Article d’André Marty paru dans les Cahiers du Communisme, 23e année, Nouvelle série, n° 8, août 1946, p. 678-705

La question algérienne est aujourd’hui posée avec acuité devant le peuple français. La constitution en cours d’élaboration devra tenir compte, en effet, de la revendication essentielle de l’immense majorité des populations algériennes : la liberté. Toute mauvaise volonté à cet égard entraînerait aux plus graves conséquences. Pour qui en douterait, il suffit de rappeler les élections du 2 juin en Algérie.
Dans le collège européen, le Parti Communiste algérien maintient ses positions. Il gagne dans la région industrielle d’Oran et compense ainsi les pertes subies dans la région d’Alger.
Ainsi donc, une couche importante d’Européens et de Musulmans, citoyens français, est restée fidèle au Parti Communiste algérien en dépit d’une campagne anticommuniste extrêmement violente.
Dans le Collège musulman, les élections du 2 juin ont constitué un succès pour les éléments nationalistes (1).
D’abord, par l’élection des candidats de l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (11 députés sur 13 presque tous libérés de prison en avril), par 71,07 % des suffrages exprimés (459.000 voix sur 633.000 suffrages exprimés). Mais aussi par la masse des abstentions, 52,92 % (700.084) abstentions dont une partie importante est due au Parti du Peuple Algérien (illégal), en protestation contre l’emprisonnement de son président, Hadj MESSALI, et contre le régime colonialiste. Il est donc évident qu’un profond courant national unifie et soulève les masses musulmanes.
Par conséquent la question nationale domine toute la vie algérienne.
Elle constitue ce que certains appellent le « malaise algérien », mais qui est en réalité un mouvement d’une puissance irrésistible, c’est un phénomène général dans toutes les colonies.
Quelle est donc l’origine de mouvements d’une telle ampleur ?
Les populations algériennes, comme les autres populations coloniales, viennent de voir s’achever une guerre gigantesque menée durant 6 ans par les peuples du monde entier pour le droit à l’existence nationale. Elles ont vu s’effondrer sous les coups des 3 grands Alliés et des peuples révoltés, l’impérialisme hitlérien, centre essentiel des « théories » racistes. Elles ont pris au sérieux les promesses solennelles qui ont été faites au cours de la guerre, en particulier par la Charte de l’Atlantique.
Or, dès qu’il vit approcher la fin de la guerre, le Gouvernement général de l’Algérie a cru pouvoir en finir, avec ce mouvement national et puissant, par ses procédés habituels : pousser à des émeutes, d’où prétexte à répression et tranquillité pendant un demi-siècle.
Et ce fut la provocation classique. Le 8 mai 1945, à Sétif, une manifestation musulmane autorisée se déroulait paisiblement dans les rues pour célébrer la fin de l’hitlérisme, lorsque la police voulut faire enlever un drapeau et des pancartes. Un premier coup de feu fut tiré sur la foule ; et ce fut la ruée des manifestants, le massacre de plusieurs Européens (2). Et aussitôt, suivit une répression brutale menée par les troupes et par des « milices » armées, spécialement créées.
Le même jour, Ferhat Abbas, auteur du « Manifeste Algérien » du 10 février 1943 réclamant une constitution algérienne, et ses partisans, comme le docteur Saadane, étaient arrêtés dans les bureaux du Gouvernement général. Il en fut de même du Cheikh Brahimi Bachir, président de l’Association des Oulémas.
Le Gouvernement général (et ses maîtres de Paris) espéraient ainsi être « tranquilles pendant 50 ans ». Ce fut le contraire. En quelques heures, une partie de la région de Constantine se souleva, l’incendie gagna la Kabylie. Le Gouvernement général, et le président du Gouvernement provisoire, chef suprême des forces armées, débordés par l’ampleur du mouvement, jetèrent dans cette région des masses de troupes (tanks, artillerie et aviation compris), tandis que la marine dominait en Kabylie. Sous la conduite d’administrateurs et de policiers, qui ne sont pas encore châtiés, ce furent des massacres sans nom.
Plus de 30.000 cadavres, parmi lesquels de nombreuses femmes et enfants, furent enterrés ou incinérés (sacrilège pour la règle musulmane), des villages entiers furent détruits.
Quoi d’étonnant si aux élections du 2 juin 1946 l’exaspération des masses musulmanes s’est manifestée d’abord, par une majorité d’abstentions, comme le demandaient les militants du Parti du Peuple Algérien, parti clandestin ? Quoi d’étonnant si la grande majorité des votants ont porté leurs suffrages sur les candidats des Amis du Manifeste, qu’ils considéraient comme des martyrs, jetés en prison pour avoir voulu la liberté.
Quant au Parti Communiste algérien, il avait obtenu un brillant succès par le vote de l’amnistie, le 1er mars 1946, dont il eut l’initiative de la campagne et de la défense à la Constituante. Cependant, ayant reculé sur sa propre ligne en estompant sa position nationale, comme le constata le Comité central des 20 et 21 juillet, il apparut comme un parti non algérien, et ses suffrages tombèrent de 135.000 à 53.000 au profit des Amis du Manifeste.
Les résultats du 2 juin ont donc révélé l’ampleur du courant national algérien.
Trois mois ont passé. La provocation dans les événements de mai 1945 est aujourd’hui évidente : le fait que le directeur des Affaires indigènes du Gouvernement général, le préfet de Constantine et le sous-préfet de Guelma ont été relevés de leurs fonctions, est l’aveu de la culpabilité des services du Gouvernement général (au moins).
Mais, comme aucune mesure n’a été prise, le « malaise » algérien non seulement a persisté, mais s’est étendu.
Si le Parti Communiste algérien n’avait pas eu l’initiative le 24 octobre 1945 de lancer une grande campagne d’amnistie pour les musulmans victimes de la provocation de Sétif, s’il n’avait pas obtenu le 1er mars 1946 le vote d’une amnistie presque générale, les pires événements eussent été à craindre. Et l’Algérie en eut souffert autant que la France.
La situation n’en demeure pas moins grave.
La misère est atroce dans tout le pays. Dans les villes, les affamés pullulent. Chaque nuit s’allonge la liste des morts de faim, de misère physiologique … Des enfants squelettiques en haillons errent sur les routes.
Il faut faire vite. Le temps presse.
I
LES TROIS PROBLEMES ALGERIENS
Pourquoi tant de souffrances, et aussi tant de colère ? C’est que la cause essentielle de la misère et de la famine réside en ce que l’Algérie est encore traitée en colonie.
Cela veut dire que le pays entier est exploité par un gigantesque monopole.
1) Du point de vue industriel
Toutes ses matières premières – phosphates, minerais, etc. – partent à l’extérieur aussitôt extraits du sol. En aucun cas ils ne sont utilises sur place. Ses phosphates lui reviennent de France transformés en engrais.
L’Algérie possède cependant des possibilités de développement rapide, par exemple d’une puissante industrie chimique : sels minéraux, sel gemme, potasses, huiles naturelles, possibilité d’extraire rapidement l’iode de la mer ; etc … Or, même durant la guerre, début 1944, l’inspecteur des finances Diethelm, Ministre de l’Economie du Gouvernement de Gaulle s’est refusé systématiquement à tout développement industriel. Pour les potasses, par exemple, son Cabinet (3) déclarait qu’on ne peut rien faire sans l’avis préalable du Comité des Potasses de Paris, qui était alors aux mains des hitlériens ! ! Le monopole exploiteur ne veut pas de concurrence !
