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Une soirée contre le racisme quotidien à Reims

Articles parus dans Courant alternatif, n° 54, mars 1986, p. 16-22

Affiche éditée par Expressions maghrébines au féminin (Source : Odysseo)

L’OCL ne monopolise pas, c’est le moins que l’on puisse dire, les colonnes de la rubrique « Mouvement » de C.A.

Et pourtant, comme en témoignent nombre d’articles liés à l’actualité sociale et politique, certains d’entre nous, qu’ils soient formellement à l’OCL ou partie prenante de notre appréhension collective du politique, interviennent et prennent des initiatives.

C’est ainsi que le groupe de Reims, de par la sensibilisation, la pratique et le vécu social de certain(e)s de ses membres, a organisé le 10 janvier dernier une soirée « Contre le racisme au quotidien ». Cette soirée, nous avons longtemps hésité à l’organiser car nous pensions qu’il était préférable qu’elle soit prise en charge par des jeunes des ZUP vivant le racisme au quotidien et la galère sociale. Même si l’accueil de « Convergence 84 » à Reims avait suscité une auto-organisation de jeunes refusant de se faire manipuler par les structures politiques, ce ne fut que très ponctuel. Malgré tout, des projets de regroupements divers, culturels, continuent à germer. Nous avons donc pris l’initiative d’organiser une soirée contre le racisme au quotidien, en pleine ZUP, avec comme objectif d’en faire un lieu d’échanges et de rencontres. Nous pouvons affirmer que de ce point de vue, ce fut une réussite (voir encart) tout en redoutant que ce ne soit encore qu’un fait ponctuel…

15 jours après, le 26 janvier, Le Pen était de passage à Reims pour un meeting. 12 organisations (MRAP, CGT, CFDT, FEN, PCF, PS, LCR…) appelaient le samedi 25 à un rassemblement « antifasciste – antiraciste » au centre ville, suivi d’une soirée dite culturelle où fut simplement projeté un film retraçant la montée du fascisme en Allemagne !

Ces 12 organisations, dont certaines sont dites de masse, ne purent mobiliser qu’une cinquantaine de personnes ! Un véritable bide pour cet appel complètement idéologique, faisant bien entendu l’impasse sur la réalité. Le lendemain, Le Pen piaffait devant seulement 600 personnes pour un meeting régional alors qu’il y a seulement un an et demi, il attirait plus de 2000 personnes… pendant qu’à quelques centaines de mètres de là, des jeunes, la plupart issus de l’immigration, s’affrontaient avec les flics (C.A. n° 37).

Le phénomène Le Pen semble s’être banalisé, tout en se dégonflant. N’est-ce qu’un fait local ? La gauche ne peut même plus se servir de sa visite pour appâter et faire oublier ses pratiques vis-à-vis de l’immigration… Mais, dans le quotidien, rien à changer…


EMAF : Des Maghrébines se réapproprient leur culture

EMAF, c’est l’Expression maghrébine au féminin. Cette jeune
association regroupe des femmes de la région parisienne qui, issues de l’immigration nord-africaine, veulent rassembler et faire connaître l’historie, la mémoire, la culture des femmes du Maghreb. Leur moyen essentiel : un centre culturel, de documentation et d’information, qu’elles souhaitent ouvrir à Paris. Début février, nous avons rencontré quelques-unes d’entre elles. Elles évoquent ici leurs projets, mais aussi leur histoire, leurs rapports avec leurs parents ou avec les féministes françaises, la participation de certains à la 3ème marche contre le racisme et pour l’égalité des droits (cf C.A. n° 52).

VERS UN CENTRE CULTUREL

Chantal : Quelles sont les activités de votre association ?

Saba : Nous proposons par exemple un apprentissage de l’arabe par le théâtre, ainsi que des cours de danse orientale.

Menez-vous des actions plus directement sociales ou politiques, par exemple pour la reconnaissance d’un statut autonome de la femme immigrée, qui lui permettrait de ne plus risquer l’expulsion lorsqu’elle se sépare de son mari, de travailler elle aussi hors du foyer, etc. ?

Halima : Bien sûr, nous sommes concernées par tous les problèmes qui touchent la femme maghrébine, notamment le statut autonome de la femme immigrée. C’est une question à laquelle nous ne pouvons rester indifférentes, et nous faisons des actions qui vont dans ce sens. Mais énormément d’associations travaillent déjà sur ce problème. Une de plus, c’est bien, mais pas prioritaire. Nous, nous sommes peut-être plus axées sur le culturel. L’un des objectifs essentiels de l’association est en effet la création d’un centre culturel concernant la femme maghrébine. Il comporterait un centre de documentation et d’information, des permanences, et différents ateliers. Cela permettrait de revaloriser la mémoire et l’histoire des femmes maghrébines au moyen de documents, de films vidéos, d’articles ou d’autres écrits ; tout ce qui a pu se faire par des femmes maghrébines, en direction des femmes maghrébines et avec elles.

