Etude d’Armand Dymenstajn parue dans Droit et Liberté, n° 194 (298), novembre 1960, p. 6 ; suivie de la « Lettre d’un Algérien », publiée dans Droit et Liberté, n° 195 (299), décembre 1960, p. 3
DEPUIS 6 ans déjà que dure le drame algérien combien de personnes se sont-elles inquiétées de connaître quelle était la situation des Algériens en France ? Pourtant nombreux sont ceux qui dénoncent les rafles « au faciès » et le caractère raciste de certaines attitudes.
Mais un examen, même rapide, de la condition faite en France aux Algériens ne peut qu’éveiller des rapprochements, faire apparaître des analogies avec une époque que tous les antiracistes et tous les républicains voudraient voir à jamais révolue.
Le texte fondamental qui régit la condition des Algériens en France, est l’ordonnance n° 58.916 du 7-10-1958 (« J.O. » du 8-10-1958) « relative aux mesures à prendre à l’égard des personnes dangereuses pour la sécurité publique en raison de l’aide qu’elles apportent aux rebelles des départements algériens ».
Cette ordonnance, courte, ne comprend que quatre articles.
Aux termes de l’article premier
« les personnes dangereuses pour la sécurité publique en raison de l’aide matérielle, directe ou indirecte, qu’elles apportent aux rebelles des départements algériens peuvent, par arrêté du Ministre de l’Intérieur, soit être éloignées des lieux où elles résident, soit être astreintes à résider dans une localité spécialement désignée à ce sujet, soit être internées administrativement dans un établissement désigné par le Ministre de l’Intérieur ».
« Les mesures prévues ci-dessus peuvent être prononcées par arrêté, dans le département de la Seine, par le Préfet de Police et dans les autres départements par les Préfets, mais seulement pour une durée de 15 jours … »
L’article 3 institue auprès du Ministre de l’Intérieur une Commission de Vérification des Mesures de sécurité publique composée en majorité de magistrats de l’Ordre Judiciaire.
Et effectivement cette Commission de Vérification dont la composition et le fonctionnement ont été fixés par le décret n° 58-918 du 7-10-1958, est en place.
L’article 4 enfin, indique que :
« Tout moyen de transport utilisé par les personnes dangereuses pour la sécurité publique en raison de l’aide matérielle, directe ou indirecte, qu’elles apportent aux rebelles des départements algériens peut être retenu sans indemnité par les autorités administratives aux fins de toutes vérifications utiles. »
Cette ordonnance qui crée officiellement ces camps d’internement, en France, livre les Algériens au pouvoir discrétionnaire de la police. Et malheureusement l’expérience nous apprend que lorsque une autorité administrative quelconque bénéficie d’un pouvoir discrétionnaire, immanquablement elle en abuse. L’ordonnance doit en principe s’appliquer aux personnes dangereuses, mais comment reconnaît-on une personne dangereuse ? C’est le Préfet de Police qui en décide. Tout Algérien, contre lequel aucun délit n’a été retenu peut ainsi se voir interdit de séjour dans le département où il demeure, où il travaille, peut se voir fixer telle résidence, peut se voir interner administrativement.
Des Algériens purement et simplement relaxés par le tribunal correctionnel ont été internés à la sortie de l’audience.
Il existe, il est vrai, la Commission de Vérification, qui doit être saisie dans « le mois de leur mise à exécution » des décisions prises en application de l’article premier de l’ordonnance. Mais la pratique révèle que cette Commission n’a d’efficacité que pour les cas d’internement administratif.
En effet, que peut-elle faire lorsque des mesures d’éloignement sont prises pour 15 jours seulement ?
La pratique policière a instauré des centres de triage, de contrôle, celui de Vincennes est le plus connu, où des Algériens peuvent séjourner plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
L’ordonnance permet à tout intéressé contre lequel une décision a été prise en vertu de l’article premier de l’ordonnance de déposer une requête à la Commission de Vérification qui doit se prononcer dans le mois, mais la plupart du temps les arrêtés sont notifiés verbalement.
