés dans leurs rangs, ces derniers se sont organisés pour riposter à la violence réactionnaire de ces agents de la bourgeoisie !

La police a profité de 1’incident pour arrêter plusieurs militants du Collectif. La liste des personnes arrêtées est sans doute incomplète : Aït Larbi, Zeggan Omar, Bacha Mustapha, Ourad Meziane, Kaci Rachid, Hamouna Kamel, Boukrif Salah, Benhamou Mustapha et Khaled Saïd de Tizi-Ouzou. Certains de ces camarades ont déjà été arrêtés au printemps dernier (1980). Ces arrestations visent de toute évidence à décapiter le mouvement qui se développe à Alger, à 1’instar de Tizi-Ouzou, contre la répression culturelle et pour la liberté d’expression.

Cette série d’arrestations n’est pas isolée. Elle fait suite à d’autres. A Béjaïa, la police est intervenue férocement contre les manifestants qui exigeaient la libération des personnes emprisonnées lors des manifestations de février dernier. On parle de centaines d’arrestations. A Annaba, plusieurs arrestations ont eu lieu après une provocation des « frères musulmans ». Par ailleurs, 19 étudiants ont été définitivement exclus de l’université par le conseil de discipline.

Ces arrestations viennent ainsi rallonger la liste des militants qui croupissent dans les geôles de la bourgeoisie :

– 30 personnes ont été arrêtées et condamnées à 6 mois de prison en décembre 1980 lors d’une émeute populaire déclenchée par les masses du village Ammi Moussa (dans la région sinistrée d’El Asnam) contre les pratiques scélérates des autorités qui refusaient de distribuer aux familles éprouvées par le tremblement de terre des couvertures et des vivres ;

– 5 ouvriers de la SONACOME de Rouïba sont emprisonnés pour avoir tenté de s’organiser et de lutter pour leurs revendications légitimes ;

– depuis novembre 1978, plusieurs militants et contacts de notre organisation sont détenus dans la prison militaire de Boufarik. Ils ont été condamnés en décembre 1980, sous l’inculpation d’ « atteinte à la sûreté de l’Etat », à des peines de 3 à 10 ans. Il s’agit de Rabah Benkhallat, Abdelmalek Kendour, Sid Ali Akkache, Mohamed Naâman ;

– depuis février 1981, plusieurs lycéens de Seddouk sont détenus à la prison d’Akbou pour avoir participé aux manifestations d’Akbou : Belamri Brahim, Agoua Nacer, Ouaret Rachid, Yacoubi Boubekeur ;

– plusieurs personnes ont été arrêtées pour avoir été trouvées en possession de tracts : Ould Ameur Mezioud (détenu à la prison de Boufarik), Boumbar Idriss (détenu à la prison d’El Harrach), Chaballah Saïd (détenu à la prison de Bordj Menaïel) ;

– plus de 1 000 jeunes ont été arrêtés lors de la campagne d’ « assainissement » de l’automne 1979 pour le seul crime d’être chômeur ou exclu de l’école et condamnés à des peines de 6 mois à 4 ans de prison. D’autres ont été envoyés dans des camps de travail ou des camps disciplinaires de l’armée.

Voilà ce que réserve la bourgeoisie aux enfants des masses populaires : l’exploitation, l’oppression, le chômage, la délinquance, la clochardisation et pour ceux qui se révoltent, la prison et la torture !

Nous lançons un appel à l’instinct de solidarité qui anime les exploités et les opprimés qui ont horreur de l’injustice et de l’oppression pour qu’ils réagissent, pour qu’ils se mobilisent en exigeant

– LA LIBÉRATION IMMÉDIATE DE TOUS LES EMPRISONNES, – LA LEVÉE DES INCULPATIONS ET DES CONDAMNATIONS, – LA CESSATION DES POURSUITES POLICIÈRES POUR TOUTES LES PERSONNES CONCERNÉES !

Aux autres, aux travailleurs et jeunes qui restent indifférents nous disons : il est faux de penser qu’en restant tranquille on évitera la répression. Demain, ce sera votre tour, vous réclamerez vos droits, on vous donnera des coups et si vous ne réagissez pas aujourd’hui avec vos frères de classe frappés, vous risquez demain de vous retrouver seuls !

