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Le massacre d’octobre à Alger

Article paru dans Le Bolchévik, n° 88, novembre 1988, p. 1, 6 et 7


Les bourgeoisies française et internationale ont poussé un soupir de soulagement quand, le 11 octobre, le lendemain du discours du président Chadli, les médias ont annoncé le « retour à l’ordre » en Algérie. Mais dans le silence assourdissant, résonnaient encore, dans les têtes des Algériens, le staccato sinistre des armes automatiques et les cris des blessés et des agonisants. L’« ordre » imposé dans le sang est lourd de rage contenue contre un régime qui n’hésite pas à tirer à la mitrailleuse sur des adolescents et des enfants. Est-ce pour ça que sont morts un million d’Algériens dans leur lutte contre la terreur coloniale française ?

Depuis 1962, la direction nationaliste du FLN a justifié son pouvoir sans partage par un argument unique, mais de taille : elle avait dirigé la lutte de libération nationale victorieuse. Ce capital de légitimité a aujourd’hui fondu comme neige au soleil, et la raison principale n’est pas que la majorité des Algériens de 1988 n’ont pas vécu la guerre. Le FLN, avec son programme nationaliste bourgeois, s’est révélé incapable de mettre le pays sur la voie d’un développement économique et d’un progrès social authentiques. Au contraire, il n’a réussi qu’à faire courber, sans cesse plus, l’Algérie politiquement indépendante sous le joug néo-colonial de l’impérialisme.

Toute l’histoire récente de l’Algérie confirme, de manière négative et tragique, la conception fondamentale de la révolution permanente de Trotsky : « Pour les pays à développement bourgeois retardataire et, en particulier pour les pays coloniaux et semi-coloniaux […], la solution véritable et complète de leurs tâches démocratiques et de libération nationale ne peut être que la dictature du prolétariat, qui prend la tête de la nation opprimée, avant tout de ses masses paysannes. »

Maintenant, Chadli annonce à une population encore sous le choc une « ouverture » du FLN aux différentes « nuances » politiques qui ne pourrait qu’intégrer quelques « oppositionnels » condamnés et dépassés par l’Histoire. Ces promesses creuses d’un régime aux abois ne rempliront pas longtemps les étalages vides des magasins et ne feront pas disparaître comme par enchantement les pénuries chroniques qui ont été les causes immédiates des émeutes.

Le soulèvement désespéré de la jeunesse n’a pas éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Depuis des années, régulièrement, éclatent des soulèvements brusques, rapidement et brutalement réprimés. Dans les derniers jours de septembre, on a vu se déclencher une série de grèves. Les 17 et 18, le personnel au sol de la compagnie Air Algérie arrêtait le travail. Dans le complexe industriel de Rouiba-Réghaïa, les ouvriers de la SNVI (construction de véhicules industriels) ont paralysé la production et ont été rejoints en solidarité par d’autres entreprises de la zone industrielle et le 27 septembre la police anti-émeutes attaquait une manifestation ouvrière et faisait plusieurs blessés. Le samedi 1er octobre, une grève des PTT au centre d’Alger-Gare s’étendait le lendemain aux principaux centres des bureaux de poste. Dans le même temps, d’autres mouvements apparaissaient dans plusieurs autres villes comme à l’entreprise d’électroménager ENIEM à Tizi-Ouzou, « capitale » de la Kabylie. Dans la journée du 4 octobre, des appels à la grève générale circulaient dans les rues d’Alger.

Le 5 octobre, une manifestation lycéenne-étudiante s’est brusquement enflammée. L’explosion de rage et de violence a commencé dans le quartier populaire de Bab-el-Oued : le supermarché d’Etat du quartier est mis à sac, des camions de vivres sont pris d’assaut, de précieux sacs de semoule – denrée introuvable – roulent par terre et sont rapidement récupérés par des gamins, des voitures de police sont renversées et brûlées, un commissariat est saccagé, une statue d’un soldat, symbole de la révolution, est abattue ; Ryad-el-Fateh, véritable temple de la consommation, symbole de l’opulence arrogante des profiteurs, est également attaqué. Aucun quartier n’est épargné. Le lendemain, l’état de siège et le couvre-feu sont décrétés à Alger. Chadli donne tout pouvoir à l’ANP pour écraser le soulèvement dans le sang. L’armée ne lésine pas sur les moyens : blindés, chars, automitrailleuses et hélicoptères. L’émeute continue pendant trois jours malgré l’état de siège, et cette fois-ci dans un face à face mortel.

