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Après les postiers, les étudiants, les lycéens montrent la voie

Dossier paru dans Tribune algérienne, n° 23, janvier 1980, p. 1-16

« L’université à la croisée de deux chemins » (dessin publié dans El Djeich, n° 199, décembre 1979, p. 20)

Grève, manifestations, délégations élues, en moins d’une semaine, les lycéens infligent une défaite au régime de la dictature.

La grève générale de tous les lycéens d’Alger, des dizaines ce milliers, déclenchée spontanément, a fait reculer le pouvoir, a obligé le Ministre de l’Education nationale à démentir officiellement sa réforme du baccalauréat, à maintenir cet examen tel qu’il était les années passées.

Nous l’avons dit, dans « Tribune Algérienne » numéro 22, la grève générale et nationale des postiers de juillet 1979 victorieuse du régime de la dictature, marque de son empreinte les rapports entre les classes en Algérie.

Bien plus, la victoire des postiers a amplifié l’initiative des masses et de la jeunesse et a approfondit la crise du régime bourgeois des colonels, un régime voué à l’immobilisme et aux déchirements.

La campagne d’assainissement engagée par le régime de l’arbitraire n’a pas abouti aux résultats escomptés par les colonels; elle n’est pas arrivée à intimider les masses, encore moins à faire taire leurs revendications ou à les faire reculer.

L’irruption des lycéens, celle des étudiants toujours en grève, la grève des travailleurs de la RSTA le lundi 17 décembre, démontrent par les faits l’échec du régime militaro-policier. Ces faits démontrent en outre, d’une façon encore on ne peut plus claire, la mobilisation et la volonté des masses d’aller de l’avant et en définitive de balayer le régime pourri des colonels.

La grève des étudiants de Tizi Ouzou, de Sétif, d’Annaba, de Constantine, d’Oran, d’Alger est déclenchée pour arracher les revendications. Ces combats et grève au cours desquels les étudiants ont rejeté les institutions imposées par le régime bourgeois oppresseur, l’Union Nationale de la Jeunesse Algérienne (UNJA) la Commission Nationale des étudiants (CNE) au sein de l’UNJA, les comités de volontariat (CVU), et les comités pédagogiques (CP) démontrent la capacité militante révolutionnaire des étudiants et de la jeunesse. Ils se prononcent ouvertement aujourd’hui, lors des Assemblées générales, pour leur organisation indépendante, pour un SYNDICAT INDEPENDANT ET DEMOCRATIQUE, dirigé et contrôlé par les étudiants eux-mêmes.

Cette lutte des étudiants, de tous les étudiants arabisants comme francisants, pour la satisfaction de leurs revendications morales, pédagogiques, matérielles pour des conditions d’études décentes, pour le droit aux études, pour le droit à des débouchés après la fin des études , pour les libertés démocratiques, s’exprime dans le mot d’ordre avancé par des centaines et des centaines d’étudiants : l’Organisation Syndicale Indépendante des Etudiants.

Cette volonté des étudiants de vouloir construire leur syndicat étudiant indépendant est une. réponse politique claire contre le régime qui a interdit toutes libertés démocratiques en Algérie, et qui a imposé l’ordre bourgeois par la répression de ses forces policières et militaires.

Il en est de même du combat et de la victoire des lycéens, au compte de toute la jeunesse d’Algérie. Cette formidable démonstration contre le régime de la dictature exprime la combativité et la volonté des masses de lutter pied à pied contre le régime de la dictature et en définitive de le chasser.

Représentant plus de 60% de la population, cette jeunesse de moins de 20 ans est en butte au chômage, à la déchéance, à la misère. Pour ceux qui ont trouvé place dans les écoles, des centaines de milliers – selon les chiffres officiels – sont rejetés à l’âge de 14 ans.

Pour ceux qui atteignent les CEM, ils sont des dizaines de milliers à être exclus en 3ème, et pour les lycéens qui arrivent au baccalauréat 18% sont reçus !

Le combat victorieux des lycéens, les mène directement à la question centrale de leur organisation. Le rejet, l’expulsion par eux de l’Union Nationale de la jeunesse algérienne (UNJA), l’élection démocratique de leurs délégués qui devaient rencontrer les représentants des différents ministères, sur la base de leurs revendications posent concrètement les jalons de leur organisation.

Ces combats, ces perspectives politiques, participent du combat général des masses travailleuses et de la jeunesse pour toutes les revendications et libertés démocratiques, pour l’Assemblée Constituante Souveraine, pour un Gouvernement responsable devant celle-ci.

ECHEC à la REPRESSION

La campagne d’assainissement, l’étalage de la force répressive le 1er novembre avec la complicité de l’impérialisme et sous l’œil approbateur de l’américain Brézinski représentant de la première puissance impérialiste et de la quasi-totalité des Etats bourgeois, ainsi que des représentants de la bureaucratie de Moscou et de Pékin, n’ont eu aucun effet sur les masses travailleuses et sur la jeunesse.

La colère des travailleurs, la colère de leurs enfants ne cessent de monter.

Les masses ne veulent plus de ce régime et des conséquences de sa politique : la misère, le chômage, l’émigration, la déchéance, les conditions de vie catastrophiques, le manque d’eau, les pénuries, la sous-alimentation, les bidonvilles, l’exploitation et l’oppression.

APRES LE BOYCOTT DES ELECTIONS DES APC ET APW de décembre

50% d’abstention à Alger ! Plus de 400 000 inscrits sur 800 000 n’ont pas voté ! et cela selon les chiffres officiels !

Malgré toute la propagande du régime, malgré le matraquage de la radio, de la TV de la presse, malgré les menaces et les pressions policières… malgré les déplacements des hauts dignitaires du régime, dans toutes les régions d’Algérie, malgré les meetings, les appels, les masses algériennes se sont abstenues, les masses ont boycotté ces élections.

Les chiffres donnés pour Alger sont significatifs. Ils traduisent l’opposition des masses aux institutions du régime bourgeois des colonels. C’est le rejet par les masses des institutions imposées par le régime de l’arbitraire.

