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Salut à l’Algérie indépendante !

Textes parus dans Quatrième Internationale, 20e année, n° 16, juillet 1962 (3e trimestre), p. 1-5

L’indépendance de l’Algérie, c’est une des plus grandes victoires révolutionnaires depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Elle a été arrachée par huit années de lutte héroïque de tout un peuple contre l’impérialisme français.

L’indépendance de l’Algérie, c’est un soutien aux luttes des peuples encore colonisés, notamment du sud de l’Afrique. Nous saluons la mémoire de ces milliers et milliers d’Algériens qui sont tombés dans un combat qui fut souvent si inégal, les masses algériennes n’ayant, par suite des trahisons des directions traditionnelles, pas reçu des ouvriers français l’appui qu’elles auraient dû recevoir comme manifestation de l’internationalisme prolétarien.

Comme les Algériens le disent eux-mêmes, l’indépendance n’est qu’une étape dans la Révolution qu’ils ont entreprise ; celle-ci continue pour faire de l’Algérie un pays appartenant à la collectivité laborieuse qui le constitue, pour faire une Algérie socialiste.

Vive l’Algérie indépendante !

En avant vers l’Algérie socialiste !


La Révolution algérienne à l’heure des options décisives

On conjecture beaucoup sur l’avenir de la Révolution algérienne : installation dans la pause « bourguibiste », néo-colonialiste, ou transformation structurelle radicale du pays s’acheminant au socialisme ?

Les accords d’Evian pris et tenus à la lettre ne sont qu’une entreprise néo-colonialiste assez claire de la part de l’impérialisme, pour que les forces immenses de la Révolution algérienne puissent accepter, dans la passivité, la confusion et la désorientation, l’organisation de la contre-révolution à l’intérieur même de leurs rangs.

Les accords d’Evian furent l’expression d’un compromis basé sur le rapport de forces précis entre l’impérialisme et la Révolution, et qui excluait une évolution vers la solution militaire totale et nette à la Dien-Bien-Phu. Cette solution — comme nous avons eu déjà l’occasion de le signaler à plusieurs reprises — nécessitait l’intervention d’une aide extérieure. Cette aide eut été un armement adéquat mis à la disposition des forées humaines importantes et suffisantes de la Révolution algérienne, armement manié par des spécialistes de la guerre révolutionnaire et de la destruction et du passage des barrages. Une telle aide, possible et effectivement offerte — en provenance de la Chine populaire, d’autres Etats ouvriers, de l’Indonésie, de certains pays arabes, et de milieux révolutionnaires européens et internationaux — ne saurait être utilisée que dans le cadre d’une toute autre conception de la conduite de la lutte contre l’impérialisme, que celle qui a prévalu en définitive. Elle présupposait, sur le plan intérieur, l’acceptation de la transformation du F.L.N. en parti politique de fait avec une idéologie socialiste précise, et surtout le rejet décisif des méthodes d’organisation et de fonctionnement qui paralysaient le rendement maximum des forces immenses de la Révolution. Sur le plan extérieur, elle présupposait de courir le « risque » d’un embrasement révolutionnaire de tout le Maghreb par une politique révolutionnaire dirigée avant tout vers les masses, les masses paysannes en particulier, des pays limitrophes.

Certes, dans le cadre d’une telle politique et perspective, basée avant tout sur l’intensification de l’effort militaire et la lutte armée décisive contre l’impérialisme, avec destruction et passage des barrages, armement réel des forces de l’intérieur, et jonction sur les champs de bataille de l’Algérie même, de l’armée des frontières et de de l’intérieur, le danger était grand de voir la guerre se généraliser au-delà d’un conflit limité avec français. C’est l’argument qui a prévalu en définitive dans les rangs de la direction de la Révolution algérienne, et qui a orienté ses efforts vers une combinaison de l’action militaire et diplomatique, en vue d’une solution de compromis.

