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Lettre de Mohamed

Textes parus dans Tout !, n° 14, 7 juin 1971, p. 5


Ce texte est grave. Et même provocateur, si on en juge les violences qu’il a déclenchées avant même d’être imprimé. Pour beaucoup d’entre nous, ce qui est dit ici est dur à avaler. Et même certains et certaines estiment que ce texte exprime un racisme de mâle au moment même où il dénonce un racisme de couleur.

Dans ce journal, des femmes, des homosexuels, des jeunes ont parlé. Ils ont parlé de leur vie, de leur oppression et de leur colère, de leur lutte. Ils ont dit ce qu’ils voulaient. Aujourd’hui, des camarades arabes parlent de leur vie aussi. Et leur vie remet en question les mêmes femmes qui tiennent les discours les plus radicaux et qui se battent avec le plus d’acharnement. On est pleins de contradictions, on s’en fout. On les assume… Ce qui nous intéresse c’est que ces contradictions, elles nous font avancer dans la mesure où on les explicite. On espère ne pas en rester là, et que des femmes et des hommes « européens » répondront pour mettre leurs tripes sur la table, parler de leur racisme et l’expliquer.


Si j’ai décidé de traiter ce problème très délicat, c’est qu’il est
important à la fois du point de vue de la politique du mouvement révolutionnaire en France et du point de vue humain.

Je le traite en connaissance de cause, après une étude très approfondie auprès de mes camarades immigrés et de filles françaises avec lesquelles mes rapports étaient très amicaux et ne pouvaient dépasser ce stade. Il existait toujours entre nous cette psychose de la peur sexuelle entre l’Africain et la Française ; psychose qui fait que lorsque l’on rencontre une Française, elle pense déjà que tu veux coucher avec elle, que l’homme Africain a un faible pour la femme blanche et a envie de faire l’amour avec elle ; elle l’imagine sous forme de bête affamée, son corps de blanche en étant l’appât.

Parler, mais pas coucher

Dès les premières paroles engagées, elle te met en garde, par une phrase bien connue des immigrés africains : « Je veux bien parler avec toi, mais ne penses pas à autre chose et ne pense surtout pas que je suis raciste ! »

Ou bien quand on lui propose de faire l’amour, elle répond toujours : « Non, ce n’est pas parce que tu es Africain que je ne veux pas faire l’amour, mais je n’en ai pas envie ». (Envie qui ne vient jamais lorsqu’il s’agit de l’Africain.)

Et elle continue par des mots qui deviennent pires qu’une épée brûlante, qui traverse l’âme des Africains :

« Vous les Africains, par exemple, quand on ne veut pas faire l’amour avec vous, vous pensez toujours qu’on est raciste. »

1er exemple :

Alors je leur pose les questions suivantes :

Q. – Avez-vous connu beaucoup d’hommes?
R. – Oui.
Q. – De différentes nationalités ?
R. – Oui.
Q. – De quelles nationalités ?
R. – Tous des Européens, répondent-elles, en principe.
Q. – Avez-vous fait l’amour avec des Africains ?

90 % répondent non. Lorsqu’on demande pourquoi, elles répondent : « Parce que nous n’en avons jamais eu l’occasion. »

Réponse fausse vu le nombre d’Africains qui habitent en France.

Sous l’effet de l’alcool…

2e exemple :

J’ai eu l’occasion de discuter de ce problème avec une gauchiste, internationaliste, maoïste, etc… Elle m’a raconté qu’elle avait connu un camarade africain avec qui elle faisait du boulot politique. Un jour ce camarade lui téléphone et lui demande de sortir. Elle refuse. Je lui demande pourquoi : « C’est idiot, mais je ne pouvais pas, c’est plus fort que moi. »

Q. – Si c’est idiot et plus fort que toi, c’est du racisme ?
R. – Oui.

3e exemple :

Un jour, un ami a connu une fille et s’est fait passer pour un pied-noir. Il l’a fréquentée pendant 15 jours et a eu des rapports sexuels avec elle. Un jour, elle lui proposa de venir chez ses parents, alors ne supportant plus d’être un autre homme, il lui avoua être Africain ; elle en resta ahurie. Il avait l’impression qu’il venait de la poignarder et ne l’a plus revue.