Ce qui est important dans cette association, c’est qu’elle est entièrement dirigée, administrée et gérée par des femmes maghrébines. Mais elle n’est pas fermée aux hommes. Il y a des réunions entre femmes maghrébines pour mettre sur pied les projets, notamment ce projet de centre culturel. Mais pour la mise en place de ces projets, nous avons des réunions ouvertes, auxquelles participent des hommes et des femmes, maghrébins ou non.

Comment vous-êtes vous rencontrées ?

Nesa : C’est grâce à Halima que j’ai rencontré les autres jeunes filles. Je n’ai jamais participé à aucune association, seulement de loin. J’avais envie de faire quelque chose, d’aider au lieu de rester chez moi.

Halima : A part moi, peu des participantes à EMAF ont un passé associatif. Djamila venait de temps en temps à quelques réunions.

Pensez-vous que le centre culturel permettra à d’autres femmes de vous rejoindre ?

Halima : Bien sûr. Pour le moment, nous sommes une dizaine, mais nous espérons que bientôt nous serons plus nombreuses. Ce centre culturel est important pour chacune ici ; on en a un peu fait notre objectif principal. Aujourd’hui, il existe des centres culturels algériens, maghrébins, mais qui ne sont pas spécifiquement féminins ; ou, à l’inverse, des centres culturels féminins (par exemple le centre Simone de Beauvoir) qui ne sont pas spécifiquement maghrébins. Les documents et les richesses qui viennent des femmes maghrébines sont donc dispersés, éparpillés. Notre centre permettra de regrouper les différentes archives, les histoires, la mémoire de ces femmes.

Cela permettra aussi à tous ceux et à toutes celles qui s’intéressent à ces problèmes de mieux connaître les femmes maghrébines, de se libérer de la mythologie (voile, enfermement, etc.) qui les entoure. Tous ceux qui viendront au centre pourront discuter avec de jeunes maghrébines, participer à des activités, collaborer à la documentation.

Cette documentation concernant les femmes maghrébines va se développer ; car de plus en plus, elles s’expriment par le théâtre, la peinture, la musique, les films, la danse, l’écriture. Mais tout cela demeure éparpillé.

Pensez-vous faire connaître ces créations dans les quartiers où vivent la plupart des immigrés ?

Halima : C’est effectivement très important. Au début, nous avions pensé créer ce centre culturel en banlieue parisienne. Mais pour relier une banlieue à l’autre, c’est l’éternel problème. Nous allons donc créer ce centre dans Paris, de façon à pouvoir toucher tout le monde. On va essayer de trouver un quartier déjà fréquenté par des Maghrébines, par exemple le 18ème. Les jeunes femmes se déplaceront plus facilement dans un quartier qu’elles connaissent. Nous avons aussi pensé à une sorte de bibliobus, avec projection de films, qui nous permettrait de nous faire connaître dans les villes avoisinantes.

Vous êtes-vous penché sur les problèmes de formation des jeunes maghrébines ?

Halima : Le centre culturel emploiera plusieurs permanentes. En période de crise, beaucoup de femmes maghrébines n’ont ni travail, ni métier. Elles se retrouvent avec des petits jobs à droite et à gauche. Avec celles qui seront intéressées, nous ouvrirons des formations d’archiviste, d’animatrice, de documentaliste.

Saba : Nous voudrions aussi connaître des personnes qui ont créé des œuvres sur la femme immigrée. Ce serait une manière d’alimenter le centre. Nous rechercherons tout ce qui a été produit (peintures, écrits, etc.) mais n’a jamais abouti, ni été publié, et qui pourrait nous intéresser.

DES FEMMES EN MOUVEMENT

Rachida et Halima, comment en êtes-vous arrivées à participer à la 3ème marche ?

Rachida : Les filles sont autant victimes de la discrimination raciale que leurs frères. Dans les foyers ou les familles, lorsqu’elles voient leurs frères bouger, leur parler de ce qui se passe, elles sont curieuses. Nous voulons nous exprimer, dire notre mot. Beaucoup de filles bougent. Il ne faut pas mettre de barrière entre filles et garçons.

Halima : C’est vrai qu’il y a une émergence énorme des filles dans l’action. Au début, nous étions peu. Nous sommes femmes mais aussi avant tout jeunes. En tant que jeunes femmes, nous devons essayer d’unir nos revendications. Le fait d’être femmes n’est pas primordial ; c’est un plus.

Moi je n’avais pas de frère ; de plus, j’étais l’aînée. J’ai eu envie de bouger, de dire des choses ; je me suis lancée. Au début, il a fallu, comme on dit, que je trace le chemin. A cette époque, il y a eu une rupture avec ma famille.

Le père nous aime trop, il a peur pour nous, il veut nous protéger. Il pense que c’est pour notre bien qu’il nous met la main dessus. La confiance, elle s’acquiert, lorsqu’il s’aperçoit que nous faisons des choses et que c’est positif. Aujourd’hui, je lui parle des problèmes que j’ai rencontrés pendant la marche et cela se passe très bien. Mais cela a été dur.