Ce résultat des élections a une profonde signification. D’une part, le régime de l’arbitraire voit ses institutions, tenues vaille que vaille par Boumedienne, rejetées, et le régime lui même le reconnaît, non sans avoir auparavant gonflé les chiffres ; d’autre part c’est un signe annonciateur de la mobilisation profonde des masses qui se préparent à balayer le régime de la dictature. Mais ce rejet des institutions qui a toujours existé se déclare aujourd’hui ouvertement, du fait de la lutte de plus en plus déterminée de la classe ouvrière et de la jeunesse et plus précisément du combat des lycéens et des étudiants, en grève avant, pendant et après ces « élections » à la mode des colonels.

LE DESARROI ET LA PARALYSIE D’UN REGIME EN SURSIS

Le discours de Chadli à l’APN sur l’état de la nation, comme plus explicitement les interviews données à la télévision française, au journal français « le Monde » démontrent l’impossible démocratisation du régime de la dictature.

La poursuite de la politique de feu Boumedienne, dans une situation de catastrophe économique , et d’intervention de plus en plus déterminée de la classe ouvrière et de la jeunesse, tend à accélérer la crise au sein du régime, à exacerber les luttes de clans et de cliques, à aiguiser les déchirements. Tout cela va encore affaiblir ce bonapartisme agonisant du colonel Chadli, que la classe ouvrière par ses combats va inéluctablement désintégrer.

A la base du refus catégorique de Chadli d’accepter une quelconque « opposition » non d’ailleurs sans cynisme, mépris et provocation, est la combativité des masses et leur mobilisation révolutionnaire.

La politique de continuité adoptée par Chadli, par peur de l’ouverture d’une crise révolutionnaire, par peur des masses, rend et rendra encore plus explosive la moindre intervention de la classe ouvrière et de la jeunesse. Le moindre combat, comme le moindre succès d’une couche, ou d’une catégorie de travailleurs est saisi et sera saisi comme un levier, comme un appel puissant à l’action révolutionnaire des masses.

C’est ce qu’exprime un militant ouvrier qui écrit « chaque jour des conflits éclatent et partout les travailleurs disent : il faut faire comme les postiers ».

En effet, pour arracher leurs revendications, après les postiers, ce furent les métallos de Rouiba, les étudiants, les lycéens, les travailleurs de la RSTA ; par la grève, ils arrachent leurs revendications et les travailleurs se le disent ; c’est le moment.

UN BARRAGE CONTRE LES MASSES : le PAGS (ex-PCA)

Le PAGS ex-PCA , ne cesse d’expliquer et de combattre pour que les masses se soumettent à la politique d’exploitation et d’oppression du régime des colonels : production, productivité par ci, GSE, statut général du travailleur par là, réforme Benyahia, etc…

D’ailleurs il suffit de lire son organe officiel pour s’en convaincre. Sous le titre, oh combien significatif : « trois cas de conflits sociaux évitables : PTT, CVI SONACOME, Hôpital Mustapha » il écrit : « chez les postiers, certains milieux – y compris patriotiques – ont dit : cette grève a. été trop »unanime », trop « brusque » pour n’être pas le résultat d’ « une manipulation réactionnaire », ce n’est pas faire preuve de naïveté politique, ni de suivisme à l’égard du mouvement des «travailleurs, ni de démagogie populiste que de répondre ; c’est là une appréciation erronée. La revendication des postiers est claire : il s’agit d’une demande d’augmentation de salaires. »

Quelle hypocrisie ! Quel langage mensonger !

Quelle falsification ! le PAGS fait dire à certains milieux… ce qu’il pense lui-même de ces combats de la classe ouvrière, et pour ne pas apparaître comme totalement opposé à la classe ouvrière, à la jeunesse et à ses revendications, le PAGS est obligé de tricher et de falsifier.

Mais mensonges et grossières manœuvres ne trompent personne, il y a d’un côté les combats, les grèves, les manifestations des masses dont la grève générale et nationale des postiers, les grèves et manifestations des étudiants et lycéens qui montrent la voie de l’organisation indépendante et de l’autre côté il y a les colonels, le régime de la dictature et le PAGS.

Les travailleurs des PTT en engageant le combat, la grève contre tous les conseillers plus ou moins intéressés à la préservation de l’ordre établi en Algérie, contre tous les obstacles, n’ont pas demandé, ils ont exigé, ils ont arraché leurs revendications.

Et le PAGS sait que la grève est interdite en Algérie par le régime des colonels. Et le PAGS qui a soutenu, défendu et appelé à voter la « charte nationale » des colonels sait que celle-ci précise bien l’interdiction de la grève dans le secteur public, d’Etat.

N’est-ce pas donc évident que le contenu profond de ces grèves , c’est la mobilisation des masses pour leurs propres revendications pour chasser le régime de l’arbitraire, et pour instaurer les libertés, les droits, un gouvernement responsable, une Assemblée Constituante Souveraine qui ouvriront la voie au gouvernement ouvrier et paysan, au gouvernement des travailleurs ?

La réponse aux écrits du PAGS datés du 26 Août 1979 et à sa politique, c’est l’irruption des lycéens du mois de décembre, des étudiants, des travailleurs de la RSTA en grève générale le lundi 17 Décembre. Les masses travailleuses et la jeunesse se sont mises en mouvement. Les étudiants, les lycéens, concrètement commencent à briser les barrages contre-révolutionnaires que sont l’UNJA, la CNE, les CVU, les CP contrôlés par les staliniens du PAGS et ouvrent la voie à leur indépendance syndicale et politique.

LA CRISE DU REGIME DE LA DICTATURE S’APPROFONDIT

L’interpellation du gouvernement par l’APN, la « menace » d’une commission de contrôle sur la commercialisation du gaz a pour origine d’une part la lettre écrite par l’ex-ministre de l’Energie, Ghozali, lettre envoyée à tous les membres du gouvernement, du CC du FLN , et aux députés , dénonçant la politique du nouveau ministre NABI et proposant l’ouverture d’un débat sur la politique du pouvoir en matière d’hydrocarbures, et d’autre part, les révélations faites par NABI sur le contrat signé entre la SONATRACH et le trust US EL PASO.