Voilà pourquoi l’Algérie n’a pas de savon alors qu’on pourrait en fabriquer aisément sur place ! De même, l’Algérie ne possède ni industrie de papier, de carton, ni même de fabrique de sacs : elle exporte son alpha en Angleterre, d’où il lui revient sous forme de papier glacé !
Il y a possibilité de construire rapidement des usines de ciment artificiel, de développer très rapidement les industries alimentaires (pâtes alimentaires, confitures, semoules, industrie du froid, etc … ) Pratiquement, rien n’est fait.
Même les transports sont primitifs, et d’une capacité très restreinte.
Et voilà pourquoi le chômage étreint les travailleurs d’Algérie. Et voilà pourquoi les populations musulmanes y sont en loques. Voilà pourquoi l’excédent annuel de population (150.000 unités par an) ne trouve ni emploi, ni pain.
2) L’agriculture
Les terres cultivées ou en jachères comptent environ 6 millions 375 mille hectares dont 3 millions appartiennent aux Européens.
Or les statistiques de 1930 montrent qu’il n’existe plus que 26.153 colons européens.
1,8 % exploitent moins de 10 hectares
2,24 % cultivent de 10 à 50 hectares
15,5 % cultivent de 50 à 100 hectares
73,4 % cultivent plus de 100 hectares
Mais certains possèdent 15.000 hectares de terres à céréales.
La même statistique fixe à 1.338.770 le nombre des propriétaires autochtones possédant en moyenne 2 hectares.
Et le Gouvernement Général vient de déclarer :
« Nous avons dénombré 600.000 agriculteurs musulmans, dépourvus ou insuffisamment pourvus de terres, que nous nous efforçons de recaser ». (4).
Et voilà ce qui donne à l’Algérie cet aspect terrible pour le Français de la métropole : ouvriers et paysans en haillons, pieds nus, enfant à peine vêtus de loques, multiplicité de mendiants, malades et de dégénérés.
Pas de terres pour les autochtones devant les immenses domaines des 100 seigneurs qui n’ont rien de commun avec les premiers colons défricheurs de la Mitidja ! Alors que « les terrains domaniaux et communaux représentent 3.704.762 hectares ». (5).
Pas de terres pour une population qui s’accroît de 150.000 unités par an. Même les enfants des petits colons européens n’en n’ont pas.
Et pas d’industrie pour absorber les hommes jetés ainsi sur le marché du travail.
D’où misère atroce croissante.
Donc, première responsabilité : le système colonial.
Mais, ce n’est pas tout. L’Agriculture algérienne se divise en deux groupes : les cultures « riches », pour l’exportation. Et les cultures nourricières, céréales et élevage.
Or, la culture de céréales et l’élevage qui devraient nourrir le pays diminuent progressivement. En particulier, à partir de fin 1942, c’est-a-dire du débarquement allié, les surfaces emblavées ont considérablement diminué, malgré que la mobilisation n’ait appelé que 1,5 % des musulmans. (Sans parler de ce monsieur, qui, à la suite de l’internement de son père, gros colon, parce que vichyste, a jeté son blé dans la Tafna). (Et n’a même pas été poursuivi !)
Or, le rendement moyen à l’hectare calculé de 1920 à 1939 passe pour l’européen de 7,71 à 8,83 et pour l’autochtone de 4,52 à 4,71.
Et le Gouverneur Général reconnaît (6)
« En 1871, chaque habitant disposait de 5 quintaux par an, en 1900, il ne disposait plus que de 4 quintaux ; en 1940, de 2 quintaux 1/2. Et aujourd’hui, il n’a plus que 2 quintaux pour se nourrir. »
C’est-à-dire pas assez.
Parce que les moyens d’exploitation de la parcelle des autochtones sont extrêmement rudimentaires. Ils n’ont même pas de charrue, mais des araires en bois. Et aussi parce que l’irrigation n’est assurée qu’aux grandes propriétés. On a même vu (par exemple à M’Sila, Constantine) couper l’eau aux fellahs, pour la réserver aux gros propriétaires. Il a donc suffi de deux années de sécheresse et de sauterelles, pour affamer la population musulmane. Depuis 1943, la mortalité par la faim a considérablement, augmenté tandis que les populations émigrent vers les villes
Pendant ce temps, les cultures riches reçoivent des soins continus : c’est en premier lieu la vigne et aussi les agrumes, les arbres fruitiers et le tabac.
La vigne a subi un développement considérable. En 1901, elle couvrait 200.000 hectares, elle atteignit 400.000 en 1939.
Or, l’hebdomadaire nord-africain « Méditerranée » du 20 juillet 1946, explique qu’il faut :
« Augmenter les plantations de vignes d’au moins 200.000 hectares …
parce que
« la culture de la vigne est la plus « rentable ». Inutile de s’obstiner à vouloir produire du blé même pour la consommation locale lorsqu’on sait que le sol ne paye pas en blé. »
Cela, alors que la grande majorité des 8 millions d’habitants de l’Algérie, c’est-à-dire les 7 millions de Musulmans ne boivent pas de vin.
Donc, deuxième responsabilité de la famine : le système colonialiste et son Gouvernement général.
Devant une telle situation, le Gouvernement général met sur pied un système dit : Sections d’améliorations rurales (S.A.R.). Ce système consistera à concentrer les terres, à les cultiver avec les moyens modernes et à faire diriger ces nouvelles exploitations par un simple ingénieur agricole.
« Ainsi – écrit « Méditerranée » dut 20 juillet 1946 – des centaines et des milliers de propriétaires deviendront inutiles sur les lieux mêmes de leurs propriétés. »
Et ils quitteraient les campagnes, « qui ainsi ne verraient plus la famine ! » Evidemment !
Cela veut dire que les S.A.R. ne sont qu’un nouveau moyen d’expropriation des fellahs au bénéfice des sociétés capitalistes-impérialistes d’exploitation agricole.
Et voilà pourquoi le Gouverneur Général, dans sa conférence du 28 mai 1946, insiste sur la nécessité de diriger plus de 100.000 travailleurs Musulmans sur la métropole.
Le fait qu’à l’heure actuelle, de nombreux colons français vendent leurs terres pour investir leurs capitaux au Maroc ou ailleurs, ne fera que pousser leur administration à accélérer la formation des S.A.R. à la culture moderne intensive aux dépens de la population autochtone.
Ainsi apparaît la raison essentielle de la famine en Algérie et de son aggravation continue par le système colonialiste d’appropriation de la terre aux dépens des habitants, et de développement de cultures d’exportation rentable, contre les cultures alimentaires.
3) La situation de la classe ouvrière
Une troisième caractéristique de la situation en Algérie est la situation de la classe ouvrière. La masse de chômeurs affamés des campagnes fournit en permanence des manœuvres et des employés de tout âge utilisés pour fixer les salaires à un taux très bas, surtout loin des grandes villes. En outre, couramment, les autochtones sont classés dans une catégorie inférieure, pour le même travail, à celle des Européens, dans l’industrie ou l’administration. Il faut toujours lutter pour que les lois sociales de la France, cependant si imparfaites, s’appliquent à l’Algérie. Et, naturellement, tout est mis en œuvre pour diviser les travailleurs en tentant de les pénétrer de racisme.
Cela permet à un patronat colonialiste impitoyable de les maintenir par cette division dans des conditions de vie misérable.
Il existe cependant déjà un solide esprit de classe dans les gros centres ouvriers extrêmement combatifs, comme Oran, la région de Bône, avec ses mines de fer, celle de l’Ouenza, etc.
Le prolétariat algérien, relativement puissant, pour un pays colonial, est donc un facteur important de toute la vie du pays et peut le devenir encore plus.