CHADLI ASSASSIN ! MITTERRAND COMPLICE !

Un groupe d’anciennes maquisardes de la guerre de libération s’est élevé contre les « graves « dépassements » commis, provoquant des tueries, des arrestations massives suivies de tortures intolérables » (Libération, 26 octobre). Le nombre de morts a été évalué à 500, pour la plupart des adolescents. Ceux qui ont été retenus dans des centres de détention ont subi des tortures multiples : « la bastonnade, mais aussi l’électricité, la baignoire, les sodomisations d’enfants et d’adultes avec des manches de pioches et des bouteilles, les viols d’enfants » (Ibid.) Comme pour ajouter à l’horreur, on apprend que la Villa Sésini, de sinistre mémoire, a été utilisée pour torturer les jeunes arrêtés en masse. (La Villa Sésini servait aux tortionnaires parachutistes français pour supplicier leurs pères durant la sale guerre.) Des affrontements très violents se sont déroulés dans d’autres villes (Mostaganem, Zeralda, Staoueli). Des manifestations ont également touché la Kabylie (dont l’agitation endémique contre l’« arabisation » forcée est régulièrement violemment réprimée par le régime) et se sont soldées par des dizaines de morts.

En 1835, Louis-Philippe, à propos de l’Algérie, déclarait cyniquement : « Qu’importe si cent mille coups de fusils partent en Afrique. L’Europe ne les entend pas. » Après les mitraillades d’Alger, les puissances impérialistes ont surtout entendu et « compris » Chadli et sa volonté de « restaurer l’ordre », pour reprendre les termes de la déclaration du gouvernement américain. Elles redoutent par-dessus tout une « déstabilisation » du régime néo-colonial, qui viendrait perturber leur juteuse exploitation, par « socialisme algérien » interposé, des richesses du pays.

Elles craignent aussi que les « désordres » gagnent le Maroc, la Tunisie… et la France même. Cette crainte explique l’attitude quasi-unanime des politiciens et de la presse de la bourgeoisie française : soutenons Chadli et Cie, mais avec prudence et circonspection. « Nous avons un million de citoyens algériens présents sur le territoire français », déclarait Rocard le 13 octobre. « Leurs attitudes, devant ce qui se passe en Algérie, sont partagées. Tout commentaire excessif pourrait les inciter, en plus, à se battre entre eux sur notre propre territoire » (le Monde, 15 octobre). Et le PCF a emboîté prudemment le pas à Rocard en expliquant que le carnage de Chadli et sa clique était une « affaire intérieure algérienne » dont il n’était question pour rien au monde de se mêler. Pour nous, révolutionnaires internationalistes, la présence sur le territoire français de centaines de milliers d’ouvriers algériens, intégrés à la classe ouvrière de ce pays, signifie avant tout que la construction de partis d’avant-garde trotskystes en Algérie et en France sont des tâches indissolublement liées.

LA BANQUEROUTE DU « SOCIALISME » VERSION FLN

Pour rétablir le calme, après cette semaine sanglante, le gouvernement algérien a rempli précipitamment les magasins, rétabli l’eau courante et vidé en partie les prisons. Après le plomb, il distribue du pain.

Les jeunes qui sont descendus par milliers dans les rues ne se sont pas fait tuer simplement parce que la semoule a disparu. La jeunesse se révolte parce qu’elle se retrouve sans avenir et sans espoir, et parce qu’elle voit l’arrogance et l’opulence des profiteurs du régime s’étaler chaque jour un peu plus. La moitié des Algériens âgés de 20 à 24 ans n’ont pas d’emploi, et chaque année, 170 000 jeunes arrivent sur le marché du travail. A Alger, il n’y a que deux piscines et sept cinémas pour deux millions de jeunes.