En définitive, c’est sur la base de ces déchirements entre les cliques et les clans, entre les différentes fractions de la bourgeoisie que l’APN a soulevé le problème du contrôle.

L’intervention immédiate du président Chadli à l’APN est à la mesure de la peur qui étreint le régime : sa déclaration est nette : « le contrôle doit être exercé sans improvisation et précipitation afin d’éviter toute injustice et de préserver la société » (…)

« la direction politique n’hésitera pas à prendre des mesures décisives concernant toute affaire dont les preuves sont établies. »

La mise en garde du colonel Chadli à l’adresse de l’APN est claire. Il ne peut y avoir de contrôle de la politique du régime des colonels. L’APN doit rester l’APN, c’est-à-dire : Une Assemblée bidon, une assemblée de béni oui oui dont les députés ont été choisis par le régime de la dictature.

L’APN n’a pas changé de nature. Cependant la crise politique la parcourt. La crise s’approfondit, cela est une évidence et elle atteint y compris cette institution des colonels qu’est l’APN.

C’est ce qui explique l’appel angoissé du Colonel Chadli à ses pairs du CC du FLN « il est regrettable de s’exprimer sur ces difficultés d’une manière qui porte atteinte à l’économie nationale… ceci ne va pas non plus sans nuire à l’Etat et à la révolution », il poursuit : « si je tiens de tels propos dans cette enceinte et devant vous, c’est parce que vous représentez la Direction politique du pays. Tout en étant des responsables politiques, vous êtes responsables – et naturellement moi aussi – de l’exécution et de la réalisation. »

« Nous sommes tous conscients, maintenant plus que jamais, de la nécessité d’œuvrer ensemble, la main dans la main, et d’affronter les problèmes avec courage et esprit de responsabilité. »

La crise du régime s’approfondit, les déchirements se multiplient, ils se manifestent publiquement. A l’origine, la mobilisation et le combat de plus en plus résolus des masses travailleuses et de la jeunesse qui veulent chasser le régime de la dictature.

L’intervention des militants révolutionnaires, l’intervention des militants de TA est partie intégrante du combat des masses travailleuses pour arracher leurs revendications.

Cette intervention se traduit par le combat pour la tenue d’Assemblées Générales démocratiques et souveraines regroupant tous les travailleurs syndiqués et non syndiqués, par l’organisation de la grève et l’élection des comités de grève.

A partir de ces comités de grève élus, de leur coordination, les militants
révolutionnaires doivent ouvrir la voie à l’indépendance de classe, par le moyen d’un congrès extraordinaire et démocratique de l’UGTA sur la base du rejet du régime de la dictature en Algérie.

Avec la classe ouvrière, les militants révolutionnaires ont déjà engagé le combat.

Chez les lycéens est à l’ordre du jour leur organisation indépendante ; chez les étudiants, les collectifs élus, les comités élus proclament leur objectif fondamental : LE SYNDICAT ETUDIANT INDEPENDANT qui doit s’exprimer dans la bataille pour le congrès constitutif, que nourrissent les étudiants révolutionnaires, et avec eux les militants de Tribune Algérienne.

Dans l’émigration en France, la tenue de la 1ère conférence des étudiants la désignation d’un collectif, mandaté pour préparer la coordination et la 2ème conférence est intimement lié à la lutte et aux objectifs que se fixent les étudiants en Algérie même.

Ce combat général des lycéens, des étudiants, de la classe ouvrière, c’est le combat pour les revendications et libertés démocratiques, couronné par
l’ASSEMBLEE CONSTITUANTE SOUVERAINE, pour un GOUVERNEMENT RESPONSABLE et balayant d’un même mouvement le régime haï des colonels, le régime de la dictature.


Le combat organisé et victorieux des lycéens d’Alger

Par dizaines de milliers les lycéens d’Alger se sont mis en grève, par dizaines de milliers, ils ont manifesté, se sont organisés, ont imposé leurs délégués élus démocratiquement.

Déterminés, ces dizaines de milliers de lycéens mobilisés et organisés ont obligés le régime a capituler. Le régime a reculé. Les lycéens sont victorieux.

C’est la grève, c’est la manifestation, c’est l’organisation qui ont permis et mené à la victoire le mouvement lycéen.

Aujourd’hui, les travailleurs et les jeunes, lycéens et étudiants, se mobilisent jusqu’à la satisfaction de leurs revendications contre le régime de la déchéance et de la misère. Victoire des postiers en juillet 1979, victoire du mouvement lycéen en décembre 1979, c’est la détermination au combat, au même combat, des travailleurs et de la jeunesse, contre le régime de fait, contre l’Etat bourgeois.

Aujourd’hui, les lycéens d’Alger montrent la voie pour balayer le régime failli et ses institutions moribondes : c’est la voie de la mobilisation, la voie de l’organisation.

UNE SITUATION SCOLAIRE INACCEPTABLE !

Rien n’existe pour la jeunesse : ni cadre d’études, ni loisirs, ni liberté. La
politique des colonels est une politique de destruction de dizaines de milliers de jeunes qui se trouvent littéralement jetés à la rue, livrés à eux-mêmes, au chômage, à la misère, à la déchéance, la plus totale.

L’école est à la mesure des besoins des colonels, elle n’est pas à la portée de tous les enfants, elle est sélective, elle ne garde qu’une infime
fraction d’enfants et rejette la grande majorité.

Tous les enfants ne sont pas assurés de trouver une place à l’école dès l’âge de 6 ans !

Dès l ‘âge de 12 ans, des milliers d’enfants sont renvoyés de l’école. Sur leur livret scolaire on lit : « à orienter vers la vie active ».

