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Akli Bounane : Une deuxième tuerie, comme en 1945, sous un gouvernement de « gauche »

Article d’Akli Bounane paru dans Le Libertaire, n° 473, 5 avril 1956, p. 2


Un travailleur algérien écrit au « Libertaire » :

Pendant la guerre de 39 à 45, les Algériens ont combattu côte à côte avec les Français.

Ces combattants ont retenu les promesses que les gouvernants français leur ont faites, c’est-à-dire les laisser libres une fois que la France serait libre.

Conscients d’avoir aidé à la victoire du 8 mai 1945, les Algériens, pour fêter la libération de la France et de l’Algérie, défilent avec un drapeau algérien ou « fellagha » à côté du tricolore et de celui des Nations Unies.

Combien leur a-t-il conté ce défilé de la libération ? 45.000 morts, hommes, femmes, enfants, vieillards, assassinés sauvagement, brûlés vifs dans des fours à chaux, fusillades Sommaires, éventrements, mutilations, bombardement des côtes de Bougie avec le navire de guerre « Duguesclin », bombardement des villes et villages avec l’aviation (Charles Tillon (P.C.F.) étant ministre de l’Air).

Actuellement la gauche est, comme en 1945, au gouvernement. Où sont les belles promesses des élections ? Même ceux en qui, nous Algériens, espérions encore un tout petit peu, ont voté les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet, pour faire la guerre à outrance. A cause de tous ceux-ci, les travailleurs français se laissent tromper par les capitalistes et acceptent de nous combattre.

Un député radical dépose son mandat et s’engage pour la durée de la guerre d’Algérie !

Bon courage, mon député ! Nous te rencontrerons bien un jour sur le champ de bataille, si tu n’es pas caché dans les bureaux, car nous sommes tous disposés à ramasser nos bagages et regagner notre patrie en danger afin de mourir ou vivre au milieu des nôtres.

Notre point de vue de rentrer en Algérie n’est pas seulement pour faire face à ceux qui veulent nous combattre, ou pour protéger nos jeunes femmes que nous avons laissées seules, mais aussi pour montrer au patronat combien vaut un ouvrier nord-africain exploité à un bas salaire (depuis plusieurs mois les allocations à leur famille en Algérie ne sont pas versées). Nous ne voulons plus aider à fabriquer des armes et des véhicules pour la reconquête de notre pays qui est aujourd’hui à feu et à sang.

Nos esprits, avec audace, ne veulent plus être serviles des patrons français. Nous décidons donc le divorce avec eux et leurs gouvernements.

Car depuis 1830, gouvernements et patrons ont semé en Algérie la haine et c’est normal qu’ils récoltent la tempête.

AKLI.

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