Article paru dans Réalités Algériennes, n° 23, juin 1962, p. 6-7
D’aucuns espéraient que la lutte fratricide F.L.N.-M.N.A. s’arrêterait et que les nationalistes se réconcilieraient dès la fin de la guerre d’Algérie.
Il n’en est rien. Au contraire, la F.L.N. a continué ses provocations, en appliquant une nouvelle méthode de lutte et en mettant à profit l’autorité qu’il a acquise grâce aux accords d’Evian. C’est ainsi qu’au cours du mois de Mai écoules, a lancé, il a lancé en masse ses commandos, ostensiblement armés de gourdins, couteaux, barres de fer, haches, etc… contre les militants du M.N.A. qui travaillent dans certains centres industriels de France, tels que Valenciennes, Blanc-Misseron, Quiévrechain, Longwy, Nancy, Metz, Lyon, Clermont-Ferrand, etc…
Le but manifeste du F.L.N. était d’intimider nos militants et de les contraindre à quitter les rangs de leur mouvement pour rejoindre les siens. Si la tentative échouait, les commandas F.L.N. mettraient à sac les cafés et les hôtels M.N.A., battraient les militants et amèneraient de force leurs dirigeants pour être séquestrés et torturés dans des caves ou étranglés et leurs cadavres jetés dans le fleuve ou la forêt, de la région. De tels faits se sont effectivement produits dans certains lieux.
Évidemment, nos militants se sont défendus. Il est à noter, cependant, que la police française est intervenue dans la plupart des cas, non pour arrêter les agresseurs et les empêcher de faire leur besogne de destruction et d’assassinat, mais plutôt pour interpeller nos militants et les sommer de se rendre.
Les attaques du F.L.N. ne se bornent pas seulement à nos militants de France. Ceux d’Algérie connaissent un sort semblable sinon pire. Beaucoup d’entre eux sont menacés, voire pourchassés et traqués, arrêtés et torturés. D’autres qui viennent à peine d’être libérés des prisons et des camps ont été sommés de rester chez eux et de se taire. D’autres, enfin, ont été purement et simplement enlevés et dirigés vers des destinations inconnues. Depuis, on ignore tout de leur sort et leur famille de manifester son impatience et son inquiétude.
Voilà où en est la situation du M.N.A. à la veille de l’indépendance nationale, cet objectif qu’il a été le premier à proclamer et pour lequel il a tant lutté et souffert.
Ne sont-ce pas la lutte constante de ce mouvement et son intransigeance sur les droits sacrés de notre peuple qui lui ont valu, au cours de son existence, toutes sortes de répression, de calomnies, de jalousie et de haine ?
N’est-ce pas parce qu’il a résisté à toutes les compromissions, déjoué tous les complots et dénoncé toutes les manœuvres colonialistes, que ses adversaires de tous bords ont préféré ne point traiter avec lui et qu’ils ont tenté de l’isoler du peuple, de l’affaiblir, voire de le détruire ?
Peine perdue !
Le M.N.A. ne peut pas mourir. Il reste enraciné dans l’esprit et le cœur du peuple algérien qui continue de lui faire confiance, quelles que soient les circonstances et les difficultés.
Cependant, conscient de la situation actuelle du pays qui se trouve à la veille de sa libération nationale, le M.N.A. veut oublier toutes les misères du passé. Comme il l’a fait à maintes reprises depuis le début de la Révolution, il appelle, une fois de plus, à l’union et à la réconciliation de tous les Algériens. Il s’agit aujourd’hui, non de se vanter ou de monopoliser tel ou tel avantage de la Révolution, mais de construire la Nation algérienne et sa jeune République que notre peuple désire libre et souveraine, fraternelle et démocratique. On y parviendra à coup sûr, si chaque Algérien efface de son esprit les mauvais souvenirs du passé et détache de son cœur les sentiments d’orgueil, de haine et d’égoïsme qui le torturent.
Pour sa part, le M.N.A. a déjà dit présent et tendu la main. Il attend…