L’économie de l’Algérie indépendante est, depuis le début, dans les rets des requins impérialistes. A part les milliards de dinars qui servent à la corruption et à l’enrichissement de la bourgeoisie algérienne, la plus grande partie de la rente pétrolière et gazière est récupérée par l’impérialisme à travers trois formes de dépendance : alimentaire, financière et technologique.

Les bourgeoisies impérialistes se sont partagé les différents secteurs de l’économie algérienne par le biais de contrats mirifiques : on vend des usines « clefs en main » dont la production ne risque pas de les concurrencer (l’Algérie n’exporte rien en dehors des produits pétroliers et agricoles) ; on vend les pièces détachées et on vend des produits de consommation que ni l’industrie ni l’agriculture ne peuvent fournir. Le financement de l’industrie des hydrocarbures et des autres secteurs industriels a été réalisé par les revenus de la rente pétrolière, mais aussi pour une grande partie par l’endettement extérieur. Ainsi, la dette extérieure se montait en 1970 à 941 millions de dollars et atteignait en 1985 15,52 milliards de dollars. Le service de la dette à lui seul a oscillé dans les dernières années entre 25 et 30% du produit des exportations. L’industrialisation a été un moyen d’insertion de l’économie algérienne dans le système d’exploitation globale des impérialistes.

LA FAILLITE DU NATIONALISME

Aujourd’hui, la seule manifestation de « fierté nationale » que peut encore s’offrir le régime, c’est d’avoir anticipé de lui-même les cruelles mesures d’austérité que le FMI n’aurait pas manqué de lui dicter, afin de pouvoir payer rubis sur l’ongle les intérêts de ses dettes. Ce rôle peu reluisant d’auxiliaire local des vampires impérialistes ne constitue aucunement une « trahison » des idéaux originels du FLN, mais bien plutôt le contenu réel, concret et achevé du programme nationaliste bourgeois appliqué à un pays colonial.

L’Algérie accédait à l’indépendance en 1962. L’impérialisme français qui, quelques mois avant l’insurrection du 1er novembre 1954 venait de subir à Dien Bien Phu en Indochine une écrasante et humiliante défaite par les héroïques ouvriers et paysans vietnamiens, était épuisé en 1962.

Devant une situation instable au niveau interne, avec une armée menaçant de basculer à tout instant dans la rébellion (tel qu’en avril 61 avec le putsch des généraux à Alger), isolé internationalement, le Bonaparte de Gaulle octroie l’indépendance en signant les accords d’Evian avec le GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne). Ces accords, tout en reconnaissant la souveraineté algérienne, maintenaient le nouvel Etat dans la dépendance impérialiste ; il s’agissait d’une indépendance néo-coloniale.

L’équipe à qui l’administration et l’armée françaises remettent le pouvoir après Evian a un problème : le FLN entend ne pas rompre avec l’impérialisme et construire un Etat bourgeois, mais après plus d’un siècle d’exploitation brutale et de spoliation, les éléments bourgeois algériens sont extrêmement faibles sinon quasi inexistants. Les régimes bonapartistes vont s’employer à créer une économie d’Etat financée par la rente pétrolière, une industrie achetée clefs en main aux impérialistes. Ces derniers n’exploiteront pas directement la main-d’oeuvre locale mais tireront jusqu’à la dernière goutte de la sueur des ouvriers et paysans algériens.

Dans les premières années de l’indépendance, il s’est trouvé des organisations de « gauche » ou d’« extrême gauche » pour voir dans l’équipe autour du président Ben Bella un gouvernement « ouvrier et paysan » similaire ou pouvant déboucher sur un Etat de type cubain ou même une variante de « socialisme ». Le pseudo-trotskyste Pablo, ex-secrétaire international de la « Quatrième Internationale » des liquidateurs dont se réclament encore les Krivine et autres Mandel, ira jusqu’à entrer dans le gouvernement bourgeois de Ben Bella (aujourd’hui démagogue islamiste sans scrupules) en tant que conseiller économique privilégié. Si les guérilleros castristes qui avaient pris le pouvoir à La Havane se sont vus contraints d’exproprier la bourgeoisie à Cuba, créant ainsi par le haut un Etat ouvrier déformé, c’est que leur existence était menacée par l’hostilité implacable de l’impérialisme US ; au contraire, l’Etat algérien est né sous les auspices et la dépendance de l’impérialisme français. Dans une certaine mesure, de Gaulle avait tiré les leçons de Cuba et, plutôt que de continuer une campagne meurtrière contre le FLN-ALN aux résultats incertains en Algérie et aux conséquences dangereuses en « métropole », il avait préféré traiter avec ceux qui, le 1er novembre 1954, appelaient à un « Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ».