On ne saurait condamner par principe une telle politique à deux conditions :

a) que l’action militaire proprement dite ait effectivement épuisé toutes les possibilités réelles qui ont existé, pour se renforcer au maximum sans que cela amène inévitablement une « internationalisation » de la guerre ;

b) que la volonté ferme existe dans la direction de la Révolution de bousculer au plus vite les obstacles dressés par les accords d’Evian sur la marche en avant de la Révolution et de briser dans l’œuf les tentatives du néo-colonialisme de frustrer les paysans et ouvriers algériens du fruit de leur combat gigantesque à l’heure de l’indépendance.

Il est clair que la fraction du grand capital français que représente De Gaulle, lancée à pleine vapeur dans l’entreprise, aux ambitions démesurées du Marché Commun, c’est-à-dire d’un capitalisme européen intégré, érigé en troisième force mondiale, et qui dispute aussi bien aux Etats-Unis qu’à l’U.R.S.S. son propre « espace vital » avait pris depuis longtemps (depuis 1959 en particulier) le virage vers l’indépendance formelle de l’Algérie, afin de la préserver, pour lui et l’Europe capitaliste, en tant qu’ « espace économique ». Toute la politique de De Gaulle est dominée par ce souci, et tous ses atermoiements pour conclure les accords ne visaient qu’à épuiser la résistance au néo-colonialisme de la direction de la Révolution, et à l’amener à composition sur ses termes. Depuis longtemps déjà, aussi bien le jeu de De Gaulle que de l’impérialisme atlantique en général, ainsi que des forces néo-capitalistes et pro impérialistes « bourguibistes » indigènes, ne visait que de s’assurer d’une Algérie certes indépendante, mais installée dans le néo-colonialisme.

Car, outre l’intérêt énorme propre que l’Algérie représente économiquement pour le capitalisme français et européen — avec les perspectives qui se dégagent des richesses du Sahara en particulier — une victoire socialiste en Algérie aurait des répercussions révolutionnaires immenses dans tout le Maghreb, dans toute l’Afrique, au Portugal, en Espagne, en France même. Elle risquerait de devenir le pont effectif à travers la Méditerranée, entre la Révolution européenne et la Révolution africaine, et de jouer sur ce plan un rôle encore plus important que Cuba sur le plan latino-américain et américain en général.

D’où les tentatives diverses qui se font actuellement pour « bourguibiser » la Révolution algérienne.

Nous considérons que, sur ce plan, le danger le plus grave réside dans l’état actuel de l’avant-garde révolutionnaire algérienne, que l’Histoire appelle à jouer rapidement et avec une audace extrême son rôle : assurer l’orientation socialiste claire de la Révolution et du pays.

C’est maintenant un lieu commun que d’affirmer que cette avant-garde se trouve avant tout dans le F.L.N., la direction politico-militaire effective de la Révolution dès ses débuts. C’est également un lieu commun que d’affirmer que cette formation qui rassemble l’essentiel des forces de la Révolution algérienne est nécessairement traversée par tous les courants sociaux et politiques de la société algérienne qui se reflètent — déformés certes — jusqu’au niveau de la direction.

Grosso modo, on y trouve actuellement, à l’heure où la Révolution algérienne aborde sa phase sociale et les options décisives, trois courants distincts : la gauche socialiste et socialisante ; la droite « bourguibiste » ; le centre indécis et opportuniste.

La gauche inclut toute une gamine de tendances idéologiques qui vont de l’aile carrément marxiste-révolutionnaire, en passant par l’aile « fanoniste », à l’aile du « socialisme arabe » de teinte nassérienne. Elle reflète idéologiquement les intérêts et aspirations de la base plébéienne de la Révolution algérienne, qui inclut les paysans, les ouvriers, les petits bourgeois radicalisés des villes, particulièrement les « éduqués ». Son aile marxiste-révolutionnaire, encore restreinte mais qui existe, représente les vrais intérêts et aspirations de la partie la plus radicale de la paysannerie révolutionnaire et du prolétariat naissant, des éléments les plus déterminés de ces deux couches qui visent à une transformation structurelle, socialiste, de la société algérienne traditionnelle, façonnée par le féodalisme et l’impérialisme, dans une combinaison unique. Cette aile est déjà très proche de l’aile « fanoniste », produit authentique de la Révolution algérienne, et expression de la paysannerie révolutionnaire dans son ensemble, et des intellectuels révolutionnaires « populistes ». L’aile du « socialisme arabe », genre nassérien, représente idéologiquement les éléments radicaux de la petite bourgeoisie et des « éduqués » attachés à la culture arabe et souvent à l’islamisme.