Quel est le travailleur qui accepte aujourd’hui que son fils ou sa fille soient renvoyés de l’école à 12 ans ?

Entre 12 et 17 ans, des dizaines de milliers de jeunes se retrouvent dans la rue. Ceux qui les renvoient les jugent ou trop jeunes ou trop vieux. Trop jeunes pour travailler, trop vieux pour l’école. Mais que leur offrent les colonels ?

Rien. La rue, la misère la plus noire C’est la liquidation de ces jeunes, c’est la destruction de la jeunesse !

60% de la population ont moins de 20 ans, cela veut dire que la plus grande fraction de cette jeunesse se retrouve dans la rue. Peu d’enfants réussissent aux examens !

52, 42 % en 1ère AM
36 % au CEP
25,61 % au BEM
17,1 % au Baccalauréat

Tous les autres, les rejetés, se retrouvent livrés à eux-mêmes. Sur 4 millions d’enfants scolarisés, 1 sur deux cents réussit au baccalauréat.

C’est ça l’école des colonels.

Et ce n’est pas tout. Car les classes existantes sont surchargées, les élèves sont les uns sur les autres. Pas d’écoles, pas de transports scolaires, les élèves sont ballottés çà et là et finalement, sans aucun bagage, ils sont rejetés.

Que vont-ils faire ? Les colonels s’en moquent, ils chargent contre les jeunes leurs policiers et leurs chiens car bien que les jeunes soient jetés à la rue « ils ne doivent pas rester dans la rue »…

Quel est le travailleur ou le jeune qui accepte cette situation ?

Depuis le premier plan quadriennal (1970-1973) 550 CEM programmés ne sont pas achevés. Nous sommes en 1980…

Dans le primaire, on ne chiffre plus les écoles qui ne sont pas livrées, sans compter les technicums, les écoles normales… Les manques sont énormes, dans toutes les wilayates.

Les transports scolaires sont inexistants. Des lycéens de grande Kabylie, habitant dans une commune qui n’a pas de lycée doivent faire, à leurs propres frais, 48 Km/jour pour s’assurer une instruction.

Pas de transports pour ces jeunes, enfants de travailleurs, il faut se payer le taxi, pendant que les enfants des ministres ont la voiture et le chauffeur à leur disposition, pour se rendre au lycée où des classes particulières sont aménagées pour que ces enfants assimilent bien le programme et réussissent aux examens.

Quel est le travailleur, quel est le lycéen qui accepte cette situation ?

LES LYCEENS D’ALGER N’ACCEPTENT PAS : ILS FONT LA GREVE, ILS MANIFESTENT ET ILS GAGNENT

C’est toute cette angoisse de la jeunesse face à son avenir qui s’exprime dans le mouvement des lycéens d’Alger. Il est l’expression de la détermination de la jeunesse au combat contre le régime qui organise la déchéance des jeunes… C’est la détermination de la lutte organisée jusqu’à la victoire contre ceux qui décident, pour leur arracher ce droit de décider pour les jeunes et pour les masses, jusqu’à la satisfaction de toutes les revendications.

Les lycéens d’Alger ont été jusqu’au bout, refusant les mesures arbitraires modifiant les épreuves du baccalauréat, ils exigent le retrait de ces mesures et le démenti officiel sur El Moudjahid.

Le 4 décembre se déclenche le mouvement de grève au lycée Ourida Meddad. Elle s’étend à tous les lycées d’Alger. Une marche se forme, contre le ministère. Elle commence du lycée Abane Ramdane en passant par Ourida Meddad, remontant sur le lycée du Caroubier, le lycée Aïcha et le lycée El Taalabia de Garçons (où ils se sont réunis dans la cour ), les lycéennes de Kouba sont descendues. De l’autre côté, à Alger, le lycée Emir Abdelkader avec les autres lycées se regroupent sur la place des martyrs et Bab El Oued, à Ben Aknoun, au Ruisseau, il y a eu un peu de bastonnade mais les lycéens armés de cailloux ont scandé : Police ! assassins !

Ils ont manifesté partout, ils ont marché rue Didouche Mourad, sur le Boulevard Mohamed V, bloquant la circulation.

Le 5 décembre, une délégation de lycéens est reçue par le Ministre qui promet l’annulation de la décision de modification.

Le 6 décembre, rien sur El Moudjahid. Les lycéens continuent leur marche entraînant avec eux d’autres jeunes, lycéens et non. lycéens.

Les policiers n’ont pas pu étouffer ce mouvement et arrêter la marche. Quand ils barraient la route d’un côté, bloquant le passage vers tel autre lycée, les lycéens contournaient le barrage et passaient par une autre issue.

L’annonce en page 5 d’El Moudjahid du 7-8 décembre, sous le titre « pas de matières nouvelles aux épreuves du baccalauréat, dément le ministre lui-même » ne satisfait pas les lycéens.

Le mouvement se développe, les lycéens s’organisent, notent toutes les revendications (transports, avenir après l’échec du bac).

A Constantine, à Annaba, les lycéens se mettent en grève, à Alger, les lycéens vont à la faculté voir les étudiants en grève également.

Le 9 décembre, le pouvoir capitule : en première page d’El Moudjahid on lit l’annonce : « Bac 80, aucune nouvelle matière ne sera introduite aux épreuves ».

Le régime a été obligé de reculer.

LE COMBAT DES LYCEENS, C’EST LE COMBAT DE LA CLASSE OUVRIERE

Satisfaction totale de la revendication des lycéens d’Alger. Une victoire de la jeunesse sur le régime de l’arbitraire, de la misère, de l’obscurantisme, de la déchéance.

Les lycéens sont victorieux parce qu’ils se sont organisés. Contre le régime failli, il faut s’organiser, pour vaincre, pour la satisfaction des revendications, il faut se mobiliser, s’organiser. C’est la seule voie qui mène à la victoire.