Par conséquent, la cause essentielle de l’effroyable misère, des haillons et de la famine qui sont le lot des populations musulmanes d’Algérie, réside essentiellement dans le système colonial. C’est-à-dire dans celui d’un pays dont toute la vie appartient à un monopole gigantesque, le monopole impérialiste.
Celui-ci utilise le pays pour ses fins propres – fournitures de matières premières, cultures à hauts bénéfices – il oblige la colonie à acheter ses produits fabriqués aux prix fixés par lui ; il surexploite les ouvriers et employés; il lui enlève même ses hommes qui, affamés s’expatrient.
L’emprise colonialiste est donc la cause essentielle qui empêche en Algérie tout développement économique et social. Par conséquent, l’entrée de l’Algérie dans le développement économique général, le développement d’échanges fructueux avec la France, l’amélioration radicale de la situation de la grande majorité des habitants de l’Algérie et des travailleurs en particulier, la fin de la misère et de la déchéance physique, exigent que soit brisé le système colonialiste.
Toutes les promesses de réformes diverses qu’on fait périodiquement n’ont aucune valeur; elles renouvellent simplement le paternalisme pétainesque mais ne changent rien au fond de la question.
II
LE MOUVEMENT NATIONAL, FACTEUR PROGRESSIF
Le facteur national, qui est considéré avec juste raison comme l’élément fondamental d’améliorations radicales de la situation du pays influence non seulement la classe ouvrière et la paysannerie, mais toutes les classes sociales, bourgeoisie autochtone et féodaux compris. Le mouvement national est donc un facteur progressif, en Algérie comme dans toutes les colonies. Il est une des forces essentielles de toute amélioration sociale réelle. A condition, bien entendu, que soit préservée l’indépendance du mouvement populaire. Cela exige que les ouvriers, les paysans, les intellectuels aient la possibilité de s’organiser librement dans leurs associations propres, en premier lieu dans les syndicats ouvriers, les groupements paysans et culturels, et naturellement, dans le Parti Communiste ; c’est même la garantie d’une orientation progressive du Mouvement National.
Ce mouvement national est aussi progressif à l’égard du développement démocratique et populaire dans la métropole. Puisqu’il est en lutte contre les ennemis du peuple français, les Trusts-sans-Patrie.
Car ce sont eux les véritables maîtres de l’Algérie !
C’est un ancien gouverneur général de l’Algérie, M. VIOLLETTE, qui écrit (7) :
Bien qu’il s’agisse du budget de l’Algérie, et alors même que l’équilibre de ce budget n’est pas en question, s’agit-il d’un port ou d’un barrage, il faut, pour pouvoir passer à l’exécution, réunir la totalité des sacrements métropolitains. Tous les dossiers reçus au Ministère de l’Intérieur par la Direction des affaires algériennes vont ensuite faire promenade, plus ou moins nonchalante, dans les ministères techniques. Ils viennent finalement s’accumuler dans les bureaux du directeur du budget du Ministère des Finances. Quand c’est un homme à l’esprit clair et neuf, la solution arrive tout de même, mais quand, par hasard, il emploie son intelligence à demeurer un imperturbable inspecteur des finances, les dossiers les plus simples mettent parfois deux à trois ans à sortir, car la direction du budget multiplie les atermoiements, les délais, les études et puis, systématiquement, rejette sans donner de raisons, ou même refuse de se prononcer.
En retour quand il s’agit d’électrifier aux frais de l’Algérie la ligne du Kouif (coût 250 millions) ou la ligne Bougie-Sétif, qui est d’un intérêt purement privé, et qui représentera un déficit d’exploitation considérable, ou encore de faire un câble téléphonique souterrain Alger-Oran et embranchement (cout 400 millions) dans des conditions qui ont soulevé des protestations justifiées d’un délégué financier de grande valeur, la direction du budget n’hésite guère … Dans ce pays aux populations si diverses, où se manifestent tant d’intérêts contradictoires avec des puissances occultes comme le Kouif dont l’influence domine le département de Constantine et, par le département de Constantine, l’Algérie, la tâche du gouverneur général est singulièrement malaisée.
C’est clair, n’est-ce pas ?
Les « Kouif » et les « Ouenza » tiennent l’Algérie dans leurs serres.
La Société de l’Ouenza par exemple – créée en 1903 par une majorité d’administrateurs étrangers où dominaient les Allemands associés aux représentants du Comité des Forges. Après 1918, il y resta un administrateur Anglais et deux Suédois. Ceux-ci, les plus grands producteurs de fer en Europe capitaliste après la France, ont évidemment pour tâche d’empêcher que le développement de l’exploitation des mines de l’Ouenza ne les concurrence.
Associé à ces messieurs de l’acier international, un grand dirigeant de la Société est M. URRUTY, représentant de la maison Rothschild, siège social : 66, rue Pierre-Charron, Paris.
Et l’Ouenza exprime bien le schéma général du monopole qui tient en ses mains toute l’Algérie : c’est une société internationale dominée par la Haute Banque et ses prolongements en Algérie.
Autre exemple : le Kouif ou Compagnie des Phosphates de Constantine (8), créée en 1912. La mine est au Djebel-Kouif, près de Guelma (9).
Ses administrateurs appartiennent au Comité des Houillères (de Peyerimhoff) et à la Société algérienne de navigation pour l’Afrique du Nord (Laurent Schiaffino).
Etc … etc … (10).
Ainsi donc, les gens des trusts-sans-patrie, les hommes des 200 familles, qui ont trahi la France, ouvertement dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir (1933) et en collaborant ignominieusement avec les nazis avant et pendant l’occupation, eux qui ont tout fait pour empêcher le redressement économique de la France, après la libération, ces ennemis de la nation française sont en même temps les exploiteurs impitoyables des populations algériennes, musulmanes et européennes ; ils sont les hommes du colonialisme.
Voilà pourquoi les communistes français soutiennent l’action des populations coloniales contre toutes les formes d’oppression coloniale et pour l’égalité des droits de tous les peuples. Voilà pourquoi ils considèrent comme positif l’article 106 du projet élabore par la Commission de la Constitution, qui déclare :
« La France, dénonçant les systèmes de colonisation fondés sur la domination, rappelle solennellement que sa mission traditionnelle est de conduire les peuples dont elle a pris la charge à la liberté de se gouverner eux-mêmes, et de gérer démocratiquement leurs propres affaires. »
L’originalité nationale algérienne
Or, quelle est la caractéristique particulière du mouvement national en Algérie ? Le recensement de 1936 y relevait 700.000 Européens (Français d’origine ou étrangers naturalisés) ; plus 130.000 Algériens israélites francisés par le décret Crémieux de 1870.
Parmi ces Européens quelques milliers de riches sont les fils, et, plus nombreux encore, les petits-fils et les arrière-petits-fils des premiers colons. Ils sont d’origine française, espagnole, maltaise, grecque ou autre. L’immense majorité d’entre eux est née dans le pays. Par le développement des familles, les uns sont de grands propriétaires fonciers, en même temps que capitalistes ; leurs frères ou leurs sœurs sont dans l’administration du Gouvernement Général, dans la Justice, dans la police ou dans l’armée, Ils n’ont plus rien de commun avec les premiers colons défricheurs de terrains. Ainsi, une centaine de familles et leurs parents immédiats tiennent entre leurs mains l’économie et l’administration algérienne, c’est-à-dire tout.
Ils ne le tiennent d’ailleurs que comme régisseurs, fondés de pouvoir et, pour beaucoup, associés des 200 familles, les têtes des trusts.