A Paris et dans le département de la Seine, le Préfet de Police a « recommandé » aux Algériens de ne pas sortir après 21 heures ou 22 heures et désormais, par suite de cette « recommandation » tout Algérien, ouvrier, commerçant ou professeur doit solliciter un permis de circuler, s’il veut sortir le soir à condition qu’il excipe de motifs importants.
Par une contorsion ahurissante des termes de l’article 4 de l’ordonnance sus-cité, qui prévoit que les moyens de transport des seules personnes « dangereuses » peuvent être retenus aux fins de toutes vérifications utiles, il est imposé à tout Algérien propriétaire ou utilisateur d’une automobile de solliciter une autorisation – à durée déterminée – de circuler en automobile.
Enfin, un Algérien vivant à Paris ne peut se faire délivrer une carte d’identité au commissariat de son domicile, il doit s’adresser à un service spécial à Nanterre et il lui faut apporter six photographies d’identité.
Aucun passeport, sauf cas exceptionnel, n’est délivré à ces « citoyens à part entière ».
Par plus d’un aspect la condition des Algériens en France rappelle celle des Juifs sous l’occupation. Aucun insigne distinctif n’existe à l’exemple de l’étoile jaune, il n’en est pas besoin, les rafles au faciès le prouve. Mais pour le reste … il existe en fait pour les Algériens un couvre-feu, ils relèvent d’une police spéciale (harkis), ils ne sont assurés ni de la permanence de leur domicile, ni de leur travail (interdiction de séjour, internement).
Tels sont les faits : l’ordonnance ne vise que les personnes dangereuses, la pratique instaurée inverse les données et fait que tout Algérien est d’abord présumé dangereux.
Connaître et faire connaître cette situation dramatique où nous plonge la continuation du conflit algérien, c’est le devoir de tous les antiracistes qui œuvreront unis pour la solution négociée du problème algérien.
Par Me A. Dymenstajn
Pour avoir relevé d’odieux propos racistes
Le syndicaliste André ILLAT POIGNARDE
Une agression particulièrement significative du climat créé par la guerre d’Algérie a eu lieu le 7 octobre au soir, à Pantin, dans la banlieue parisienne.
Un ouvrier de cette localité, M. André Illat, secrétaire-adjoint du syndicat C.G.T. des Menuisiers-Charpentiers, entra dans un café de la rue Hoche, en compagnie d’un travailleur algérien.
Trois individus se trouvaient au comptoir. Ils se mirent, aussitôt à tenir des grossiers propos racistes.
– Ça sent l’Arabe ici ! s’écria l’un deux, en excitant son chien contre l’Algérien.
Comme M. Illat protestait, les trois racistes s’en prirent à lui :
– Alors, vous êtes pour les ratons ?
– Je suis pour l’entente entre tous les peuples, répondit-il.
Puis il sortit.
Mais les trois énergumènes l’avaient suivi, l’entouraient. L’un d’eux – habitué sans doute à porter lui-même des armes – palpa ses poches pour s’assurer qu’il n’était pas armé. Et ils lui assénèrent des coups violents à la tête, au visage, au ventre.
Se défendant avec vigueur, malgré la surprise de l’attaque, André Illat parvint à mettre hors de combat ses agresseurs. Il rentra ensuite chez lui, cachant son visage ensanglanté.
C’est seulement lorsqu’il se déshabilla que le sang jaillit de son ventre et il s’aperçut que c’était avec un poignard qu’on l’avait frappé.
L’intestin perforé, il fut conduit à l’hôpital Saint-Louis, où il subit une longue intervention.
Il convient ici de souligner l’attitude étrange de la police. Pendant qu’André Illat était entre la vie et la mort, des inspecteurs et des agents, au lieu de rechercher les coupables sur les lieux mêmes de l’agression, se rendirent chez la victime, et interrogèrent pendant deux heures sa femme à bout de forces, essayant de lui faire dire que c’était elle qui avait poignardé son mari. Les deux enfants d’André Illat furent eux-mêmes soumis à l’interrogatoire.