Dénonçons les provocations des baâthistes et des « frères musulmans » !

Organisons-nous pour préparer notre auto-défense !

Ces derniers temps, les baâthîstes et les « frères musulmans » ont beaucoup fait parler d’eux.

– Ils multiplient leurs lâches agressions dans les rues, les universités et les lycées ;

– ils accomplissent la sale besogne qui consiste à briser les grèves (lors de la grève des travailleurs du COUS d’Alger, ils ont fait marcher les cuisines) ;

– ils participent directement la main dans la main avec la police à la répression du mouvement étudiant et lycéen ;

– ils veulent semer un climat de terreur psychologique pour endiguer le ras-le-bol général des masses et particulièrement des jeunes sans-travail ;

– ils instituent des tribunaux para-légaux qui condamnent les jeunes qui se révoltent contre l’oppression et l’obscurantisme au massacre et à la défiguration à coups de haches, de couteaux et de jets de vitriol sur le visage ;

– le 19 mai, ils ont monté de toutes pièces une provocation à la suite de laquelle la police est intervenue et a arrêté des militants du Collectif Culturel d’Alger.

Ces agents de la bourgeoisie se cachent derrière le drapeau de l’arabisme et de l’Islam pour réaliser leurs sinistres desseins réactionnaires. Ils veulent mettre à profit les sentiments religieux des masses populaires pour mieux les tromper et freiner leur prise de conscience politique.

Mais leur pratique est là pour montrer leur véritable nature : comment peuvent-ils prétendre le bien des masses alors qu’ils ne lésinent sur aucun moyen pour casser leurs luttes ?

Face à cette situation, que répondent 1’Etat et ses valets de l’UNJA ? Ils prétendent que les « frères musulmans » et les baâthistes agissent à l’insu des autorités. L’UNJA pratique la diversion pour détourner l’attention des jeunes de la complicité évidente qui existe entre la police et les provocateurs du Baâth et des « frères musulmans ». L’UNJA fait tout pour empêcher les jeunes révoltés de riposter à la violence réactionnaire par la violence révolutionnaire… sous prétexte de lutter contre le « climat de violence » en général.

Mais la réalité est là. Les « frères musulmans » et les baâthistes bénéficient de l’impunité totale des autorités qui les encouragent de ce fait à sévir et à intimider le mouvement de masse :

– A Annaba, les « frères musulmans » attaquent des jeunes. La police arrête… ceux qui ont eu le courage de répondre à l’agression coup pour coup ;

– à la Fac d’Alger, les baâthistes attaquent à coups de couteaux des étudiants du Collectif Culturel. La police arrête… plusieurs militants du Collectif !

– L’une des premières mesures prises par Chadli au lendemain de son accession à la présidence a été de lever le contrôle qui était pratiqué jusque-là sur les textes prêchés par les imams chaque vendredi dans les mosquées ;

– BOUALEM BENHAMOUDA connu pour ses « liens intimes » avec le mouvement islamique intégriste n’est rien moins que membre du bureau politique du FLN et ministre de l’intérieur !

– BOURZAM, inspirateur du groupe baâthiste « Saout E-Taârib » et connu pour ses rapports privilégiés avec le Baâth irakien n’était rien moins que secrétaire général de l’UNJA et par la suite commissaire national du FLN à la wilaya de Tizi-Ouzou lors des événements du printemps 1980 !

– à El Madania, à Birkhadem, en plein Alger, les « frères musulmans » organisent de véritables meetings déguisés en « films-débats » sur l’Iran…

Qu’on ne s’y trompe pas. La violence para-légale des baâthistes et des « frères musulmans » n’est qu’un épisode de la violence bourgeoise qui s’abat sur les masses populaires en Algérie. Affolée par le ras-le-bol grandissant suscité par les conséquences désastreuses de son système capitaliste de développement à tous les niveaux (pénuries, hausses des prix, chômage, particulièrement chez les jeunes, crise du logement, etc), la bourgeoisie recourt à toutes les solutions dans l’espoir de contenir le mouvement des masses.