Le siège social de l’Ouenza est en effet 66, rue Pierre-Charron, à Paris (et non à Alger).
Et la maison Rothschild qui tient la Société par M. URRUTY a son siège à Paris – liée doublement par famille et par affaires avec MM. ROTSCHILD, banquiers de Londres … et de Berlin !
Elle a même aujourd’hui officiellement son député d’Algérie, M, René MAYER, « le cerveau idéologique de la maison Rothschild ».
Ainsi, les trusts et leurs 100 seigneurs sont seuls les maîtres de l’Algérie.
C’est eux les maîtres. Au point qu’il a toujours été impossible de conserver en Algérie un Gouverneur Général qui ne soit pas accepté par les cent seigneurs, c’est-à-dire qui ne soit pas à leurs ordres.
Parmi les ouvriers et les travailleurs européens installés à demeure en Algérie (ouvriers, fonctionnaires, artisans, commerçants, etc … ) sont de nombreux Français qui se sont fixés dans le pays pour des raisons personnelles (difficultés diverses en France, Service militaire, etc … ) ..
A côté de ces Européens, vivent près de 8 millions de musulmans, terme qui signifie en réalité « autochtones ». Ceux-ci comprennent des Arabes, des Berbères refoulés par eux au moment de leur conquête, des Terni, c’est-a-dire descendant des Turcs, etc …
Or, tous ces hommes Autochtones et Européens, nés en terre d’Afrique, soumis à une vie commune, sur une terre très particulière et un climat difficile, sont en réalité des Algériens.
Certes, ils n’ont pas encore de langue commune ; mais ils n’en constituent pas moins une originalité nationale bien particulière. Les Français nés en Algérie ne pensent pas comme les Français nés en France. Le phénomène est si apparent que la langue arabe emploie un mot différent pour designer le Français venant de France et le Français né en Algérie.
C’est en partant de cette constatation qu’en février 1939, Maurice Thorez a souligne la caractéristique essentielle des populations algériennes : elles jettent les bases de la nation algérienne en formation.
Solution juste
Et voila pourquoi le Parti Communiste algérien a repris vigoureusement cette formulation en août 1945 d’abord, puis lors de son IIIe Congrès de mars 1946, enfin et surtout lors de son Comité Central élargi des 20 et 21 juillet. Dans son appel, celui-ci note en effet:
Algériens de toutes origines, nous formons déjà sur notre sol commun, une communauté stable. Nous sommes liés par des intérêts généraux communs et par la lutte contre les mêmes ennemis.
Cette communauté constitue la base de la nation algérienne en formation, riche des apports de tous ses enfants dans la diversité de leurs origines et mélange heureux des civilisations orientales et occidentales. (11).
L’autonomie fédéraliste de l’Algérie
Partant de là, le Parti Communiste algérien, a posé au centre de toute son action « Pour bâtir cette Algérie nouvelle » (12) :
« La création immédiate d’une Assemblée et d’un Gouvernement algérien gérant toutes les affaires algériennes.
« La suppression du Gouverneur général et de son administration colonialiste désuète. »
Le Gouvernement et l’Assemblée collaboreront avec
« Un représentant de la République française pour les questions intéressant les relations extérieures et les questions militaires, les forces armées stationnant en Algérie devant être composées d’Algériens. »
L’Assemblée sera élue au suffrage universel et élira librement son gouvernement.
Mais le Comité Central du Parti Communiste Algérien précise bien :
« Ces réformes permettront de conduire notre pays vers une République démocratique algérienne, ayant sa Constitution, son Parlement, son Gouvernement.
Cette République sera unie par des liens fédératifs librement décidés, au peuple de France et aux autres peuples fédérés dans l’Union française.
Le Parti Communiste Algérien complète ces revendications nationales en réclamant une série de mesures démocratiques comme :
« L’érection des Djemaas de Douars et de Villages en communes de plein exercice, la suppression du cadre administratif colonialiste, la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle à côté du français, l’élimination dans le culte musulman de toutes ingérences administratives (conformément aux principes de la laïcité de l’Etat à l’égard de tous les cultes), la liberté d’association, de réunion et de presse dans les deux langues, enfin l’épuration effective de l’administration, de l’armée et de la justice, des éléments fascistes et vichystes, danger permanent pour l’ordre et la paix. »
La terre et le pain
Mais, contrairement aux divers partis et mouvements nationaux, le Parti Communiste Algérien ne sépare pas l’ensemble de ces revendications nationales des deux autres problèmes capitaux : la terre et le pain.
En ce qui concerne la terre, il note, dans le même appel :
« L’acheminement de l’Algérie vers le progrès exige une réforme agraire profonde qui donne la terre à ceux qui la travaillent (ouvriers agricoles, Khammès (13), fellahs (14) petits colons (15). Ce qui signifie, dans l’immédiat :
a) la distribution, à ceux qui sont dépourvus de terre, des terres à confisquer aux collaborateurs avec l’ennemi fasciste, des saboteurs de la production et du ravitaillement ;
b) des grands domaines appartenant à la colonie et à certaines communes ;
c) des propriétés de plus de 100 hectares achetées depuis 1940 par des non-agriculteurs ;
d) des domaines des grandes Sociétés anonymes, Compagnie Algérienne, Société Genevoise. »
Le P. C. A. réclame en outre :
« Une politique hardie et juste de l’eau, la répartitition équitable des semences, engrais, charrues, fourrage, l’octroi de crédits aux fellahs et aux petits colons ».
En ce qui concerne le pain, le Parti Communiste Algérien demande :
« Une augmentation générale des salaires, traitements et retraites, le blocage et la diminution des prix, l’amélioration du ravitaillement en vivres et en répartition de tissus, la lutte contre le marché noir, l’application à tous les travailleurs algériens des lois sociales, le développement de l’assistance médicale, de l’hygiène et de l’habitat. »
Et pour réaliser ces revendications, le Parti Communiste réclame une réforme fiscale démocratique (16).
« Elle sera basée sur la saisie de tous les biens des collaborateurs avec l’ennemi fasciste, et sur l’imposition des gros profiteurs de la colonisation en partant des bénéfices moyens réalisés de 1940 à 1944 (17).
Cette réforme permettra l’industrialisation rapide du pays, non au profit des trusts, mais dans l’intérêt de l’Algérie et de ses populations …
Et d’accorder des crédits et des matières premières aux petits artisans et aux petits commerçants. »
III
LE FRONT NATIONAL DEMOCRATIQUE ALGERIEN
Pour atteindre à la réalisation de cette transformation profonde du pays, le P.C.A. préconise la formation d’un large Front National Démocratique Algérien, avec comme allié, le peuple de France.
Il y a là une des bases essentielles de notre doctrine.
En effet, le joug impérialiste atteint toutes les couches de la population coloniale.
Voilà pourquoi le Parti Communiste Algérien estime que la réalisation du Front National est la tache essentielle de l’heure. Il précise d’ailleurs :
« Mais la liberté, la Terre et le Pain ne sont pas des cadeaux que nous feront de bonne grâce les profiteurs de l’oppression colonialiste !
Nous vivons l’ère de la Liberté pour laquelle les fils de l’Algérie ne seront pas tombes en vain ; à nous de la réaliser par l‘Union et l’Action.
L’Action et l’Union ont déjà fait leurs preuves dans le magnifique mouvement populaire qui arracha l’amnistie.
Il faut continuer d’aller de l’avant ! Ecarter tout ce qui peut nous diviser, rechercher tout ce qui nous unit.