Quelle est votre attitude à l’égard des féministes françaises ?

Halima : Lors des grands mouvements de femmes MLF, on a eu l’impression que ces femmes françaises et européennes avaient eu tellement d’acquis, avaient tellement bougé, fait parler d’elles, qu’elles étaient presque arrivées à un bout. Les copines françaises avaient l’impression qu’il n’y avait plus rien à faire. Alors que nous, notre lutte, nous l’avons menée nous-mêmes, en tant que jeunes maghrébines et femmes, avec notre tête et avec nos tripes, et ça a été du boulot. Les Françaises avaient une éducation. une façon de penser, typiquement européennes. Il y a des mythes qu’il faut détruire. Ainsi des regards que l’on porte sur la danse orientale : ils sont souvent malsains, alors qu’il s’agit de toute une expression artistique, qui fait partie de notre culture. Je crois que beaucoup de jeunes qui ont des problèmes en tant que maghrébines et issues de l’immigration, et en tant que femmes, ont envie de bouger. Mais le MLF avait ignoré les spécificités immigrées, comme les spécificités des filles des quartiers périphériques. Car nous sommes aussi des filles des ghettos et des bidonvilles.

VIES DE MAGHRÉBINES

Est-ce votre vécu qui vous a amenées à vous lancer dans le mouvement associatif ?

Rachida : Oui, je n’ai pas à le cacher. Il y a quelques temps, je n’avais aucun espoir de militer, de faire quelque chose qui me tenait à cœur. Chez moi, le problème n’était ni le voile, ni le mariage forcé ; on n’a jamais voulu me contraindre à me marier. Mais nous avions des problèmes quotidiens, de logement par exemple. Et puis, mon frère était violent. Mais cela n’est pas lié au fait qu’il soit maghrébin : j’ai des copines françaises qui ont eu les mêmes problèmes que moi, et qui elles aussi sont parties de chez elles.

Aujourd’hui, j’ai totalement rompu avec ma famille. J’ai tout perdu, mais je n’abandonne pas. J’ai rencontré des filles qui ont eu les mêmes problèmes et qui m’ont secouée : « Tu es là, essaie de t’organiser ». Alors, j’ai revendiqué ce que j’avais toujours caché lorsque j’habitais avec ma famille. Avant, j’avais honte d’être maghrébine ; je le refusais comme un danger, et je cherchais à m’assimiler. Maintenant, je suis fière de mon identité, je la revendique. Avec EMAF, je peux m’exprimer, notamment par la danse orientale. Je suis décomplexée.

Halima : Je me souviens d’une anecdote. J’avais 16 ou 17 ans. A cette époque, j’ai commencé à vouloir sortir, bouger. Mais pour mon père, il n’en était évidemment pas question. Alors, je passai par la fenêtre de derrière, et je rentrai avant telle heure. Cela m’amusait. C’était la partie de cache-cache. J’avais une copine française qui avait exactement le même problème que moi. Mon père me disait : « Ne traîne pas à la sortie de l’école, et ne parle pas aux garçons, surtout aux Français ». Et son père lui disait : « Ne traîne pas à la sortie de l’école, et ne parle pas aux garçons, surtout aux Arabes ». On riait quand on se racontait cela. On a d’ailleurs fait une fugue ensemble. C’est le moment où a eu lieu la rupture avec ma famille. Reprendre contact avec mes parents a été très difficile. Ma mère a servi de passerelle. Mon père a vu qu’il pouvait faire confiance à sa fille, et maintenant, il en est fier.

Quand on a commencé à vouloir militer, bouger, c’était très informel. On se réunissait pour faire autre chose que les boums, la galère. Mais cela ne portait pas encore le nom d’associations. On commençait à se prendre en charge, mais il y avait très peu de filles maghrébines.

Et les mères de famille ?

Halima : Bien sûr, cela fait partie de notre histoire ; nos mères sont là. Personnellement, je suis l’enfant d’un couple mixte. Avant d’épouser mon père, ma mère avait des problèmes pour sortir. Sa famille française voyait d’un mauvais œil le fait qu’elle sorte avec un Arabe. Elle vivait de petits jobs. Elle a connu d’autres femmes, chez qui elle allait prendre le thé. Elles échangeaient des recettes de cuisine : ma mère a appris à faire le couscous, les gâteaux et les femmes maghrébines ont appris à faire le lapin à la crème. A l’époque, les échanges restaient surtout fondés sur la cuisine ; mais il se passait quand même quelque chose. Et j’ai envie que cela soit retracé. Le centre culturel voudrait archiver tout ce qui a pu bouger, la mémoire de ces femmes.


RAJIF : Il y a encore des jeunes qui bougent !