En dehors des organisations qui sont la création du pouvoir nous montre le mouvement des lycéens. Ils ont refusé la représentation de l’UNJA, qui défend les intérêts des colonels, contre ceux des lycéens. Les lycéens ont élu leurs propres délégués, démocratiquement. 10 lycéens par lycée. Ce sont ces lycéens élus, qui ont représentés les lycéens de la Wilaya d’Alger (près de 40 lycées) à la réunion du 11 décembre regroupant trois ministères : l’enseignement primaire et secondaire, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, la formation professionnelle et le travail.

Les élus lycéens ont présenté un mémorandum contenant toutes leurs revendications. Ils ont mis en avant dans leurs revendications l’absence d’une organisation où ils peuvent s’exprimer, s’organiser, et contribuer activement à la résolution de leurs problèmes.

C’est clair ! c’est le rejet de l’UNJA.

C’est l’aspiration légitime des lycéens à une organisation indépendante qui défende leurs intérêts et leurs droits (droits aux études, au travail, aux loisirs). L’aspiration des lycéens à une organisation des lycéens indépendante du pouvoir trouve son plein sens aujourd’hui, dans le combat de la classe ouvrière pour les libertés démocratiques. Ce mouvement des lycéens est l’expression pleine et entière du combat de la classe ouvrière qui veut balayer le régime de l’arbitraire. Ce mouvement va dans le sens du combat des masses, dont il est l’expression, qui aujourd’hui, se frayent un chemin vers l’organisation indépendante, pour chasser le régime failli, pour la satisfaction de toutes les revendications, pour l’Assemblée Constituante Souveraine.


Pour le syndicat étudiant indépendant, les étudiants combattent

Depuis près de deux mois des milliers d’étudiants sont en grève. Ils s’affrontent au régime. Combattre, s’unir, s’organiser telle est la voie choisie par les étudiants en Algérie.

A Tìzi Ouzou : les étudiants ont fait grève pendant prés d’un mois pour protester contre les conditions scandaleuses de logement. Ils ont balayé la section de l’UNJA et ont constitué une délégation représentative pour arracher leurs revendications.

A Sétif, les étudiants se sont mis en grève pour l’amélioration des conditions de travail et de vie.

A Constantine, ils ont boycotté les cours par solidarité avec un étudiant arrêté.

Mais c’est à Alger où les luttes ont atteint la plus grande amplitude et donné au mouvement un caractère politique marqué. La faculté de droit s’est mise en grève, les arabisants protestant contre l’absence de débouchés dans leurs diverses disciplines. Des réunions, des A.G. se sont multipliées, des manifestations ont eu lieu. A la Faculté centrale, 700 étudiants en A.G. ont dénoncé la CNE/UNJA caractérisée comme étrangère aux étudiants. Ils ont affirmé que la seule structure qui pouvait leur permettre de résoudre leurs problèmes était le SYNDICAT ETUDIANT INDEPENDANT .

En Sciences économiques, les étudiants ont dénoncé et balayé les structures corporatistes du pouvoir, les CVU, les CP de la CNE/UNJA. Ils se sont organisés en collectif provisoire. Ils ont rédigé un programme de revendications où ils affirment leur volonté de combattre pour une organisation syndicale indépendante et démocratique.

En revendiquant de meilleures conditions d’études, de logement, de transport, de nourriture dans les restaurants universitaires, l’augmentation des bourses, en exigeant la fin de la sélection et de l’arbitraire, la reconnaissance des diplômes, le droit à l’emploi, les étudiants combattent avec acharnement toute la politique du régime bourgeois des colonels, soumis à l’impérialisme.

Le combat des étudiants arabisants que le régime tente d’assimiler avec l’aide précieuse du PAGS, à celui de religieux intégristes, et cela sans succès, a comme contenu profond la bataille pour chasser le régime de la dictature, de l’analphabétisme, de l’inculture et de l’exploitation.

En définitive, les étudiants avec les masses travailleuses, refusant la déchéance, la misère, se préparent à balayer un régime qui a totalement soumis et adapté l’économie du pays et l’université aux exigences de l’impérialisme.

Tribune Algérienne publie le
Projet de Programme de revendications
du collectif des étudiants de sciences
économiques d’Alger

Et en second des extraits de l’A.G. qui
s’est tenue le dimanche 18 Novembre
à l’amphi Ben Bataouche
.


PROJET DE PROGRAMME DE REVENDICATIONS D’UN COLLECTIF D’ETUDIANTS DE SCIENCES ECONOMIQUES.

Préambule : Chaque année nous constatons que les conditions dans lesquelles nous étudions empirent. Les problèmes s’accumulent et ne trouvent pas de solution ou, lorsque celles ci sont trouvées, c’est sur le dos des étudiants.

Nous en avons assez. Nous pensons que seule notre intervention effective et unitaire est à même de résoudre les problèmes que nous vivons. Nous sommes convaincus que la résolution de nos problèmes passe par une lutte de l’ensemble des étudiants.

Pour une solution immédiate des problèmes les plus cruciaux

Pour une organisation démocratique des étudiants à même de mener la lutte continue pour solutionner les problèmes de fond dans l’intérêt de notre peuple et du mouvement étudiant.

I-NOS PROBLEMES ET NOS REVENDICATIONS

Tout le monde s’accorde pour dire que les conditions de vie et de travail des étudiants laissent à désirer. Mais jusqu’à présent rien de positif n’est fait pour un redressement pourtant indispensable. Au contraire, la situation s’aggrave tant au plan social que pédagogique. Ainsi l’aggravation de la sélection tant au niveau du Bac qu’au niveau des cycles universitaires, loin d’être une solution ne fait que doubler nos problèmes d’une atteinte de plus en plus intolérable à la démocratisation de l’enseignement.

L’origine des problèmes est pourtant claire pour tous les étudiants et pour beaucoup d’enseignants.

A-Les problèmes pédagogiques.

L’enseignement qui nous est dispensé se caractérise par :

1- Un manque de complémentarité et de coordination des cours qui se traduit par des redites, des cours auxquels nous ne sommes pas préparés.