Quant aux agresseurs racistes, ils ont disparu. Bien qu’André Illat ait reconnu l’un d’eux sur des photos qui lui ont été présentées, on ne les a pas retrouvés.
UN MEETING DE PROTESTATION
Le M.R.A.P., aussitôt après l’incident, a adressé au Préfet de Police, une lettre demandant
« que les criminels qui se sont livrés à cette sauvage attaque soient recherchés avec toute la diligence possible et rapidement remis à la justice en vue d’une condamnation exemplaire ».
Nos amis Albert Lévy et Sonia Bianchi se sont rendus au chevet d’Illat, à l’hôpital pour lui exprimer la sympathie agissante du M.R.A.P.
Un meeting de protestation s’est déroulé à Pantin, sous l’égide d’un groupe de personnalités représentant les milieux les plus divers : syndicalistes CGT, CFTC et FO, Parti Communiste Français, PSU, SFIO, MRP, Ligue des Droits de l’Homme, Secours Populaire, ainsi que la municipalité présidée par M. Jean Lolive.
Au cours de ce meeting, auquel le M.R.A.P. s’était également associé, notre secrétaire général, Charles Palant, a pris la parole, déclarant notamment :
« Nous sommes ici, ce soir, des femmes, des hommes que des divergences séparent peut-être sur de nombreuses questions. Nous partageons pourtant une légitime, une commune indignation parce qu’un homme, un honnête homme a failli payer de sa vie le refus d’un racisme odieux.
« Cette indignation, cette protestation, c’est aussi notre refus commun du racisme, qui déshonore notre pays : un pays qui, il y a 15 ans, se dressait pour chasser l’envahisseur raciste, la peste nazie, durant laquelle des millions d’hommes, de femmes, d’enfants furent assassinés pour le crime d’être nés hors la race des seigneurs.
« Mais aujourd’hui, en France, à Paris, le racisme se donne libre cours, qui fait de dizaines de milliers de travailleurs algériens, des parias sans recours, pourchassés dans les rues, ou ils sont raflés « au faciès », détenus, et parfois assassinés sans que personne n’ait à rendre de comptes. »
Soulignant que cette situation résulte de la guerre d’Algérie, il termina par un vibrant appel à l’union
« en un mouvement irrésistible pour rendre à la France la paix, et son visage de messager des Droits de l’Homme et de la dignité humaine ».
UNE LETTRE D’ANDRE ILLAT
En convalescence dans une maison de repos, André Illat a adressé à Albert Lévy la lettre suivante :
Cher Ami,
J’espère ne pas vous choquer par cette appellation, mais elle m’est apparue juste, après avoir réfléchi que nous avons de nombreux points communs dans nos actions respectives. Je veux, en quelques lignes, vous dire combien vos marques de sympathie à mon égard m’ont été agréables et vous remercier également pour l’aide matérielle immédiatement apportée à mon foyer.
Il me faut également féliciter notre ami Palant pour sa magnifique intervention au meeting de Pantin.
Pensant que l’on ne doit pas être obligatoirement israélite pour mener la lutte contre l’antisémitisme, je serai heureux de pouvoir vous aider. Dans l’attente de vous lire, je vous prie de transmettre mes remerciements à votre Organisation et vous tends une main loyale.
A note tour de remercier André Illat. Nous lui souhaitons de tout cœur un prompt rétablissement, un prompt retour parmi les siens, dans la grande famille des combattants de la paix et de la fraternité.
Une déclaration du M.R.A.P. sur le drame algérien
Le M.R.A.P. a rendu publique, le 20 octobre 1960, la déclaration suivante :
LE drame algérien, qui pèse aujourd’hui sur tous les aspects de la vie nationale, a également, sur le plan du racisme, des conséquences néfastes, préjudiciables aux traditions comme aux intérêts de notre pays, et que le M.R.A.P. tient à souligner à nouveau devant l’opinion publique, en cette période décisive où s’affirme dans les milieux les plus divers et sous des formes multiples, la volonté d’une paix négociée.