La nouvelle parait incroyable ; elle est pourtant authentique. A l’heure où Daniel Balavoine, qui « à une autre époque, aurait probablement été un chanteur engagé » (dixit Libération) trouvait dans le Paris-Dakar « une mort très contemporaine » (dixit le même plumitif, décidément très en verve ce jour-là), des jeunes habitant la région parisienne créaient le Regroupement d’associations jeunes Ile de France (RAJIF), dans le prolongement de la 3ème marche pour l’égalité des droits et contre le racisme (cf. C.A. n° 51 et 52). La preuve que nous ne vous mentons pas : nous les avons rencontrés, début février, circulant en liberté en plein Paris. Aussitôt remis de notre étonnement, nous leur avons posé cette première question, dont la transcendante originalité n’échappera à aucun lecteur attentif :

ASSOCIATIONS

Qu’est-ce que le RAJIF et comment s’est-il créé ?

Halima : Le RAJIF regroupe à l’échelle de la région parisienne des associations locales, qui travaillent sur un quartier ou une ville, de jeunes issus ou non de l’immigration. Nous regroupons par exemple des associations de Nanterre, d’Argenteuil, des Ulis, de Montreuil. Le RAJIF est une coordination, qui permettra de faire circuler les informations et de mener ensemble des actions, de façon à leur donner un plus grand écho. Bien sûr, nous avions pensé à une structure nationale, mais l’organisation sur le terrain n’est pas encore suffisante. La seule solution, c’est de commencer au niveau régional.

Ce regroupement a une histoire. Il existait autrefois un Collectif jeunes, qui rassemblait des associations et des individus. Mais souvent, les individus viennent dans ce genre de collectif avec la casquette d’un parti ou d’une organisation politique, dont les intérêts n’ont rien à voir avec les préoccupations des associations de jeunes des quartiers ou des cités. Un décalage s’était donc créé, qui a fait exploser ce collectif au moment de la 3ème marche. A l’arrivée de cette marche, nous avions dit qu’elle ne s’achevait pas le 30 novembre 1985, qu’elle devait être le début d’une coordination et d’un rapport de forces à créer. Mais nous avions constaté que les regroupements d’individus et d’associations ne pouvaient mener très loin. Nous avons donc décidé de faire un regroupement d’associations exclusivement.

Quelles sont les activités des associations locales auxquelles vous participez ?

Mohand : Je fais partie du Collectif jeunes Beurs des Ulis. Créé après Convergence 1984, à partir du slogan « La France, c’est comme une mobylette : pour avancer, il lui faut du mélange », il est ouvert à tous les jeunes de la ville, quelle que soit leur culture. Chaque année, nous organisons des voyages interculturels au Maghreb, auxquels participent aussi bien des Maghrébins que des jeunes issus de l’émigration maghrébine, des Portugais et des Français. Le but est de faire connaitre la culture maghrébine. Nous avons aussi accueilli les deux marches, et organisé des manifestations contre les expulsions. Aux Ulis, nous avons un certain impact. Dès le début, nous avons été très nombreux et très écoutés par les associations locales.

Halima : Je milite depuis plusieurs années dans l’association Ahadamoun d’Argenteuil. C’est une association de solidarité qui a été lancée par des Marocains. Aujourd’hui, elle regroupe beaucoup de Maghrébins, mais aussi d’autres personnes. Nous luttons contre les expulsions, donc contre les camps de rétention, pour la carte unique de dix ans, le droit au statut autonome de la femme immigrée. Nous avons aussi des équipes de foot, une commission cinéma, et nous organisons des cours d’arabe. Pour cette dernière activité, nous avons d’ailleurs rencontré des problèmes lorsque Balkany a été élu à Levallois. (Balkany est ce dynamique élu du RPR qui débaptise les rues et voulait tout simplement supprimer la maison des syndicats lorsqu’il est arrivé à la mairie, NDLR). Il nous a mis dehors avec les 150 enfants qui suivaient les cours. On a continué dans les petites villes voisines qui nous permettent d’avoir des locaux. D’autre part, les jeunes maghrébins se voient souvent refuser l’accès aux centres de formation, toujours complets pour eux. En tant qu’association, nous avons donc décidé de créer des stages de formation pour les jeunes chômeurs.

EXPULSION ET RÉTENTION

Où en êtes-vous dans la lutte contre les expulsions, et en particulier contre les camps de rétention ?

Halima : Tout d’abord, il faut préciser que nous luttons contre le principe de l’expulsion et non, comme par exemple la CIMADE, pour obtenir des expulsions plus humaines. Pour nous, même si les gens attendent leur expulsion dans un hôtel de luxe, où il sont bien logés et bien nourris, cela ne change rien au fond du problème. C’est contre l’expulsion elle-même qu’il faut se battre, et pas seulement contre le fait qu’elle soit brutale.