L’« ARABISATION » FORCÉE CONTRE LES KABYLES

Dirigée par des nationalistes petits-bourgeois profondément hostiles à la classe ouvrière, malgré leur rhétorique « socialiste », la lutte héroïque du peuple algérien n’a pas, loin de là, mené à une véritable libération sociale des travailleurs, des femmes et des minorités nationales (Berbères, Touaregs).

Le FLN a entrepris de « construire la nation algérienne » au moyen de décrets-lois et de la matraque du gendarme, une politique dont la campagne d’« arabisation » forcée a constitué l’expression la plus achevée. Cette politique réactionnaire a eu comme pendant obligé, dès le début, une négation brutale des droits démocratiques des Berbères de Kabylie, qui avaient été aux premiers rangs de la lutte de libération nationale.

Dans les dernières années, la Kabylie et particulièrement Tizi-Ouzou ont subi la répression de l’armée et de la police ; en 1980, le régime réagira brutalement contre des étudiants kabyles à Alger qui demandent la « liberté d’expression » et la « culture kabyle ». La violence policière fera des dizaines de blessés et au moins un mort. Des centaines d’étudiants seront arrêtés. En avril de la même année, le pouvoir ferme l’université de Tizi-Ouzou et arrête des centaines de personnes. En mars 1981, Tizi-Ouzou se rebelle après l’invasion brutale de l’université par les forces de répression. Le nationalisme féroce du FLN ne peut trouver que la répression ou le sempiternel « complot » à répondre aux nationalistes berbères. Contre le programme réactionnaire des nationalistes, nous, marxistes, exigeons avec Lénine la « suppression absolue de tout privilège pour quelque nation et quelque langue que ce soit » (« Notes critiques sur la question nationale », Œuvres, tome 20).

Si elle est avant tout dirigée contre les Kabyles, la campagne d’« arabisation » cherche aussi, en supprimant l’enseignement du français, à couper encore davantage la jeunesse algérienne de la culture mondiale – dans un pays où le quotidien gouvernemental le plus lu, et de très loin, est celui publié en français ! Pour nous, marxistes, « le mot d’ordre de la démocratie ouvrière n’est pas la « culture nationale », mais la culture internationale du démocratisme et du mouvement ouvrier mondial » (Ibid.)

A BAS LE VOILE ! A BAS LA CHARIA’H !

S’il est un domaine où les prétentions « progressistes » du régime contrastent cruellement avec la réalité sociale, c’est bien la condition des femmes. Vingt-cinq ans après l’émancipation du pays du joug direct colonial, les femmes restent exclues du monde du salariat, de toute la vie publique, éternelles mineures soumises au carcan de la famille traditionnelle et d’une législation directement inspirée de la charia’h islamique. Que d’espoirs piétinés pour les courageuses combattantes qui ont rejoint le FLN dans la lutte pour la libération !

La société « moderne », le monde des salariés urbanisés, est presque totalement interdite aux femmes : en 1987, elles représentaient seulement 7 % de la population active. A la sortie de l’école, du lycée ou de l’université, la quasi-totalité d’entre elles, après un mariage « arrangé » (c’est-à-dire forcé) seront condamnées à une vie d’esclave domestique, une vie rythmée par les grossesses non désirées (l’avortement est interdit, la contraception n’est accessible qu’avec l’accord du mari), partagée entre les quatre murs de logements exigus et d’interminables queues dans des magasins où tout manque. Et le voile qui isole et concrétise la ségrégation des femmes dans la société est toujours plus imposé.