Nous exigeons :
– l’élaboration d’un programme de formation pour les enseignants avec la participation des étudiants et des représentants des sociétés nationales où nous serons appelés à travailler à la fin de nos études.
– le respect du programme par les enseignants,
– un manque flagrant de préparation des cours par beaucoup d’enseignants dont la compétence est parfois très discutables,

Nous exigeons :
– la publication des polycopiés de tous les cours au début de chaque année
– la suppression de la dictée
– l’organisation périodique de séminaires concernant les différents cours
– la suppression du concours pour la PG et le respect du droit à l’enseignement pour tous
– l’application en PG du système de passage valable en licence (rattrapage et compensation)
– l’application effective et unique du contrôle continu des connaissances et la détermination définitive des modalités de contrôle valables pour tous avec la participation des étudiants.

Problèmes de moyens

– salles de travail : leur insuffisance n’a d’égal que le vide de certains amphis et salles de T.D.

Nous exigeons :

– la programmation optimale des cours et séances de TD afin de dégager des salles de travail pour les étudiants.
– l’augmentation du nombre de salles de travail.

Les problèmes sociaux

Aux problèmes pédagogiques viennent s’ajouter les problèmes sociaux qui ne font qu’empirer la situation et pousser l’étudiant à abandonner ses études.

1) le transport : La prétendue solution globale pour cette année a été un leurre. Beaucoup d’étudiants continuent à rater cours et TD à cause de ce problème.

Nous exigeons :
– un transport spécifique aux étudiants.
l’itinéraire et les horaires doivent être fixés avec les étudiants, transport pour résidents et non résidents.

2) restauration : Vu la dégradation en la matière, nous exigeons :
l’amélioration de la qualité et de la quantité dans tous les restaurants universitaires.
Le respect des règles minimum d’hygiène
l’augmentation de la subvention pour un repas

3) la bourse : Vu l’augmentation du coût de la vie, nous demandons une augmentation en fonction de cette évolution.
Nous exigeons la non-augmentation des frais universitaires (loyers, transport, bouffe)

4) hébergement : Nous demandons la construction de cités pour l’hébergement de tous les étudiants habitant hors de la ville d’Alger.
– Le droit à la chambre pour les doublants
– une chambre pour les étudiants en post-graduation

5) Hygiène et santé : Vu la situation alarmante, nous demandons :
– l’ouverture d’un centre de consultation médicale pour les étudiants.
– contrôle médical régulier des étudiants de l’institut
– amélioration des conditions d’hygiène à l’institut (eau, toilette)

6) Culture et loisirs : Nous demandons :
Un budget pour les activités culturelles et sportives à l’institut
l’attribution des locaux nécessaires
Organiser des modules d’arabe pour francophones tels que ces modules soient fréquentés par les étudiants (ex. pas le jeudi soir)
Une lourdeur de l’enseignement caractérisée par une surabondance de modules et une amputation d’une moitié de semestres pour les retards de démarrages des cours et TD.

Nous exigeons :
– le démarrage de l’année universitaire avec la date officielle.
– l’allègement du programme
– l’adaptation des cours aux besoins du pays

PROBLEMES SPECIFIQUES AUX ARABOPHONES

La division des étudiants en arabophones, francophones a été artificiellement créé et n’arrange ni les intérêts du pays ni ceux du mouvement étudiant. Nous voulons lutter pour :
– une arabisation progressive et conforme aux aspirations des masses et au même rythme pour l’ensemble des étudiants. L’arabisation étant un principe irréversible qui n’exclut pas le développement de la culture populaire avec toutes ses formes.
– une prise en charge effective des problèmes des arabophones notamment ouverture de la post graduation en arabe
– ouverture de toutes les filières existantes dans la section francophone, pour arabophone (théorie)
– traduction des ouvrages scientifiques qui existent en français
– amélioration du contenu des cours dispensés aux arabophones
– amélioration des cours de français aux arabophones
– organisation de cours d’arabe aux enseignants algériens francophones

Contrôle des connaissances et sélection

La finalité du contrôle ne doit pas être de bloquer l’étudiant mais de l’aider à améliorer ses connaissances.

Nous exigeons :
– l’organisation régulière pour tous les modules de sessions de rattrapage, au début au milieu et à la fin de chaque année.

– la publication avant chaque examen du contenu des programmes en attendant que ce contenu soit stable.

ADDITIF AUX PROBLEMES DE MOYENS

Salles de machine : Nous demandons l’élargissement des capacités et en attendant l’utilisation maximale des capacités existantes (plusieurs équipes) afin de donner les polycopiés des cours qui ne le sont pas.

Sorties sur le terrain : Nous demandons la programmation de stages pratiques dans le cadre de la formation à la mise à la disposition des équipes pédagogiques des moyens pour les sorties (voitures)

PROBLEMES ADMINISTRATIFS

Nous exigeons :
– l’allègement et la simplification des procédures bureaucratiques de réinscription.
– le respect du droit de l’étudiant au certificat de scolarité tout au long de l’année, la remise de la carte d’étudiant lors de la réinscription,
restauration : maintenir les restaurants universitaires ouverts jusqu’à 20h30 à cause des TD qui durent jusqu’à 20h.

POUR UNE ORGANISATION DEMOCRATIQUE DES ETUDIANTS : LE COMITE D’INSTITUT

Depuis la suppression de l’UNEA (1971) l’absence d’un cadre démocratique qui puisse prendre en charge nos problèmes n’a cessé de se faire sentir avec l ‘aggravation de nos conditions de vie et d’études. Les comités pédagogiques n’ont fait que diviser les étudiants devant l’administration et sont donc incapables de nous unir et résoudre nos problèmes.

La CNE parachutée ne nous représente pas et constitue un moyen de nous empêcher de construire une organisation démocratique. L’expérience des luttes isolées tant dans les instituts que dans les cités a montré la nécessité d’une organisation des étudiants. C’est pour cela que nous luttons et appelons tous les étudiants à lutter pour une organisation démocratique des étudiants algériens aux côtés des masses populaires en lutte pour la construction du socialisme.

