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8 février 1962

Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 37, février 1962, p. 1-2


Un million de personnes aux obsèques des travailleurs tués par la police républicaine.

Sur quoi s’appuie le régime gaulliste ?

Sur le patronat et l’Etat.

Quels intérêts défend-il ?

Les intérêts du patronat et de l’Etat, maîtres de la France.

Lorsque les travailleurs, les étudiants se mêlent de ce qui les concerne, réclament des mesures contre les officiers et les tueurs de l’OAS, lorsqu’ils exigent la fin de la guerre d’Algérie, la « démocratie » pourrissante lâche des meutes qui assassinent légalement.

Lorsque les mineurs de Decazeville refusent d’être traités comme des objets qu’on jette au rebut, refusant d’être les victimes de la « reconversion » décidée par les capitalistes, l’Etat-patron les laisse moisir au fond de la mine, la « France généreuse » les pousse au désespoir, à la grève de la faim.

TRAVAILLEURS, ETUDIANTS :

Pendant des années la population française est restée passive devant la lutte des Algériens pour leur indépendance. Nous avons toléré que 400 000 soldats du contingent, jeunes ouvriers, étudiants, paysans sous l’uniforme, soient obligés de défendre les intérêts des gros colons, des sociétés, des officiers contre le peuple algérien.

Quand les Algériens ont manifesté à Paris le 17 octobre dernier, on les a laissés seuls.

Mais le Gouvernement qui a ordonné la féroce répression contre les Algériens est ce même Gouvernement qui a fait tuer 8 travailleurs et en blesser des centaines d’autres le 8 février.

Contre le même ennemi,

LA SOLIDARITE ENTRE LES TRAVAILLEURS FRANÇAIS ET LES TRAVAILLEURS ALGERIENS

est la première condition d’une lutte efficace.

TRAVAILLEURS, ETUDIANTS,

Il ne faut se faire aucune illusion : la « démocratie » bourgeoise est en train de disparaître en France. Qu’ils soient OAS ou gaullistes, les patrons, les policiers, les officiers, sont décidés à établir un régime où les élections, le Parlement, les droits civiques, seront encore plus que par le passé de simples ornements d’une société fondée sur l’exploitation et la violence.

L’Etat tout-puissant cherchera à domestiquer complètement les centrales syndicales et les partis ; il s’efforcera de contrôler, d’organiser les moindres aspects de la vie des gens. Il tentera de réprimer par la force toute intervention de la population travailleuse dans les affaires publiques toute revendication jugée « subversive ».

Il faudra résister pied à pied, faire preuve de combativité et d’initiative dans tous les domaines, pour empêcher le projet totalitaire des dirigeants de réussir, pour les obliger à reculer. Mais pour résister, pour entraîner les hésitants, pour renforcer la combativité, pour développer les initiatives, il faudra que nous sachions POUR QUOI NOUS LUTTONS.

DES MAINTENANT, SEUL UN BUT POSITIF PEUT DONNER UN SENS à NOS LUTTES.

LA DEMOCRATIE BOURGEOISE SE TRANSFORME PEU A PEU EN TOTALITARISME.

SEUL LE POUVOIR DES TRAVAILLEURS PEUT INSTAURER EN FRANCE LA VRAIE DEMOCRATIE :

LA DEMOCRATIE DU SOCIALISME.

A l’heure actuelle, de Gaulle veut exclure par la force les travailleurs, la jeunesse ouvrière et étudiante, du régiment de la guerre d’Algérie, de la vie publique du pays.

« L’Algérie ? Laissez-moi faire ! L’OAS ? Laissez-moi faire ! »

Pour l’Algérie il est forcé de reculer peu à peu devant la lutte obstinée, la solidarité, la fermeté politique des Algériens. Pour l’OAS, il n’a pas l’intention de faire grand chose, car l’OAS c’est une partie de l’appareil de l’État, une fraction de la classe dirigeante.

ET NOUS, QUE FAISONS-NOUS ?

Un million de personnes pour enterrer nos morts…….

mais qu’allons-nous faire pour défendre les vivants, pour nous défendre ?

Nous n’avons rien de commun avec la « démocratie » pourrissante du gaullisme, avec la « France grande et généreuse » des conseils d’administration.

IL FAUT ORGANISER L’AUTO-DEFENSE DES TRAVAILLEURS ET DES ETUDIANTS

A LA FOIS CONTRE L’OAS ET CONTRE LE POUVOIR DES CAPITALISTES.

Dans l’immédiat :

– Interdire l’Université aux fascistes déclarés ou camouflés.

– Coordonner les luttes revendicatives des travailleurs ; développer la solidarité ; employer des méthodes efficaces ; s’il y a grève, informer la population, installer des piquets de grève massifs ; lutter tous ensemble et non par catégories en ordre dispersé.

– Préparer des manifestations ayant des objectifs précis, où il faudra se rendre par entreprises, bureaux, facultés, organisés en groupes résolus.

La mobilisation d’un million de parisiens, la grève de protestation, nous montrent clairement :

– que des militants ouvriers peuvent aujourd’hui entraîner leurs camarades de travail dans la lutte ;

– qu’il peut y avoir grève générale et mobilisation pour des objectifs plus vastes concernant les conditions de vie et de travail de toute la population salariée.

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