Textes parus dans Pouvoir ouvrier, n° 38, mars 1962, p. 2-3
LA SITUATION A CONSTANTINE VUE PAR LE FIGARO (15.3.62).
Il est clair, et on a eu l’occasion de le vérifier déjà à plusieurs reprises, qu’en cas de heurs entre les communautés, l’armée prendra partie pour les Européens.
Les autorités civiles s’inquiètent de cet état d’esprit.
Elles constatent avec une certaine amertume leur impuissance.
Elles n’ont aucun moyen d’action. Les services de la Préfecture comprennent une immense majorité de Français d’Algérie. La police est noyautée par l’O.A.S. Les autorités sont noyées dans un milieu hostile, épiées et surveillées sans cesse.
L’O.A.S. distribue des tracts et des bulletins d’informations, multiplie ses émissions-pirates de la radio, intercepte les ordres et prend connaissance des consignes les plus secrètes. La Préfecture n’a aucun moyen d’action propre. Elle est obligée de passer par le canal de l’armée qui lui refuse son concours actif. Certains militaires sont ouvertement favorables à l’OAS. Les autres, l’immense majorité, restent dans l’expectative.
MAX CLOS
LES PHRASES DEFINITIVES
QUI ET QUAND ?
Les départements d’Algérie font partie de
la République, ils sont français depuis
longtemps ; jamais la France, jamais aucun
Gouvernement ne cèdera sur ce principe
fondamental. (I)
Tous les moyens seront réunis pour que
la force de la nation l’emporte, quelles
que puissent être les difficultés et les
cruautés de cette tâche. (2)
Novembre 1954………………. MENDES (I) et MITTERRAND (2)
Nous n’irons plus au bois
Les Lauriers sont coupés ;
La belle que voilà
Ira les ramasser,
Entrez dans la danse
…………………………………..
La paix en Algérie ! Chaque jour à Bab-el-Oued, à Oran, à Bône, le massacre continue.
Le Gouvernement, les politiciens de droite et de gauche « très émus par ce désordre persistant » préparent avec ferveur les prochaines élections. De l’U.N.R. aux communistes ce n’est qu’un même souci : récolter des places de député, et pour cela, chacun de démontrer au bon peuple qu’il est le responsable de la paix.
Écoutons ce brillant festival !
THOREZ. « Cette paix a été gagnée par la lutte du peuple français,
soutenue par notre parti qui a toujours mené avec vigueur le combat anti-colonialiste, qui dès le début a soutenu les aspirations légitimes du peuple algérien ».
MOLLET. « C’est la politique que nous avons toujours préconisée ».
MENDES-FRANCE. Même refrain.
M.R.P. Il met l’accent sur le fait qu’un de ses ministres était un négociateur des Rousses.
U.N.R. Elle est encore plus gourmande. De sordides calculs divisent ses chefs pour savoir à quel moment [on doit procéder] à des élections pour en retirer le plus grand bénéfice. Car ces messieurs, les Frey, Michelet, Debré, s’estiment les grands artisans de la paix.
Ainsi chacun cherche à être récompensé par ses électeurs d’une si brillante victoire : la fin de sept ans et demie d’une guerre qu’ils s’empressent tous de trouver « imbécile ».
Peut-on leur demander pourquoi ils n’étaient pas si lucides il y a sept
ans ? Sont-ce là nos grands génies politiques ?
Ils se sont trompés vous diront-ils !
L’envoi du contingent, les pouvoirs spéciaux, l’état d’urgence, la ba-taille d’Alger, les ratissages, les exploits de Massu, tout cela était une erreur.
Un MILLION d’Algériens morts, DEUX CENT MILLE soldats du contingent, voilà ce qu’a coûté cette erreur. Mais personne n’est responsable.
Dès le début de Thorez à de Gaulle, ils étaient pour la négociation !
Ils nous invitent maintenant à leur tresser des lauriers.