4e exemple :

Avec une autre fille de la Gauche Prolétarienne internationaliste et du M.L.F. Elle avait un camarade algérien avec qui elle s’entendait très bien, mais n’y avait pas de rapport entre eux, vu cette psychose qui, comme une tâche noire, recouvrait sa personnalité : il était malheureusement Algérien.

Elle va avec lui au dancing, danse, boit. Et puis tout à coup, sous l’effet de l’alcool tout en affirmant qu’elle était consciente elle se met à l’embrasser. Pendant ce temps il la calme, ayant peur qu’elle lui fasse le reproche, sa conscience retrouvée.

Nous voyons qu’elle avait besoin de l’alcool pour se dégager de sa peur. Elle était devenue (grâce à la boisson !) une femme tout à fait libre, libre de tout.

5e exemple :

Avec une autre fille de la G.R.I. que j’ai connu personnellement. Elle pleurait sur les conditions de vie des immigrés, prête à se battre pendant les manifestations au Quartier Latin : enfin tout ce qu’il y a de modèle comme militante !

Alors un jour, on dîne ensemble, on boit un peu, et on commence à flirter. Cela dure, je voyais qu’elle avait vraiment envie de coucher avec moi. Elle me répond « oui et non ».

_ Pourquoi « oui et non » ?

Oui parce que tu me plais et que j’ai envie de toi, non parce que j’ai peur de céder à mon petit instinct de française. Et elle me cite une analyse de Cleaver dans « Un noir à l’ombre » (analyse des rapports entre noirs et blancs) et elle a peur que cela se passe de la même façon.

Son petit instinct de française

Cette même fille rencontre un Français militant de la fraction mao du P.S.U. Au cours d’une discussion avec elle, il lui raconta que lors de son séjour en Jordanie il a failli se faire flinguer par des sionistes. Il est devenu un héros devant elle et elle a couché avec lui. Naturellement son petit instinct de française ne se pose pas ni l’analyse de Cleaver, car lui il est Français et c’est un héros français de la Révolution palestinienne. Alors qu’il n’est pas plus qu’un triste individu qui n’a pas été touché ni horrifié par la souffrance du peuple palestinien. Il a été chercher une médaille ou une mode. Parce que pour beaucoup de gauchistes, aller en Jordanie c’est une référence, CELA PERMET DE RACONTER DES MENSONGES en utilisant le drame du peuple palestinien. A ceux-là je leur dis qu’ils ne sont que des pseudo-révolutionnaires, que la révolution palestinienne est faite par le peuple et pour le peuple palestinien, avec le soutien de tous les peuples libres et qu’ils n’ont été que des touristes qui vont vivre au dos de cette révolution pendant tout leur séjour.

Et même pire encore la Jordanie commence parfois dans les banlieues ouvrières de la région parisienne.

6e exemple :

Parfois une fille se camoufle sous d’autres, réponses.

_ Si je ne veux pas faire l’amour avec toi, c’est tout simplement que je n’aime pas avoir de rapports ambigus. (Alors qu’elle ne cesse de changer de mecs). Naturellement ils sont tous Français et militants. Mais il faut qu’elle prouve qu’elle est forte et maoïste et léniniste, qu’elle est une militante débarrassée de tous les principes bourgeois et archaïques et elle doit faire la révolution même avec ses fesses avec des militants révolutionnaires du type Raspoutine dans des harems mixtes. Et en avant vive la libération de la femme ! ! !

7e exemple :

J’habite dans une maison de gens de gauche à qui je porte un très grand attachement malgré que j’ai des rapports un peu froids. Il y a plusieurs filles qui viennent pour passer la soirée ou dormir. Ces filles, toutes m’évitent, soi-disant par peur que je leur propose de faire l’amour avec elles et qu’elles seront obligées de me refuser, ce qui est tout à fait naturel de la part d’une Française à l’égard d’un Algérien et que moi je penserais qu’elles sont racistes.