Le lâche attentat perpétré à Pantin, le 7 octobre, par trois individus contre un travailleur français qui avait relevé leurs propos odieux ; les expéditions punitives contre les Algériens, organisées par des jeunes gens de Pavillons-sous-Bois, que les Assises de la Seine viennent de condamner ; les agissements de certains supplétifs amenés à Paris et qui, cet été, se sont livrés à un raid antisémite contre un café de la rue François-Miron : tous ces faits témoignent, entre autres, des haines et des violences que le drame algérien peut engendrer.
Le drame algérien est aussi à l’origine, de la part des pouvoirs publics, de mesures et d’opérations fondées indiscutablement sur le critère racial et visant la totalité des Algériens musulmans : rafles au « faciès » ; discriminations systématiques dans l’établissement des cartes d’identité et des passeports ; surveillance permanente par une police spécialisée ; interdiction pour les Algériens de se déplacer le soir ou de circuler en voiture sans laissez-passer établis pour une période déterminée ; camps de « triage » et « d’hébergement » où des Algériens sont internés alors qu’aucun délit n’est retenu contre eux ; camps de « regroupement » forcé en Algérie même, où les conditions de vie, selon de nombreux témoignages, sont des plus inhumaines.
Cette situation ouvre la voie aux brimades, aux brutalités de toutes sortes qui constituent autant d’atteintes à la dignité humaine et creusent toujours plus le fossé entre des populations qui, sur un pied d’égalité, pourraient s’entendre et coopérer.
LE Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix (M.R.A.P.) appelle les démocrates à s’opposer avec vigilance et détermination à toutes les manifestations de racisme nées du drame algérien, qui ne sauraient les laisser insensibles.
Il appelle les gens de cœur à affirmer et à promouvoir à toute occasion, par tous les moyens l’esprit de fraternité et de compréhension humaine en vue de contribuer à la création d’un climat favorable à la paix.
Certain d’exprimer la volonté unanime de l’opinion antiraciste, il souhaite, pour que cessent, de part et d’autre, les conséquences cruelles de ce conflit, que soit activement recherchée par la négociation une solution pacifique, qui ne peut se fonder que sur le respect de la dignité de tous les hommes dans leur diversité, et sur la reconnaissance loyale de leur droit à déterminer leur propre destin. Se félicitant de l’union réalisée par les grandes organisations de travailleurs, d’universitaires et d’étudiants en vue d’une Journée Nationale d’action pour la négociation en Algérie, le M.R.A.P. invite les antiracistes à apporter leur soutien actif à cette initiative et aux diverses manifestations qui en résulteront.
LETTRE D’UN ALGERIEN
Nous avons publié dans notre dernier numéro une importante étude de M. Armand Dymenstajn sur les brimades administratives dont sont victimes les Algériens vivant en France. C’est sous un angle différent qu’est analysée la condition des Algériens dans la lettre émouvante que nous reproduisons ci-dessous :
« NOUS n’acceptons pas de fleurs des Algériens » m’a répondu ce matin la concierge à laquelle j’offrais un bouquet de fleurs en récompense de la régularité avec laquelle elle me remet le courrier.
Excepté dans de rares milieux où je suis connu, je n’ai jamais eu l’impression d’être accepté en France. Je vis à Paris depuis un an. A « Paris, la ville qui chante » pour reprendre le vers d’un poète kabyle. Que de dérision renferment ces mots pour un Algérien ! Paris chante, c’est vrai, mais pour qui ?
Je vois toujours venir avec beaucoup d’appréhension le dimanche, car ce jour-là, Paris est un banquet où je ne peux pas être convive.
Je promène parfois mon teint bronzé et mes cheveux frisés dans la ville joyeuse, dans ses rues « suréclairées » la nuit, obsédé par cette confidence d’un jeune ouvrier algérien :
« le dimanche, il m’arrive d’aller trois fois au cinéma, tout seul, tellement je m’ennuie ».
Avant de venir en France, je m’entendais dire : « tu verras le Français de France, le vrai Français ! ».