Dans la région parisienne, deux camps de rétention sont en cours de réalisation. Celui de Dugny (93) est prêt à l’emploi : la construction est achevée, le personnel est affecté, et tous les dossiers sont au commissariat du coin. Il avait été question de le mettre en service l’année dernière. Mais, en tant que collectif jeunes, nous sommes allés sur place et nous avons menacé d’occuper les locaux. Depuis ces actions, il n’a jamais été ouvert. Pour l’instant, on se contente donc de rester vigilants, on se renseigne, on essaie d’entrer en contact avec les gens qui habitent autour. Un second camp devait être construit à Orly, mais les travaux ont été suspendus. Pour l’instant, les gens placés en rétention administrative sont surtout logés dans des hôtels proches des aéroports. Et dans ce cas, les actions possibles sont très limitées. Quand on rentre, ils peuvent appeler les flics pour nous mettre dehors.

Durant la 3ème marche, vous avez vu d’autres camps de rétention…

Halima : Celui d’Arenc fonctionne. A Strasbourg et à Nantes, ils sont en cours d’ouverture. A Lille, des associations s’opposent à son ouverture (cf C.A. n° 53). Un camp de rétention, c’est deux ou trois bâtiments préfabriqués, entourés de murs et de deux ou trois rangées successives de barbelés, le tout gardé par des policiers, souvent des CRS.

L’expulsion, c’est la double peine : le jeune condamné à un mois de prison et à l’expulsion purgera en fait un mois de prison suivi d’un mois de détention dans un camp, le temps de « préparer sa reconduite à la frontière ».

A Arenc, nous avons vu des jeunes qui sont en France depuis longtemps et qui, après avoir fait des conneries, sont renvoyés dans un pays qu’ils ne connaissent pas, dont certains ne parlent même pas la langue. Il y a aussi les femmes qui perdent leur mari ou s’en séparent. Si elles sont venues en France par la procédure du regroupement familial, elles sont juridiquement sous la dépendance complète de leur mari, puisqu’il leur est interdit d’exercer un travail salarié. S’il vient à mourir ou si elles rompent avec lui, elles se retrouvent en situation d’expulsion, même si elles sont en France depuis 15 ou 20 ans.

Mohand : Il faut ajouter qu’à la demande de l’Algérie, la nouvelle convention du 22 décembre 1985 qui régit la présence en France des Algériens stipule que le certificat de résident peut être retiré « aux seuls ressortissants algériens considérés comme oisifs, qui sont de leur propre fait sans emploi et dépourvus de ressources depuis plus de six mois consécutifs ». Le ministère des Affaires sociales prétend que cette disposition ne vise que « des gens un peu douteux, des proxénètes par exemple ». Mais qui va définir les immigrés « douteux » ? En réalité, ce texte permet l’expulsion de n’importe quel Algérien au chômage depuis trop longtemps. Il suffit que la préfecture considère que c’est « de son propre fait » qu’il est sans travail.

Halima : Si la droite gagne les élections législatives, elle trouvera à sa disposition tous les instruments nécessaires pour multiplier les expulsions.

ELECTIONS

Justement, que pensez-vous de ces élections ?

Mohand : Ce ne sera pas pire après le mois de mars. On nous dit : « Attention, la droite revient ». Nous, on se demande quand elle est vraiment partie…

Halima : Le RAJIF n’appellera pas à voter pour tel ou tel candidat. Dans ce domaine, on demande seulement le droit de vote. Les jeunes qui font partie des associations le disent bien : après mars, on sera toujours là. En 1981, on nous a fait de belles promesses, et beaucoup se sont fait avoir. Aujourd’hui, on a compris, et on en tiendra compte. Les échéances électorales se feront toujours sur notre dos. Il y a des gens parmi nous qui vont essayer de se faire une place, parce qu’ils ont un faciès. Pas question non plus de procurer un strapontin à ces gens-là, pour qu’après ils soient bien au chaud, à l’aise, pendant que nous, on continuera à crever la galère dehors.

DISTINCTION

On entend souvent des gens faire la distinction entre « bons » et « mauvais » immigrés…

Halima : Pour les politiciens, le bon immigré est celui qui vote ; c’est le jeune arabe qu’on appelle « beur », terme que je refuse. Au niveau social, il fait des études, réussit, ouvre des entreprises. Par contre, on voudrait bien se débarrasser de ses parents, qu’on a fait venir après la guerre pour reconstruire la France, puis la moderniser, qu’on a exploité pendant 20 ou 30 ans, et même souvent davantage, mais que la restructuration rend aujourd’hui inutiles. Il y a une autre catégorie de « mauvais » immigrés : le délinquant, celui qui fait trop de bruit la nuit, qui ne s’intègre pas.

La 3ème marche s’est affichée comme marche de l’immigration, et pas seulement des jeunes immigrés. Ce n’est pas parce que je suis née en France et que j’ai la nationalité française que je vais laisser tomber mon père qui vit la galère. Si on l’expulse, lui ou ma famille, j’en vis les conséquences. Il n’est donc pas question qu’on laisse déchirer les familles, garder les « bons » en France et renvoyer les « mauvais » au Maghreb. Nous sommes tous des immigrés. Si l’on doit s’en sortir, ce sera ensemble.