Entre ces trois tendances au sein de la gauche algérienne, il y a mouvement incessant et interaction constante, sous l’évolution de la base de la Révolution algérienne et de la situation générale. Ce qui est du reste le cas avec l’ensemble de la direction algérienne et surtout avec son « centre » qui attend pour passer des compromis soit avec la gauche, soit avec la droite, selon l’évolution du rapport de force entre la gauche et la droite.

La droite, numériquement très faible, aussi bien dans la base de la Révolution que dans la société algérienne, bénéficie actuellement de l’encouragement et même de l’appui, sous formes diverses, de l’impérialisme et des féodo-bourgeois maghrébins. Elle se renforce davantage par l’appareil bureaucratique au sein du F.L.N., qui s’apprête à se transformer en appareil d’Etat et à connaître une énorme extension, avec des avantages et des privilèges de pouvoir et d’enrichissement d’autant plus considérables et tentants que l’écrasante majorité de la population vit dans des conditions de misère extrême.

C’est le pouvoir qui engendre en général, dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, la « tierce force » néo-capitaliste, la « bourgeoisie bureaucratique », d’autant plus rapidement et considérablement que le pays est sous-développé, avec des classes dirigeantes classiques encore relativement faibles. Par son rôle bonapartiste entre les classes, et entre leur ensemble « national » et l’impérialisme, le pouvoir naissant dans les pays fraîchement libérés, a la tendance irrésistible à la bureaucratisation et à la constitution rapide d’une couche sociale privilégiée qui, dans le cadre d’un régime social capitaliste, dégénère carrément en couche bourgeoise intégrée aux autres forces de cette classe.

La tentative de l’impérialisme, aidé par ses alliés indigènes, pour bloquer la Révolution algérienne dans une pause « bourguibiste » néo-colonialiste, se développe actuellement sur le plan idéologique par tout un ensemble d’ « arguments » qui visent à « prouver » l’impossibilité pour l’Algérie d’une option immédiate socialiste à la cubaine.

Parmi ces « arguments », les plus pernicieux et dangereux sont ceux qui se réfèrent à la situation présente en Algérie, au Marché Commun, au Maghreb uni. Il est certain que le pouvoir algérien de demain s’installera au milieu d’un pays qui a énormément souffert de la guerre bestiale de l’impérialisme et que continue toujours son organisation paramilitaire, l’O.A.S. Les dévastations matérielles sont grandes, la misère du peuple extrême, la nécessité de le nourrir, le loger, le soigner, l’éduquer, impérieuse et urgente. Le sabotage commencé de l’administration coloniale sur place et de toute la population européenne qui détient les positions économiques clés, se poursuivra pour amener le nouveau pouvoir à composer avec l’impérialisme et à se tenir strictement dans le cadre des accords d’Evian. Les avocats du néo-colonialisme prendront prétexte de cette situation difficile, tragique même, du pays au lendemain de l’indépendance, pour plaider la cause du statu quo social et de « l’aide généreuse » de l’impérialisme accourant au chevet de l’Afrique martyre. Cette « aide » sous forme d’assistance médicale, alimentaire, scolaire, mais surtout financière, va évoluer vers une pression maxima pour intégrer économiquement l’Algérie dans le système du Marché Commun, soi-disant débouché large pour les productions agricoles et minérales du pays, fournisseur bon marché en produits industriels et « capitaux » pour l’industrialisation. En même temps se développera la campagne contre le Maghreb uni et le Marché Commun arabe et africain.