Il faut en tirer les conclusions. Dès maintenant. Sans attendre.

– Rejoignez le combat des comités de lutte qui existent déjà ! Renforcez-les !

– Prenons des contacts entre nous, tissons des liens là où n’existent pas de comités !

– Organisons des AG par amphi, par quartier, par lycée !

– Formons des comités sur place ! Contribuons à la coordination de tous les comités existants pour déclencher des actions communes : grèves, rassemblements, manifestations !

– Dès 1’arrestation des militants du Collectif Culture d’Alger, nos camarades de Tizi-Ouzou ont déclenché une grève pour exiger la libération des détenus ! C’est à cela qu’il faut travailler, c’est à cela qu’il faut arriver dans les autres régions !

Ce ne sont pas les mensonges de l’UNJA, ni le pacifisme du FFS qui empêcheront la police, le Baâth et les « frères musulmans » de casser nos mouvements ! Il faut se préparer à réagir à la violence réactionnaire par la violence révolutionnaire ! Par la mobilisation des masses ! Par la grève la plus générale possible ! Cela suppose de commencer sans attendre à mettre sur pied des comités de popularisation pour sensibiliser les masses sur les motivations réelles et les revendications légitimes des camarades en lutte à Tizi, Béjaïa, Bouira, Alger !

Ce n’est pas en rejoignant l’UNJA que 1’on pourra faire face aux « frères musulmans ». L’UNJA, organisation parachutée par 1’Etat bourgeois, ne peut prendre en charge les problèmes et les revendications, ni des jeunes chômeurs, ni des étudiants et lycéens. C’est pour cela que les « frères musulmans » trouvent chez les jeunes chômeurs un terrain fertile de propagande. Pour barrer la route à ces réactionnaires, pour arracher les jeunes chômeurs à l’influence des « frères musulmans », TRAVAILLONS A LA CONSTITUTION DE COMITES DE CHOMEURS AUTONOMES, EN DEHORS DE L’UNJA !

Dans 1’émigration, il est urgent de faire un travail de sensibilisation sur les motivations et les revendications du mouvement de masse pour contrecarrer la censure, l’intoxication et les calomnies des agents de la bourgeoisie, pour surmonter l’indifférence qui existe encore chez beaucoup de travailleurs et d’étudiants émigrés.

Popularisons les luttes des masses populaires. Prenons des initiatives pour regrouper et organiser tous ceux qui veulent concrétiser la solidarité que nous devons à nos camarades qui luttent contre l’exploitation et la répression capitalistes !

Militants isolés, prenez contact avec nous ! Nous discuterons de ce qu’il est possible de faire ensemble dès aujourd’hui. Pour soutenir la lutte des masses populaires et pour se préparer aux affrontements de classes inévitables QUI NOUS ATTENDENT !

– VIVE LA LUTTE DES MASSES POPULAIRES POUR
LEURS REVENDICATIONS LÉGITIMES !

– HONNEUR AUX JEUNES QUI RIPOSTENT A LA POLICE, AUX BAÂTHISTES ET AUX « FRÈRES MUSULMANS » COUP POUR COUP !

– A BAS LA REPRESSION POLITIQUE, SYNDICALE ET
CULTURELLE !

– POUR LA RECONNAISSANCE DES LANGUES POPULAIRES !

– POUR LA LIBÉRATION IMMÉDIATE DE TOUS LES EMPRISONNES !

– POUR LE LIBRE RETOUR DE TOUS LES EXILÉS !

– POUR LES LIBERTÉS POLITIQUES ET SYNDICALES EN ALGÉRIE !

– POUR LA CONSTRUCTION DU PARTI RÉVOLUTIONNAIRE DE LA CLASSE OUVRIÈRE FONDE SUR LA DOCTRINE DE MARX ET LÉNINE !

– POUR LA RÉVOLUTION SOCIALISTE ! POUR LA SOCIÉTÉ COMMUNISTE SANS CLASSES !

2 juin 1981
PARTI COMMUNISTE INTERNATIONAL

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