Quant à la délinquance, c’est un problème qui touche tous les jeunes qui vivent la galère, et pas seulement les immigrés. D’ailleurs, qui la vit, l’insécurité ? Plus de 130 jeunes maghrébins se sont fait flinguer ces dernières années…

Ce qui unit les jeunes membres d’associations regroupées dans le RAJIF, n’est-ce pas un vécu social semblable, plus que leur qualité d’immigrés ?

Que l’on soit Français, Antillais, Italien, Maghrébin, lorsqu’on est au chômage, dans la même cité, on le vit de la même façon. C’est un ciment, puisque tous ces jeunes se retrouvent dans l’association, pour lutter ensemble. Mais même chez les galériens, il y a une hiérarchie : la situation du galérien immigré est encore pire que celle du galérien français, parce que c’est lui qui est montré du doigt. Nous ne devons pas accepter qu’on nous divise ainsi. Les jeunes qui sont dans l’association luttent tous ensemble.

On parle beaucoup d’un « mouvement beur ». Qu’en pensez-vous ?

Halima : Les jeunes issus de l’immigration resteront en France ; mais ils ne veulent pas s’assimiler, s’uniformiser. Avoir une identité spécifique, c’est une richesse.

Mohand : Pourtant, ces jeunes qui ne connaissent pas le pays de leurs parents sont souvent expulsés ; et cette expulsion, ils la ressentent encore plus mal que leurs parents. Là-bas aussi, on les qualifie d’immigrés…

Halima : Je ne pense pas qu’il y ait un « mouvement beur » ; il y a plutôt un mouvement jeune, dont les beurs font partie. Etre immigré, c’est affirmer une identité, et non s’enfermer dans un ghetto. Moi, je ne suis pas assise entre deux chaises. Je suis née en France, j’y vis et je continuerai à y vivre. Mais cela ne m’empêche pas de parler arabe lorsque j’en ai envie, d’écouter de la musique arabe, de participer à la lutte de l’immigration, avec ceux qui n’ont pas la nationalité française. Dès lors qu’ils sont en France, qu’ils y travaillent, qu’ils y paient des impôts, ils devraient avoir les mêmes droits que les Français.

L’immigration pose des problèmes qui concernent toute la société. Par exemple, ce sont les immigrés qui ont le plus de problèmes pour se loger, à cause des quotas. Mais les problèmes de logement qui se posent dans les Z.U.P. et les quartiers ghettos concernent tout le monde, y compris les Français qui vivent dans ces quartiers. Etre beurs ne suffit pas à définir une communauté d’intérêts. Je ne me reconnais rien de commun avec un beur du PS, de la LCR ou de SOS-Racisme.

RÉPRESSION

Pensez-vous que le problème des crimes racistes et sécuritaires puisse trouver une solution dans l’appel à sanctionner lourdement les assassins ?

Halima : Il est certain qu’une condamnation de 15 ans ne ramènera pas le jeune. Mais qu’un crime reste impuni, c’est grave ; d’autant plus lorsque c’est un crime raciste ou sécuritaire. Si l’assassin prend 3 mois, les gens vont dire « après tout, pourquoi je ne tirerais pas ? ».

Mohand : Si un mec tue un immigré et qu’il en prend pour trois mois, il y a un problème. Le gars se dit qu’il peut en tuer dix. Pour l’instant, on lutte pour éviter le carnage. Qu’on le veuille ou non, la punition est une certaine reconnaissance sociale du crime. Nous voulons avoir le droit d’être exploités comme les autres.

Halima : Sinon, n’importe qui va tirer sur son voisin d’en dessous. On va en venir aux règlements de comptes, à une montée totale du fascisme. Pour nous Maghrébins, à chaque fois qu’un jeune se fait tuer, nous le ressentons dans notre chair. Nous avons l’impression que c’est l’un des nôtres qui a été assassiné. Cela dit, c’est vrai que les tribunaux sont le reflet d’une société de classes, d’une injustice sociale. Ça va faire sourire : il faudrait faire la révolution. Mais ce n’est pas à nous seuls de la faire…

Celles et ceux qui n’ont pas compris que nous étions en désaccord avec vous sur la nécessité de demander des sanctions sévères pour les criminels racistes ont mal lu la 19ème page du 50ème numéro de C.A., très beau, pas cher (15 F seulement) et toujours en vente à l’Egregore. Ils feraient bien de s’y reporter d’urgence. Au fait, s’ils s’abonnaient? Ça leur éviterait de connaître à nouveau pareille mésaventure … Merci et à bientôt.

De Valognes à Caen. Réactions contre la venue de Le Pen

Cet article se veut uniquement un compte-rendu d’une pratique dans une réalité locale. Il donne des informations sur différentes
interventions ayant eu lieu en Basse Normandie lors de la venue de Le Pen. Il est a noter que nous n’avons pas participé à l’initiative de Valognes (Manche) et n’avons eu les informations que par voies médiatiques.