Rassemblons donc nos forces au sein d’un large
FRONT NATIONAL DEMOCRATIQUE ALGERIEN.Groupons dans les
COMITES DU FRONT NATIONAL DEMOCRATIQUE
ALGERIENtous les hommes et toutes les femmes épris de liberté et
de progrès (18). »
A qui s’adresse le P.C.A .? A toutes les organisations musulmanes nationalistes et européennes progressistes. Qui sont-elles ?
LE PARTI DU PEUPLE ALGERIEN (P. P. A.)
Il fut fondé à Paris en 1926, sous le nom d’Etoile Nord-Africaine parmi les ouvriers algériens, de la région parisienne.
Il apparut officiellement en Algérie en 1936, lorsque Messali Hadj, son président, y alla participer au grand rassemblement organisé par le Congrès Musulman.
La base essentielle de ce parti est dans le prolétariat musulman des villes. C’est pourquoi il est si dynamique et actif malgré son illégalité.
Sa revendication essentielle est l’indépendance. Une fraction importante du Parti estime qu’il est nécessaire de rester ami et d’agir en commun avec le peuple de France, et en particulier avec sa classe ouvrière. Messali Hadj a fait à ce sujet une déclaration formelle au meeting Nord-Africain de Wagram, à Paris le 11 août 1946.
LES OULEMAS D’ALGERIE
Il s’agit d’une importante organisation nationale. C’est un mouvement culturel religieux qui pose trois revendications fondamentales, d’abord la fin de l’ingérence administrative dans les affaires religieuses musulmanes, c’est-à-dire la séparation des Eglises et de l’Etat. (Le Gouvernement General en effet « s’immisce dans les moindres détails à ce qui touche de près ou de loin à la religion musulmane et à la culture coranique » (19).
Les Oulémas demandent également le retour aux Mosquées des biens Habous (biens religieux) provenant surtout de dons accaparés et gérés par le Gouvernement Général pour ses propres intérêts.
Il demande ensuite l’enseignement libre de la langue arabe.
Enfin, la pleine juridiction aux juges musulmans (les Cadis) dont la compétence ne s’étend qu’au statut musulman, c’est-à-dire au droit des personnes, mais qui n’en ont aucune en matière mobilière, immobilière ou pénale !
Etant donné les efforts de l’administration pour utiliser à son profit la religion musulmane ; les revendications des Oulémas sont progressives.
L’UNION DEMOCRATIQUE DU MANIFESTE ALGERIEN
Cette association-mouvement est dirigée par des intellectuels musulmans, instruits dans les écoles françaises et dont les leaders sont les députés algériens, Ferhat Abbas, le Docteur Saadane, et Maître Sator. L’Union démocratique du Manifeste Algérien, demande un parlement algérien et l’autonomie dans une union fédérale avec le Peuple de France. Elle a dépose dans ce sens, à la Constituante, une proposition de loi (20)
« tendant à établir la Constitution de la République algérienne, en tant qu’Etat Fédéral, membre de l’Union Française ».
LES GRANDES FAMILLES TRADITIONNELLES MUSULMANES
L’ajoutent à ces trois formations essentielles, et souvent en sont membres. Elles jouent un rôle important dans l’administration et dans la vie générale du pays.
Ces « grandes familles » gèrent en fait des zones entières correspondant à 5, 6 et plus de départements français. Elles jouent un rôle énorme dans l’orientation politique de la région entière.
Naturellement, le P.P.A, les Oulémas et l’U.D.M.A. ne sont pas absolument homogènes.
Même le P.P.A. qui constitue un Parti au sens où nous l’entendons, – a des formes d’organisation et de propagande très souples. Les autres organisations sont surtout des mouvements. En leur sein se développent plusieurs tendances qui s’interpénètrent d’une organisation à une autre.
Les bases du Front National Démocratique
Ainsi, l’appel du Parti Communiste Algérien à constituer des comités de base du Front National Démocratique Algérien peut-il avoir une importance décisive dans le rassemblement de toutes les forces nationales. Les succès des Comités d’amnistie, lancés par le Parti Communiste Algérien en octobre 1945 sont, en ce domaine, très encourageants.
Et d’autant plus que le Comité Central des 20 et 21 juillet a précisé la position du Parti Communiste Algérien, en face du Caïdat
Il a décidé, en effet, de faire peser toute son action dans la lutte contre le colonialisme et contre ses prolongements ; en d’autres termes, de combattre le système caïdal en tant qu’instrument de l’administration coloniale.
Il est bien entendu d’ailleurs, que dans ce grand Front National, le Parti Communiste appelle toutes les organisations, comme les cercles du progrès, les associations d’intellectuels, d’artisans, les Djémâas (Conseil des Anciens) élus dans les douars et les villages, les Conseils Municipaux, l’Union des Femmes d’Algérie, etc …
LES ORGANISATIONS EUROPEENNES
Mais, ainsi qu’il l’a fait dans la formation des Comités d’Initiative pour l’amnistie, le P.C.A. demande aux organisations européennes progressives de participer au Front National. En particulier, au M.U.R., dont les forces sont relativement faibles, mais qui compte dans son sein, de véritables démocrates anticolonialistes comme le Maire d’Alger (Général Tubert).
Il fait appel aussi au Parti Socialiste. On peut espérer que l’appel du Parti Communiste Algérien sera entendu. En effet, mi-juillet, la S.F.I.O. a réuni un Congrès Inter-Fédéral en Alger. Dans ce congrès, une majorité a condamné l’assimilation politique qui consiste à soumettre entièrement (au système colonialiste les populations musulmanes. On y vit même un avocat socialiste musulman, déclarer :
« Je ne parle plus l’arabe ; mes enfants n’en connaissent pas un mot et sont élevés à la française Et néanmoins, je constate que l’assimilation a fait faillite » ..
Le citoyen Charles-André Julien a déclaré dans une interview :
« L’ère de la politique d’assimilation est révolue en Algérie.
Elle est frappée, aux yeux des masses musulmanes, d’une suspicion telle qu’il est inutile et dangereux de s’y maintenir (21). »
(Il s’agit du projet Blum-Viollette de 1937 qui donnait le droit de citoyen français à 30.000 Musulmans !)
Malheureusement, le fait que le Parti Socialiste n’est pas algérien, mais constitué par 3 fédérations départementales françaises, constitue de toute évidence une contradiction absolue avec la majorité du Congrès interfédéral. On peut craindre que les éléments colonialistes continuent à l’orienter. C’est ainsi que les deux députés socialistes d’Algérie se sont opposés à la constitution d’un commission de l’Algérie par l’Assemblée Nationale Constituante. Le Gouverneur général socialiste de l’Algérie, s’efforce, par l’intermédiaire d’un certain Capitaine Missoum, du 2e Bureau, de créer une « C.G.T. musulmane« , aux applaudissements de toute la presse vichyste. Et cela au moment précis où le mot d’ordre d’une confédération des travailleurs français est lance par l’Union Française d’Algérie que vient de créer le vieux colonialiste, antisémite et vichyste MORINAUD. De toute évidence, une scission raciale de la puissante Union des Syndicats d’Algérie servirait puissamment les gros exploiteurs en divisant, donc en affaiblissant considérablement le mouvement syndical algérien, qui est aussi partie du mouvement national.
Dans « Fraternité », l’hebdomadaire socialiste d’Alger, M. Dalloni, député S.F.I.O. d’Alger essaie de son côté de justifier son attitude, rejetant la proposition d’Alice Sportisse, député Communiste d’Oran, tendant à la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle à côté du français.
