Karel Kosic, La dialectique du concret, Paris, François Maspero, 1978, p. 165-170
Les dieux n’existent que pour celui qui les reconnaît. Est-ce à dire qu’au-delà des limites de notre terre, ils se transforment en simple bois, tout comme le roi devient simple mortel ? En fait, un dieu n’est pas du bois, mais un produit et un rapport social. La critique rationaliste, qui a enlevé aux hommes la religion et leur a démontré que les autels, les dieux, les saints et les églises n’étaient « rien d’autre » que du bois, de l’étoffe et de la pierre, est, du point de vue philosophique, en retrait sur la simple foi des croyants, car les dieux, les saints et les temples sont effectivement autre chose que de la cire, du bois ou de la pierre. Ce sont des produits de la société, et non de la nature. C’est pourquoi la nature ne peut ni les créer ni les remplacer. Est-ce à dire que le baba de Sylvie est autre chose qu’un drap ?
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