Éditorial paru dans La Vérité des travailleurs, n° 124, mars 1962, p. 1-2
Après le cessez-le-feu, les travailleurs français doivent se mobiliser pour écraser dans l’œuf toutes les tentatives de l’O.A.S. et la détruire.
Pour ce faire, il ne faut pas compter sur le pouvoir gaulliste. Ce sont les travailleurs qui :
Doivent chasser des entreprises les fascistes avérés.
Interdire la circulation des torchons fascistes qui pullulent, comme « Carrefour », « Rivarol », « Aspects de la France » et punir leurs diffuseurs. Des feuilles guère plus ragoûtantes, sinon plus anodines, comme « Le Parisien Libéré » et « L’Aurore » qui ne vont pas manquer d’entretenir les rancœurs des rapatriés d’Afrique du Nord, doivent être aussi l’objet de l’attention vigilante de tous les antifascistes.
Faire taire les propagandistes plus ou moins camouflés de l’O.A.S. et de l’Algérie « française ».
Alimenter la saine indignation des masses contre les monstrueux attentats de l’O.A.S. comme celui d’Issy-les-Moulineaux, perpétrés pour défendre les privilèges de ceux qui exploitent depuis 130 ans l’Algérie.
Exiger que l’on fusille les plastiqueurs et leurs chefs.
Ne jamais laisser sans riposte les actions criminelles de l’O.A.S.
C’est pourquoi il faut former des groupes d’auto-défense dont l’organisation conduira le prolétariat à ressentir la nécessité des Milices ouvrières.
Mais le devoir de classe des travailleurs français ne doit pas se borner à cela. Ils doivent aider leurs frères algériens qui continueront la lutte, sous d’autres formes, après le cessez-le-feu.
Hélas ! il ne faut pas compter sur les direction des grandes organisations traditionnelles pour adopter un tel point de vue.
Les directions de F.O., de la S.F.I.O., de la C.F.T.C., de la F.E.N., pro-gaullistes de manière plus ou moins voyante, mettent sur le même pied le gouvernement français et la Révolution algérienne.
Le P.C.F. se place sur le terrain formel du respect des accords. C’est le sens de l’interview que Waldeck-Rochet vient de donner à Paris-Presse et qu’a reproduit le numéro du 6 mars de France Nouvelle : « C’est pourquoi une fois l’accord signé, nous allons poursuivre l’action pour son application loyale ».
Les travailleurs français, au contraire, doivent se placer, résolument sur le terrain réel de la défense de la Révolution algérienne, c’est-à-dire qu’ils doivent lutter contre le gouvernement non pas seulement pour que soient respectés les accords, mais pour que le capitalisme français soit contraint à de nouveaux reculs, facilitant l’achèvement socialiste de la Révolution algérienne.
C’est de cette considération fondamentale que doivent s’inspirer les militants pour élaborer des morts d’ordre adoptés à la nouvelle situation.
Le gouvernement gaulliste a l’intention de ne procéder qu’à une libération par étape des détenus algériens, en commençant bien entendu par les moins politisés. C’est une tentative de corruption tout à fait consciente. En conséquence, les travailleurs français doivent agir pour :
1. LA LIBERATION IMMEDIATE DE TOUS LES REVOLUTIONNAIRES ALGERIENS prisonniers dans les geôles de l’impérialisme français ainsi que des Français détenus pour leur solidarité envers la Révolution algérienne. AMNISTIE POUR TOUS CEUX QUI ONT REFUSE DE PORTER LES ARMES CONTRE LA REVOLUTION ALGERIENNE !
2. L’évacuation des bases militaires françaises en Algérie.
3. La légalisation en France des organisations algériennes, légalisation comportent la possibilité de faire paraitre leurs publications, le droit de réunion, etc.
Ces mots d’ordre doivent être défendus dans les partis ouvriers, les syndicats et dans les comités antifascistes.
Ces mots d’ordre ne révéleront leur pleine efficacité que si l’on trouve des formes d’organisation pour les soutenir, et la perspective politique juste de lutte contre le gouvernement gaulliste. Cela signifie qu’il faut coordonner l’activité des comités antifascistes. Par conséquent lancer l’idée de fédération des Comités de base et replacer toutes les actions partielles dans le cadre de la lutte pour un gouvernement des organisations ouvrières.
Le 15 mars 1962.
« V. T. »