Déjà, des ouvrages à prétentions « scientifiques » paraissent, plaidant ces causes malhonnêtes, et on en annonce d’autres en préparation, fruits de travaux laborieux « d’experts ». Or, face à cette véritable offensive idéologique du néo-colonialisme des accords d’Evian, qui est déjà, déclenchée et qui ne cessera pas de se renforcer dans les semaines et les mois à venir, il est nécessaire d’avenir clairement et fort les militants et les masses algériennes :

— Seules des mesures révolutionnaires d’urgence peuvent porter remède à la situation de crise dans laquelle l’impérialisme laisse le pays au moment de l’indépendance, et qu’il a l’intention d’aggraver ;

— Seule une économie largement nationalisée, protégée par le monopole du commerce extérieur, et progressivement planifiée, peut assurer le développement économique et l’industrialisation de l’Algérie ;

— Seule une intégration de cette économie dans les « Marchés Communs » du Maghreb, des Pays arabes, de l’Afrique, est une orientation économique extérieure capable d’assurer des échanges avec les pays capitalistes avancés profitant au développement économique réel de l’Algérie et des autres pays africains.

Des mesures révolutionnaires d’urgence pour faire face à la crise dans les campagnes et les villes porteraient sur l’annulation des dettes des paysans et la suppression de paiement de tout impôt et rente foncière dans l’immédiat ; l’interdiction de toute transaction sur la propriété foncière et son équipement ; le contrôle populaire des stocks de vivres, des prix, des appartements, des loyers.

Toutes ces mesures supposent que les masses s’organisent adéquatement en comités et milices, dans les campagnes et les villes, que le Parti révolutionnaire, le F.L.N., encadre et guide.

Dans une deuxième étape, très rapidement atteinte, le pouvoir révolutionnaire décrète la nationalisation des industries, banques et entreprises-clés, le monopole du commerce extérieur et la réforme agraire radicale, basée sur l’expropriation des terres des gros colons et gros propriétaires fonciers algériens qui, ensemble, constituent les deux-tiers environ des terres effectivement cultivées chaque année. De ces terres — les meilleures du pays — un pourcentage, aux environs si possible de 30 %, devrait constituer le domaine « collectiviste » de l’Etat dans l’agriculture, sous forme de « Fermes du Peuple » ou de coopératives de production. Ce secteur, modernisé au maximum et travaillé par une organisation démocratique des producteurs, matériellement intéressés à la production, deviendrait vite le facteur économique dominant dans la production agricole, et l’exemple pilote pour la collectivisation progressive, volontaire, de l’ensemble de l’agriculture, à travers le développement du coopératisme. Le reste des terres expropriées serait distribué aux paysans sans terres, ainsi que tout excédent de terre à partir d’un plafond moyen de 10 hectares de terres cultivables.

Tous ceux qui, à la place de l’expropriation et de la collectivisation en partie de la grande propriété foncière, prêchent la collectivisation de l’agriculture traditionnelle, on qui se cantonnent pour toute une période dans le coopératisme simple — dans le cadre encore d’une économie générale capitaliste — tout en parlant de la « socialisation » à long terme, comme soi-disant but ultime de leurs « étapes » préalables, ne sont que les avocats d’un ordre social bourgeois, « se réformant » graduellement en « socialisme ». Ce sont ces mêmes avocats qui plaident la cause du « Marché Commun » européen, qu’ils osent scandaleusement présenter connue quasi synonyme de la a Gauche européenne » (? !), le proposant comme cadre indispensable et unique pour le « développement de l’Algérie » ! (1).

Or, aussi bien l’Algérie que l’Afrique toute entière ne sauraient devenir, dans une perspective d’association avec la C.E.E., qu’une sorte d’Amérique latine pour le capitalisme européen intégré et renforcé. C’est là une vérité élémentaire, se dégageant des lois fondamentales qui régissent les rapports économiques à l’époque actuelle entre les pays capitalistes avancés et les pays sous-développés, et que même des économistes bourgeois (2) n’hésitent pas à énoncer avec franchise au moment précis où d’autres, « amis de la Révolution algérienne », « découvrent » la « panacée » du Marché Commun européen !