D’un mec à l’autre mais jamais dans nos draps

Elles arrivent tout juste à me dire salut pour ne pas se culpabiliser à ce point. Un jour une fille se présente pour dormir et j’ai des discussions avec elle sur la répression sexuelle envers les immigrés et j’ai osé la draguer, car j’avais bu auparavant quelques verres d’alcool, car d’habitude je drague pour chercher des éléments sur cette étude, à un point que je me suis plusieurs fois pris pour un obsédé sexuel, mais je m’en foutais car ce qui comptais pour moi c’est de chercher la vérité sans jamais me tromper et sans jamais être sûr de baiser avec une Française.

Alors je l’ai draguée, et elle me dit qu’elle est une fille très libre mais ne coucherait pas avec moi ; ce n’est pas parce que je suis Algérien, mais simplement elle peut coucher avec n’importe quel mec, même avec moi, mais il faut qu’elle connaisse le mec un peu plus longtemps, a peu près au moins dix jours et qu’il ait des rapports avec elle intellectuels et politiques : tout un baratin. Alors j’ai compris et je lui ai dit : tu es raciste. Elle s’est refusée de l’accepter. Après elle a eu une discussion avec un ami français à ce sujet. Lui aussi il s’est rendu compte qu’elle est raciste et lui a dit. A peine 3 jours qu’elle habitait avec nous, elle a couché avec un ami anglais qui m’est très sympathique sans le connaître intellectuellement ni politiquement, puisqu’il arrive tout juste à se faire comprendre en français. Simplement il est Européen et Blanc et il a suffit de 3 ou 4 heures de contact pour qu’elle aille dans son lit.

Je tiens à dire et à affirmer que dans la maison où je vis aujourd’hui je ne souffre pas avec les couples qui vivent malgré que je n’ai pas de rapports sexuels avec eux. Mais je suis sûr qu’ils ne sont pas racistes. Bien au contraire ils sont très gentils avec moi, même de trop (tellement ils ont peur d’être racistes en face de ma situation d’immigré), par rapport à certains de mes compatriotes qui vivent ailleurs au milieu des gauchistes, parce qu’ils ont été obligés vu qu’ils étaient dans la merde.

Ceux-là, ils voient les nanas se trimbaler de mecs en mecs sans jamais venir dans leurs draps. Lorsque les gauchistes parlent d’eux, ces immigrés qui vivent avec eux, ils disent : c’est idiot on arrive pas à avoir de contact avec les camarades immigrés. Oui, c’est vrai, ils sont tout le temps seuls et silencieux perce qu’ils ont envie de hurler leur douleur et de crier leur haine envers vous, mais ils n’ont pas les moyens en ce moment…

Car pour vous, cet immigré qui vit parmi vous, il est une affiche politique, un objet de pitié. Parmi vous il ne se sent pas un homme ni un militant à part entière et il en est conscient.

La politique pourrie de l’occident

8e exemple :

J’ai fait la connaissance d’une fille dans un bar au Quartier Latin où la clientèle qui le fréquente est composée de jeunes gens aux cheveux longs, des contestataires. Il y a aussi des gens de différentes nationalités ; on y entend comme musique du jazz et du pop. Elle était assise toute souriante, elle semblait très simple. Personnellement, je ne pensais pas qu’elle était Française. J’ai réussi à lier discussion avec elle et à ma grande surprise, elle était Française, d’origine pied-noir d’Algérie. Son père y était colon et la révolution algérienne lui a confisqué tous ses biens.

La discussion commence avec une hostilité, vu les conséquences de la guerre et le climat de haine qui a pu exister entre les deux communautés. Et puis au fur et à mesure, le ton commençait à baisser ; je lui expliquais que nous avions été victimes de la politique pourrie de l’Occident qui n’a rien fait pour créer un climat de fraternité entre nous et qui a inculqué aux pieds-noirs l’esprit de supériorité envers l’arabe, tout en lui présentant le colon comme son premier oppresseur et le Français de métropole bien meilleur.