LE PEN PASSE, LES MANCHOTS BOUGENT

18 juillet 1985 : Dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives, a lieu à Coutances, un meeting de Le Pen. A ses côtés, on trouve Patrick Beloncle, secrétaire régional et Le Rachinel, secrétaire de la Manche. Un millier de personnes sont présentes à ce meeting relativement tranquille. Cependant, 200 jeunes manifestent à la sortie mais les échanges se limitent au verbal. Simultanément, se déroule à Cherbourg, un rassemblement organisé par le Comité d’Action contre le Racisme ; plusieurs centaines de personnes sont présentes aux côtés de la CGT, PC, PS, Verts, de la LCR, Mouvement de la Paix, anarchistes.

Janvier 86 : Une crise municipale a lieu à Granville (3e ville de la Manche après Cherbourg et St-Lô) ; la municipalité (UDF) n’a plus ni maire, ni adjoints excepté Rose-Marie Eon Bazin qui est à l’origine de cette crise. Adjointe aux affaires sociales depuis 83, elle s’est ralliée à Le Pen en figurant sur la liste FN.

Valognes, 9 janvier 86 : Meeting Le Pen. 700 personnes présentes. Le Rachinel, Rose-Marie Eon Bazin y sont également. Le Pen condamne le maire de Cherbourg (PS) qui lui a refusé une salle. Il axe principalement son discours sur la venue de Roger Hanin, le mardi précédent, et la projection du film » Train d’enfer » à Valognes. 11 le décrit comme un film de propagande qui transforme un crime commis par des ivrognes en une affaire politique.

Au même moment, 400 personnes sont présentes en rassemblement anti-Le Pen ; le porte parole du Comité antiraciste fait son discours et invite les manifestants à se rendre en banlieue de Cherbourg (Octeville) à une fête (musique, match de foot interculturel, brochettes, badges…). Mais une centaine de personnes restent sur place, devant le meeting du FN. Les gardes-mobiles sont là aussi. Après une altercation, un militant FN est blessé. Plusieurs invectives s’échangent entre les gens du FN et les manifestants, les premiers n’appréciant guère que l’on hue leur leader. Plusieurs responsables du S.O. prennent place et soudain sur l’ordre « à la charge », les militants-miliciens se jettent sur les manifestants. Choc bref mais efficace ; 4 personnes blessées. Et cela sans l’intervention des forces de « l’ordre » ! Les militants du FN sont visiblement rodés à ce type d’opération…

LE PEN PASSE LES CA(E)NETONS BOUGENT

La venue de Le Pen à Caen a déclenché le besoin au niveau du groupe
communiste libertaire (GCL) d’organiser une riposte dans la logique qu’il s’était donné lors du précédent passage de Le Pen en avril 84. Nous avons donc pris l’initiative d’organiser un contre meeting axé sur la lutte antiraciste avec la projection du film « A cloche pied sur les frontières » et avec la collaboration du RAJIIF (Rassemblement des Associations de Jeunes Immigrés d’Ile de France).

Notre démarche se voulait constructive par rapport au côté défouloir d’une éventuelle manifestation parachutée par les organisations participant à la farce électorale et ne reposant sur aucune dynamique au quotidien. Nous avons tenté un regroupement autour des associations confrontées aux problèmes de l’immigration (associations des communautés étrangères plus ou moins contrôlées par le PS, CIMADE, CITIM). L’appel n’a pas eu l’écho escompté ; seuls, la CIMADE et le CITIM ont fait acte de présence, mais ne se sont pas engagés publiquement. Il nous semblait important de faire participer des gens du RAJIIF, exemple d’auto-organisation de ceux-là et celles-là mêmes qui sont confrontés quotidiennement au racisme entretenu subtilement, entre autres, par certaines mesures de la gauche (regroupement familial, camps de rétention, chasse aux sans papiers). Malgré nos faibles moyens, 90 personnes environ ont participé. Le support des médias, pour une fois, ne nous a pas fait faux bond.

Il est vrai que la LCR après maintes tractations avec le PC, PS et Compagnie, n’a pas réussi à organiser autre chose que la formation d’un comité anti-raciste ponctuel (sans les orgas ci-dessus citées) pour le collage d’une affiche symbolisant le danger Le Pen. De plus, leur contact avec SOS-Racisme pour faire venir Harlem Désir a été vain. Donc, notre initiative eut de l’écho dans les médias.

Le film, malgré son côté un peu dépassé, montrait bien le tiraillement entre deux cultures d’une jeunesse maghrébine. Il est à noter que ce film fait avec la collaboration de l’amicale des algériens, insiste un peu trop sur le retour au pays. Le débat fut très animé ; différents thèmes furent abordés (divergences avec SOS-Racisme, les camps de rétention, les problèmes d’identité culturelle , la justice à 2 vitesses).