« Qu’on fasse de l’Arabe dans les mosquées ou à l’école coranique – écrit M. Dalloni – comme on fait du latin dans les séminaires ou à l’église, il y a là de quoi satisfaire les Musulmans les plus ombrageux. »
C’est-à-dire que M. Dalloni assimile l’arabe, langue vivante, parlée en Algérie par plus de 7 millions d’habitants, au latin, langue morte, utilisée par les prêtres catholiques et quelques professeurs !
Il faudra donc beaucoup d’efforts aux militants socialistes vraiment algériens pour rompre avec la politique impérialiste qu’on voudrait leur faire appliquer en Algérie et pour participer au Front National.
En ce qui concerne les autres partis européens, il y a peu d’espoir de voir entrer leurs organisations dans le Front National : leur attitude pendant les événements de mai 1945 a été caractéristique, M. Rucart – radical-socialiste – en particulier, multipliait les appels aux représailles les plus sanglantes. Quant à M. René Meyer, député radical-socialiste de Constantine, en tant que cerveau de la Maison Rothschild, il est ainsi le représentant de … l’Ouenza, entre autres. Ce qui explique sa position colonialiste.
L’UNION DES SYNDICATS ALGERIENS
En revanche, la puissante Union des Syndicats Ouvriers d’Algérie (plus d’un quart de million de syndiqués, en majorité musulmans, est appelée a jouer un rôle décisif dans le mouvement démocratique et national. Elle vient de marquer une importante victoire en arrachant 30 % d’augmentation par un débrayage d’une heure de 30.000 ouvriers de l’Algérois, de 20.000 de l’Oranie et de 8.000 à Bône.
Enfin, de son coté, l’Union Démocratique de la Jeunesse Algérienne, qui groupe des jeunes Algériens à majorité musulmane, de toutes tendances (P.P.A. compris), multiplie également ses efforts pour rassembler autour d’elle toute la jeunesse progressiste d’Algérie.
IV
L’ALLIANCE DU PEUPLE FRANÇAIS ET DES POPULATIONS ALGERIENNES
Naturellement, les cent seigneurs d’Algérie et leurs employés du Gouvernement Général sont déchaînés. Ils tiennent toute la presse quotidienne d’Algérie, à l’exception d’un seul journal (22). Car jamais ne fut faite l’épuration en Algérie. Les mêmes journaux vichystes continuent. Les Trusts font agir toutes leurs forces, en particulier les gens de « l’Académie des Sciences Coloniales ». Ceux-ci ont osé comparer l’Algérie à la Bretagne ou à la Provence, pour justifier « l’assimilation » c’est-à-dire le colonialisme.
Quel est leur argument essentiel ? Il est le même que lors de leur campagne contre le projet Viollette « ceux qui demandent l’autonomie de l’Algérie, agissent contre les intérêts de la France ». C’est exactement l’inverse. Les Communistes algériens et les Communistes français qui les soutiennent, défendent, au contraire, effectivement les intérêts de la France, en même temps que ceux de l’Algérie.
Droit à séparation et utilité de la séparation
Les Communistes s’affirment pour le droit de libre disposition pour chaque nation ou peuple colonial. Mais, cela ne veut pas dire qu’ils sont toujours et partout, pour la séparation.
La question de la reconnaissance du droit à la séparation ne doit pas être confondue avec l’utilité de la séparation, dans telle ou telle condition.
De même que le droit au divorce ne signifie pas l’obligation au divorce.
Tout dépend de déterminer si la séparation aide ou non et les peuples assujettis et la classe ouvrière de la métropole.
Par exemple, au printemps 1944, au moment où on pouvait prévoir l’instauration en France libérée d’un régime vraiment démocratique (comme ceux de Yougoslavie ou de Pologne, par exemple) une poignée de gros colons algériens, enrichis par le commerce avec l’ennemi (et même par l’aide directe aux armées de Rommel) lança le mot d’ordre « Alger n’est pas Paris ». Ils essayèrent ensuite de transformer l’Assemblée Algérienne dite « Délégations Financières », en instrument anti-algérien, anti-français, et anti-démocratique, en réclamant l’autonomie algérienne (et ils n’y ont d’ailleurs pas renoncé). Les Communistes pouvaient-ils soutenir les tentatives de cette bande fasciste ? Evidemment non !
Gros exploiteurs instruments des trusts, maîtres du pays et
du « Gouvernement Général de l’Algérie », les 100 Seigneurs d’Algérie, ne visaient qu’à consolider leur régime de vampires, en se séparant d’une France populaire et en s’agglomérant à un autre impérialisme parce qu’à leurs yeux, celui-ci eut mieux protégé leurs intérêts. Vichystes et pro-hitlériens de 1934 à 1943, collaborateurs de la pire espèce, soutiens effectifs et enrichis par le commerce avec Rommel et non épurés par le gouvernement d’Alger, de 1943-1944, pour des raisons aujourd’hui claires, ces quelques sangsues ne sont ni Algériens, ni Français, mais impérialistes, « colonisateurs » d’abord.
Il n’y a là rien de nouveau.
Le 27 mars 1934, au moment de la crise des vins, dans un meeting tenu au Stade d’Oran pour protester contre la décision d’une commission interministérielle en faveur du contingentement, un député colon, M. Brière, précise que l’Indépendance américaine est née des exigences de l’Angleterre à l’égard de ses colonies, et M. Sicard, à l’assemblée générale de la Confédération générale des vignerons d’Algérie, disait quelques jours plus tard : « De telles prétentions menacent l’unité nationale. »
Le 19 octobre 1934, les maires colons réunis à l’Hôtel de Ville d’Alger, prennent l’engagement suivant :
« Je m’engage à rompre, à partir de lundi 22 octobre 1934, les relations de la mairie avec l’administration préfectorale et gouvernementale, et ce jusqu’à complète satisfaction. »
Il est décidé que si ces mesures ne sont pas suffisantes pour obtenir satisfaction, les colons renverront leur fascicule de mobilisation !
Et tout cela uniquement pour la question du vin.
C’est encore les mêmes 100 Seigneurs, fondés de pouvoir des trusts qui en 1936-37, se sont violemment opposés au timide projet Viollette : il donnait les droits de citoyens français à 30.000 Musulmans (en général intellectuels) en leur conservant leur statut. Cela suffit pour que les 100 Seigneurs menacent de la démission collective de toutes les municipalités « avec toutes les conséquences qui en découleraient normalement. »
C’est-à-dire la fermeture des états-civils et Bureau militaire. Cela au moment où Hitler menait la guerre d’Espagne et menaçait ouvertement la France.
C’est donc très justement que l’appel du 21 juillet du C.C. du Parti Communiste Algérien note :
« Les seigneurs de la colonisation, fascistes et ra- cistes, traîtres à l’Algérie, comme ils le sont à la France, vendus d’hier à Hitler, sont prêts aujourd’hui à se vendre à d’autres impérialismes sous couleur d’autonomisme, afin de conserver leurs monstrueux privilèges. Ils mettront tout en œuvre pour nous maintenir sous leur oppression, en continuant leur œuvre de division et leurs provocations. »
Il est clair qu’un tel « autonomisme » allait et va à la fois contre les intérêts des populations algériennes (musulmanes et européennes) et contre les intérêts du peuple français, que ces messieurs considèrent comme leur ennemi !
Voilà pourquoi, nous, Communistes français, avons applaudi aux Communistes algériens, réclamant et obtenant la dissolution des « Délégations Financières » devenues un instrument aux mains d’ « autonomistes », vichystes et colonialistes.