Que celui-ci doive exercer une très forte pression sur l’Algérie et l’ensemble de l’Afrique pour les intégrer dans son espace économique, et qu’on ne saurait minimiser les effets de cette pression et la difficulté d’y faire face dès le début efficacement, tout cela est certain et doit être pris très sérieusement en considération. Mais la riposte à cette pression existe également, si la volonté révolutionnaire est là pour sauvegarder les intérêts immédiats et surtout à long terme des masses exploitées de l’Algérie et du développement économique rapide, équilibré et réel du pays. Car l’Europe capitaliste ne peut se passer des échanges avec l’Afrique, dernier « espace économique vital » pour cette nouvelle force impérialiste. Il s’agit de savoir dans quel rapport de force et en quels termes on établira ces échanges. Au cas où l’Afrique arrivera à surmonter sa balkanisation actuelle, résultat de l’impérialisme, et à préserver, face au capitalisme européen intégré, son propre « Marché Commun » vendeur et acheteur, elle pourra établir des ternies d’échange qui profitent à son développement économique réel au lieu de perpétuer sa condition néo-coloniale, style latino-américaine. Même dans le cadre d’un « marché commun » maghrébin, sinon panarabe, il est possible de résister efficacement à la C.E.E., par des échanges et apports financiers en provenance de toutes les parties du globe, de l’Est, de l’Ouest, du « Tiers Monde ». Ces atouts peuvent jouer, y compris dans le cas extrême d’une Algérie restant seule pour un certain temps, mais adéquatement protégée par une économie largement nationalisée et planifiée. Les exemples de la Yougoslavie et même de Cuba, malgré le blocus extraordinairement rigoureux décrété par l’impérialisme contre ce pays, sont à ce propos significatifs.

Les difficultés initiales inévitables, pour sortir de la crise, roder les nouvelles structures économiques et sociales, établir le système d’échanges et d’aide financière le plus ample possible, seront compensées par l’élan et les sacrifices que les masses révolutionnaires consentiront pour une telle politique, et par le déclenchement du processus de développement économique rapide, général et réel du pays. Du reste, ces difficultés pèseront plutôt sur les couches féodo-capitalistes et petites bourgeoises, que sur les masses paysannes et ouvrières, dont le niveau déjà extrêmement si bas ne peut que connaître une amélioration, certes modeste au début, mais continue, dans le cas où l’on optera pour des structures socialistes


Nous sommes fermement persuadés que ces problèmes, vitaux pour l’avenir immédiat de l’Algérie, n’échappent pas aux très nombreux cadres révolutionnaires algériens, qui sauront leur donner bientôt une expression politique claire dans des textes et dans des institutions.

Car, ce qu’on doit appeler la gauche du F.L.N., c’est-à-dire l’authentique expression de sa base révolutionnaire, n’est pas un mythe, mais une réalité vivante, manifestation inexorable, y compris sur le plan de la conscience, de l’élaboration théorique et de l’action conséquente, d’une réelle et grande révolution sociale, comme l’est devenue par son dynamisme organique, la lutte libératrice des masses algériennes.

Le F.L.N. se transformera en parti politique, il aura un programme d’orientation socialiste claire, il s’efforcera de se distinguer de l’appareil étatique, il formulera son autocritique en termes adéquats qui refléteront sa prise de conscience profonde du caractère de la Révolution, de ses problèmes, de son propre développement et rôle dans la Révolution. Il rejettera l’esprit féodaliste, bureaucratique, paternaliste ou petit bourgeois, qui a pu paralyser le rendement révolutionnaire maximum et faciliter la création d’une couche de « bourgeoisie bureaucratique » alliée au néo-colonialisme, et s’établira comme parti politique d’avant-garde, démocratique et révolutionnaire, digne de sa glorieuse mission à portée historique immense. Telles, au moins, sont les aspirations de la gauche, consciemment exprimées en termes politiques, et qui représente l’immense majorité de la base révolutionnaire du F.L.N.

Dans la différenciation politique commencée, les batailles et les crises inévitables en perspective, que la clairvoyance, la persévérance aux principes, le courage, l’audace extrême dans l’action révolutionnaire, ne quittent pas nos valeureux frères algériens.

Il s’agit maintenant d’assurer la victoire de la Révolution pour laquelle paysans et ouvriers ont consenti des sacrifices surhumains, il s’agit de rester fidèles jusqu’au bout aux « damnés » de la terre martyre et héroïque de l’Algérie.

8 juin 1962.


(1) Voir à ce propos le livre décevant de F. Jeanson « La Révolution algérienne » qui développe ces thèses.

(2) Par exemple R. Gendarme dans son ouvrage « L’économie de l’Algérie ».

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