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Jacques Lemarchand : Au théâtre Hébertot « Les Justes » d’Albert Camus

Article de Jacques Lemarchand paru dans Combat, 19 décembre 1949, p. 2

NOUS réentendons dans Les Justes — avec joie — le grand ton d’Albert Camus, auteur dramatique. Je yeux dire le ton du Malentendu. J’ai aimé et admiré Caligula, mais mon amitié — et chaque relecture l’a confirmée — allait toujours au Malentendu. Elle ira maintenant aussi, je pense, à ces Justes, parce que si Albert Camus y a retrouvé l’accent si net, si nu, de la première oeuvre dramatique que nous ayons connue de lui, cet accent mêle là à son âpreté une douceur humaine, une tendresse profonde, directe, et parfois bouleversante, pour l’homme lui-même, pour ce bizarre et compliqué mammifère qu’est l’homme. Cela s’entendait déjà, naturellement, dans l’oeuvre de romancier et d’essayiste d’Albert Camus. Dans son théâtre, cela ne m’avait jamais été si sensible que dans Les Justes. L’âpreté, la dureté même, et irréprochable, du dialogue n’en sont en aucune façon diminuées. Même, cette grande amitié pour l’homme — et que je crois très éloignée de la pitié — c’est à la réflexion qu’on en prend vraiment conscience.

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Francis Agry : « Les Justes » d’Albert Camus

Article de Francis Agry paru dans Le Libertaire, n° 208, 23 décembre 1949, p. 3


IL est assez audacieux de vouloir évoquer la pureté en prenant pour héros un assassin ; dans sa dernière oeuvre Camus arrive à exposer magistralement ce problème malgré la situation paradoxale de son personnage. Cette nouvelle pièce marque un progrès sur ses précédentes créations et surtout sur l’« Etat de siège ». Le côté purement théâtral se trouve encore trop à l’arrière-plan et l’idée domine tout sans aucune concession au goût du public : mais ici, chez Hébertot, on constate avec satisfaction que la mise en scène est au service de l’oeuvre au lieu de se servir d’elle.