En ce qui nous concerne, nous étudiants de sciences économiques, nous sommes décidés à contribuer à cette tâche d’intérêt national par :
– l’élection d’un comité d’amphi au niveau de chaque année.
l’élection d’un comité d’institut représentant toutes les années. L’assemblée générale doit dégager une commission chargée de l’organisation des élections ouvertes à tous les étudiants sans distinction.

La solution de nos problèmes ne nous tombera pas du ciel, c’est par notre organisation démocratique que nous pourrons en venir à bout et nous mettre résolument aux côtés des masses populaires.

VIVE L’UNITE DU MOUVEMENT ETUDIANT
VIVE LE SOCIALISME


II) Compte rendu de l’AG de sciences économiques

Dimanche 18 Novembre – 13 heures.
Environ 700 étudiants sur 1400 inscrits sont présents. Cette AG durera 4 heures.

Intervention du collectif : « depuis la dissolution de l’UNEA les luttes ont continué. Tout récemment à Tizi Ouzou, dissolution de la section UNEA, constitution d’une délégation par les étudiants.
à Constantine, grève des étudiants à la suite de l’emprisonnement de 2 syndicalistes (1 étudiant, 1 travailleur) dans le secteur de la santé sous prétexte d’une affaire de mœurs.
à Oran, grèves

la commission nationale des étudiants (CNE/UNJA) n ‘a pas été élue par les masses. D’où ce collectif, formé d’étudiants qui se sont réunis, ont discuté, se sont donné deux axes : poser les problèmes sociaux et pédagogiques.

créer une structure, représentative au moins au niveau de l’institut

Le collectif propose l’ordre du jour suivant :
1) présentation du collectif,
2) discussion sur les problèmes
3) discussion sur les formes d’organisation

Depuis la dissolution de l’UNEA, il y a un vide. A partir de 74, les grèves se développent : 2 caractéristiques : ce sont des grèves à la fois générales et isolées, d’où la nécessité d’une organisation centralisatrice.

La CNE a été parachutée contre les étudiants. Il faut une organisation démocratique aux côtés des masses populaires.

Des étudiants se sont réunis, ont discuté, ont contacté la CNE qui a refusé la discussion, ont procédé à l’affichage, prises de paroles, élaboré le projet de programme.

La discussion sur les problèmes sociaux et pédagogiques : Le président fera des efforts désespérés pour essayer de maintenir la discussion sur ce point, parce que les interventions portent tout de suite sur la question de l’organisation.

DEBAT (Interventions)

Intervention : quand vous dites : la CNE ne nous représente pas, ce n’est pas l’avis de tous les étudiants. D’ailleurs ce projet de plateforme correspond à la plate forme de l’UNJA qui a été préparée par une A.G. Historiquement en 1971 il n’y a pas eu réellement dissolution de l’UNEA. Les étudiants étaient rassemblés autour des CV (plus de 1000 en 1971) – Pour les comités d’amphi quel contenu vous y mettez ?

Intervention : la CNE qu’a-t-elle apporté ? de la merde ! (applaudissements ) l’UNJA est une filière du FLN (applaudis) limitons-nous à une organisation qui résout nos problèmes.

Intervention : Cet étudiant est bien connu des étudiants, il a représenté l’UNJA au festival mondial de la jeunesse à Cuba. Les problèmes quels sont-ils ? Par exemple pour les nouveaux bacheliers des discussions positives ont été prises cette année. Pour les taux de bourse même chose. Des problèmes subsistent c’est à cause des manœuvres visant à donner à l’université un caractère anti-démocratiques. Mes propositions pour le projet sont : adaptation de la formation aux besoins du pays.

Les étudiants doivent faire parvenir leurs souhaits (sous forme de fiche) à leurs représentants pour leur faciliter l’accès aux filières. Pour les comités pédagogiques (CP) si les problèmes ne sont pas résolus, c’est à cause de l’absence d’organisation étudiante et non à cause de l’existence des CP qui sont un cadre de concertation utile (applaudis.)

Intervention : il faut bien le dire nous sommes pour des revendications, pas pour des propositions pour gérer la crise. Pour aller discuter là haut, la seule alternative, c’est la lutte.

Intervention : A Bab Ezouar, tous les problèmes (division arabophones et autres) sont venus des C.V ; – Il faut l’unité du mouvement étudiant.

Le président : Le collectif propose des cahiers de revendications au niveau des amphis. Je rappelle (comme au début de l’AG) que seuls les étudiants et les enseignants de sciences économiques peuvent prendre la parole.

Remous dans la salle, des étudiants se lèvent, l’un crie : c’est un problème national et vous fermez la discussion.
l’organisation des étudiants ne se construit pas seulement à sciences Eco,

Le président menace de les faire sortir .

Discussion sur les formes d’organisation

Intervention : Pour ce qui est de la CNE c’est vrai qu’il y a eu des manques. Elle n’a pas traité les problèmes. Mais elle a l’avantage d’être une organisation légale. Il ne faut pas la supprimer. Disons que ses membres ne sont pas compétents et qu’il en faut d’autres (applaudissements)

Le président : La CNE est contre les étudiants. Les comités pédagogiques sont mixtes, ce ne sont pas des organes des étudiants, nos problèmes ne sont pas réglés. La CNE a été parachutée ; le congrès de l’UNJA était un congres maison où les étudiants n’étaient pas représentés et la CNE n’a même pas été élue dans le cadre du congrès.

Intervention : La CNE apporte elle quelque chose de concret ? Les rapports avec l’administration ne peuvent être que des rapports conflictuels. Or l’administration sait que la CNE n’a rien derrière elle. Elle ne donnera rien.