La spécificité des gens du RAJIIF n’a pas été assez développée lors de questionnements sur les divergences avec SOS-Racisme.

Des représentants de la CIMADE étant dans la salle, la question sur leur participation à la gestion de ces camps leur a été fatalement posée. La réponse a souligné l’existence d’un débat interne, à ce sujet. Ils expliquent leur concours à cette gestion par le souci d’un contrôle du respect minimum des droits de l’homme. Ils ne sont pas opposés à l’existence des camps de rétention qu’ils justifient être une conséquence de la conjoncture économique. A ce propos, il est à noter que les gens du RAJIIF présents ce soir là, ont confondu le camp de Villeneuve-sur-Lot (cité de transit pour les Harkis depuis une vingtaine d’années) avec un de ces camps de rétention… Cependant, les conditions de vie y sont épouvantables.

Dans une intervention, la copine du RAJIIF a précisé appartenir à une association de femmes travaillant sur une recherche d’identité culturelle par le théâtre. Sa démarche a déclenché de la part de participants, un débat houleux remettant en cause le besoin qu’ils ou elles peuvent ressentir de se réapproprier leur culture, entre autre, par l’apprentissage de l’arabe. Au cours du débat, il s’est avéré que cette réappropriation devait se faire de façon critique, pour éviter, par exemple, les dérives intégristes et les différents aspects réactionnaires que comporte n’importe quelle culture. De plus, cette démarche seule ne peut suffire à lutter contre le racisme au quotidien et à développer de nouveaux rapports sociaux

A propos de la justice à deux vitesses, une question a été soulevée sur l’ambiguïté de réclamer des peines exemplaires pour les assassins racistes. Il va de soi que la prison ne résout en aucun cas les problèmes fondamentaux de notre société capitaliste, tel que celui du racisme. Le temps d’une société « meilleure» et « autre » n’est pas encore arrivé et une fois de plus, comme dans de nombreuses luttes, nous nous trouvons confrontés à des contradictions.

Certains nous reprocheront d’avoir profité de la venue de Le Pen pour « faire de l’antiracisme » ; le racisme étant quotidien. Cependant, il était important de réagir contre Le Pen mais aussi de dénoncer la politique de la Gauche concernant l’immigration. De plus en invitant des membres du RAJIIF, nous voulions signaler localement, l’existence d’un mouvement antiraciste autre que « SOS-Racisme », s’appuyant sur une auto-organisation et une réelle lutte au quotidien et refusant toute compromission avec les organisations et partis politiques. Nous regrettons que les associations des communautés étrangères de la région caennaise, bien que prévenues, n’aient pas été présentes. Cependant, nous espérons que des contacts entre le RAJIIF et ces associations verront le jour bientôt.

Groupe communiste libertaire de Caen


Du discours radical comme justification de l’immobilisme ou « comment les orphelins pleurent l’absence du père »

Ils étaient quelques uns lors du débat sur l’immigration à déplorer qu’il n’y eût pas de manif pour marquer le coup contre le meeting du Front National.

Certains allèrent même jusqu’à reprocher aux représentants de la LCR (mais pourquoi justement la LCR ?) présents ce soir là, l’inconséquence de leur organisation. En bref, ils attendaient l’appel, la vieille et bonne manif dans le but, bien entendu, de démontrer leur sacro-sainte radicalité et nous faire le coup du « Fais gaffe mec. Plus révolté que moi tu meurs, plus révolutionnaire on te crucifie ». Si nous n’avons pas de sympathie particulière pour la LCR, nous devons tout de même avouer que bon nombre de zozos commencent à nous sortir par les trous du nez.

On pérore sur l’insuffisance des organisations, des groupes, des comités quand certaines situations apparaissent pour cracher sur leur existence le reste du temps.

Cette attitude, parfaitement compréhensible quand elle est le fait de jeunes révoltés, l’est beaucoup moins quand il s’agit de personnes qui, n’étant plus de première jeunesse, ressassent depuis une bonne décade, les mêmes délires. Sans compter que bon nombre d’entre eux avaient oublié de venir ce soir-là.

Les thèmes du racisme et de l’immigration leur paraîtraient-ils moins intéressants que J.M. Le Pen, nouvelle vedette du show-biz politique ? Ceci dit, je ne pousserai pas ma paranoïa jusqu’à penser que quelques uns auraient fait le choix de boycotter une initiative du GCL de Caen.

L’un d’eux s’est approché de moi, m’a regardé dans les yeux et m’a déclaré dans son langage (je traduis) :

– Noyé dans la nébuleuse, étoile parmi les étoiles, je brille d’un feu radical et magistral et révolutionnaire en méprisant la chienlit militante. La baston j’te dis, y’a qu’çà !

– Au fait, combien tu fais au 100 m ?

– Le sport ? Comment, mais tu rigoles !

Commandant COSTAUD

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