L’Alliance du Peuple français et des populations algériennes
Voilà pourquoi, nous, Communistes français, estimons que le mouvement national aux colonies est un facteur progressif en lui-même, et parce qu’il aide au développement démocratique dans la métropole.
Il est en effet en lutte directe avec le monopole impérialiste, avec les trusts, ennemis irréductibles des travailleurs de la métropole et de la nation entière. Leur monstrueuse trahison en particulier de 1933 à 1944 en est une preuve irréfutable.
Le prolétariat français, le peuple travailleur de notre pays, sont ainsi les alliés naturels – et fidèles – des peuples coloniaux. Et vice-versa.
Voilà pourquoi le Léninisme souligne justement que le caractère progressif,
« Le caractère révolutionnaire du mouvement national n’implique pas nécessairement l’existence d’éléments prolétariens dans le mouvement, l’existence d’un programme révolutionnaire ou républicain du mouvement, l’existence d’une base démocratique du mouvement. »
Ainsi, l’intérêt du mouvement ouvrier et démocratique de la métropole est de soutenir le mouvement national aux colonies. En bloc.
C’est au Parti Communiste de la colonie à renforcer le mouvement ouvrier, l’action de la paysannerie, l’action démocratique pour le Front National, progressif à sa première étape (actuellement Algérie, Indochine, Maroc, Madagascar), ne glisse pas entre les mains d’éléments autochtones grands capitalistes et réactionnaires. Parce que ceux-ci, soucieux des intérêts de leurs coffres-forts, plus que de ceux de leurs pays, ont toujours tendance à se vendre à l’impérialisme, celui qui tient la colonie ou tel autre, et à trahir ainsi la lutte et les aspirations nationales.
C’est le cas, par exemple de l’Egypte : une portion de la grande bourgeoisie égyptienne agit au gouvernement en instrument de l’impérialisme, en mitraillant et emprisonnant ouvriers, fellahs, intellectuels, et même des représentants de la grande bourgeoisie, parce qu’ils veulent réellement l’indépendance de leur pays.
Intérêts communs de la Nation française et des peuples d’outre-mer
Mais, diront certains, vous livrez ainsi les peuples coloniaux à d’autres impérialismes, puisque les colonies ne peuvent vivre à cause de leur économie arriérée ?
C’est exactement l’inverse.
Au Xe Congres du Parti Communiste Français, Maurice THOREZ déclarait : (23)
« … La France démocratique doit aider au développement de la nation algérienne en formation. Elle doit aider au progrès économique et politique des peuples de Tunisie et du Maroc, pour lesquels la formule du protectorat signifie trop leur maintien dans un cadre semi-féodal, obstacle à la démocratie. (Vifs applaudissements.)
Ce qui vient de se passer en Syrie, ce qui menace le Liban, montre que notre Parti avait doublement raison en déplorant et en condamnant l’attitude brutale des éléments vichyssois et colonialistes qui n’ont pas su ménager le sentiment national des Syriens et des Libanais, et en mettant en garde contre les éléments féodaux réactionnaires et fascisants, sur lesquels on a voulu s’appuyer là-bas … »
Bien avant que ne fut proclamée la Charte de l’Atlantique, nous avions soutenu, en vertu du droit à la libre disposition pour tous les peuples, la cause juste des peuples de Syrie et du Liban. Nous n’en regrettons que davantage le coup porté au prestige séculaire et aux intérêts de notre pays dans le Proche-Orient. »
La question algérienne se pose exactement de la même façon. Ou bien la Constituante et le Gouvernement Français ne s’opposent pas a la création d’une Algérie démocratique (Assemblée et Gouvernement librement élus avec suppression du Gouvernement Général), premiers pas vers la République Démocratique algérienne, et l’Algérie restera liée à la France, volontairement.
Ou bien on continuera la politique de promesses et de paternalisme et de violence renouvelée de Pétain, et des lors, de graves événements sont à redouter.
Le Bureau Politique du Parti Communiste Algérien a d’ailleurs nettement précisé (24) :
« Cette libération de l’Algérie de l’oppression colonialiste signifie-t-elle qu’il faut « jeter les Français à la mer ? »
Nullement, le Comité Central du Parti Communiste algérien proclame une fois de plus que les Algériens de toutes origines, cohabitant sur notre sol, constituent une communauté nationale au sein de laquelle aucune race ne saurait prétendre à être la race élue ni à vouloir la domination exclusive.
« L’ennemi commun de tous les Algériens, l’ennemi dont il faut libérer notre Algérie, ce sont les trusts sans patrie – trusts français et internationaux – les seigneurs de la terre, de la banque, de la mine, les gros profiteurs de la colonisation. Ce sont eux les responsables de la misère, de l’obscurantisme, de l’état économique arriéré de notre pays.
Bien entendu, dans l’union librement consentie avec la nation française dont le représentant à Alger collaborera avec le gouvernement algérien pour les affaires extérieures et militaires. »
Le seul allié sûr des populations algériennes
Précisément, les communistes algériens démontrent, avec succès, que le seul allié sûr qui ne trahira jamais les populations algériennes, c’est le peuple français, et à sa tête le prolétariat français, et son parti, le Parti Communiste Français.
L’allié des populations algériennes ne peut donc pas être un autre impérialisme. C’est le cas, par exemple, des Philippines où « l’Indépendance » accordée nomme comme président de la République … un ministre collaborateur des Japonais qui traque actuellement les partisans philippins. Cette « indépendance » maintient les positions économiques des Etats-Unis d’Amérique et accorde le droit de citoyen philippin aux citoyens américains.
Autres preuves :
L’occupation de Bassorah, en Irak, par les troupes anglo-hindoues, la coopération des actuels dirigeants de l’Egypte avec les Britanniques pour mitrailler et emprisonner leurs ouvriers, les intellectuels, les fellahs égyptiens, enfin les massacres de Calcutta, voulus et préparés par l’éternelle politique de division et de répression de la City de Londres.
En ce qui concerne la Ligue Arabe, elle possède, en son sein de nombreux éléments progressistes. Malheureusement, la ligue des Etats Arabes n’a encore obtenu, du point de vue de la défense réelle, aucun résultat réel des intérêts des pays arabes. Parce que certains de ces éléments se font les instruments de l’impérialisme anglais qui veut conserver ses pétroles du Proche-Orient, ses bases stratégiques militaires du Proche-Orient et de Suez, et voudrait opposer un bloc à l’Etat multinational soviétique qui a brillamment résolu les questions nationales et coloniales (25).
En démontrant aux populations musulmanes que l’allié des Algériens est toujours le peuple français le Parti Communiste algérien assure ainsi le succès et le développement progressif du mouvement national en Algérie. Et aussi la libre association avec une France Démocratique et non impérialiste qui sera créée en dépit des efforts des trusts.
Et d’autant plus que les communistes apportent une garantie supérieure aux populations algériennes comme à toutes les populations coloniales : là ou ils sont au pouvoir, là où ils ont instauré le socialisme, en Union Soviétique, ils ont réalisé un Etat pluri-national, où tous les peuples sont libres et égaux. Dès le premier jour de l’avènement du pouvoir soviétique, tous les privilèges nationaux, tous les asservissements nationaux furent éliminés.
Du moment où l’impérialisme a disparu, les peuples anciennement asservis ont connu un nouvel essor national et culturel.
La législation de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques et l’activité pratique de son gouvernement, de ses assemblées, de son administration a visé à extirper toute trace de chauvinisme d’une grande puissance en même temps que du nationalisme bourgeois local. Elle a coupé court à toute tentative de susciter des conflits de peuple à peuple.
