Article d’Akli Bounane paru dans Le Libertaire, n° 456, 8 décembre 1955, p. 2
Un travailleur algérien écrit au « Libertaire » :
A l’ordinaire, les propriétaires d’un café-restaurant-hôtel, au 48, rue Frémicourt, à Paris (15e), battaient leurs locataires comme des bêtes de somme.
Mais certains parmi les locataires ripostèrent, à bout de patience, devant ces brutalités.
Que fit Rabah ? il y a quelques jours (d’ailleurs le journal « France-Dimanche » l’a relaté), le seigneur Rabah, avec trois autres exploiteurs de son genre, ont été trouver un commissaire chargé des affaires N. A., et lui ont réclamé des armes pour soi-disant « bien recevoir leurs clients »…
Même pas une semaine après la demande d’armes, le frère de Rabah a
coupé l’électricité à ses locataires, les a insultés, les a injuriés et a essayé même de les rejeter de leurs chambres, en ce mois de novembre où les chambres sont recherchées. On sait que ces patrons parasites exigent pour donner une chambre, un bakhechiche de 10.000 frs en été et 15.000 frs en hiver !
Jeudi dernier, ce fut pire : à l’heure du coucher, un des patrons, muni d’un nerf de bœuf, est monté dans les chambres et a frappé leurs occupants à tour de rôle. Quand la police arriva, le patron leur a montré une carte d’indicateur !
Et les travailleurs, depuis si longtemps brimés, croyaient que la police prendrait leur défense : mais c’est eux qui furent emprisonnés !
Voilà comment agissent les hôteliers N. A. : Ils se munissent de cartes de donateur, offrent de beaux cadeaux à tous les agents administratifs, s’allient à la police du quartier. Ainsi ils ont tous les moyens d’exploiter honteusement et de s’emparer entièrement des quinzaines des travailleurs.
AKLI
Un travailleur algérien en France