En débarquant à Marseille par un matin ensoleillé de septembre je voyais se réaliser l’un de mes rêves. La vallée du Rhône et sa verdure, les paysages harmonieux, les longues routes droites, ombragées et le champagne offert par la famille qui m’hébergea à Chagny me firent entrevoir un séjour heureux en France.
Deux jours après, je demandais mon chemin à une jeune femme à Lille : elle prit la fuite sans répondre.
L’entrée des bals n’est pas interdite aux Algériens, mais il m’est arrivé de passer plusieurs heures dans les bals, à Paris ou dans le Nord, sans pouvoir danser une seule fois. Un soir j’allais tenter ma chance à Courtrai, en Belgique : pas une danse ne me fut refusée.
Il serait injuste de dire que tous les Français sont racistes. Certaines familles m’ont reçu comme si j’étais l’un des leurs.
Mais au milieu de la foule, je me sens indésirable. En général, le racisme n’est pas apparent. On le reconnaît à cette impression de solitude qu’on ressent même dans les rues les plus animées, à un regard ou à l’absence de regard. Les yeux qu’on regarde ont l’air de miroirs ternis.
Mais parfois, ce matin par exemple, il se découvre dans toute sa laideur et on se sent repoussé même par les objets inanimés.
Je n’ai pas été victime de maladresses administratives. Je suis logé décemment et, si je devais subir des tentations, ce seraient plutôt celles de l’aisance. Je suis relativement familiarisé avec la langue et les mœurs françaises.
Je n’en suis pas pour autant à l’abri du racisme. Faut-il donc admettre le dicton qui affirme : « l’Arabe est toujours un Arabe, fût-il le colonel Ben Daoud ? »
Aura-t-il toujours raison ce compatriote qui me disait en 1952 : « avec les Français tu n’auras droit qu’au mépris ou à la haine » ?
Le malaise de l’Algérien en France provient en réalité du fait qu’on ne le considère ni Français, ni étranger. En effet, lequel d’entre nous n’a-t-il pas provoqué l’étonnement de son interlocuteur français auquel il répond : « je suis français » ? On soutient qu’outre-mer l’Européen est raciste parce qu’il est en minorité. Comment expliquer alors le comportement de certains métropolitains ? Faut-il incriminer les « légendes importées sur les Nord-Africains » ? Il me semble que l’une des causes du racisme est le style de certains journaux qui titrent en gros caractères « Un Nord-Africain » a commis une agression, ou quelque autre violence. N’étant pas statisticien, j’ignore si la proportion des méfaits imputables aux « Nord-Africains » est supérieur à la moyenne de ceux commis par d’autres citoyens. Quand même elle le serait, cela ne s’expliquerait-il pas par les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’enfance du coupable ou par ses conditions de vie actuelles ? La lecture de certains journaux risque de donner à tout Algérien un complexe de culpabilité et dresse le Français contre l’Algérien. Il est patent que ces journaux « savent ce qu’ils font ». On serait donc tenté de croire qu’ils œuvrent pour l’unification de l’Afrique du Nord. A notre époque de grands ensembles, cette entreprise n’est pas blâmable. Que dire, en outre, de l’emploi du terme « abattu » pour dire qu’un Algérien a été tué ?
Le rédacteur en chef de « Nord-Eclair » prescrit à son personnel de n’utiliser le mot « abattu » que pour les animaux et les arbres. Il considère donc les Algériens comme des êtres humains. N’est-ce pas pour faire échec aux adversaires de l’intégration véritable, celle des cœurs ?
Dans un récent article du « Monde » sur ces problèmes, M. Pierre Renier met l’accent sur des nécessités d’ordre économique pour inciter le Français à plus de compréhension envers les Algériens.
Ne serait-il pas plus conforme aux idées progressistes du XXe siècle d’écrire :
« le temps du racisme est révolu ; il n’y a pas de différences fondamentales entre les hommes quelle que soit la couleur de leur peau et le lien de leur naissance ; il est temps de construire une humanité fraternelle ».
« Tout cela demandera du temps et beaucoup de bonne volonté », conclut M. Pierre Renier.
Hélas ! De nos jours, l’Histoire n’attend pas !
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