Et il ne s’agit pas là de « survivances », de « séquelles » d’un passé en voie de disparition, mais de la politique officielle de l’Algérie « socialiste ». En 1978, un haut responsable du FLN (et colonel), devant le IVe congrès de l’UNFA, l’organisation de femmes du FLN, après avoir évoqué « la revendication de la liberté, de l’égalité des salaires et dans le travail, ainsi que dans la discussion en commun de problèmes tels que le divorce, le mariage ou la participation à l’action politique », déclarait : « Ce genre de préoccupations qui prévalent dans le monde capitaliste découlent en réalité d’attitudes bourgeoises dénuées de toute dimension sociale et procèdent de l’individualisme et de l’égoïsme » (le Monde, 3 octobre 1978).

Dans la même veine, le nouveau Code de la famille, de 1984, reprend les dispositions essentielles de la charia’h. Une des revendications démocratiques élémentaires les plus urgentes pour l’Algérie est d’exiger la stricte séparation de la religion et de l’Etat. A bas la charia’h!

LES INTEGRISTES : UNE MENACE MORTELLE

Malgré leurs tentatives, les intégristes islamistes n’ont pas réussi a s’emparer du mouvement de révolte de la jeunesse. Mais le danger existe et la politique du FLN, loin de leur couper l’herbe sous le pied en couvrant le pays de mosquées, ne peut que les légitimer. Les terroristes islamiques, qui vitriolent les jambes nues des jeunes filles, incendiaient un hôtel et détruisaient un dépôt de spiritueux en janvier 1980, ne peuvent que profiter de la décomposition de la société algérienne et offrir, face à la faillite du nationalisme, une « perspective » désastreuse aux masses marginalisées des sans-emploi.

La tragédie de l’Algérie a été et est toujours l’absence de parti révolutionnaire ouvrier. Dans les années 50 et 60, la capitulation éhontée des mentors de Krivine qui voyaient dans Ben Bella la direction révolutionnaire des ouvriers et paysans algériens et la trahison ignominieuse du PCF et de son appendice algérien le PCA, laisseront le champ libre au FLN pour prendre la tête des masses et, après avoir détruit ses concurrents nationalistes du MNA de Messali Hadj, transformer le prolétariat de la « Wilaya 7» en France en pourvoyeur de fonds passif.

Après avoir été un ardent partisan de l’« Union française », le PCF ne se prononcera pour le « droit de la nation algérienne à l’indépendance » qu’en 1959, lors de son XVe congrès – précisément au moment où, avec de Gaulle, l’impérialisme français se dirigeait vers une solution néo-coloniale pour sortir, au mieux de ses intérêts, d’une guerre ingagnable. Rien d’étonnant à ce que le PCF, trois ans plus tard, ait soutenu les accords d’Evian.

POUR UN PARTI TROTSKYSTE !

Aujourd’hui, si l’« industrialisation » n’a pas engagé l’Algérie sur la voie d’un développement économique réel, elle a cependant créé un réel prolétariat, que les nationalistes du FLN redoutent plus que tout et à qui ils ont sans relâche cherché à imposer une discipline de fer. Pour ce faire, leur instrument principal a été le « syndicat unique » UGTA, fondé par le MTLD de Messali Hadj en 1953 et qualitativement caporalisé en 1962-63. Les travailleurs algériens doivent briser ce carcan et construire de véritables syndicats indépendants de l’Etat capitaliste.

Le prolétariat algérien doit se dresser sur ses jambes pour arracher le pouvoir des mains des banqueroutiers du FLN, et créer un gouvernement ouvrier et paysan qui mette réellement le socialisme à l’ordre du jour. Pour ce faire, les ouvriers d’Algérie ont besoin, contre le poison du nationalisme (algérien ou « arabe »), d’une perspective authentiquement prolétarienne et internationaliste : celle d’une fédération socialiste de tout le Maghreb, et au-delà, de la révolution internationale s’étendant aux métropoles impérialistes. Ils ont besoin d’un parti d’avant-garde léniniste-trotskyste, d’un parti tribun du peuple et de tous les opprimés, de la section algérienne d’une Quatrième Internationale reforgée.

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