Intervention : La ligne de la CNE ce n’est pas ce que veulent les étudiants. Nous nous savons ce que nous voulons (applaudissements)

Intervention : (Il s’agit d’un membre des CVU qui a démissionné quelques jours avant pour rejoindre le collectif ) (Ils sont plusieurs dans ce cas) Le problème de la CNE pose le problème de la façon de voir les problèmes au niveau de l’université et du pays. Il faut participer aux problèmes du pays. Il faut participer aux problèmes du pays. Il ne faut pas faire preuve de sectarisme. Toutes les tendances doivent s’exprimer. Il y a le volontariat, les délégués pédagogiques, le collectif…

Les contradictions existent mais elles ne doivent pas s’exprimer au niveau pédagogique. Que je lise cette plateforme ou celle de la CNE, je ne me reconnais en tant qu’étudiant comment on s’organise, tel est le vrai problème.

Si quelqu’un veut dire organisation autonome du pouvoir, du FLN qu’il le dise. Maintenant c’est l’expérience qui dira ce qu’il faut. Avant tout nous sommes des étudiants. Voyons comment on se structure.

Le seul critère de démocratie appartient aux étudiants (toute la salle applaudit) Nous n’avons pas d’organisation du jour au lendemain. Il faut élargir le mouvement à tous les instituts, tout le pays. Le congrès de l’UNJA, tout cela c’est des textes – comment on fait appliquer, tel est le problème. Les CP peuvent être un cadre de discussion. Il faut faire les choses progressivement. Il ne doit pas y avoir de cassure.

Intervention : (de la tribune) La CNE a été mise en place pendant les vacances. Elle s’est substituée aux étudiants. Le mouvement de Ben Aknoun l’an passé a été brisé par des membres de la CNE. Il faut une organisation démocratique. Il faut une organisation démocratique. Il faut des comités d’amphi, les coordonner par un comité d’institut. Il faut prendre contact avec les autres instituts pour qu’ils fassent la même chose.

Intervention : L’UNEA a été dissoute, mais pour quelles raisons, c’est parce qu’elle avait un programme politique gênant. La grève ce n’est pas une solution. Le mouvement de Ben Aknoun a été chapeauté. Les gars du collectif on ne les a pas vus dans les campagnes (hurlements, cris, sifflets). La grève de Tizi Ouzou a duré 25 jours, celle de Constantine 23 jours, cela n’a rien donné du tout. Pour l’administration, il n’y a qu’un seul cadre de lutte légale : l’UNJA et la CNE, le recteur, le doyen ne discuteront jamais avec un collectif qui n’est pas légal par rapport au FLN. Et les problèmes pressants ne sont pas résolus. Alors des théoriciens proposeront la grève. Vous dites que les CP sont pas résolus. Alors des théoriciens proposeront la grève. Vous dites que les CP n’ont rien donné mais est-ce que vous êtes seulement allés.

Intervention (membre du collectif) : Ici, il y a la CNE, le collectif, les étudiants. Nous ne faisons partie d’aucun groupe politique. Nous dénonçons dès maintenant tous les tracts que sortiront demain le PAGS, le FFS, le PRS et d’autres – ces gars qui hurlent (s’adressant aux membres des CVU) c’est la vérité qui les blesse. Dès qu’on les touche ils piquent une crise. Mais les CVU dans la grève de psycho ils ont dit ceux-là sont à la solde de l’impérialisme (toute la salle applaudit). A Ben Aknoun, ils ont dénoncé, ils ont dit : ce sont les berbéristes, ce sont les gauchistes, c’est le PRS. Quand il y a eu le meeting du comité de vigilance de Ben Aknoun, ils sont venus avec des couteaux et des chaînes à vélo. Quand il y a eu la marche de l’an dernier, ils se sont opposés à la marche à El Harrach.

Du congrès de l’UNJA , est-ce qu’il est sorti un mouvement des masses ? Non une malheureuse commission. Nous, on voudrait bien un mouvement de masse.

Le collectif ne prétend pas à la représentativité. Il l’a dit. Mais, il se renforce chaque jour. Il y a déjà 120 étudiants. L’organisation des étudiants ce n’est pas quelque chose d’abstrait. Nous proposons d’organiser un meeting, des comités d’amphi, d’un comité d’institut. Nous proposons l’élection d’un comité provisoire d’institut pour préparer les élections au niveau de l’institut et des amphis (toute la salle applaudit)

Intervention : Les effectifs de la CNE ne cessent de décroître. Mais est-ce que les étudiants ont voté pour la CNE. A Tizi Ouzou, les étudiants l’ont rejetée et il ne reste plus qu’un bureau.

Le président : Propose que l’on discute sur la constitution d’un comté d’institut élargi (toute la salle applaudit)

Intervention : Il ne faut pas utiliser les problèmes à des fins partisanes. La CNE n’est pas l’organisation des étudiants.

Intervention : Sans Boumedienne la dissolution de l’UNEA n’aurait pas pu se faire. Elle a été dissoute parce qu’elle s’est voulu autonome. Il y a eu des emprisonnés, des morts, l’UGTA n’a pas soutenu le coup d’Etat de 65. Le pouvoir l’a décapitée (applaudissements) c’est parce que les ouvriers commencent à obtenir satisfaction de leurs revendications en dehors de l’UGTA par la grève qu’il y a eu le congrès… Tous les étudiants qui sont ici aujourd’hui pourquoi seraient-ils venus s’ils pensaient que la CNE est leur organisation. La CNE n’est qu’une commission du FLN. Le problème de l’organisation des étudiants s’est posée parce que les grèves étaient fragmentaires. Dans les PTT, les travailleurs ont agi contre l’UGTA, contre DEMENE, qui est venu venu dire « seulement 180 DA » (interruption, hurlements, cris). Les étudiants n’ont pas d’autre défenseur qu’eux-mêmes (applaudissements)

Pour la commission élargie tout étudiant électeur est éligible, révocable, immédiatement. Que ceux qui sont d’accord pour faire partie de la commission élargie se présentent à la Tribune un par un devant l’A.G. (environ 50 étudiants, quelques filles se présentent)

La tribune appelle ceux qui veulent venir renforcer le collectif à se réunir le samedi 24 à Omar Racine.

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