Le pouvoir socialiste soviétique a apporté une nouvelle vie libre et de bonheur à la République Bachkire, à l’Ouzbékistan, au Tadjikistan, comme aux Bouriates-Mongols. C’est pour cela que tous ces peuples se sont levés en masse et se sont sacrifiés sans compter, dans la lutte contre la barbarie et le racisme des impérialistes fascistes allemands.
C’est là la preuve la plus haute de la supériorité. Inégalable du régime soviétique sur tous les autres systèmes au monde. Parce qu’il associe librement des peuples libres !
C’est là la preuve que les communistes en luttant aujourd’hui pour l’égalité des droits de la nation algérienne en formation avec la nation française, comme ils luttent pour la reconnaissance de la libre République du Viêt-Nam sont bien les défenseurs véritables et des intérêts de la France et des intérêts actuels et d’avenir des populations coloniales en général et des populations algériennes (musulmanes et françaises) en particulier.
V
LES TACHES DU PARTI COMMUNISTE ALGERIEN
C’est pour cela que la session du Comite Central élargi des 20 et 21 juillet a une telle importance. Le Comité Central s’efforça tout d’abord de concrétiser la ligne juste de son IIIe congrès (26), dans son appel pour la Liberté, la Terre et le Pain dans une Algérie libre, unie et démocratique.
Il semble y avoir réussi.
Sur cette base, il a lancé le mot d’ordre : « être réellement un Parti Algérien », c’est-à-dire ni européen, ni musulman, ni arabe, ni français, ni oriental, ni occidental mais algérien. A cette condition, il réussira à extirper de son sein toute trace de racisme européen ou israélite et également tout germe de xénophobe parmi les musulmans. Se sentir Algérien est devenu son mot d’ordre essentiel.
A cette condition, il réussira à créer les Comités de Front National Démocratique Algérien qui doivent être l’ossature du Grand Front National.
Il a naturellement pris les dispositions nécessaires pour donner à sa propagande les méthodes, et à son organisation la forme correspondante au pays, c’est-à-dire à un pays colonial, donc très peu industrialisé, et afin de pénétrer la masse de la population, qui est en grande majorité agricole et artisanale.
Enfin, il a pris ses dispositions pour faire monter la masse de nouveaux cadres dont il a besoin. Sur la base de leur compréhension de la ligne du Parti et de leur dévouement éprouvé. Et aussi en veillant à ce qu’ils expriment dans les directions régionales et locales, le caractère même de la composition ethnique et sociale de l’Algérie.
Le fait que son secrétariat compte un seul européen sur quatre membres, qu’on y trouve un Kabyle, un Arabe, un Terni (origine Turque) et un Européen, d’origine espagnole, est déjà une indication ; 3 sur 4 de ses secrétaires parlent arabe et l’un d’eux, en plus, le kabyle, 2 sont ouvriers et 2 employés. Seul, notre parti frère Algérien exprime ainsi la composition ethnique et sociale de ce qui est la nation algérienne en formation.
A l’occasion de la formation du Front National, le Parti lance une grande campagne de recrutement qui certainement va le renforcer puissamment. Le Parti Communiste Algérien montre ainsi qu’il sera digne de ses grands héros, son grand secrétaire Kadour Benkraim, mort en juillet 1940 à la prison de Barberousse, à Alger, Rabah Oussidoum, ouvrier métallurgiste, tombé en Espagne, en mars 1938 comme commandant du glorieux bataillon franco-espagnol « Commune de Paris », et Torrecillas, ardemment aimé de ses camarades docker d’Oran, mort également dans les prisons algériennes sous Vichy. Ainsi que tous ceux qui ont constitué le Parti communiste algérien, qui fut le seul groupement résistant aux vichistes et aux fascistes italiens et allemands de 1940 à 1943. Comme le montra le grand procès du Comité Central en 1942.
De grandes difficultés se dressent devant l’effort progressif du Parti Communiste Algérien. En Afrique du Nord se sont incrustés les vichystes et les pires fascistes français sous la protection du gouvernement d’Alger de 1943 à 1944. Le réseau d’espionnage actif des Consuls franquistes d’Algérie et du Maroc et les organisations phalangistes, les appuient directement. Enfin tous les points stratégiques et aérodromes sont occupés par les troupes britanniques.
L’attitude de duplicité et violemment anticommuniste du Gouvernement Général d’Algérie, promettant des réformes et faisant étalage de mesures de force ne peuvent qu’aggraver le malaise algérien.
Comment résoudre le problème de l’Algérie à la satisfaction des intérêts de ses habitants et de la Nation française ? L’appel du Comité Central du Parti Communiste Algérien en jette les fondements solides.
Dans son œuvre si difficile et si grandiose, que notre parti frère algérien soit donc assuré de l’appui efficace de notre Grand Parti Communiste Français et de tous ses militants !
ANNEXE
LES ELECTIONS ALGERIENNES
Le corps électoral d’Algérie est divisé en deux collèges :
a) Le collège des citoyens, comprenant 513,200 inscrits dont environ 100.000 musulmans (application de l’ordonnance du 7 mars 1944,
b) Le collège des non-citoyens où ne figurent que des musulmans. Il comporte 1.345.130 inscrits pour les trois départements.
Le collège des citoyens n’a envoyé à l’Assemblée Constituante, aucun élu musulman.
Voici les résultats détaillés du scrutin du 2 juin 1946 pour le collège des non-citoyens (musulmans) :

(1) Voir tableau spécial en fin d’article.
(2) Le camarade DENIER, des P.T.T., secrétaire de la section communiste de Sétif, a eu les 2 main coupées à la hache.
(3) dont un membre M. Richemond (dit Bozel) se flattait d’être « un des 200 Familles ».
(4) Conférence de Presse du Gouverneur Général du 28 mai 1946.
(5) Conférence de Presse du Gouverneur Général, le 28 mai 1946,
(6) Conférence de Presse du 28 mai 1946.
(7) « L’Algérie vivra-t-elle ? », cité par A. Hamon dans « Les maîtres de la France », 1938, t. III. p. 202-203.
(8) Les « Maîtres de la France » 1938, t. III, p. 221.
(9) Ce qui explique les violences de mai-juin 1945 dans cette zone.
(10) Voir « Les Maîtres de la France » 1938, t. III p. 201 Afrique du Nord.
(11) Appel du Comité Central, « Liberté » du 25 juillet 1946.
(12) « Liberté » du 25 juillet 1946.
(13) Métayers au quart ou au cinquième.
(14) Cultivateurs musulmans.
(15) Les petits colons n’ont plus assez de terres pour leurs enfants.
(16) Depuis 1900, le Budget de l’Algérie est autonome. Il se chiffra pour 1945 à 11 milliards de dépenses normales, plus 9 complémentaires, ceci pour 8 1/2 millions d’habitants.
(17) C’est-à-dire des années de collaboration et de guerre.
(18) Appel du C. C. du Parti Communiste Algérien, « Liberté » du 23-7-46.
(19) Le Problème culturel en Algérie, Alger le 15 août 1944, Edition de l’Association des Oulemas.
(20) 2 août 1946.
(21) « Alger Républicain », 17 juillet 1946.
(22) Alger Républicain.
(23) « Une politique de Grandeur Française », Maurice Thorez (p. 53) 2 juin 1945.
(24) « Liberté » du 25 juillet 1946.
(25) Voir « Temps Nouveaux » 1er février 1946, n° 3 : . Les problèmes de l’Orient Arabe.
(26) 24 mars 1946.
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