Le pied-noir a été trompé par cette politique et on ne lui a jamais dit que s’il veut vivre en Algérie, il doit se considérer comme égal à l’Algérien et que tôt ou tard, l’Algérie finira par devenir une nation libre.

Bien au contraire, la politique colonialiste de la France lui a fait caresser le faux rêve d’une Algérie française qui lui sera soumise pour toujours.

Je lui ai fait comprendre qu’on était tous deux victimes de cette société dite civilisée : il y a eu alors naissance d’un esprit commun qui ne peut être issu que de deux êtres de même origine.

Elle n’a pas hésité à me dire qu’elle avait eu de très bons rapports avec les Algériens et que ses rapports avec les Français sont très tendus et dégoûtants.

Petit à petit, on a fini par faire l’amour ensemble, comme deux fous pendant plusieurs jours. On a même éprouvé de très bons sentiments l’un envers l’autre.

Elles sont pourries par le racisme

Personnellement, je ne pense pas que je vais régler le problème raciste par cet article, mais ce qui me touche, c’est que j’ai eu des rapports sexuels avec beaucoup de filles de classe bourgeoise. Celles-ci ne parlent pas, ne disent rien. Je les préfère à celles qui brandissent toute la théorie du non-racisme ou des slogans du type : « prolétaires de tous les pays, unissez-vous », car ce sont celles-là qui nous oppriment le plus.

C’est auprès d’elles que l’immigré cherche refuge, afin de fuir la vie de misère dans laquelle il vit quotidiennement ; c’est aussi auprès de ceux qui viennent le voir dans son île où il mène une vie d’exilé, alors il croit, il se donne à part entière et c’est à ce moment-là qu’apparaît le fascisme de gauche avec tous des préjugés racistes, toute une oppression camouflée de la part de ces soi-disant progressistes et non racistes et qui ne sont en fait que de pauvres manipulateurs égarés. Je pourrais encore citer de nombreux cas car ils sont tellement courants que je pourrais passer toute ma vie à les écrire. Ce que je veux dire et affirmer, c’est que les Françaises sont pourries par le racisme ; elles l’ont dans leur sang comme un virus presque incurable ; il est dans leur âme, dans leur corps, dans leur vie et dans leur groupe ou cellules politiques.

Avec cela, vous avez la honte de ne rien comprendre, ou de ne rien chercher à comprendre par peur d’être mis en face d’une vérité trop brutale, et inadmissible à la conscience de l’esprit des mouvements de gauche dans le monde.

Car votre méthode fait se révolter même un homme mort, votre hypocrisie nous détruit et nous fait sentir quand on est des ratons, ou des citoyens de basse catégorie. Alors que le fasciste proclame le racisme ouvertement, avec vous on le sent. Ceci nous met dans un état d’homme complexé et agressif, même envers nos camarades progressistes.

La Française, par cette attitude, n’a en fait aucune valeur ni conscience humaine et se trouve très loin en dessous du niveau de pensées des autres femmes européennes de l’Ouest ou de l’Est. Par rapport aux autres, vous incarnez tout le mal de l’Europe, la bestialité du blanc impur. Vous représentez le fascisme en pratique, l’oppression morale. Qu’avez-vous de mieux ou de supérieur à ces Africains ? Si ce n’est que toute votre histoire est ensanglantée par la chair de ces Africains ou de ces Asiates et que leur seul crime était de vouloir vivre libres. Il y a encore des hommes qui meurent en Afrique par l’envoi de vos armes à d’autres fascistes et cela est-ce fierté ou honte pour vous ?

Vous protestez contre cette société dans laquelle vous vivez et que vous avez construite à 80 % (car l’éducation des enfants dans une cellule familiale dépend à 80 % de la femme).

Vous baiserez avec des singes

Vous nous dites que vous n’êtes pas racistes, que tout simplement il existe des différences de culture et d’éducation. A ceci je réponds non ; car les Africains qui vivent dans les autres pays ne subissent pas cette répression ; si déjà il y a une très grande différence de culture et de pensée entre un Africain francophone qui n’a jamais assimilé une autre culture que la culture française, il devrait donc y avoir encore plus de difficulté dans ses rapports avec une Anglaise, une Scandinave ou une Allemande. Car pour cesser d’être raciste, il n’y a pas besoin de parler la même langue ni d’avoir la même culture. Pour faire l’amour il ne faut pas avoir de diplôme, de philo ou de science, c’est-à-dire qu’on n’a pas besoin de sortir d’une fac.

