Article paru dans Nouvelle Gauche, 2e année, n° 20, 27 janvier au 10 février 1957
UNE REVOLUTION NATIONALE ET SOCIALISTE
Nous avons reçu d’un ami algérien un texte qui précise le sens de la lutte que mènent les nationalistes algériens.
POUR faire oublier la lutte des peuples d’Afrique du Nord et « l’expédition » de Suez, on raconte que les peuples arabes veulent supprimer Israël.
Ce mensonge n’est pas seulement répandu parmi les colonialistes, mais il atteint même de nombreux militants de Gauche, dont l’information est d’habitude meilleure.
Les travailleurs algériens ne font pas de différence entre un Israélite ou un Français d’Algérie et eux. L’Algérie est notre pays à tous, tous, nous y avons notre tâche à remplir pour en faire une république démocratique, capable de donner bien des leçons aux « socialistes » Mollet et Lacoste.
Certains qualifient aussi le nationalisme algérien de panarabisme, d’autres de communisme.
La Révolution algérienne est à la fois socialiste et nationale.
Elle est socialiste, car elle veut :
· la répartition des biens à la communauté,
· la terre aux fellah qui la cultivent,
· l’école laïque et d’autres réformes pour le bien du peuple.
Mais nous n’oublions pas que les arabes ont fait beaucoup pour l’évolution de l’Algérie – nous n’avons pas à rougir de la culture musulmane. Notre nationalisme n’est pas chauvin, il est libérateur. Tous les pays qui se sont libérés du joug de l’impérialisme ont eu un symbole – pour leur lutte – mais notre but n’est pas, après nous être débarrassés des exploiteurs, de fixer un drapeau vert avec une étoile sur l’Amirauté d’Alger ou les hauteurs de Bouzaréa, mais de restaurer le véritable visage de l’Algérie – de donner à tous l’instruction, et de répartir à chacun le travail et les biens selon ses moyens et ses besoins.
Que nos camarades se rassurent ! Il n’a jamais été question pour nous d’anéantir Israël – les Israélites croissent, travaillent et meurent comme nous.
Notre prétendu antisémitisme n’est qu’une invention, répandue par la réaction pour tenter de diviser les travailleurs et empêcher l’union des classes laborieuses françaises avec le prolétariat algérien, face à leur ennemi commun.
Ne vous laissez donc pas induire en erreur par les calomniateurs. La lutte du peuple algérien est aussi une révolution, et il ne faut pas la laisser poignarder comme l’a été la République espagnole en 1936.