Parfois lorsqu’on vous sourit, vous pensez qu’on fait l’agréable ; lorsqu’on vous parle, vous pensez qu’on vous drague, et lorsqu’on vous drague, alors on vient de commettre le plus grand crime, c’est-à-dire on est coupable au départ.

Allons soyons sérieux, cessez de nous réciter des prophéties et de nous traiter de « pauvres immigrés » ; on n’est pas pauvres et notre pensée est pure ; c’est ainsi qu’actuellement quand on parle de SS, on pense qu’à travers vous cette image est présente ; et lorsqu’on voit des films comme « La planète des singes », on souhaite être un singe car ce qui nous fera plaisir, c’est que vous baiserez avec des singes. Maintenant, continuez à nous opprimer car vous nous aidez à penser, mais sachez fort bien qu’on ne croit plus à votre visage d’ange qui camoufle un monstre ; vous n’arriverez plus à nous tromper. Prenez garde, nous ne sommes plus des colonisés, nous sommes un peuple qui lutte et qui grandira. Par ces attitudes racistes, vous compromettez de plus en plus l’avenir de vos enfants que vous ne cessez de pourrir.

Vous nous parlez de la répression patronale et de notre exploitation ; ceci est vrai et nul ne l’ignore, et encore plus ceux qui la subissent et qui en sont conscients, depuis votre venue sur nos terres.

Mais votre répression est pire encore, car elle est la répression qui frappe le moral et qui démantèle l’immigré ; elle fait de lui un homme fragile et aliéné, et qui dit aliéné, dit incapable de faire une révolution ; et ce crime a beaucoup plus d’effet que celui de la bourgeoisie, parce que la répression capitaliste doit faire de l’homme opprimé un révolté, un révolutionnaire et non un aliéné.


Racisme à Strasbourg

Les bandes armées de Marcellin viennent de mettre à leur actif un nouvel acte qui les honore : la ratonnade. A Strasbourg. Résumons l’affaire : 4 étudiants algériens cherchent à se faire servir au Motel du Pont de l’Europe. En vain. Après une demi-heure d’attente, l’un d’eux somme le garçon de prendre leur commande. Celui-ci laisse alors apparaître ses sentiments racistes : « sales bougnoules, etc… » On connaît la chanson. L’un des étudiants, qui connaissait son droit, menace le garçon de porter plainte et affirme qu’il ne sortira pas sans avoir consommé. La scène a pour témoins l’ensemble des consommateurs. Le garçon prend peur et accepte de les servir. Tout semble rentrer dans l’ordre.

Mais tout à coup entrent dans la salle 3 CRS accompagné du gérant du motel. Celui-ci désigne aux flics le plus jeune des quatre étudiants, qui avait assisté passivement à la scène précédente. Les flics sans autre forme de procès l’embarquent dans leur voiture. Alors que l’un conduisait, les 2 autres se livrent à une véritable ratonnade dans l’arrière de la voiture. L’étudiant est roué de coups dans la figure et dans le ventre. Après l’avoir mis en sang, les flics regardent ses papiers : ceux-ci révèlent que l’étudiant, d’origine algérienne, est nationalisé français et qu’il habite en France depuis 8 ans.

Embarrassés, les flics se demandent ce qu’ils doivent faire. Nul doute que s’il avait été un quelconque travailleur algérien en France, ils l’aurait débarqué discrètement dans une rue sombre. Finalement ils décident de l’emmener à l’Hôpital Civil mais dans le service Psychiatrie ! ! ! Procédé courant dans les dictatures fascistes ! Mais les flics n’ont pas de chance : un médecin comprend la situation et entreprend de rédiger de suite un certificat médical détaillé (2 pages). Deux plaintes ont été déposées, l’une contre les CRS et l’autre contre le gérant du motel.

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